📚 Incandescent
Cette critique contient des spoils. Ne lisez que la conclusion si vous souhaitez les éviter.
Mature : contenu sexuel
Dès le résumé et la mention du « ténébreux Colin Spencer », on sait à quoi s'attendre : une nouvelle érotique. L'histoire est simple : Cameron, la narratrice, en pince pour Colin Spencer, le colocataire de son frère. Mais comment assouvir ses fantasmes sans que le frangin ne s'en aperçoive ?
Et c'est tout. C'est peut-être le seul point que je pourrais reprocher à cette histoire (oui, normalement, on commence par les bons points, mais je vais me rattraper après, t'inquiète pas !) : le scénario tient en une ligne. On ne se demande pas si Colin et Cameron vont coucher ensemble, mais plutôt quand ils vont y parvenir.
Est-ce que le manque de suspens est un réel problème ? Absolument pas. Ce n'est pas le but de la nouvelle.
Pour parler crument, je dirais que la manière la plus fiable de jauger de la réussite d'une œuvre érotique est l'excitation suscitée chez la lectrice (désolé, je parle de « lectrice » parce que le public cible, ici, est clairement la femme hétéro).
Sur ce point, on peut dire que le contrat est rempli ! (sans mauvais jeux de mots)
Je ne suis pas une femme hétéro, donc je ne suis pas certain d'être fiable dans mon évaluation de la tension érotique, mais je l'ai trouvée présente. Déjà parce que les personnages ne se sautent pas tout de suite dessus : on sent, on sait qu'ils en pincent l'un pour l'autre, mais ils vont passer un moment (presque frustrant) à se tourner autour. Em_esse réussit parfaitement à faire monter la mayonnaise, lentement en douceur. On commence par des petits jeux qui dérapent, du matage en catimini, des caresses qui se veulent anodines et qui ne le sont pas du tout...
Plus que l'érotisme, c'est la sensualité qui transparaît de ce texte. Les descriptions des émotions, et surtout des sensations, sont le grand point fort. Chaque toucher nous transporte dans des mondes de plaisir délicieux. C'est à vous donner envie de développer un système nerveux aussi sensible que Cameron !
Hélas, ces voyages au cœur de ses fantasmes sont régulièrement interrompus par une pensée directe de la narratrice. Ces interventions servent à nous ramener sur terre, à nous rappeler que « tututu, n'allons pas trop vite en besogne, il reste 4 chapitres avant de... ». Ces petites phrases en italique agissent en moyen mnémotechnique pour la narratrice qui « se doit » de résister à la tentation. Elles permettent d'accroître la tension d'un cran. Elles marquent aussi une différence franche entre son désir et sa raison ; les deux s'opposent au départ : «... je sens le bas de mon ventre se contracter. C'est pas le moment ! », puis se rejoignent : « ...il est évident qu'il sait se servir de ses doigts. J'en frissonne rien que d'y penser. » Ainsi, on voit comme le désir prend petit à petit le pas sur la raison.
J'ai beaucoup apprécié la fin qui reste fidèle à la ligne de l'histoire : il ne s'agit pas d'Amour, il ne s'agit pas de promesses d'avenir, de mariage, d'enfants, ni même de sentiments ; non juste de deux êtres qui cèdent à l'attirance purement physique.
Il y a donc un côté « c'est du cul » assumé, mais – attention ! – du cul avec grâce, délicatesse, et surtout sensualité ! On n'est pas là pour se muscler le bassin (quoique).
Pour en revenir à des sujets moins triviaux : j'ai apprécié la mise en contexte (simple mais efficace). On a une ville, un appartement, une situation familiale. C'était suffisant pour poser le décor et assez léger pour ne pas parasiter l'intérêt du texte. Il y avait parfois quelques actions « liste de course » dans les phases de pauses où Colin n'est pas là : « Je retourne à la chambre, empoigne mes écouteurs, enfile un pantalon de jogging et mes espadrilles avant de choisir une playlist de top 40. » > ça va encore parce que c'est entrecoupé de retours à l'introspection, mais quitte à faire des enchaînements d'actions, autant essayer d'y caser quelques descriptions (après j'adore les descriptions, je trouve qu'il n'y en a jamais assez, donc bon, c'est probablement pas le conseil le plus pertinent que je puisse donner xD)
Dans les soucis récurrents de forme, j'ai surtout relevé les virgules manquantes, notamment avant les noms propres quand on s'adresse à quelqu'un dans un dialogue : « Du calme*,* Fischer ». Et les espaces manquants avant ? ou !
A savoir aussi que le texte est parsemé d'expressions québécoises, ce qui fait que, par moments, je ne savais pas si j'avais à faire à un problème de syntaxe à un régionalisme. Dans le doute, je suis parti du principe que c'était moi qui ne connaissais pas :o)
Je pense avoir fait le tour... Vu qu'il s'agit d'une nouvelle, cette critique fut assez brève, mais j'espère avoir soulevé suffisamment de points pour toi, Em_esse.
En conclusion :
Si vous aimez mouiller vos culottes... Non, non, oubliez, j'efface tout de suite cette phrase (c'est censé être un livre de critique tout public). Hum, hum. Donc, si vous aimez les nouvelles qui mettent l'accent sur l'attirance, la sensualité et le désir, plus que sur le scénario : foncez ! Em_esse se débrouille à merveille pour nous faire mariner, et rêver. Le fantasme de Cameron, porté par une écriture fluide et efficace, parlera sans doute à de nombreuses lectrices.
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