Trois semaines plus tard

Les cours se sont terminés à 15h ce vendredi et Léa rentre chez elle directement après. Elle prend une pomme dans la cuisine et monte directement dans sa chambre à l'étage de la maison. La chambre de Léa n'était pas très grande, mais elle contenait tout ce dont il lui était nécessaire. C'est-à-dire un lit, une armoire pour ses vêtements, une commode pour ses livre, et un bureau pour travailler. Elle n'avait besoin de rien de plus. Elle était satisfaite ainsi.

La jeune fille s'installe alors sur son lit avec le livre qu'elle lit en ce moment, L'Attrape-cœurs de Salinger. Elle enlève son marque-page et poursuit sa lecture.

Quand elle estime qu'elle a assez lu pour la journée, environ cinq chapitres, elle replace son livre sur son armoire et se lève. Léa sort une brassière de sport, un ancien tee-shirt et un short de sport de son placard. Elle enfile tout cela, prend son téléphone portable, ses écouteurs et ses clés. La jeune fille descend rapidement les escaliers, signale à ses parents qu'elle est sortie et commence à courir.

Léa enclenche le dernier album du groupe Counterfeit et accélère son allure. Elle empreinte tous les vendredi le même chemin, elle tourne à droite après sa maison et rejoint le bord du fleuve. Elle suit le quais, traverse le pont de pierre et refait son parcours de l'autre côté de la rive, cela deux fois. Après, elle se dirige vers un très grand parc, qui ressemble plus à une forêt qu'à un parc d'après elle. Elle étire ses jambes contre un banc pour éviter d'avoir des courbatures le lendemain quand elle se reveillerait.

Elle se redresse enfin et s'apprête à repartir en petites foulées vers sa maison. Soudain, elle voit un homme. Non, plutôt un garçon, quoi que très grand, en train de s'étirer également . Il ressemble comme deux gouttes d'eaux à quelqu'un qu'elle connaît. Sauf que le garçon est de dos, donc elle ne peut que supposer que c'est lui. La jeune fille se dirige alors vers le garçon, mais celui-ci part en courant. Il fait probablement un footing, lui aussi. Prise d'un élan de courage, car jamais elle n'aurai pensé suivre un inconnu tard le soir, elle suit le chemin du garçon, en courant elle aussi.

Peut-être que le jeune homme avait remarqué qu'on le suivait, car il empreintait des rues étroites, sombre, que même Léa n'avait jamais vu. Que lui arrivait-elle? Pourquoi se sentait-elle obligée de suivre ce garçon? Et même s'il s'agissait d'un de ses camarades de classe, que lui dirait-elle quand il s'arrêterai? Elle n'en avait pas la moindre idée. Elle se contentait de courir, sans réfléchir.

L'inconnu pris une rue qui les mena à une place faiblement éclairée. Il s'arrêta soudainement, posant ses mains sur ses genoux pour reprendre son souffle. Léa pris ce moment comme une perche qu'il lui tendait et se dirige alors vers lui.

-Excusez moi, dit Maï-Léa, je crois qu'on se connaît non?

Le garçon se retourna vers elle.

-Hum....non. Je ne crois pas vous avoir déjà vu, lui sourit le garçon.

C'est dingue, se dit la jeune fille. C'est Alex. Ça ne peut être qu'Alex. Il est grand avec une carrure d'athlète, des cheveux bruns, des yeux bleus clairs et un sourire légèrement jauni.

-Mais, si, dit Maï-Léa. Alex, on est dans la même classe. Depuis la sixième!

-Ah, je crois que tu me confonds avec quelqu'un d'autre.

-Vraiment, on ne se connaît pas du tout?

La jeune fille le fixe, perplexe. Elle est persuadée de l'avoir déjà vu quelque part.

-Ahah, non pas du tout.

-Bon, désolé alors. Je t'ai pris pour quelqu'un d'autre.

-C'est pas grave. Mais est-ce que tu me suis depuis tout à l'heure rien que pour ça?

-Tu avais remarqué, et tu ne t'es pas arrêté!

-J'ai cru que tu étais un tueur à gage! Je voulais mourir avec un peu de dignité!

-Désolé de t'avoir fait une telle frayeur!

-Je m'en remettrai, ne t'inquiètes pas pour ça! S'exclame le garçon.

-Je m'appelle Maï-Léa, dit la jeune fille en tendant sa main.

-Enchanté, Arthur, dit le garçon en serrant sa main.

-Bon, encore désolé Arthur mais je vais devoir rentrer chez moi, mes parents vont s'inquiéter.

-Tu habites par ici?

-Non, pas du tout! Mais je voulais savoir si tu étais le garçon de ma classe ou pas!

Une certaine aisance s'était installée dans leur conversation, et Léa appréciait particulièrement cela.

-Il est déjà 19h30, j'ai même pas vu le temps passer! S'exclame la jeune fille.

-Et il fait nuit, dit le garçon en regardant le ciel.

-Toi, tu habites par ici?

-Non plus, j'allais quand même pas mener un tueur à gage chez moi! J'habites sur l'autre rive.

-Moi aussi.

-Bon, je vais te raccompagner alors. Pour ne pas que tu te fasses agresser ou aussi suivre pas n'importe qui!

-T'es marrant toi! Ironisa Léa.

Ils se mirent tous les deux à marcher sur le pont pour traverser le fleuve.

-Sinon, tu as quel âge, si je peux me permettre, dit Léa.

-J'ai 20 ans, et toi?

-16 ans, bientôt 17. Tu fais vraiment jeune tu sais!

-On est pas vieux à 20 ans!

-Si, c'est bientôt la retraite! Comme je le dis souvent à mon frère.

-T'as un grand frère? Il est à la fac? Je le connais peut être! Dit Arthur.

-Oui, il s'appelle Florian.

-Ça ne me dit rien, il y a tellement de gens à la fac que c'est difficile de connaître tout le monde!

-Oui je vois. Bon, ça y est, on est arrivé chez moi, dit Léa en s'arrêtant.

-Tu as une très jolie maison.

-Merci. Je suis désolée je ne peux pas t'inviter à entrer, on se connaît depuis dix minutes et, elle se rapproche en chuchotant, qui sait, tu es peut-être un psycopathe.

-En effet, c'est possible! Alors adieu, charmante demoiselle! Ravi de vous avoir rencontré!

-Moi de même! Cria Léa, arrivée devant la porte de sa maison alors qu'Arthur avait déjà traversé la rue.

Elle n'eût pas le temps de monter dans la salle de bain prendre une douche que son frère l'interpella.

-C'était qui lui? Demanda Florian.

-Je l'ai rencontré au parc, enfin plus sur la place, mais on a couru ensemble, enfin pas vraiment ensemble.... enfin c'est compliqué!

-Ça fait un peu flipper le "on s'est rencontré au parc", dit Florian perplexe.

-Je l'ai pris pour un garçon de ma classe mais ce n'était pas lui.

-Je vois, on t'a déjà dit, quand je dis "on" c'est "les parents et moi", de ne pas parler à n'importe qui dans la rue. Ça peut être dangereux!

-Et bien cette fois ça ne l'était pas.

-En plus il a l'air plus vieux que toi. J'ai l'impression de l'avoir déjà vu en plus....dit Florian en réfléchissant.

-Il est à la fac.

-Ça devait être là-bas. Écoutes Maï, je sais que je n'ai aucun ordre à te donner. Je ne suis pas responsable de toi. Mais fais attention, d'accord?

-Je fais toujours attention, rigola Maï-Léa.

-Je suis sérieux là Maï. Je connais ce genre de gars, et eux ne sont pas très sérieux justement.

-Arrêtes de m'appeler Maï, déjà. Et ne t'inquiètes pas, je ne le reverrai plus de toutes façons. Il me raccompagnait juste.

-Très bien, maintenant va vite te doucher, tu pues!

Léa tire la langue à son grand-frère et grimpe les marches de l'escalier deux par deux pour aller plus vite.