Le lendemain matin, c'est le bruit de la machine à café qui me réveille. Il me faut un instant pour sortir du brouillard. Ha oui. Zuko, Yue, la teuf, ma sœur, re-Zuko et ma conduite minable. Super. Je sens que je vais passer une chouette matinée. Je descends de mon lit, avant de remarquer un truc. À l'intérieur de ma couchette de trouve une veste que je reconnais bien. C'est celle de Zuko. J'y réfléchirai plus tard. Pour l'instant j'ai besoin de caféine. Je tente de rassembler mes esprits avant de rejoindre les autres qui étaient sur notre petite table, en train de boire du thé ou du café.

Toph: Tiens, l'épave est réveillée.

Suki: t'aurais pu te changer avant d'aller au lit.

Aang: et te démaquiller un peu aussi.

Je souffle avant de croiser mon reflet dans le miroir. J'ai encore le croc top que Yue m'avait prêté, et donc qui pue la clope par conséquent. J'ai aussi des restes de maquillage qui sont restés malgré la douche que j'ai prise. Du coup je ressemble à un panda et c'est ridicule. Je souffle et me contente de me faire couler un café.

Sokka: ouais...

Suki: tu peux nous expliquer ce que t'as foutu ?

Aang: ouais, on s'est inquiétés nous.

Toph: laissez le déjeuner. Il doit avoir la gueule de bois.

Sokka : vous êtes pas obligés de parler de moi comme si j'étais pas là.

Je me fais couler mon café dans ma tasse pokémon, celle avec le Polagriff, et m'installe à la petite table. J'ai cette affreuse sensation des lendemains de soirée, celle qui fait qu'on a encore l'impression de flotter et de ne pas être vraiment là.

Aang: c'est à cause de ce qu'il s'est passé avec Zuko pas vrai ?

Sokka : comment vous savez ?

Toph: on est allés au salon de thé pour avoir des nouvelles de toi vu que t'avais disparu.

Suki: et il nous as un peu raconté.

Sokka: génial... Vous me faites un résumé de vos connaissances ?

Toph: vous avez fait la bête à deux dos.

Suki: Ty Lee a demandé le matin si vous étiez en couple et il a répondu non.

Aang: ça va toi du coup ?

Je hausse les épaules. J'en sais rien. J'ai aucune de quoi faire, de ce que je ressens et même l'alcool m'as pas aidé. Pire, ça m'as encore plus foutu la tête en vrac. Et j'ai pas envie que mes potes me regardant avec pitié. Évidemment que je vais bien. Je vais m'en sortir, j'ai déjà vécu pire dans tous les cas. C'est pas une situation ambigu avec Zuko qui vas me tuer.

Sokka : ça va. Où est Katara ?

Toph: sortie faire un tour.

Aang: ouais, encore...

Suki: et je peux savoir pourquoi t'es allé en boîte avec ton ex toi d'ailleurs ?

Sokka : techniquement, c'est pas mon ex.

Suki: arrête de jouer sur les mots, tu m'as comprise..

C'est vrai ça, pourquoi ? J'avais à ce point besoin de distraction ? Ou alors je voulais juste avoir une parenthèse, avoir une soirée où je peux faire n'importe quoi sans que ça compte réellement. J'en sais rien. En plus j'ai mal à la gorge, j'ai fumé combien de cigarettes moi ? Assez pour que je pue le tabac visiblement.

Sokka: je voulais juste oublier cette matinée de merde.

Toph: ho c'est bon, arrête de faire ta victime. Vas lui causer.

Aang: Toph, un peu de délicatesse.

Sokka : et tu veux que je lui dise quoi ? Il l'as dit lui même, on n'est pas en couple.

Suki: peut être que si tu arrêtait de te morfondre et que tu allais lui parler, vous le seriez enfin.

Je lève les yeux au ciel en buvant mon café. Je les aimes vraiment, mais clairement ce n'est pas le moment de m'énerver. Déjà parce que j'ai la gueule de bois et ensuite parce que j'ai clairement les nerfs à fleur de peau. En même temps normal, vu la journée de merde que j'ai passé hier. Alors que le reste de notre petite équipe se lève et commence à ranger leurs tasses en faisant la vaisselle, la porte s'ouvre. Et celle qui en sort, c'est Katara. Ma sœur nous lance un regard de jugement avant de venir vers moi.

Katara: Sokka.

Sokka: salut.

Katara: je t'engueulerai pas, je l'ai déjà assez fait dans la boîte de nuit.

Sokka: trop aimable.

Je fronce les sourcils. Dans la boîte de nuit ? Je me rappelle qu'elle soit venue me chercher mais elle m'as tapé une scène devant tout le monde ? Je ne me souviens pas de ça. Heureusement vous me direz mais c'est un peu chiant. J'ai tendance à toujours avoir des trous de mémoire lorsque je bois un peu trop, voire même lorsque je bois un tout petit peu. Je sais pas pourquoi ça me fait ça, mais c'est un peu chiant. Du coup, en résumé, c'est totalement probable que j'ai oublié pleins de trucs importants qui se sont passés durant ce moment peu glorieux. Et c'est peut être à cause de ça que j'ai aucune foutre idée de ce que je fais avec la veste de Zuko.

Sokka: Il s'est passé quoi là bas ?

Katara : tu t'en rappelles pas ?

Sokka: pas précisément, non. J'étais avec Yue et t'es venue avec Zuko, je me souviens de ça.

Katara: bah techniquement, Zuko t'as trouvé en premier. Lorsque Yue et moi vous avons retrouvé, vous étiez dans les chiottes.

Sokka: ouais, je crois que j'avais envie de vomir.

Katara: vous avez dû causer un peu vu qu'on a mis du temps à vous trouver.

Sokka: rha fait chier.

Je me laisse tomber sur la petite table, ma tronche faisant un joli bruit de creux contre le bois. Ça fait mal un peu. Katara lève les yeux au ciel. Ils me disent tous d'aller lui causer mais il faut que je trouve comment faire ça moi. Et puis il faut trouver le bon moment, et si ça se trouve il ne veut pas me parler lui non plus.

Sokka: Les gars ?

Suki: hum ?

Sokka : si je vous demande de l'aide pour monter toute une expédition histoire que je puisse parler à Zuko, vous m'aidez ?

Aang: tu nous as pris pour qui ?

Toph: bien sûr qu'on vas t'aider !

Je sourit doucement. Ils s'installent tous autour de la table de la petite cuisine en commençant à raconter tous leurs plans, et après une bonne demi-heure de discussions, on arrive finalement à un résultat concluant. Le plan est de faire en sorte qu'ils n'aient rien durant les premières heures, comme nous, comme ça on pourra discuter tranquillement. Aang tape dans la main de Toph, d'un air victorieux.

Suki: ok, ils commencent par quoi ?

Katara : TP de microbiologie avec le vieux Bumi.

Aang: Mr Bumi m'en soit une, je pourrais le convaincre de reporter son cours.

Katara : et on fait comment pour séparer ton chéri du reste du groupe ?

Toph : kidnapping.

Suki: ça se tente. Ou on l'attire avec sa nourriture préférée.

Katara : c'est pas un animal.

Aang: techniquement parlant, l'homme est un animal.

Je les regarde commencer un débat sur la question un peu trop philosophique à mon goût de "l'homme est-il un animal comme les autres ?" Pas que je les aimes pas mais c'est un peu complètement con comme question. Et aussi, es ce que c'est une bonne idée d'appeler leur prof pour le forcer à déplacer son cours tout ça dans le but qu'un couple se réconcilie ? Visiblement oui. Toph mets fin au débat.

Toph: nouveau plan. Au lieu d'éloigner Zuko, on éloigne les autres.

Katara : c'est pas si con.

Suki: notre petite Toph devient une vraie génie du mal !

Toph : ho vos gueules. Bref, on fait ça ?

Aang: ça roule.

Et c'est ainsi que j'ai finis derrière le bâtiment de pisciculture à attendre, tandis que les autres me tenaient au courant du déroulé de l'opération sur leur téléphone. Visiblement tout est en place, il devrait pas tarder à arriver. C'est alors que j'entends non loin les pas de Zuko. Je relève la tête. Il est face à moi. Avec son sac de cours sur le dos, ses cheveux noirs de jais sont un peu en bordel et il a l'air pas réveillé, comme un lundi matin quoi. J'ai envie de dire que le voir m'énerve. Mais non, je suis plus triste qu'autre chose parce que ses mots résonnent encore dans ma tête. "On n'est pas en couple". Je lui sourit, du moins j'essaye.

Sokka : salut. Je crois qu'il faut qu'on cause.

Zuko: oui.

Il se passe la main dans les cheveux d'un air gêné.

Zuko: je suis désolé.

Sokka: moi aussi.

Il relève la tête avec de grands yeux ronds. Enfin, un grand œil rond étant donné que l'autre est un peu dans un sale état. Sa cicatrice, tout ça tout ça.

Zuko: quoi pourquoi ?

Sokka: bah... J'ai pas été cool avec toi. Plutôt que de te parler, je me suis barré avec Yue pour aller faire la fête.

Zuko: ouais mais c'est juste parce que j'ai agis comme un connard.

Pourquoi il fait comme si il était sincèrement désolé ? Ça aurait été plus simple qu'il me lâche un "nan mais je voulais juste coucher avec toi, bye". Plus douloureux, certes mais plus simple. Je suis pas doué avec la dichotomie. C'est comme Yue. Malgré le fait qu'elle ait joué avec mes sentiments, je peux pas dire que c'est une mauvaise personne.

Zuko: la vérité c'est juste que j'avais peur. Je sais même pas ce qui me faisait flipper à vrai dire. Tout j'imagine ? Toi, notre relation...

Il se passa la main au niveau de sa brûlure au visage.

Zuko : j'ai paniqué parce que je me suis rendu compte que c'était réel. Et que j'allais devoir le dire aux autres et... Et j'avais pas envie de le faire.

Sokka: pourquoi ?

Zuko: j'en sais rien. Le jugement j'imagine ? Pourquoi j'aurais le droit d'être heureux et d'arriver à me reconstruire alors que ma sœur non?

J'allais dire que c'était complètement con comme raisonnement mais je me stoppe. Je sais rien de lui. Je ne peux qu'imaginer les épreuves qu'il a dû endurer, ou non. Et lui c'est pareil. Il ne peut pas tout savoir de moi, il ne peut pas deviner ce que j'ai vécu. J'hésite un instant avant de m'approcher de lui et de le serrer dans mes bras. C'est pas un câlin ultra ergonomique, c'est même plutôt ridicule vu que je sais pas où foutre mes mains. Il semble surpris mais il finit par passer ses bras autour de ma taille pour me garder contre lui. Il sent le thé. Je souffle, le nez enfoncé contre son épaule.

Sokka: je pense que tu mérites d'être heureux.

Zuko: et tu pourrais être à mes côtés, même si je le suis pas encore ?

Sokka: ouais.

Il se recule un peu, presque surpris par mes dires. En même temps, c'est pas comme si j'avais le choix. Je l'aime beaucoup. C'est une certitude. Et même si il est pas encore totalement bien, je veux être là pour lui. Après tout, je suis pas spécialement bien non plus.

Sokka: je suis prêt à prendre le risque. Et on n'est pas obligés d'en parler aux autres si tu te sens pas à l'aise.

Zuko: t'es sûr que ça t'embête pas ?

Sokka: ouais. Mais juste, évite de nier comme tu l'a fait la dernière fois. Juste "non" ça suffit.

Zuko: je pense que je vais en parler à Ty Lee.

Sokka: comme tu le sens.

Il semble hésiter un instant avant de m'embrasser sur le front. Ce que je trouve un peu humiliant de base, genre c'est bon, j'ai compris que j'étais pas spécialement grand. Mais là ça va. C'est mignon presque. Il rougit comme jamais et détourne le regard.

Zuko: excuse moi encore.

Sokka: c'est pardonné. Et d'ailleurs faudra que je te rende ta veste.

Zuko: pas faux. Garde la au pire si tu veux.

Sokka: elle te vas mieux qu'à moi, le rouge c'est pas vraiment ma couleur.

Il ricane en entendant ça.

Zuko: le noir te vas mieux si tu veux mon avis.

Il me faut un instant pour que les deux neurones qu'il me reste s'activent pour que je comprenne. Ma tenue dans la boîte de nuit, par extension moi en train de vomir dans les chiottes d'une boîte de nuit qui passe de la musique nulle. Ho. C'est vrai que j'avais pas vraiment pensé à ça. Je pique un fare tandis qu'il se marre.

Zuko: tu étais très beau.

Sokka: avant ou après que je vomisse ?

Zuko: avant.

Je me décale un peu de lui, retenant un rire. La délicatesse est morte, presque autant que le reste de mes neurones.

Sokka: ouais j'avoue c'est pas le truc le plus sexy que j'ai fait.

Zuko: non en effet !

Il eût un petit rire et sa main enlaça doucement la mienne, me faisant un peu rougir. Je ferma mes doigts autour des siens. C'est con, mais ça me fait rougir. Alors qu'on a fait pire vous voyez, mais là ça me fait trop bizarre et mon cœur s'emballe comme celui d'un collégien.

Zuko: on peut juste... Essayer de pas trop se précipiter ? Ça a pas été très efficace la dernière fois.

Sokka: bien sûr.

Et on est restés là comme des cons, à discuter de tout et de rien.