Monsieur Loyal commence déjà à mettre le bazar dans le joli ordre de passage que j'avais établi 😭 Je vous promets que ceci est indépendant de ma volonté et que l'ordre sera respecté pour les suivants ! Croix de bois, croix de fer... Et toutes mes excuses pour la longue attente.

RoroSousuke

Avancement de lecture : Livre I - chapitre 16

Contenu mature : Sang / descriptions graphiques

Sans Spoilers

Résumé : La paix et les conflits vont et viennent au gré de la météo sur le Continent. Le royaume de Rosieia en fait les frais lorsque son voisin de l'est, Silghofor, l'envahit. Une princesse tout juste née perd son trône et son héritage ce soir-là. Élevée à l'abri et dans l'ignorance de ses origines, pourrait-elle être l'héritière d'un puissant pouvoir ancien ?

Nous n'aurons pas tout de suite la réponse à cette intrigue. Parce que pour l'instant, nous allons surtout suivre les tribulations de Rôdeurs — un ancien peuple doté de capacités de combat hors du commun, reconverti en chasseurs de monstres depuis leur chute, il y a bien longtemps — et de mages.

Zacker, rôdeur au caractère taciturne, erre en quête de contrats, tel un vulgaire mercenaire. Une rencontre avec Hayden — un écrivain plein d'entrain — et des visions pourraient bien le guider vers un nouveau but.

Après une enfance dans la douleur, Merethyl trouve le chemin de l'académie d'Axegas, où elle pourra découvrir ses dons et devenir magicienne.

Lascus, un rôdeur un peu moins taciturne que Zacker, a décidé de prendre Mélian sous son aile. L'apprentie au sombre passé et au talent plus que prometteur réussira-t-elle à prouver sa valeur et à devenir, à son tour, une rôdeuse ?

Autant de destins voués à se rejoindre ?

Présentation générale :

Je pense que ça se voit avec le résumé que j'ai (maladroitement) essayé d'en faire : on a affaire à une saga ambitieuse ! En ½ tome (mais je vais appeler ça un tome entier parce que j'ai l'impression d'avoir lu largement 100k mots étant donné la taille des chapitres), j'ai à peine effleuré la surface de cette aventure d'envergure.

On part donc sur une forme de roman choral où les différentes histoires évoluent en parallèle dans un monde typé médiéval-fantasy peuplé d'elfes, de nains et autres créatures magiques qui rappelleront la high fantasy de Tolkien ou Sapkowski.

La forme :

La plume est agréable à suivre. Très peu de fautes. Même si le style n'a pas vraiment de particularités, tu sais manier les descriptions avec brio :

C'est surtout le rythme qui m'a plu lors des scènes de combat :

J'ai apprécié le rendu cinématographique de ces (nombreuses) scènes. Décrire les combats est toujours un casse-tête. Cela ne t'arrête visiblement pas ;)

J'ai quand même eu un sentiment d'inégalité dans la maîtrise de l'écriture. Si certains chapitres me sont apparus très travaillés, d'autres souffraient parfois de tournures plus lourdes, avec des précisions superflues.

Ta bête noire, c'était surtout les répétitions d'idées ou les explicitations un peu trop évidentes. Je pense que ton lectorat est capable de déduire ce qu'il se passe des descriptions d'une situation. Surtout que les tiennes étaient généralement limpides ;)

L'univers :

J'ai bien vu que tu avais développé un large world-building dans les bonus à la fin. Cela dénote d'un travail conséquent duquel on perçoit la passion dans la quantité de détails que tu fournis.

Honnêtement, je ne suis pas sûr que j'arriverai à retenir tes noms de royaumes. À part les méchants silghoforiens ou Rosieia, c'est toujours un pari difficile les univers développés quand il s'agit de les transmettre au lecteur.

Cependant, cela n'a pas été un frein à ma compréhension. Les moments de géopolitique sont distillés en toile de fond, et même si on ne sait pas forcément de quels royaumes ça parle, on n'est pas perdu dans l'histoire ;) D'autant que tu redonnes généralement les infos dont on a besoin.

Le manque d'originalité :

On en arrive hélas au point un peu critique de la critique (sans mauvais jeu de mots). J'ai l'habitude de découper en plusieurs segments pour parler des personnages, de l'intrigue, de l'univers... Dans cette histoire, ces points souffrent malheureusement d'un problème commun : le manque d'originalité.

Le roman puise dans les références classiques de la fantasy (et pas que), lesquelles sont très reconnaissables (de LotR, en passant par Harry Potter et Star Wars), mais c'est surtout la similitude avec la saga The Witcher qui m'a empêché d'apprécier cette histoire de façon autonome.

C'est simple, dans ma tête : Zacker = Géralt, Hayden = Jaskier, Merethyl = Yennefer, Cissnei = Ciri, etc... Du coup, j'aurais du mal à me prononcer sur les personnages, ou même sur l'intrigue, qui (dans le Livre I, en tout cas) passe par les péripéties principales de la saga littéraire ou de la série (chasse aux monstres, formation à Axegas, chute d'un royaume à cause d'un autre autoritaire et fanatique, géopolitique, visions et prophéties, des elfes ostracisés et en déclin...). Bien sûr, on pourra me rétorquer que Sapkowski lui-même n'a pas écrit le truc le plus original qui soit x)

Notons quand même le personnage de Mélian n'avait pas d'équivalent. C'est sans doute pour cela que ses segments ont été mes préférés. Même si, là encore, son profil rejoint un peu l'archétype de l'héroïne puissante au passé douloureux.

Maintenant, question à cent francs : est-ce vraiment grave d'écrire une histoire qui ressemble à d'autres ? Après tout, on s'inspire tous d'univers connus ! Et quand on voit que les maisons d'édition elles-mêmes recherchent des textes qui reprennent certains tropes à succès...

Je pense qu'un roman, même s'il s'inspire d'une trame connue, doit quand même réussir à développer son identité propre. Ça peut passer par un style marquant, des personnages caractérisés avec un petit plus qui fait qu'ils ont leur personnalité, ou un élément atypique dans l'univers pour faire oublier les trucs déjà-vus.

Dans ton cas, je ne saurais que trop te conseiller de gommer au maximum les détails qui rapprochent ton histoire du Sorceleur. Si certains éléments sont difficiles à chasser (comme les rôdeurs, la chasse aux monstres, la magie ou la géopolitique), j'en vois d'autres que tu pourrais facilement modifier :

En vrac : le pendentif avec le symbole des Rôdeurs (suffit de choisir n'importe quoi d'autre qu'un pendentif) / la particularité des yeux des Rôdeurs / faire en sorte que les mages soient moins soucieux de renvoyer une apparence riche grâce à la magie / Axegas est sur une île, Aretuza aussi, trouve autre chose qu'une île / certains noms ont des sonorités proches (Nilfgaard, Silghofor) / l'objet de vénération de Silghofor s'appelle la Grande Flamme, dans la série, c'est la Flamme Blanche / le sorceleur prenant un bain est aussi une scène assez emblématique de la saga en jeu vidéo, tu peux certainement t'en passer...

Mais l'axe principal d'amélioration serait, à mon avis : de développer la personnalité de tes personnages. Pour l'instant, ils collent un peu trop aux archétypes de la fantasy et c'est sans doute pour cela que je n'ai pas su les voir dans leur unicité. Il suffirait de pas grand-chose : quelques traits de caractère originaux, une personnalité qui surprend, des réactions inattendues...

En tout cas, il n'y a rien d'irrémédiable. Et si tu assumes ton histoire telle quelle, avec ses inspirations.... Pourquoi pas ! Le choix est tien.

Conclusion :

Même si ce souci d'originalité m'a bloqué, il n'en reste pas moins qu'il s'agit d'une saga prometteuse et épique. Riche en action, bien dosée, avec une alternance appréciable entre segments calmes et segments plus intenses. On arrive à mêler différents enjeux grâce à la forme de récit choral et on sent une montée en puissance progressive jusqu'à la fin du livre I.

À qui je conseille ce livre ?

Le fait que l'intrigue prend son temps pour se mettre en place pourrait rebuter ceux qui préfèrent les dénouements rapides. Vu l'étendue de l'univers, je le recommande à ceux qui aiment les constructions lentes. Ce livre 1 m'a plutôt fait penser à une introduction (à un recueil de nouvelles, même).

Si vous aimez la fantasy classique avec des univers médiéval-fantasy à la Witcher (mais que vous ne connaissez pas cette saga), foncez !