Zuko (4)

L'après midi, le salon de thé est toujours tranquille. Il n'y a personne à part une ou deux petites vieilles qui viennent taper la discussion durant une bonne heure. À part ça, il n'y a pas un chat. La plupart des gens viennent le soir et à ce moment là, Ty Lee viens nous aider. La plupart du temps, il n'y a rien. Mon oncle est en cuisine ou dans son bureau à faire de la paperasse et moi, bah je ne fais pas grand chose. Au début je me contentait de regarder dans le vide en espérant que quelqu'un vienne, maintenant j'apporte mes écouteurs et je regarde des séries ou j'écoute de la musique. L'avantage, c'est que ça occupe. L'inconvénient, c'est qu'avec du Korn à fond dans les oreilles, bah on n'entend pas les clients qui rentrent. Je me relève d'un coup, arrachant mes écouteurs.

Zuko: et mer- heu bienvenue !

Deux jeunes. Je crois que c'est la première fois que je vois quelqu'un de moins de quarante ans. L'un est plutôt petit, avec un nez froncé, des yeux gris, une drôle de flèche bleu sur le crâne et un hoodie orange et rouge. C'est... Voyant. Quand à l'autre, il doit avoir mon âge, la peau mate avec des tâches de rousseur sur les joues. Ses cheveux sont châtains, rasés sur les côtés et rassemblés en un genre de palmier. Il porte un jean blanc râpé par l'usure et un t-shirt bleu clair avec un dessin de poisson. Il a aussi un collier de perle blanches au cou, quelques boucles d'oreilles ainsi que des perles et des tresses dans ses cheveux qui ornent son visage. Son sac à dos gris est à moitié ouvert et il porte son skate à la main. Mais je crois que le truc le plus remarquable c'est lui, ce sont ses yeux. Il a de beaux yeux bleus océan, incroyables à regarder. La voix de son ami me sort de ma contemplation.

Aang: bonjour, je vais prendre un thé vert avec du lait s'il vous plaît.

Tandis que le petit me passe commande, je regarde du coin de l'oeil l'autre qui me fixe avec un drôle d'air. J'ai l'habitude que les gens me fixent à cause de ma cicatrice donc ça ne m'affecte presque plus. Il n'est même pas discret en plus. Par contre son pote, c'est pas pareil. J'ai l'impression qu'il s'en fiche. En même temps, il a une flèche bleue tatouée sur la tronche, il doit avoir l'habitude d'être dévisagé lui aussi. Il donne un coup de coude au garçon à ses côtés.

Aang: Sokka ! Ça fait deux fois qu'il t'appelle ! Tu veux quoi ?

Sokka : ho! Heu un chocolat chaud.

Donc il s'appelle Sokka ? Drôle de prénom. Enfin, c'est pas à moi de dire ça vu les prénoms qu'on se coltine ma sœur et moi. Je commence à faire leurs commandes en me demandant comment fonctionne cette fichue machine. Et ils doivent voir que je galère comme un débile parce que celui qui est plutôt mignon me lance des coups d'oeil toutes les deux secondes. Il doit se foutre de ma gueule. J'ai jamais autant souhaité que ce soit écrit sur ma tronche que je suis employé depuis cinq jours.
À un moment, son pote aussi se retourne et je l'entends rigoler. Ok, ils se foutent définitivement de ma gueule. Lorsque j'arrive avec leurs boissons, ils détournent la tête.

Sokka : heu merci...

Zuko : bon appétit.

Ils rigolent à nouveau une fois que j'ai eu le dos tourné. J'aurais dû cracher dans son chocolat chaud et dans son thé. Après plusieurs minutes, le châtain se lève pour venir payer, mains dans les poches. Il doit avoir compris que je l'aime moyen parce qu'il détourne le regard.

Sokka : je viens payer.

Zuko: 4€ 20.

Sokka : quoi ? Mais c'est 2€ 10 normalement.

Zuko: à moins que t'ai réduction moitié prix, non.

Sokka : j'ai réduction moitié prix ! Ma pote travaillait ici et le vieux nous faisait réduction !

Zuko : preuves ?

Sokka : quoi ?

Zuko: amène moi le contrat de travail de ton amie, une preuve que vous vous connaissez bien, que mon oncle t'offrait une réduction et ensuite on verra.

Il me fixe un instant avant de râler et de fouiller dans sa poche pour sortir une dizaine de petites pièces, toutes de moins de deux euros. Ça va être long. J'ai bien fait d'ouvrir le tiroir caisse en avance parce que c'est le bordel. Il compte pendant ce qui me semble être une éternité avant de s'arrêter et de me fixer. Ça dure trop longtemps du coup je claque des doigts devant lui pour le sortir de ses pensées. Oui, c'est pas super poli de faire ça à un client mais je vois pas pourquoi je respecterai quelqu'un qui ne me respecte pas. Je risque quoi ? De perdre 4€ 20 ?

Zuko : un problème ?

Sokka : non !! Enfin pas vraiment ! Juste t'as de beaux yeux. Et ça me fait un peu chier de pas avoir ma réduction.

Je hausse un sourcil, l'air blasé. Il pense sincèrement que tenter de me draguer ça va lui permettre d'avoir une réduction ? Il bafouille tandis que je croise les bras.

Zuko: pardon ? T'es sérieux ?

Sokka : pour la réduc' ou tes beaux yeux ?

Zuko: ça fait toujours 4€ 20.

Sokka : ok ok ! C'est bon votre majesté !

Il sort un billet de 5 et le pose sur le comptoir avant de partir, mains dans les poches d'un air blasé. Il rejoint son ami qui pianotait sur son téléphone et je peux entendre une bride de leur conversation.

Sokka : bordel Aang, je suis vraiment débile.

Aang: on n'as pas eu la réduc ?

Sokka : nan.

Je me contente de remettre mes écouteurs en secouant la tête. Ouais, bah j'avais raison c'était juste pour la réduction. Quel débile. C'est con il avait de beaux yeux. Je me lève pour aller débarrasser la table et commence à ramasser leurs verres lorsque je remarque quelques chose sur la serviette en papier. C'est un truc écrit au stylo bille, une écriture plutôt aléatoire. Un prénom. Sokka. Je distingue une vague écriture à l'intérieur de la serviette mais je ne prends pas la peine de lire et je la fourre dans ma poche. C'est alors qu'une voix me sort de mes pensées.

Iroh: tu as géré les clients ?

Zuko: ces rats voulaient une réduction.

Iroh: à quoi ils ressemblaient ?

Zuko: un gars avec une flèche bleu sur le crâne et un mec avec des yeux bleus, Sokka il me semble.

Iroh: Sokka et Aang. Ils sont amis avec Toph, tu sais, celle qui a travaillé ici.

Zuko: ha.

Ok donc ils avaient bel et bien une réduction. Bon... Vu le sourire amusé de mon oncle, je vais partir du principe que ça l'a pas trop perturbé. Après ça, il n'y a pas eu grand monde. Le soir, après la fermeture, je me retrouve à table avec tout le monde. Coincé entre Ty Lee et Azula qui parlent beaucoup trop à mon goût, je me contente de fixer ma soupe. C'est un truc Indien, du Dale il me semble. Mais malheureusement pour moi, le reste de la table est bien décidé à m'intégrer à la discussion.

Iroh: d'ailleurs, Zuko a rencontré deux de vos futurs camarades.

Ty Lee : ils étaient beaux gosses ?

Zuko: y'en avais un de passable.

Azula : ils avaient l'air cons ?

Zuko: un plus que l'autre. Celui qui était passable.

Mai: con et beau gosse ? Parfaitement le genre de mecs insupportables.

Zuko: j'ai dis passable, pas beau.

Nan, en fait il est beau. Soyons un instant objectif, il est loin d'être dégueu. Il a de beaux yeux il faut dire. Je finis par terminer ma soupe, Alléluia, et monter me coucher. Fais chier, je commence les cours lundi. J'ai pas envie moi ! Le problème, c'est pas les cours. Le vrai soucis, c'est ce nouvel établissement. Je déteste la sensation de repartir de zéro comme ça, de me demander qui est un connard ou pas, répondre toujours aux mêmes questions, essayer de retenir les noms. J'y arrive jamais et ça m'énerve. C'est alors qu'on toque à ma porte. Fais chier, qui c'est encore ? Je braille un vague "oui ?" Avant de voir la petite tête de Mai sortir de l'encadrement de la porte.

Zuko : Mai ? Il est tard, qu'es ce que tu fais ?

Mai: chut.

Elle me fait signe de parler moins fort avant de s'avancer dans l'obscurité. Je distingue son pyjama, une genre de grande chemise de nuit noire et rouge. Ses pas fendent l'obscurité jusqu'à ce qu'elle s'asseoit à mes côtés sur le lit.

Zuko: un problème ?

Mai: rien de grave, t'inquiètes. C'est juste que je voulais te demander un truc.

Zuko: vas y.

Mai: lorsqu'on était ensemble, es ce que j'étais désagréable ?

Zuko: heu... C'est à dire ?

Mai: j'ai peur de faire fuir Ty Lee. Je l'aime beaucoup et avec mon caractère, j'ai peur de pas être une bonne personne pour elle.

Je m'arrête de cligner des yeux. C'est pour dire mon choc. Mai, mon ex, qui me demande des conseils en relation. Super ! Je croise les bras avant de réfléchir un instant. Certes notre relation n'était pas parfaite, mais chacun à ses défauts. C'est pas comme si j'étais un expert en relation romantique en plus. J'ai déjà eu des petites amies, quelques flirts mais c'est tout. Je crois que j'ai jamais été doué pour l'amour. Comment aimer quelqu'un quelqu'un lorsqu'on a du mal à se supporter soi même ? Je me contente de hausser les épaules, comme si je revenais dans mon corps.

Zuko: Ty Lee a toujours été amoureuse de toi. Parlez vous, fait pas comme on a fait toi et moi.

Mai: j'avoue que les discussion n'ont jamais été notre fort.

Zuko: tu m'étonnes.

Mai: bon, sur ces sages conseils, je retourne me coucher. Pas que j'ai sommeil mais Ty Lee risque de prendre toute la place dans le lit et impossible de la faire bouger après.

Zuko: bonne nuit.

Mai: bonne nuit.

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