Sokka (29)
Assis sur le lit de Yue, les yeux fermés pour qu'elle m'applique de l'eye liner, je suis en train de réfléchir. Réfléchir à ce que je ressens. Je me serais attendu à être plus triste que ça. Je le suis, évidemment mais là j'ai l'impression de plus être énervé qu'autre chose. Et ça m'ennuie sincèrement, genre je suis juste une boule de nerfs prêt à en vouloir au monde entier à la moindre contrariété ? Un peu oui. Le pinceau froid s'appuie sur ma paupière, faisant une désagréable sentation de chatouillement lorsqu'il fait le tour de mon oeil avant de finir en faisant la petite ailette traditionnelle. Yue commence à passer au deuxième oeil lorsque je l'entends marmonner.
Yue: arrête de trop fermer.
Sokka : faut que j'ouvre alors ?
Yue : mais non voyons, juste appuie pas sur tes paupières comme un bourrin.
Sokka : ok.
Elle se tait pour mieux se concentrer. Par pitié parle. Tout, n'importe quoi, même une engueulade ça m'irait ! En fait, surtout une engueulade, ce serait une bonne excuse pour que je me passe les nerfs. Putain, je déteste vraiment être énervé. Elle finit par se reculer, un sourire aux lèvres.
Yue: tadam !
Sokka : tu m'as pas trop transformé en clown ?
Yue : mais non, t'es très beau !
Sokka : comme toujours.
Yue: allez, debout, on vas choisir ta tenue !
Elle se lève pour aller vers l'armoire. J'en profite pour prendre mon téléphone et me regarder dans le reflet de l'écran. Pas trop mal, je me suis connu plus immonde que ça. Elle me sourit.
Yue: t'es vraiment pas mal comme ça !
Sokka : merci, je sais ! Je suis tellement incroyable.
Yue: crâneur. Bon, en route pour la fête !
La suite de la soirée, j'aurais aimé dire que j'en ai profité à fond, que je me suis amusé pour me changer les idées. Mais ce n'est pas vrai. J'ai juste passé mon temps à boire comme un ivrogne, à fumer clope sur clope pour essayer de faire une sorte de ne plus rien sentir, que tout aille mieux si je ne réfléchissais pas. Mais c'est pas comme ça que l'alcool ou la nicotine fonctionne, on est encore conscient de ce qu'il se passe, c'est juste notre corps qui répond plus. Assis à l'arrière de la boîte sur une jardinière, clope à la bouche, j'essaie de profiter d'un peu d'air frais avant de me faire rejoindre par Yue. Elle semble inquiète.
Yue: hey Sokka, ça va ?
Sokka : pourquoi ça n'irait pas ?
Yue: je sais pas, t'as l'air un peu... Énervé en fait.
Sokka : j'ai eu une semaine de merde.
Yue: ok. Juste, essaye de ne pas trop te mettre à l'envers, ok ?
Je hoche la tête et on retourne à l'intérieur. Malheureusement pour moi, Zuko nous as trouvé. Et visiblement ma sœur est ici aussi, mais je l'ai pas encore vue. Il me fixe tandis que Yue tourne les talons pour aller chercher Katara, nous laissant seul tous les deux. Je sais pas si c'est à cause de l'alcool ou de lui, mais j'ai envie de gerber. Cet espèce d'enfoiré... Je serre les poings avant de croiser les bras, essayant de me concentrer, ce qui n'est pas facile à cause de l'alcool. Ma tête me tourne un peu et un flot de pensées un peu incohérentes me viennent à l'esprit.
Zuko: Sokka, je...
Sokka : tu quoi ? Tu es venu me chercher pour apaiser ta conscience ?
Zuko: non, parce que je voulais savoir si tu allais bien !
Sokka : à ton avis ???
Ma gorge se noue et ma voix déraille alors que je dis ça. Je veux juste que ça s'arrête. Je veux juste arrêter de penser à lui et à tout ça durant l'espace d'une soirée, c'est vraiment trop demander ?
Sokka : arrête de me donner de faux espoirs.
D'un coup, je porte ma main à ma bouche, ayant soudainement la nausée.
Sokka : je crois que je vais vomir.
Il s'avance vers moi et me prends la main avant de me tirer derrière lui en direction des chiottes de la boîte de nuit. Il nous fraye un chemin au milieu de la masse grouillante de gens qui dansaient, tous aussi bourrés que je dois l'être en ce moment. Normalement, sa main dans la mienne m'aurait encore plus donné envie de vomir, voir même je lui aurais gerbé dessus exprès. Mais non. Ça me rend juste triste. À l'intérieur des chiottes de la boîte de nuit, l'air est un peu moins étouffant. Il fait presque froid et la musique boom boom est filtrée par la porte. Je me dirige vers un lavabo à la propreté douteuse pour cracher dans l'évier et me passer un peu d'eau sur le visage.
Zuko: ça va un peu mieux ?
Sokka : je crois ouais.
Zuko: tu devrais boire un peu d'eau.
Sokka : non c'est bon.
Nouveau moment de silence. Quelqu'un tire la chasse et sort d'une des cabines de toilettes avant de repartir direction la soirée. Il s'est même pas lavé les mains ce crado.
Zuko: je suis désolé.
Sokka : je sais.
Zuko: j'ai pas honte de toi. La vérité c'est que c'est de moi que j'ai honte.
Je relève la tête vers lui, mon esprit tanguant un peu. C'est quoi ces conneries encore ? C'est pas en faisant en sorte que j'ai pitié pour lui que ça ira mieux.
Zuko: j'ai honte de pas t'avoir parlé, de pas t'avoir dit que j'avais peur d'en parler aux autres.
Sokka : t'es au courant que je suis torché là ?
Zuko: ouais ?
Sokka : et tu trouves que c'est le bon moment pour me déballer ça ?
Zuko: heu, je sais pas ? Peut être ?
Je le fixe un instant et j'éclate de rire. Je sais même pas pourquoi je rigole en fait, la situation ne s'y prête pas du tout mais c'est plus fort que moi, je trouve que c'est hilarant. Sérieux, je suis ivre mort et il trouve que c'est le bon moment pour qu'on s'explique ??
Sokka : ho la vache, t'es un phénomène toi.
Zuko: c'est un compliment ?
Sokka : pas vraiment non. Mais c'est pas grave. C'est à cause de ça que je suis tombé amoureux de toi je crois.
Mon rire se calme et j'essuie une ou deux larmes, issues de mon fou rire qui coulaient. En face de moi, Zuko a l'air mort de l'intérieur. Enfin je crois. J'en sais trop rien, je vois un peu flou là. Je m'approche de lui, un sourire aux lèvres.
Sokka : quoi ? C'est le fait que j'ai dit que je t'aimais qui te mets dans cet état ?
Zuko: t'es bourré.
Sokka : nan jure Einstein... Je suis encore conscient je te rappelle.
Zuko: mais t'es pas en possession de tes moyens.
Sokka : alors redemande moi une fois que je serai sobre. Même si je garantie pas que je réponde pareil !
C'est alors que la porte des chiottes s'ouvre avec fracas pour laisser passer ma sœur, suivie de Yue qui devait tenter de la calmer. Katara me fusille du regard avant de venir vers moi et de me chopper par le col de mon haut. Je sens que ça va pas être la même qu'avec Zuko là. Parce que je l'aime beaucoup Katara, mais lorsqu'elle est énervée, elle fait peur.
Katara : on rentre.
Yue : vas y mollo Katara, il est saoul.
Katara : je fais lui faire prendre une douche glacé en rentrant.
Sokka: ho c'est bon...
Elle me traîne dans aucune délicatesse hors des toilettes pour nous faire sortir de la boîte de nuit. Il fait super froid, la vache ! Hey mais attend, fais chier, je voulais continuer à m'amuser moi ! J'allais protester mais le regard de Katara me fait comprendre que c'est pas une bonne idée. Ok, j'imagine que je vais subir. On arrive sur le parking et elle ouvre la portière de notre petite voiture pour me faire rentrer à l'intérieur. Zuko s'installe à mes côtés sur la banquette arrière tandis que je tente de garder mes yeux ouverts.
Katara : merci d'être venu me prévenir.
Yue: de rien. Je savais pas que vous n'étiez pas au courant...
Katara : t'y es pour rien.
Yue: ne l'engueule pas trop s'il te plaît. Je pense qu'il est suffisamment mal.
Sokka : hey je vous entends !
Katara : toi tu te tais.
Je râle et me contente de poser ma tête sur l'épaule de Zuko. Même si je le déteste, j'ai besoin de rester contre lui. Je veux rester à ses côtés, je ne veux pas le lâcher. Je passe mes bras autour de sa taille, histoire de profiter un peu de sa chaleur corporelle. J'ai l'impression qu'il panique un peu et il se penche vers moi.
Zuko : Sokka ? Tu vas pas vomir, hein ?
Sokka : non. J'ai froid...
Zuko: attend bouge pas.
Il se relève un peu de son siège pour enlever sa veste et me la mettre sur le dos. Elle est chaude, ça fait du bien. Je la serre contre moi, tout en restant appuyé sur lui.
Sokka : elle sent comme toi.
Katara : ouais, et toi tu pues la clope ! Je te préviens, tu rentres pas comme ça, tu vas infester l'appartement.
Elle démarre la voiture et on se contente de partir comme ça, en laissant un peu Yue toute seule. Bon de toute façon je suis rond comme un cul de bouteille, c'est pas moi qui vais lui tenir compagnie. Ce qui est horrible lorsque tu as trop bu, c'est que ton corps répond plus déjà et ensuite que chaque mouvement te fais tanguer. Et la voiture, c'est le pire. Zuko me frotte le dos, il doit certainement prier pour que je vomisse pas. Finalement, on arrive chez nous.
Katara : sortez tous les deux. Je vais te ramener Zuko.
Zuko: tu es sûre ? Je peux rentrer à pieds sinon.
Katara : non t'en fais pas.
Elle se tourne vers moi avant de me filer les clés de l'appartement.
Katara : rentre à l'intérieur, prend une douche et vas pioncer.
Sokka : d'acc.
Zuko: repose toi bien.
Et ils partent tous les deux tandis que je me retrouve comme un con. Et merde. Je rassemble mes esprits pour rentrer à l'intérieur. Les autres dorment déjà et même si Suki a relevé la tête, je l'ignore et me contente d'aller dans la salle de bain pour me doucher rapidement. L'eau fraîche me réveille un peu et une fois lavé et changé, je prends la veste de Zuko et m'affale sur le lit, la serrant contre moi. J'aurais voulu qu'il ne parte pas.
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