📚 Printemps à Séville

Miliko01

Avancement de lecture : Terminée.

Avertissement : Contient quelques scènes érotiques.

J'ai fait de mon mieux pour éviter les spoils.

Résumé : Cali, romancière à succès sur la touche, voyage à Séville afin d'y retrouver Mélodie, sa meilleure amie, et son inspiration. C'est dans cette charmante ville andalouse qu'elle fait la rencontre d'Iker, le parfait sosie du héros de sa saga (et accessoirement très beau garçon).

Ah, la douceur du soleil espagnol, le fumet du chorizo et les notes suaves du flamenco... L'histoire promet de nous dépayser ! Je pense que le pari est réussi, car j'ai eu envie de prendre mon billet pour Séville à la fin de ma lecture.

Printemps à Séville propose une romance feel good et inclut tous les ingrédients indispensables du genre (enfin, je dis ça, je ne lis pas de romance feel good, donc pas taper si je dis n'importe quoi, svp) : un cadre exotique (pour un parisien, l'Espagne, c'est exotique, que voulez-vous), une héroïne pétillante à la recherche de nouvelles opportunités, une meilleure amie montée sur ressorts (je suis sûr qu'il y aurait moyen de remplacer l'énergie nucléaire par des centrales à Mélodie... à creuser) et des situations cocasses.

Certes, le roman ne réinvente pas le genre, et ça ne fait rien, l'important est qu'il manie ces codes avec brio !

La forme :

La première chose qui m'a accroché, c'est le style. Qu'on aime ou qu'on n'aime pas le ton, il faut bien reconnaître qu'il se dégage une sacrée personnalité de l'écriture de Misa. Les phrases sont extrêmement rythmées et fluides. Je n'ai pas eu cette sensation de « mots en trop » (quand des bouts de scotch se greffent à chaque phrase parce que l'auteur craint que le lecteur fasse pas les liens tout seul, un peu comme ce que je fais là avec mes explications superflues). On ressent parfaitement la personnalité des personnages sans que l'auteur ait besoin de l'expliquer. Une belle maîtrise du « show don't tell »

Exemple ici avec cette liste destinée à présenter de façon rigolote le caractère disons tactile de Mélodie, et par opposition, la personnalité plus réservée de Cali.

On n'est pas sur une plume ampoulée qui va te caser une figure de style à la minute (du coup, j'ai moins de matière à relever), par contre, elle est diablement directe et efficace. Le genre littéraire, et surtout l'humour dont regorge l'histoire, s'y prêtent bien.

Le seul choix sur lequel je suis plus mitigé serait certains dialogues ou situations qui en font parfois des tonnes pour accentuer le propos, quitte à tomber parfois dans le burlesque. Maintenant, ce « forçage de trait » est un parti pris de l'histoire (par exemple, le sac à main tueur de Mélo, la tortilla empoisonnée, le rencard qui finit avec la serveuse du bar dans les toilettes...)

Certains clichés sont même détournés (du moins, ce fut mon impression) dans un but presque parodique. Je pense à la rencontre Iker x Cali au musée où les personnages se rentrent physiquement l'un dans l'autre. Je n'appellerais même plus ça des clichés, mais une histoire qui joue avec les codes, se les approprie et les retourne sous un filtre comique.

J'ai personnellement beaucoup aimé ce contraste entre situations rocambolesques et passages plus sérieux de l'histoire. Le dosage était réussi.

Sauf peut-être dans l'extrait ci-dessous où l'on passe peut-être un peu vite du cocasse aux larmes.

Après, ça fait un effet de contraste intéressant, je dis pas, mais je trouvais quand même que Cali éclatait en sanglots sans réelle préparation.

Sinon, il y a ces petites onomatopées qui s'insèrent dans la narration pour lui donner encore plus dynamisme. Elles reviennent souvent sans jamais être lourdes, c'était cool :)

Globalement, j'ai eu un ressenti très positif avec ce style d'écriture vivant. Maintenant, pour le reste :

L'art du détail :

L'histoire déroule son fil avec brio. Les évènements s'enchaînent à un rythme adéquat et je n'ai pas eu l'impression d'avoir affaire à des scènes inutiles ou redondantes ; au contraire, même si au début, je pouvais me dire « tel passage n'est pas forcément indispensable », la suite du récit m'a fait mentir et prouvé qu'il y avait une raison pour présenter tel personnage ou un détail en particulier.

D'ailleurs, les détails parlons-en : ce fut le glaçage sur le cupcake. Misa manie le fusil de Tchekov avec une précision redoutable. J'ai adoré cette manière qu'avait l'histoire de faire pleuvoir des détails d'apparence anodine, des anecdotes rigolotes, des éléments qu'on pense là juste pour l'enrobage... pour finalement les utiliser comme ressorts narratifs ! Je ne vais pas donner d'exemples pour éviter les spoils (c'est un vœu pieux, je ne les éviterai pas T-T ), mais si vous avez lu l'histoire, vous saurez de quoi je parle : il y en a à la pelle.

Ainsi, tous les éléments donnent l'impression d'avoir leur place et de survenir pour une raison. C'est presque paradoxal dans une romance feel good. Là, on a une construction plus proche du thriller !

L'inconvénient de ce procédé, c'est qu'on s'attend à ce que tous les appâts mènent à un butin. Et lorsqu'un élément ne sert finalement pas, on reste un peu sur notre faim. Je pense par exemple à Carmen qui est présentée de façon très mystérieuse avec ce « elle a vraiment besoin de sortir ces temps-ci, ça lui fera du bien », après quoi, elle tombe malade à la fête, je me dis « hum, il y a anguille sous roche », mais en fait non, tout va bien xD

Les personnages :

Ne prends pas mal ce que je vais dire parce que ce n'est pas du tout un défaut : les personnages sont pas mal stéréotypés ; entre la meilleure amie forçeuse, le copain lourdingue et dragueur en arrière-plan, la patronne qui fait office de mentor, l'héroïne gaffeuse et sensible, mais surtout le beau brun mystérieux, huhu.

Mais j'ai pas du tout trouvé ça gênant dans ce contexte. Au contraire, leurs personnalités marquées s'accordaient super bien avec le récit. Surtout, tu as réussi à les faire évoluer avec beaucoup de justesse et d'habilité. Quand je vois le trajet que parcourent Guillaume et Mélodie, je ne peux que m'attacher d'autant plus à eux.

> J'adore ces petits moments de grâce que tu as offerts à Guillaume qui sort de son rôle de benêt pour montrer qu'un p'tit cœur bat derrière.

Idem pour Iker qui se dévoile petit à petit dans son ambiguïté, qui prend conscience de ses défauts et les combat par amour. C'est beau :')

L'histoire est portée par ces caractères hauts en couleur. J'ai vraiment apprécié le développement apporté aux protagonistes secondaires.

Le contexte :

Comme le titre l'indique, Printemps à Séville attache une réelle importance au cadre. Les descriptions sont nombreuses, riches et favorisent une très bonne immersion.

Attention quand même, par moments, à l'effet « guide touristique ». Certes, les protagonistes jouent les touristes en road trip, mais j'ai trouvé dans cette partie du récit que les descriptions n'étaient pas forcément intégrées de la manière la plus subtile. Peut-être qu'il y aurait moyen de les diluer un peu plus dans la narration ?

Autre détail purement anecdotique du récit (que je relève parce que j'ai bien aimé) : le traitement des personnages lgbt. On n'était pas dans une espèce d'inclusion forcée en mode « il faut en mettre pour cocher les cases ! », là j'ai trouvé que c'était intégré au récit de manière complètement naturelle, en mode « ça fait partie de la normalité », et moi ça me fait plaisir de voir ça. (Bon y'a juste chapitre 15 où on aurait pu avoir Señora Catalina au lieu de Señor en titre, mais bon je pinaille, je pinaille...)

Ensuite, au sujet du roman méta, on l'a dit plus haut : Cali est romancière. Coup de bol : elle trouve justement l'inspiration à Séville et dédie son nouveau roman au flamenco. Le chapitre 15 s'ouvre sur un extrait de son livre, extrait qui ne manque pas de faire écho aux turbulences de sa vie sentimentale. J'ai trouvé que c'était une bonne idée ! Et ai regretté de ne pas le voir plus d'une fois... Donc, si tu te sens motivée pour caser d'autres passages de l'histoire de Magdalena (lorsque c'est pertinent dans le récit-cadre !), n'hésite pas.

Les points de vue :

Misa fait le choix d'un point de vue à la troisième personne (on a plus l'habitude de la première personne dans les romances, donc tant mieux, un peu de nouveauté !) Pour autant, ça reste quand même un pdv interne focalisé sur Cali.

J'ai trouvé que la troisième personne permettait de faire preuve de recul et donc sans doute davantage d'autodérision vis-à-vis de la narratrice, ce qui m'a semblé propice avec le ton du récit.

Tout était cohérent, puis... au chapitre 22, soit aux 2/3 du récit... Que vient faire le pdv d'Iker ? xD

Alors, oui, ce chapitre était drôle et rafraîchissant. Si j'en crois les commentaires, il fut fortement apprécié, mais je trouve quand même qu'il arrive comme un cheveu sur la soupe.

Toute l'intrigue tourne autour du mystère d'Iker : quel est son sombre secret ? Pourquoi est-il si mystérieux ? Est-il seulement sincère avec Cali ? De ce fait, j'ai trouvé que les quelques passages avec son point de vue sur la dernière partie de l'histoire « cassaient » ce « suspens » et nous en dévoilait trop sur le personnage, en plus de « spoiler » quelque peu le dénouement.

Bien sûr, ce n'est que mon avis, mais j'aurais trouvé la lettre finale plus poignante sans ces incursions d'Iker dans la narration. Maintenant, si tu penses qu'elles sont indispensables (moi je pense que les infos peuvent être sous-entendues ou déplacées à la toute fin), peut-être qu'elles pourraient survenir plus tôt. Il ne s'agirait pas non plus de faire des points de vue alternés, mais au moins qu'Iker ne débarque pas au bout de 22 chapitres. ;)

Des émotions tout en finesse :

Si la majeure partie du récit adopte un ton « thriller » avec ce mystère qui plane autour d'Iker. Lorsqu'on en apprend plus sur lui, à la toute fin du récit, j'ai trouvé que c'était là que les émotions se déployaient vraiment. Le récit délaissait quelques plumes de burlesque pour rentrer dans le poignant.

J'ai beaucoup aimé et ai trouvé que c'était très bien fait. J'ai notamment fait la remarque au chapitre 28 qui a vraiment su faire vibrer des choses dans mon petit cœur, justement parce qu'il était tout sauf mélodramatique. Pas de larmes, pas de déchirement tragique, juste la sensation d'une page qui se tourne, la fin d'une belle aventure. La vie, quoi. Ce chapitre était excellent dans sa manière d'en dire énormément avec peu ; tout en subtilité et en ressenti imagé, plutôt qu'en introspection lourde et insistante. Et surtout, je l'ai trouvé diablement réaliste.

En résumé, les 3 premiers quarts du récit m'ont fait sourire, voire franchement rire ; le dernier quart m'a sincèrement ému. Bon, sauf l'épilogue (qui reprend el famoso cliché éculé de la très grande majorité des romances, non je ne dirai pas ce que c'est pour ne pas spoiler, mais en même temps, on voit tous de quoi il s'agit xD Cela dit, merci d'avoir coupé avant la réponse ! ^^ Et puis, ça fait quand même plaisir de retrouver Benêt dans l'épilogue.)

Je crois que j'ai utilisé toutes mes cartouches, donc on va pouvoir s'arrêter là.

En conclusion :

Franchement, bravo. Bravo, parce que je suis ce genre de lecteur chieur, tatillon, aigri, hermétique au romantisme et aux clichés des romances, surtout si c'est du feel good (aaaah, une histoire qui essaye de me faire me sentir bien ! Seigneur, enlevez cela de mes yeux xD) Et pourtant... j'ai passé un excellent moment avec Cali et Iker, mais aussi Mélodie, Carmen, Benêt et tous les autres.

Certes, Printemps à Séville ne révolutionne pas les codes du genre, mais les sublime et parvient à proposer un résultat de qualité. Entre bonne gestion du suspens, rythme dynamique, humour qui fait mouche, agencement calculé des détails pour faire progresser l'intrigue, un cadre de rêve, mais surtout des personnages principaux, comme secondaires, très addictifs, je n'ai aucun mal à recommander cette tranche de soleil sévillan à tout le monde ! Oui, tout le monde, même à DarkPhoenix88 ;)

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