Wob wob
Ce matin, une bouillie de pixels a fleuri sur un bout de mon écran ; odeur habituelle. J'ouvre une fenêtre de traitement de texte et la passe au travers : ridules kaléidoscopiques. Haussement d'épaules. C'est un peu gênant pour le boulot, mais enfin, tant pis : c'est joli. Idée : j'ouvre une vidéo et la place pile sous la tache -> effet boule disco très fun. Je souris et reprends mon travail, légèrement distraite mais avec cette étrange sensation parentale de joie diffuse en voyant son enfant s'amuser.
Par la baie vitrée, le soleil grimpe rapidement avant de longuement glisser vers la bouche avide de l'horizon, et avec lui la lumière se pare d'une cape mordorée agréablement chaude, tire vers le violet (lampe allumée), puis le bleu, le noir et Véra rentre, et avec elle un peu de l'extérieur. Je la serre un temps large et confortable dans mes bras et époussette ses épaules couvertes de pollen de platane, puis ses cheveux et peut-être que j'en profite pour les caresser, fluides comme du sable, boucler mes doigts. Véra secoue la tête d'amusement et m'embrasse.
« Je peux déposer mes affaires maintenant ?
– Attends attends ! J'ai pas fini !
– Mais bien sûr ! »
Elle se laisse faire, pourtant, se fond dans mes papouilles, ronronne et enfin ses épaules se détendent.
« C'est bon ! m'exclamè-je en déposant un bisou sur sa joue.
– Merci mon amour. »
Elle se débarrasse de son manteau, retire ses chaussures et coule dans le canapé avec un soupir d'aise.
« Des nouvelles d'Élio ? m'enquiers-je en préparant une tisane.
– Yup ! On a bien discuté pendant mon trou de 14 à 16.
– Iel fait quoi de son existence ?
– Iel bosse dans une librairie-salon de thé près des quais et passe toutes ses vacances dans un voilier, à naviguer.
– Stylé !
– T'as vu ?!
– Oh bah ! dis-je ton gentiment sarcastique en approchant avec le bol fumant, On commence à crusher ?
– Peut-être un peu, rougit Véra en se cachant dans la vapeur.
– Hihihi trop cool ! Vous allez vous voir bientôt ?
– Hm on a envie d'organiser ça pour la fin de semaine.
– Oooh !
– Si jamais... on devait particulièrement s'entendre, j'insisterai pour aller chez iel. J'ai pas envie d'encore te dégager.
– Merci ! lui souris-je avant de l'embrasser. Sa librairie s'appelle comment ?
– La librairie Monnier.
– Attends voir... commencè-je en tapant son nom dans le moteur de recherche. Oh mais c'est dans un coin sympa ! Faudra que j'y passe si tout se passe bien !
– Tu pourras attendre que notre relation se soit stabilisée ?
– Bien sûr mon amour !
– Merci. »
Je ne sais pas si j'ai atteint la béatitude oul'ataraxie cette soirée, mais tout semble si... à sa place. Un puzzle chatoyantcomplété, les pièces si précisément emboîtées qu'on ne perçoit plus la découpe.C'est ainsi que je me sens, à lire main dans la main sous un plaid avec Véra,sous la lumière orangée diffuse d'un luminaire. Bruissement des feuilles quipassent. Tout pourrait rester ainsi, dans un présent qui s'efface, et je seraicomblée jusqu'à l'oubli.
Mais un bâillement et reprise de conscience.
Véra se frotte les yeux, je lui souris, et je pense aux heures longues encompagnie de son corps chaud, au réveil à ses côtés en évidence.
Elle me sourit en retour et je sais qu'elle pense la même chose.
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