📚 La Symphonie Endiablée
Normalement, j'ai à peu près évité les spoilers, mais bon, sait-on jamais... rdv à la conclusion si vous en avez peur.
Avancement de lecture : Terminée.
Qu'est-ce qu'on a au menu, aujourd'hui ? La Symphonie Endiablée... Roman sous contrat d'édition. Hum... ça a intérêt à envoyer du pâté (petit coup de pression oklm) ! Plus sérieusement, déjà, félicitations Perosiav ! Ensuite, je ne sais pas si ma critique te sera très utile, puisque tu as déjà atteint le jalon final de l'écriture, mais je vais quand même tâcher de dire ce que j'en ai pensé.
Résumé (à ma sauce) : Litsiane et Dorémielle, sœurs jumelles pas de la même couleur (je visualise une glace vanille-chocolat), sont invitées à concourir à une compétition de musique classique sur le yacht de luxe de M. LaSymphonie (franchement, ça va tranquille, nous, les castings pour l'orchestre de Toussus-les-bains, c'était à la salle polyvalente). Entre rivalités et coups de béquille dans les omoplates, les deux sœurs vont devoir se serrer les coudes pour se frayer un chemin vers la victoire. Hélas, les autres concurrents ne sont pas le seul danger qui guette. En effet, le bateau semble infesté... de vampiiires (tin tin tiiin).
Déjà, le set-up est pas mal. Les vampires sous le soleil des Bermudes, ça change des Carpates. Un bon point pour la contextualisation : Perosiav a su installer le cadre. Une ambiance boisée, feutrée dans le décor art-nouveau du bateau de luxe et les paysages idylliques de l'île. J'aime bien le fait qu'on se sente vraiment immergé dans l'histoire grâce aux éléments de fond qui témoignent des recherches de l'auteur (j'avais fait la remarque sur les toits collecteurs d'eau de la capitale, c'est con, mais c'est le genre de petits détails dont on a besoin pour « poser » l'histoire).
Concernant l'écriture, si votre plaisir dans la vie, c'est de vous vautrer dans les figures de style, vous allez vous régaler !
Perosiav manie l'art de la métaphore filée à un level expert (et tu me dis que tu ne savais pas que c'était TT tu me tues). Pour vous donner un exemple, chapitre 3 : les ronflements de Dorei sont comparés à une scie :
Puis, tout le reste du chapitre, il sera fait mention de la scie et de la bûcheronne.
Ou encore ici quand on emploie le champ lexical de l'oiseau et du feu pour le liant au phénix qui arrive après :
D'autres fois, on assiste à des personnifications des plus vénères. Ici, du cœur :
C'est magnifique !
Ça peut-être, hélas, une caractéristique à double tranchant. Le texte est noyé sous les images, les allusions (exacerbées par la complicité entre les personnages). Par exemple, à un moment, Théo débarque et dit « On va avoir des écrevisses au dîner ». Il m'a fallu un très long moment avant de capter qu'il parlait des coups de soleil. Alors, je sais, j'ai le cerveau lent (à ne pas confondre avec un cerf-volant), mais je pense que c'est le genre de trucs qui passent crème en visu et plus difficilement à l'écrit. La même scène, en vrai, t'aurais le plan des filles qui crament au soleil, l'intonation de Théo, son doigt pointé sur la peau rougissante...
Donc, oui, l'écriture est indéniablement belle, mais j'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire, car il fallait souvent que je relise un passage en mode « ok, qu'est-ce qu'elle est en train de personnifier, quel est le sujet déjà ? ». Il y a aussi le fait qu'on est en pdv interne sur Litsi, que cette dernière est dotée d'une imagination débordante. Par conséquent, ses pensées ont un peu tendance à faire le yoyo, à prendre des raccourcis, faire des liens logiques qui ne sont pas forcément logiques pour le lecteur...
Dans l'ensemble, on comprend bien le roman ! Mais certains passages me semblaient alambiqués par rapport à ce qu'ils décrivaient réellement. Genre là, c'est juste pour dire qu'elles sont mortes de rire :
C'est super bien décrit, mais c'est plus un cross en montagne qu'un petit footing pépère, dirons-nous. Après, j'admets que le fait d'avoir lu la première moitié il y a des mois ne m'a sûrement pas aidé pour me mettre dans le bain.
Maintenant, le fond !
...
Ah, ça va être dur. Mais en même temps, si j'en parle pas, Monsieur Loyal va me renvoyer au turbin en conspuant mon travail mâché, donc allons-y.
Ah oui, petit aparté : Monsieur Loyal a froncé des sourcils en montagne inversée (je te la pique) en voyant ce cher Basile Larose gesticuler dans son costume d'empereur romain. Doit-il y voir une quelconque satire de sa grande personne ? Car je rappelle qu'attenter à son honneur ou son image est un crime qu'on ne saurait tolérer. Par chance, quelqu'un a volé ses échasses la semaine dernière, et Monsieur Loyal court toujours après le fautif afin de l'enfermer dans un tonneau de rhum et de lui faire passer l'envie de recommencer. Il a d'autres chats à fouetter. Pour l'instant.
Oui, je digresse, pardon ! Le fond, donc.
Ça m'a fait bizarre de voir ce mélange de grande littérature et... d'enquête Scoubidou. Oui, désolé, je sais pas comment le dire autrement, mais quand Litsi essaye d'être discrète pour espionner le Triste Sire, j'avais vraiment l'image de Sammy en phase d'infiltration.
C'est fait exprès, certes. Mais j'ai eu du mal à situer le ton du roman. Tu le vends comme humoristique, et c'est bien rendu avec les multiples surnoms, le comique de situation très présent, les acronymes ridicules des vampires... Mais à côté de ça, je trouve que l'ambiance reste hyper sérieuse. Genre le combat final, c'est full drama, full oppressant, il y a des vies en jeu... mais aussi des crayons fantômes qui tirent des rayons magiques.
Du coup, je ne sais pas... est-ce que c'est l'écriture trop solennelle qui me donne cette impression ? Est-ce qu'il n'aurait pas valu mieux assumer complètement le côté absurde de l'histoire et éviter les éléments qui rajoutent du sérieux (comme la mort des parents ou l'histoire d'amour avec V) ? Ou bien commencer dans le comique et l'éviter quand ça devient sérieux dans la phase finale ? (genre les VTT et OVNIS, c'est pas possible de faire la moindre réplique dramatique avec des acronymes pareils)
Après, je pense que certains adhéreront (et ont déjà adhéré, si j'en crois les commentaires) à ce décalage assumé entre humour et sérieux.
Si on fait abstraction des passages comiques, l'histoire véhicule de belles valeurs. Il y a de l'amour, de l'amitié, de l'esprit de compétition, de la passion, des moments de frayeur et surtout une belle complicité entre les jumelles. J'ai trouvé qu'elle était peut-être un poil trop omniprésente (50% du roman ?) et qu'elle avait tendance à étouffer le reste.
Dans l'ensemble, j'ai bien apprécié. J'ai davantage accroché sur la deuxième moitié du livre, quand les jumelles mènent leur enquête. La première partie, c'est beaucoup d'exposition des personnages, de mise en place et de chamailleries entre les concurrents... Ceci passé, j'ai été captivé. Sans le côté ridicule du chef des ovnis, ça aurait pu donner lieu à un beau feu d'artifice à la fin !
De toute façon, ceci est entre tes mains (et celles de ton éditeur). Pour l'instant, je vois surtout un drôle d'ovni entre fantastique et humour, mais c'est peut-être pas plus mal d'avoir des histoires qui se détachent des codes et tentent des trucs.
Bravo de l'avoir menée à terme ! D'autant que – je l'ai pas dit – mais l'histoire est très bien ficelée ! Même si le rythme est un peu pesant à cause des interactions entre les jumelles, les péripéties s'enchaînent nickel et les pièces du puzzle s'emboîtent comme il faut (bon alors, c'était pas trop difficile non plus comme puzzle, y'en a beaucoup qui avaient deviné le fin mot de l'histoire, mais ça prouve que les lecteurs ont bien mordu à l'hameçon des indices semés.)
En conclusion :
Perosiav prend sa plus belle plume pour vous composer La Symphonie Endiablée. Un mélange de genres surprenant entre humour et fantastique. Même si l'on retrouve les clichés vampiriques incontournables, le tout est distillé avec un humour subtil. Qu'on y adhère ou pas, impossible de ne pas louer le travail sur l'écriture et l'histoire qui s'effeuille petit à petit comme les roses de Victorien, jusqu'à la révélation finale.
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