Sokka (7)

Je crois que j'ai jamais été doué pour parler avec des gens que je viens juste de rencontrer, encore pire si j'aime bien les gens en question. Comme dirait ma sœur, je montre le pire de moi et comme ça, les gens sont pas surpris. Mais des fois, je me dis que je devrais faire mon fayot et juste me contenter d'avoir une réaction appropriée au stress. Tout les autres, lorsqu'ils flippent, ils arrêtent de parler, ou ils deviennent super réservés. Même Aang qui a pour réflex de sourire lorsqu'il flippe, il s'en tire mieux que moi ! Non moi, je fais des vannes pétés et je raconte ma vie avec un grand sourire aux lèvres. La théorie de Toph, c'est que j'essaye de plonger mon interlocuteur dans le même malaise que moi. En vrai, c'est une théorie qui se tiens. Bref, tout ça pour dire que c'est compréhensible qu'en ce moment Zuko me fixe comme si j'étais le dernier des débiles.

Zuko : quoi ?

Sokka : quoi ?

Il souffle avant de croiser les bras et de me regarder avec de la... Douceur ? Ça c'est pas la réaction attendue. En temps normal, les gens se contentent de rire dans le meilleur des cas ou de me jetter un regard méprisant. Mais là non, il a l'air presque compatissant et c'est flippant. Genre je lui fais pitié à ce point ?

Zuko: tu réagis mal au stress ?

Sokka : ça se voit tant que ça ?

Zuko: ouais.

J'avoue que là, je sais pas trop quoi dire. Et visiblement, je ne sais quel divinité a eu pitié de moi parce que c'est Zuko qui commence à parler. ALLÉLUIA soit béni dieu quelconque.

Zuko: j'ai l'habitude avec ma sœur et une de mes amies.

Sokka : elles font des blagues ?

Zuko: pas ma sœur, elle se comporte comme une pétasse. Ty Lee par contre, elle fait comme toi.

Sokka : c'est les filles qui étaient avec toi ?

Zuko: ouais. Ty Lee c'est celle avec la tresse et ma sœur, Azula, elle a un chignon.

Je hoche la tête, essayant de me souvenir des contours de leurs visages. Disons que c'est pas trop elles que je fixait tout du long, mais plutôt Zuko. D'ailleurs j'avais pas imaginé ce prénom là pour lui. J'avais plus opté pour suivre la loi de la probabilité et non pas mon instinct. Et d'après internet, chez nous le nom le plus commun c'est Li. Mais bon, visiblement les probabilités c'est vraiment de la merde et j'ai jamais compris ce chapitre.

Sokka : et donc, vous êtes tous en bio technologie ?

Zuko: oui, on a été transférés parce que notre ancien établissement puait.

Sokka : vous allez pas être trop dépaysés alors.

Zuko: très encourageant.

Il y a un nouveau moment de silence.

Sokka : j'imagine que c'est le moment où on reparle de notre rencontre catastrophique ?

Zuko: mon oncle m'as dit que vous aviez vraiment la réduction.

Je hausse les épaules. Comme si c'était ça qui me préoccupait à l'instant. Là, je me demande surtout s'il m'en veut pour la petite lettre que je lui ai laissé, écrite dans une serviette en papier. J'avoue que j'aurais pu y écrire ailleurs mais flemme de sortir un cahier et de déchirer un morceau de feuille.

Zuko: et il y avait marqué quoi dans le petit papier ?

Sokka : tu l'as pas lu ?

Zuko: non.

Sokka : ho heu, rien d'important ! N'y lis pas, c'était juste une connerie.

Zuko: d'acc, si tu le dis.

Ouais, une divinité doit définitivement m'avoir à la bonne, c'est pas possible autrement. Pas que je m'en plaigne hein, mais si j'ai autant de chance, je trouve ça louche. À tout les coups, il vas m'arriver une catastrophe après pour compenser. Mais j'ai pas envie de laisser passer ma chance, quitte à ce que le monde soit foutu pour équilibrer.

Sokka : tu veux qu'on aille se promener ?

Zuko: je ferai n'importe quoi pour rater le cours d'anglais.

Sokka : moi je suis censé être en travail libre.

Zuko: c'est quoi ?

Sokka : une étude pas surveillée. Du coup personne ne travaille.

Zuko: ils en ont des idées intelligentes dans ce bahut.

J'esquisse un sourire. J'aime bien le sarcasme et plus important, je l'aime bien lui. Je lui fais signe de me suivre d'un geste de la tête et on commence à se promener. L'avantage d'être dans un établissement agricole, c'est qu'il y a du terrain pour faire à peu près tout et n'importe quoi. Genre des prés pour faire pâturer les vaches et les quelques bisons qu'on a pour la viande. Y'a aussi de la sylviculture donc on a pas mal d'arbres, principalement une genre de forêt d'eucalyptus. J'ai toujours bien aimé ces arbres. Le tronc est très clair avec des tâches plus foncées, les feuilles sont en forme de lances et de couleur bleuté. En bref, c'est super joli. On s'avance dans ce genre de coin de paradis en silence.

Sokka : fais gaffe où tu marches.

Zuko: y'a des trous ?

Sokka : nan, des serpents et des fourmilières.

Zuko: quoi !?

Sokka : ils sont pas trop dangereux t'inquiète.

Zuko: mise à part les serpents, c'est beau comme endroit.

Sokka : ouais je sais ! J'aime bien venir ici, c'est tranquille.

Je lui montre deux ou trois bestioles avant de me taire pour profiter du silence. C'est alors que ma sonnerie de téléphone, un bruit de klaxonne. Je décroche rapidement en voyant le nom de ma sœur s'afficher à l'écran. La seule chose que j'ai compris entre les crépitements et les bruits de saturation, c'est le mot "chambre". Ha. Je me tourne vers Zuko d'un air gêné.

Sokka : heum, je crois que je dois filer.

Zuko: pourquoi ?

Sokka : j'sais pas, ma sœur m'as appelé.

Zuko : rien de grave ?

Sokka : aucune idée. Je te raccompagne au lycée, traîne un peu dehors si tu veux et dis que c'est ma faute.

Zuko: c'est sympa merci.

Je commence à me barrer, accélérant le pas. Bordel mais qu'es ce qu'ils ont fait encore !? Je laisse rapidement Zuko vers un endroit qu'il connaît, j'ai à peine le temps de lui lancer un bref "au revoir, désolé" que je commence à courir en direction de notre résidence étudiante. Pourquoi es ce que j'ai pas pris mon skate bordel !? Je distingue enfin le bâtiment de la résidence et je pousse la porte avec une délicatesse toute relative pour rentrer à l'intérieur. J'ouvre d'un coup la porte de chez nous.

Sokka : qu'es ce qu'il se passe !?

Devant moi se trouve l'entièreté de mes colocataires, dont le lémurien Momo qui paie pas sa part de loyer, et ils désignent la gazinière qui était en train de balancer des étincelles. Mais genre, pas vraiment deux ou trois petites étincelles, là c'est un putain de jet d'étincelles, pire qu'un fer à souder. Mais pourquoi ils restent plantés là comme des cons à regarder !?Je choppe rapidement un torchon et je le fous sous l'eau avant de le balancer sur la source de ce bordel. C'est fini. Les quatre me regardent avant d'applaudir en chœur.

Sokka : quelqu'un m'explique ?

Katara : la gazinière déconne grave.

Suki: on voulait voir comment t'allais réagir.

Sokka : du coup c'était fait exprès ?

Toph : non non, la gazinière déconne vraiment.

Je les fixes d'un air dépité. En soit, on n'a jamais été très intelligents donc j'imagine que c'est la suite logique des évènements, qu'on crève à cause d'un incendie provoqué par une gazinière. Pas brillant comme mort. Et en plus, c'est même pas suffisant pour nous permettre de remporter un Darwin Award. Pas assez spectaculaire quoi.

Katara: du coup, elle voulait quoi la directrice ?

Sokka : montrer la pisciculture, je te laisse deviner à qui.

Aang: mais non !!??

Toph: le beau gosse barista !?

Sokka : ouais. Et il s'appelle Zuko d'ailleurs. Je dois l'aider pour son sujet d'étude.

Suki: donc t'es coincé avec lui pour le reste de l'année ?

Sokka : on dirait bien, oui.

Les quatre me regardent avant d'éclater de rire, ils se foutent ouvertement de ma gueule. Ouais, on a l'entourage qu'on mérite on vas dire. J'en ai marre de mes potes des fois. Ils sont adorables et tout mais ça peut être de gros lourds. Ils se lancent tous un regard complice que je n'aime que moyennement. Des fois,on a ce truc qu'on les potes, celui de se parler en un seul échange de regards. C'est pour ça qu'on est aussi forts au Kems. Mais là, j'arrive pas à interpréter leur regard et j'aime pas trop beaucoup ça.

Sokka : quoi ?

Suki : rien, rien.

Toph : il te plaît le beau gosse barista ?

Aang: il s'appelle comme déjà ?

Sokka : Zuko.

Katara : oui bref, tu l'aimes bien le Zouzou ?

Sokka : mais nan jure ? C'est pas comme si je vous cassait les oreilles avec depuis trois jours.

Katara : intéressant.

Aang: très intéressant, même.

Sokka : je sais pas ce que vous avez derrière ma tête, mais j'aime pas ça.

Toph : qui ça ? Nous ?

Aang: naaaan.

Suki : jamais.

Ils se lancent un autre regard super flippant de communication télépathique de super potes. Super. Je suis actuellement terrifié. Mes potes je les aimes mais des fois, ils font des trucs vachement cons, par exemple regarder une cuisinière défectueuse qui balance des étincelles parce que pourquoi pas. Donc autant dire que le fait qu'ils soient au courant que j'aime bien Zuko, c'est pas une bonne nouvelle.

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