Je ne peux pas m'empêcher de le fixer. C'est bizarre de dire que je le trouve beau, avec ses cheveux trempés dont quelques mèches s'échappent de sa queue de cheval, des gouttes d'eau ruisselant sur son visage. Putain c'est chelou. J'aime pas ressentir ça, enfin, je l'aime bien mais en temps normal je devrais être en train de m'inquiéter pour ma sœur qui est perdue dans la nature. Ou qui est bien au sec et dans les bras de Katara, au choix. Mais du coup la question qui me taraude c'est, pourquoi es ce qu'il est venu me chercher ? À part par pur gentillesse. Et aussi qu'avoir un mort sur la conscience c'est pas génial.

Sokka : en fait c'est aussi parce que tu me plais.

Le tonnerre résonne et mon cœur s'accélère. Quoi ? D'un côté, j'attendais secrètement une réponse comme ça, de l'autre, je panique complètement. C'est pas comme ça que j'imaginais ça ! Il baisse les yeux regardant le sol. Ses joues sont rougies et j'imagine que les miennes ne sont pas mieux.

Sokka: tu me plais Zuko, voilà.

Je sais pas trop quoi répondre. La chose logique à dire, ça aurait été un "tu me plais aussi, viens on sort ensemble" mais je sais pas pourquoi, mon corps est comme figé. J'ai aucune idée de quoi faire.

Sokka : désolé si ça te mets mal à l'aise... Si tu veux pas, on peut rester amis, enfin si tu veux-

Zuko: Sokka ?

Sokka : ouais ?

Zuko: t'es sérieux ?

Sokka : ho non bien sûr que non, c'est bien connu je dis que des conneries.

D'ordinaire, j'aime bien son sarcasme mais là ça me saoule juste. Aucun de nous n'ose se regarder et le bruit de la pluie sur le toit semble aussi forte que les battements de mon cœur. Toujours sans le regarder, je suis infiniment trop gêné pour ça, je prends sa main dans la mienne et entrecroise nos doigts. Ho bordel c'est gênant, c'est atroce ! Sa main est bouillante malgré la température ambiante.

Zuko: tu me plais aussi...

Sokka : sérieux ??

Il se retourne vers moi et on ose se fixer durant à peine une mili seconde. Il est couleur tomate, Mais c'est une très jolie tomate et je suis dans le même état, voir pire.

Sokka : heum, cool du coup.

Zuko: cool.

Sokka : ouais, cool.

Il me sourit, sa main encore dans la mienne. Rha il est trop mignon !!! Je me penche vers lui, les papillons dans mon ventre ont visiblement décidés de me faire chier. Il rougit furieusement.

Zuko: je peux t'embrasser ?

Sokka : a-attend deux secondes, y'a mon cœur qui vas exploser là !

C'est alors qu'une lumière aveuglante nous éclaire. Je plisse les yeux en lâchant précipitement la main de Sokka tandis que ce dernier regarde la voiture qui nous ébloui de ses phares. À moins que ce soit un camion, un tracteur ou un bus. J'en sais rien, toujours est il que ce foutu véhicule me brûle la rétine ! Surtout qu'ils arrivent VRAIMENT au bon moment.

Sokka : c'est ton oncle.

Zuko: sérieux ?

Sokka : ouais, et si ça peut te rassurer, Azula est sur le siège passager.

Zuko: j'imagine que je dois y aller.

Sokka : ou-ouais.

Zuko: ça va aller pour rentrer ?

Sokka : t'inquiètes, il y a peu de risques qu'une crue soudaine me tue.

Zuko: à plus tard.

Sokka : ouais.

Je prends mes chaussures à la main et cours sous la pluie jusqu'à la voiture de mon oncle avant de monter derrière. J'ebroue un peu mes cheveux qui étaient devenus trempés. Sur le siège avant se trouve ma sœur. Elle est pas mouillée, pas autant de moi du coup et elle a l'air d'aller bien. Je soupire de soulagement en la voyant. Bordel, et dire qu'il y a dix minutes je m'imaginais des scénarios catastrophes avec elle.

Zuko: bordel mais t'étais où ?

Azula: avec Katara, on s'est fait surprendre par l'orage.

Iroh: elles étaient sous un abribus.

Zuko: y'en a un ?

Azula: oui, un seul. Vu que je savais que t'étais pas loin, j'ai proposé de passer te prendre. Ne me remercie pas.

Zuko: je te remercie pas.

La voiture démarre et je jete un dernier coup d'œil à Sokka, éclairé par la lueur des phares. Sur le chemin, personne ne parle. En vrai, tant mieux. Flemme de parler. J'ai l'impression que tout ce qui s'est passé m'as vidé. J'ai même plus assez d'énergie pour paniquer en pensant que demain je vois Sokka. On rentre et je file dans ma chambre en ignorant les questions de Ty Lee.

Ty Lee : pourquoi t'es trempé Zuko ? Hey répond !

Je rentre dans ma chambre et m'affale sur le lit. J'ai envie de savoir si ma sœur s'est réconciliée avec Katara, j'ai envie de prendre une douche encore, de manger quelque chose mais flemme. Donc je ferme les yeux et je m'endors. On verra bien demain. Et après un vague somme, c'est la voix de Mai qui me réveille.

Mai: Zuko. Lève toi.

Zuko : il est quelle heure ?

Mai: 9 heures et demie.

Il me faut un instant pour retrouver un semblant de lucidité. 9 heures et demie. C'est tard. On est en semaine. Je me redresse d'un coup.

Zuko: on est en retard pour les cours !

Mai: 9 heures et demie du soir, idiot.

Zuko: ho.

Et qui c'est qui vas pas réussir à se rendormir après ça ? C'est moi. Youhou. Je me relève avec l'air dépité pour suivre Mai qui m'emmène dans la chambre d'Azula. Il y a ma sœur et Ty Lee assise sur le lit, chacune avec un mug à la main. À l'odeur je devine que c'est une tisane. Il y a aussi un paquet de petits gâteaux ouvert. C'est une soirée pyjama ? Je m'installe sur le lit à côté de ma sœur tandis que Mai reprend sa place dans les bras de sa petite amie.

Zuko: c'est pour quoi du coup ?

Ty Lee : bah pour savoir si ça s'est bien passé avec Katara !

C'est vrai qu'il y avait ça aussi. Ça m'étais un peu sortit de la tête avec ce qu'il s'est passé avec Sokka. Je rougis un peu et essaye de garder un visage neutre en y pensant. Ho merde il m'as dit que je lui plaisait !

Mai: du coup ?

Azula : du coup, juste avant le début de l'orage, on s'est retrouvées pour discuter.

Ty Lee : ça s'est bien passé ?

Azula : au début, pas tellement. Elle m'as dit qu'elle m'en voulais.

Mai: et ensuite ?

Azula : ensuite, je lui ai dit que j'étais désolée et j'ai commencé à lui raconter pour tout ça.

Zuko: elle a réagi comment ?

Azula: elle m'as écoutée mais l'orage a empêché que je termine et qu'elle dise quoique ce soit.

Ty Lee : fichu orange ! Si on était dans une série, ce serait vraiment un cliché scénariste pour faire trainer des quiproquos !

Je ne peux m'empêcher de faire un sourire en coin. Ma pauvre Ty Lee, si tu savais tout ce que cet orage créateur de situation scénaristique cliché avait fait directement ou indirectement... Je rabat mes jambes contre mon torse, avec encore la sensation de la pluie gelée sur ma peau. Et aussi l'impression d'avoir un écho de la voix de Sokka. Le bruit de la pluie qui ne s'était pas arrêté contre le toit et la fenêtre de la chambre n'aide pas vraiment à me faire oublier ce moment sous le porche.

Ty Lee : du coup ??

Azula : elle m'as dit qu'elle comprennais mais que mon comportement l'avait vexée, qu'elle aurait aimé m'aider.

Mai: c'est un bon début j'imagine ?

Ty Lee : mais oui !

Azula : elle est d'accord pour qu'on se reparle et qu'on y aille doucement...

Ty Lee : vous êtes de nouveau en couple du coup !!

Azula : pas encore !

Mai: mais ça revient au même.

Ty Lee : vous êtes de nouveau en couple, youhou !!

Ma sœur râle en disant bien qu'elles n'étaient pas encore vraiment en couple et qu'elles se reparlaient juste mais on sait tous comment ça va finir, elles vont se pardonner en moins de deux et revenir en couple, plus fortes que jamais. Et c'est tout ce que j'espère pour elles. Ty Lee et Mai se tapent dans la main avec un air heureux.

Ty Lee : super !!

Mai: du coup t'as pas pu lui raconter tout ce que vous aviez vécu ?

Azula : non, pas tout. Mais elle en sait suffisamment.

Zuko: elle sait pour moi ?

Azula : oui, dans les grandes lignes.

Zuko: pas pour ma tronche ?

Azula : non, ça je ne l'ai pas raconté.

Je soupire de soulagement, ou peut être d'autre chose j'en sais rien. Je sais pas pourquoi mais mon esprit commence à imaginer tout seul la discussion que je devrais avoir avec Sokka. La suite logique des choses, c'est qu'à un moment je sois obligé de lui raconter, non ? Ou Azula vas y raconter à Katara qui vas en parler à son frère. Et à toute leur bande d'amis accessoirement... Je veux pas ça. Je déteste parler de ça, être pris pour une victime. Le truc chiant là dedans c'est que tout le monde ne voit plus en toi que ce qui t'ai arrivé. T'es plus juste Zuko dans leur tête t'es "Zuko qui a eu une enfance de merde". C'est comme ce que me disait Mai. Pour les gens, c'est pas juste à elle qu'ils pensent, ils pensent automatiquement à Mai la gothique pas hétéro.

Azula: et j'en parlerai pas si t'en n'as pas envie.

Zuko: non, c'est bon.

Azula : je connais Katara, elle n'en parlera pas.

Mai: et si elle le fait on lui pète les genoux.

Ty Lee : ouais !

Azula: non ! Sinon c'est moi qui vous arrache les bras pour les enfoncer dans votre gorge.

Mai: si seulement.

Tandis que les autres se disputent, je tente de me sortir les images de la soirée de la tête. Bordel quel enfer. Et dire que demain je vais voir sa tronche et que je vais devoir faire comme si tout allait bien et qu'il ne s'était rien passé. Ou peut être qu'il va faire comme si on était en couple, vu que c'est ce qu'on vas être, techniquement, un couple. Un putain de couple.

Azula: d'ailleurs Zuko, tu faisais quoi avec Sokka ?

Zuko: avec Sokka ?

Azula : oui, on vous as retrouvés sous le porche.

Zuko: ho heum... J'ai reçu le texto de Ty Lee disant que t'étais pas là et on est sorti te chercher.

Ty Lee : c'est pas super dangereux de sortir lors d'un orage ?

Mai : à moins que tu saches dévier les éclairs.

Zuko : oui bah j'ai réagi un peu excessivement.

Azula: et Sokka t'as suivi ?

Zuko: pour me dire de laisser tomber et de me mettre à l'abri.

En théorie, je leur aurait parlé de l'incident de la plaque de cuisson, de tout ce que Sokka m'as dit pour me prouver qu'il s'inquiétait pour moi, le fait qu'on se plaise mutuellement ou même l'anecdote du baquet. Mais non. Rien ne sort de ma bouche. J'ai pas envie de partager ces moments là avec elles, je veux que ça reste entre Sokka et moi. Et encore pire à dire, ça me met mal à l'aise de simplement imaginer en parler avec mes amies. Alors je me contente de me taire et de retourner me coucher après leur avoir dit bonne nuit.
J'ai tellement pas hâte d'être demain.