Zuko (2)
Assis côté fenêtre dans le bus, je regarde passer le paysage. Des vaches, un champs, une forêt, une ferme, le retour des vaches, un sentier qui ne mène je ne sais où, des arbres. Je cherche une position pour dormir mais c'est pas trop possible. Je ne peux pas poser ma tête sur la vitre car la route est fracassée, je ne peux pas me reposer sur le dossier du siège et je me vois mal demander à ma sœur de poser ma tête sur son épaule. En parlant de ça, je devais la regarder bizarrement parce qu'elle s'est retournée vers moi. Il paraît qu'on se ressemble, mais moi je trouve pas. Après, je ne suis pas très physionomiste et c'est encore pire avec les prénoms. Ses cheveux sont de la même couleur que les mieux, c'est à dire bruns et nos yeux sont ambrés. Mais elle, elle a un regard de vicieuse et elle n'a pas la moitié de la tronche brûlée. Elle fronce les sourcils avant de poser son bras sur l'accoudoir.
Azula : Zuko, tu m'agace à t'agiter comme ça. Dors.
Zuko: j'aimerais bien.
Azula: j'avais bien dit que c'était une idée de merde de prendre un bus de nuit.
C'est alors que la tête de Mai, qui était devant nous, dépassa de son siège. C'est une fille asiatique comme nous, avec des yeux très fins, des cheveux noirs corbeaux et un style un peu gothique. Elle a toujours été jolie et même avec les heures de trajet que l'on vient de faire, elle ne semble pas épuisée. Enfin pas plus que d'ordinaire.
Mai: oui mais ça coûte moins cher.
Azula : mais on n'as rien dormi et là, il est trois heure du matin.
Mai : je me couche à la même heure chez moi.
Azula : on est parti le matin.
Zuko: c'est tout bonnement impossible de dormir dans ce fichu bus.
La gothique hausse un sourcil avant de désigner Ty Lee qui dormait sur son épaule, bouche ouverte en provocant un léger ronflement. Bien qu'elle soit originaire de la même région que nous, Ty Lee ne nous ressemble pas vraiment. Elle a de longs cheveux châtains rassemblés en une longue tresse haute avec une frange, des grands yeux gris et la peau un peu plus foncée que la nôtre. Mai et elles sont en couple depuis le début des vacances d'été. Donc ça fait presque deux mois il me semble. C'est un peu bizarre de voir son ex petite amie être plus heureuse avec une autre personne qu'elle ne l'as jamais été avec toi mais ça me fait plaisir pour elle.
Azula : Ty Lee s'endort n'importe où.
Zuko: y compris en cours.
Mai: pas faux. Mais vous allez pas me faire croire que c'est votre première nuit blanche.
Azula : non mais en général, la nuit blanche on la passe pas dans un bus !
Je hausse les épaules d'un air coupable. C'est vrai que ni ma sœur, ni Mai ni moi ne sommes vraiment réguliers en terme de sommeil. La seule de notre groupe à avoir plus de huit heures de sommeil, c'est Ty Lee et encore, la connaissant je parie qu'elle fait des efforts pour rester éveillée avec Mai et ne pas la laisser seule. Ouais, j'hésite à trouver ça adorable ou niais.
Azula : wow je viens de voir passer un lampadaire !
Mai: on arrive bientôt ça veut dire.
Azula: commence à réveiller ta chérie.
Et en effet, après une bonne demi heure de route en plus, le bus arrive à son terminus. C'est un arrêt sans abris, avec juste un panneau indiquant le nom de la ligne de bus et les horaires, posé sur une route en goudron. Derrière, il y a juste une genre de forêt d'eucalyptus et en face, des champs. Non loin, on distingue quelques maisons et le début de ce qui semble être une petite ville. On a récupéré nos bagages dans la soute et nous voilà donc là, debout plantés comme des cons. Ty Lee se frotte les yeux pour se réveiller un peu, affalée contre sa petite copine.
Azula : bon.
Mai: Iroh ne devrait pas tarder.
Ty Lee : j'veux dormir....
C'est alors que des feux de voiture se dessinent de l'autre côté de la route avant de s'arrêter non loin de nous. C'est un genre de mini bus avec à l'intérieur, mon oncle. C'est un vieillard assez rondouillard avec un visage souriant et une barbe blanche. Il nous fait un grand signe de la main avant de s'avancer vers nous.
Iroh: je vous ai pas trop fait attendre ?
Mai: ça aurait pu être pire.
Azula: enfin ! J'ai cru que je prenais racine !
Iroh : ravi de te voir aussi Azula.
Après quelques accolades et embrassades, on rentre dans la voiture. Je me mets à la place du mort, c'est à dire devant au côté de mon oncle. Les trois filles se sont misent derrière avec leurs couvertures pour dormir sur ce qui restait de trajet. L'année dernière, on a eu à changer d'établissement car celui où on est allé était vraiment naze. Donc on s'est fait transférer. Et comme on a tous été acceptés dans l'université d'Avatar et que mon oncle habite dans un village non loin, la décision a été facile à prendre.
Iroh a toujours été une bonne personne et il nous a soutenu même dans les moments pas marrants. Je lui suis reconnaissant pour ça. On roule durant pas mal de temps et on arrive enfin chez lui, et par conséquent chez nous.
Iroh: bon, installez vous et reposez vous.
La chambre dans laquelle je m'installe est à l'image de mon oncle. Assez sobre, chaleureuse et ça sent le thé. Je m'affale sur le lit en pensant à ma valise que je dois défaire. Je le ferai demain. Pour l'instant j'ai juste besoin de pioncer un bon coup. Le lendemain matin, je me lève et vais me laver avant d'aller en bas où se trouvait la cuisine. Iroh était déjà là avec Azula et vu les bruits je devine qu'elle est en train de pleurer et d'hyperventiler. Encore une crise d'angoisse. Je remonte à l'étage pour me poser sur mon lit en attendant que ça se termine. Je sais qu'elle déteste qu'on la voit comme ça. C'est alors que la porte s'ouvre. C'est Ty Lee.
Ty Lee : salut. Tu penses qu'on pourra bientôt y aller ?
Zuko : j'en sais rien. Iroh viendra nous chercher j'imagine.
Ty Lee : c'est cool de sa part de te faire bosser d'ailleurs. Tu commences quand ?
Zuko: Ty Lee, on est dimanche ne me parle pas de travail.
Ty Lee : on est lundi.
Zuko: exactement ce que j'ai dit.
Après quelques discussions durant lesquelles j'apprends que Mai s'est endormie il y a deux heures à peine et qu'elle dors encore, on toque à la porte. C'est mon oncle et il nous fait signe de sortir de la chambre. Debout dans le couloir, il essaye de me faire un sourire qui se veut rassurant.
Iroh : ta sœur a eu un petit craquage.
Zuko: je sais.
Iroh : bon, tout vas bien maintenant. Venez déjeuner.
Lorsqu'on descend, on trouve ma sœur en train de manger en nous tournant le dos, ses cheveux cachant un peu son visage. On s'assoit et on commence à manger en silence. La maison de mon oncle est assez petite, un peu en bazar à cause de notre arrivée et décorée discrètement. Je remarque plusieurs photos de nous, de ma mère, une où toute ma famille est ensemble. En voyant que je la regarde, mon oncle prends le cadre pour la retourner. Il me fait un autre de ses sourires.
Iroh : bon, je te fais visiter la boutique demain après midi.
Ty Lee : j'aurais bien aimé vous aider mais j'ai promis à Mai d'aller visiter avec elle et Azula.
Iroh : ho, ce n'est pas très grand comme endroit. D'ailleurs faites attention à ne pas vous perdre.
Zuko: tu veux qu'ils se retrouvent où ?
Iroh: le lycée et université agricole. Une fois je me suis retrouvé là dedans et ils ont lancé l'alerte intrusion.
Ty Lee : mais y'a pas des grillages ?
Iroh : c'est la campagne ici. Donc non.
Il haussa les sourcils comme si il trouvait la question bizarre. Puis il se rappelle qu'on viens de la ville et il arrête de faire sa tête bizarre. C'est vrai qu'ici, c'est pas Ba-Sing-Se. Ou Omashu. Pour des gens de la ville comme nous, ça va faire bizarre. Le lendemain après une matinée et un repas du midi bien chargé, mon oncle m'amène dans son salon de thé tandis que les filles visitent le village.
C'est un petit magasin avec une devanture en bois verni qui fait ancien. Une inscription à la peinture sur la vitre indique le nom du salon de thé, Le Dragon de Jasmin. Mon oncle l'a appelé comme ça car c'était notre thé préféré à Azula et moi. L'intérieur sent bon le sucré, et les banquettes en bois et en tissu semblent sorties d'un film. Mon oncle me tends un tablier vert avant de me montrer la salle.
Iroh: bon, prêt pour devenir un super serveur ?
Zuko: pas vraiment.
Iroh: ne t'en fais pas, c'est pas bien compliqué. Dans le pire des cas tu te trompera.
Zuko : très rassurant.
Iroh: c'est avec l'échec que l'on apprend.
Il m'explique quoi demander, les ingrédients composants les produits de la carte, comment utiliser le tiroir caisse. Puis il a tenté de faire comme si il était un client et que je devais le servir mais ça n'as pas trop bien fonctionné.
Zuko: pourquoi t'embauche pas quelqu'un d'autre ?
Iroh : tu es pistonné Zuko. Et je pense que ça te fera du bien de t'occuper.
Je soupire en entendant le mot "pistonné". Bon, il faut voire la vérité en face, je suis embauché alors que j'ai pas fait de CV. Comme quoi des fois c'est utile que notre oncle soit le patron.
Zuko: t'as eu d'autres employés avant ?
Iroh: j'avais surtout des stagiaires. Notamment une jeune fille aveugle, elle est dans le lycée où tu vas aller. Je pense que tu pourrais bien l'aimer.
Je hausse les épaules. Comment c'est possible qu'il y ai un lycée dans un bled paumé comme celui ci ? Et il y a beaucoup d'élèves ? Peut être, j'en sais rien. Dans tout les cas, je devrais arrêter de rêvasser et me concentrer sur l'ouverture de la caisse automatique.
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