Sokka (11)
Dès que j'ai vu ma sœur prostrée devant le petit miroir, en train de râler parce qu'elle s'est foutue du mascara dans l'oeil, j'ai compris. Soit elle allait faire sa belle en boîte pour danser avec n'importe quel trou du cul, mais il est juste midi donc c'est pas cohérent. Soit elle a rencard. Et si elle a rendez vous, bah elle me l'aurais dit, je suis son frère quand même. Je regarde ses fringues en passant discrètement la tête dans l'entrebâillement de la porte. Elle porte un croc top à bretelles noir, un jean taille haute, un des seuls qui n'est pas troué ou délavé qu'on ai, et des boucles d'oreilles créoles. Ses yeux sont finement maquillés avec du mascara et un trait d'eye liner tellement fin que c'est pas humain. Ses ongles sont peints aussi, ce qui est pas habituel étant donné qu'on peut pas avoir de vernis pour nos TP. Sur l'évier, y'a son téléphone et il s'allume pour laisser apparaître un nom.
Azula.
J'ai beau pas être un génie, je comprends un peu trop vite ce qu'il est en train de se passer. C'est vrai que lorsqu'on trainait dans les couloirs, elles se lançaient des coups d'oeil. Mais c'est pas une preuve ça. Nan une preuve flagrante, ce serait qu'elle sorte en même temps que Azula et qu'elles se retrouvent au même endroit. Et pour ça, je sais précisément où aller, même si c'est au dépend du beau gosse barista.
Zuko: bienvenue au Drag- ho merde pas toi.
La suite, j'ai un peu paniqué du coup je lui ai tout balancé à la gueule, comme quoi nos sœurs étaient potentiellement, voir même certainement, en date toutes les deux. En même temps c'était cramé, ma sœur passe son temps à regarder ses messages sur son téléphone, elle a l'air ailleurs et tout... Bref, elle est pas discrète. Zuko me fixe avec des yeux de merlan frit. Sa bouche et se ferme comme celle d'un poisson hors de l'eau et il bafouille.
Zuko: sérieux ?
Sokka : elles s'envoient des messages.
Zuko: ho merde.
Sokka : ouais, exactement.
Zuko: tu sais où elles sont ?
Il commence à détacher son tablier vert sombre, tout en rangeant de façon plus ou moins bordélique les divers éléments qu'on trouve sur le comptoir. Il fout des piles de gobelets et de tasses sur une étagère, éteint plusieurs appareils.
Sokka : heu en ville j'imagine, je connais une dizaine de coins où elles auraient pu aller.
Zuko : nickel.
Il ferme la caisse avant de se diriger vers l'arrière boutique. Je le suis, et il sort son téléphone pour appeler quelqu'un. Ça sonne une fois, deux fois, trois fois. Répondeur. À la voix, je reconnais Ty Lee et le fameux bip sonore résonne. Il roule des yeux, exaspérés.
Zuko: Ty Lee, c'est moi. Je me tire du magasin, faut que tu viennes le garder. Et je sais que tu travailles pas vraiment donc pas d'excuses.
Il raccroche et fourre son téléphone dans sa poche avant de me traîner vers la sortie. La petite cloche tinte, me niquant les oreilles. Ok, depuis le début je subit, je questionne pas. Mais là, je commence à me poser des questions ! Je me retourne vers lui.
Sokka : mais tu fais quoi là ?
Zuko: je vais chercher ma sœur.
Sokka : et ruiner leur rencard ?
Il semble réfléchir avant de soupirer.
Zuko: ok, c'est chelou dit comme ça mais je veux juste m'assurer qu'elle soit en sécurité.
Sokka : t'inquiètes je comprends. Moi c'est pour les potins. Et sa sécurité aussi.
Zuko: c'est loin là où tu penses qu'elles sont ?
Sokka : bah un peu, c'est sûr qu'on irait plus vite en voiture.
Zuko : t'es déjà monté sur une moto ?
Dix minutes plus tard, on se trouve devant la maison de Iroh, dans le garage. Ça fait comme dans un film, il soulève une bâche en plastique d'un geste amples pour révéler une grosse moto noire en dessous. Rien à voir avec la petite saxo qui roule pas au dessus de 80 km/h qu'on se partage ma soeur et moi. Zuko me balance un casque, un vieux truc rose avec des stickers de dessin animé tout en mettant le sien, plus classe. Il est noir avec un motif de damier noir et blanc sur le côté. Il fait tourner la clef sur son doigt tandis que je finis de m'équiper.
Zuko: monte derrière.
Sokka : heu, tu sais conduire ce truc ?
Zuko : la dernière fois, ouais je savais.
Sokka : rassure moi, c'était y'a pas longtemps la dernière fois ?
Il monte sur la moto et me désigne derrière lui, d'un geste de tête tandis qu'il démarre l'engin dans un vrombissement d'enfers. Je sais pas si je suis rassuré ou non qu'il ne m'ai pas dit depuis combien de temps il n'a pas conduit. Je règle mon casque, bon ça me fait une tête de con mais soit, et je grimpe à l'arrière. C'est un peu bizarre. Mon torse se colle à son dos et j'essaye de m'agripper à ce qui me tombe sous la main et qui n'est pas un être vivant. Mais le brun choppe ma main pour venir la presser contre sa taille.
Zuko : tiens toi à moi.
Je m'exécute et il démarre, me faisais m'aggriper un peu plus contre lui. Je lui indique la direction et on passe devant le parc un peu joli, la seule fontaine de la ville et le banc sur lequel tout les amoureux se rendent au moins une fois. C'est marrant mais je remarque qu'il sent le thé trop sucré. Ho putain je dois être rouge pivoine. Ça m'a déprimé de voir qu'il voulait plus nous parler, tout ça parce qu'on voulait caser Katara et Azula. Après un bout de temps, on arrive dans un coin un peu sympa, c'est vers une rivière, il y a un genre de mini cascade et on y vas souvent tous ensemble. On descend tout les deux et on pose nos casques sur la moto.
Sokka : suis moi.
On commence à se frayer un chemin parmi les taillis et les fourrés avant d'entendre des gloussements. C'est elles. Je fais signe à Zuko de se taire et de s'avancer en suivant mes pas. Il chuchote.
Zuko: ok, on vas voir.
Sokka : imagine elles font des trucs pas catholiques ?
Zuko: ta gueule, je veux pas imaginer ma sœur en train de copuler !
Sokka : bah moi non plus figure toi !
Je me cache derrière un buisson, vite rejoint par Zuko. On jette un petit coup d'œil. Nos deux soeurs sont là, assises au bord de l'eau claire de la rivière, pieds dans l'eau. Elles discutent d'un sujet que j'arrive pas à entendre mais ce que j'entends bien, c'est le rire des deux. Putain de merde, elles sont niaises. J'ai un peu mal au cœur pour Aang, parce que les yeux de ma sœur brillent pour Azula d'une façon qu'ils n'ont jamais fait pour lui. Je me tourne vers lui et je vois une expression de choc sur son visage. Genre, pas il est un peu surpris, non. On dirait qu'il a vu le diable en personne.
Sokka : Zuko ? Ça va ?
Zuko: allons y, je dois aller reprendre la boutique.
Je hoche la tête et me relève pour aller vers la moto, toujours aussi discrètement. Il se frotte le bras avant de récupérer son casque et de le mettre, comme un accord silencieux pour dire qu'on y vas. J'en fais de même et monte derrière lui, tenant sa taille. Ma sœur est heureuse, mon pote s'est fait friendzone et vas pouvoir passer à autre chose et moi, bah je fais un tour en moto avec le mec qui me plaît. Ouais, c'est pas une si mauvaise journée. Mais vu l'air agacé se Zuko, j'imagine que ce plaisir n'est pas partagé. Il pose sa moto dans le garage tandis que je commence à enlever mon casque.
Sokka : bon, bah au moins elles vont bien.
Zuko: c'est une catastrophe.
Sokka : de quoi ?
Zuko: Azula et ta soeur !
Il s'approche de moi d'un peu trop près à mon goût, me surplombant de sa hauteur. Enfin pas littéralement mais c'est l'impression que j'en ai. Je bugge en remarquant que je peux presque sentir l'odeur du thé qui émane de ses vêtements. Ses beaux yeux ambrés s'ancrent dans les miens, comme si il cherchait à lire mon âme. C'est... Pas trop déplaisant enfin je sais pas trop quoi penser là tout de suite maintenant. Il serre les poings.
Sokka : hey, je sais que c'est dur. T'es le grand frère, tu veux juste la protéger. Mais des fois il faut lâcher un peu de leste.
Zuko: c'est ma sœur. Évidemment que je veux la protéger.
Sokka : et t'es pas responsable de tout ce qui lui arrive.
Zuko: si. Je pourrais... J'aurais pu...
Sokka : c'est pas parce que tu arrêtes d'être toujours collé à ses basques que tu arrêtera d'être son frère.
Zuko: tu comprends rien..
Sokka : alors explique moi.
Une nouvelle fois, ses yeux s'ancrent dans les miens et je me sens défaillir. Bordel. Il est... Tellement incroyable. Si je m'écoutais, j'attraperai le col de son t-shirt Trasher et je l'embrasserai. Enfin après lui avoir demandé s'il était d'accord évidemment, le consentement c'est pas pour les pingouins. Il se contente de hausser un sourcil, il doit se foutre de ma gueule tandis que je rougis un max.
Zuko : j'aurais pas dû demander aux autres d'arrêter de vous parler.
Sokka : meh. T'sais ce qu'on dit. Le passé est passé, libéré délivré.
Zuko: tu viens vraiment de sortir une réf à la reine des neiges ?
Sokka : j'ai chialé en le regardant, ok ?
Visiblement, le fait que j'ai pleuré devant un dessin animé doit le faire rire parce qu'il semble plus détendu. Et c'est tant mieux pour moi, il me fait flipper lorsqu'il est agacé. Bon, profitons qu'il soit dans une bonne ambiance.
Sokka : donc on n'as pas de raison de se détester ?
Zuko: on dirait. En plus, je crache pas sur des clients réguliers.
Sokka : je crache pas sur une réduction.
Zuko: affaire conclue alors !
Sokka : du coup, vous revenez avec notre groupe de branlos ?
Un léger sourire passe sur son visage, ça dure deux secondes avant de disparaitre mais c'était bien un sourire. Sa voix résonne dans le petit garage poussiéreux de oncle Iroh, enjouée. Ses mains se glissent dans les poches de son jean noir.
Zuko: j'sais pas, peut être.
Sokka : charrie pas toi, les autres s'entendaient bien.
Zuko : oui, je sais.
Sokka : tu me payes un chocolat chaud ?
Zuko: même pas en rêve. On t'as déjà dit que t'étais un rat ?
Sokka : ho, on en est déjà à se donner des surnoms ?
Un petit ricanement franchi la barrière de ses lèvres et franchement, je kiffe le voir dans cet état. Il est incroyable lorsqu'il sourit. En plus je viens de faire une tentative de drague pétée et il a rigolé. C'est un bon signe j'imagine !
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