Chapitre 27
- Alors Granger, on veut fuguer ?
- Malfoy ?! S’écria Hermione, soulagée mais surprise de voir son homologue avec son Nimbus 2001. Qu’est-ce que tu fais là ?
- J’étais en train de voler et je t’ai vu. Répondit le jeune homme aussi sèchement que possible, toujours vexé de son évitement.
Bien sûr, il ne lui avouerait jamais qu’il avait cru, pendant sa balade nocturne quotidienne, que quelqu’un essayait de pénétrer dans la chambre de la Gryffondor et qu’il avait eu peur pour elle.
Hermione ne releva pas son ton sec, pensant que c’était le comportement normal de son colocataire et tenta plutôt d’essuyer discrètement ses larmes.
- Tu vas griller notre couverture, ça ne va pas de voler autour de la maison ?
- Franchement Granger, tu n’as aucune morale à me faire ! Lança le Serpentard avec une voix emplie de haine.
Piquée au vif, ladite Granger rougit et s’offusqua :
- Mais pourquoi tu me parles comme ça, qu’est-ce que je t’ai fait ?
Le jeune homme eut un rire cynique et secoua la tête de gauche à droite.
- Ne fais pas semblant. Tu m’évites depuis quelques jours, tu crois peut-être que je ne t’ai pas vu !
Hermione écarquilla les yeux et recula d’un pas. Non seulement il l’avait remarqué, mais en plus il lui en voulait.
Mais le fait que ce soit totalement inattendu de la part de son pire ennemi de lui en vouloir parce qu’elle s’éloigne de lui n’était même pas le plus grave. Non, le plus grave était que de l’avoir blessé venait de déchirer le cœur de la jeune fille sans même qu’elle ne sache pourquoi.
- Drago, non je ne…
- C’est ça, moi je suis trop con j’essaie de changer pour que tout se passe bien mais finalement tu préfères quand je te hais, quand je t’insulte et peut-être même que je te torture c’est ça ! Poursuivit le vert et argent, aveuglé par la rage, ne s’étant même pas aperçu qu’elle l’avait appelé par son prénom. Je m’ouvre à toi, et toi tu te casses ! Eh bien super, ça fait plaisir ! Tu sais quoi, quand on retourne en Angleterre je vais me faire poser la marque que je le veuille ou non et là, attends-toi au pire Granger !
Ces phrases firent d’autant plus reculer Hermione de stupeur et refirent couler les gouttes d’eau salées sur ses joues rougies, mais il poursuivit :
- Ouais parce que tout le monde s’en fout de ce que je pense et de ce que je suis vraiment donc je vais être ce que vous attendez tous que je sois et toi compris visiblement : un Mangemort. Quelqu’un m’a demandé mon avis sur tout ça ?
La rouge et or comprit alors qu’il ne s’agissait pas que d’elle, mais surtout de la personne que voulait être Drago et qu’elle avait repoussée au fond de lui sans le faire exprès en se rendant compte qu’elle appréciait cette version de lui.
Elle s’en voulut au plus haut point et s’avança lentement vers son homologue.
- Pourquoi tu t’approches Granger ? Tu n’as donc pas peur d’un sale Mangemort comme moi ? Ne fais pas comme si tu ne m’évitais pas !
La brunette ne dit pas un mot, mais continua d’approcher le jeune homme. Elle ne pouvait pas lui dire pourquoi elle l’avait évité mais elle voulait l’aider.
Une fois arrivée à sa hauteur, elle l’enlaça avec toute la force et la bienveillance dont son petit corps pouvait faire preuve.
D’abord surpris, Drago se raidit comme un Petrificus Totalus. Puis il lâcha prise pour la première fois depuis des années et posa sa tête sur l’épaule basse de sa colocataire.
Il ne pleurait pas, car un Malfoy ne pleure pas. Mais il était bien. Il ne voulait pas repartir dans son manoir froid où la magie noire régnait en maître. Et surtout, il ne voulait pas de cette marque des ténèbres.
Ce qui n’était qu’une vague pensée de fond devenait réelle ici : il n’était pas un mangemort. Et ce fut la première fois qu’il le verbalisa :
- Je ne veux pas en être un.
Hermione recula à une distance raisonnable de lui pour le regarder dans les yeux, et éviter que son cœur ne tombe un peu plus pour la nouvelle version de Drago.
- Alors refuse.
Il eut un rictus :
- Tu ne connais ni mon père, ni ma tante visiblement.
- On trouvera un moyen.
Attendri, le Serpentard lui sourit du bout des lèvres et haussa les épaules, peu convaincu par les dires de la Gryffondor.
Puis, très peu à l’aise de s’être autant laissé aller, il toussa, ramassa son Nimbus puis entreprit de partir.
- Hum… Pardon de t’avoir dérangée.
- Attends ! Supplia Hermione, les larmes dévalant toujours par tant de révélations.
Mais il était déjà parti loin dans le ciel noir.
Hermione, quant à elle, repartit dans sa chambre et sécha ses joues mouillées de tristesse. Elle s’affala sur son lit et fixa le plafond en tentant de digérer les deux immenses révélations auxquelles elle venait de faire face.
Premièrement, Drago Malfoy n’était pas quelqu’un de fondamentalement méchant. Juste un enfant insolent né dans la mauvaise famille au mauvais moment et à qui on ne laissait visiblement pas le droit de faire ses propres choix de vie.
Cela la rendait à la fois soulagée de savoir qu’il n’était pas cet horrible personnage mais à la fois triste pour lui d’endurer une telle vie…
Deuxièmement, et certainement le plus dur à réaliser pour notre loyale Gryffondor… Elle était irrémédiablement en train de tomber amoureuse de ce Drago-là. Ce garçon attendrissant, drôle, charmeur et susceptible qu’elle était sans doute la première à percer à jour à travers sa gigantesque carapace de protection faite de moqueries et d’insultes…
Était-ce un problème ? Oui. Car Drago ne partagerait jamais ses sentiments, quand bien même il ne haïssait pas son sang. Et puis sa famille voulait toujours l’anéantir, elle et sa « race impure » …
Bon… Pas de panique Hermione ! Tu n’as qu’à faire comme si de rien n’était, et une fois revenu à Poudlard il redeviendra un petit con et tes pseudos sentiments s’en iront ! Tout va bien. Se rassura la jeune femme mentalement, avant d’aller se glisser sous ses draps et de dormir à poings fermés.
Pas comme son homologue qui, de retour dans sa propre chambre, s’arrachait les cheveux à essayer de comprendre pourquoi il s’était livré ainsi à sa pire ennemie et n’en dormit pas de la nuit.
Au petit matin, il conclut qu’il ferait comme si rien ne s’était passé. Il en était tout à fait capable, jouer un rôle c’était son quotidien.
Alors le vert et argent descendit dans le salon et vit Hermione sur le canapé en train de regarder la boîte à images avec un bol de céréales. Toujours dans sa persuasion qu’il ne s’était rien passé la veille, il s’en servit et vint s’assoir à côté d’elle, nonchalamment.
Contrairement à lui, la brunette avait beaucoup de mal à faire comme si tout était normal. Elle se raidit et se décala un peu vers l’autre côté du canapé, tentant de faire taire les frissons qui parcourait sa colonne vertébrale dès qu’elle humait l’odeur mentholée du serpent ou qu’elle croisait son regard anthracite.
Maintenant qu’elle s’était avouée sa maladie, à savoir l’amour, elle en ressentait les signes en version maxima ! C’était à la fois plaisant et à la fois effrayant. Et même se forcer à penser à Ron ne suffisait pas à tromper son corps et son esprit. Ce n’était pas pour le rouquin qu’elle éprouvait toutes ces choses…
Hermione jetait des regards en coin, en essayant d’être la plus discrète possible, se demandant quel autre mystère ce beau jeune homme pouvait bien cacher et ayant totalement perdu le fil du film qu’elle regardait.
Drago remarqua qu’elle le fixait de temps à autres et prit peur que ce soit à cause de ses confessions de la veille. Aussi, il ne put s’empêcher de faire une blague pour détourner l’attention de la Gryffondor :
- Alors, ma douce… On a oublié comment on se sert d’un peigne à cheveux ?
Mais il ignorait qu’il avait fait totalement l’effet inverse. Hermione rougit, se redressa et avala une cuillère remplie de céréales en manquant par la même occasion de s’étouffer.
La voix du jeune homme la surnommant ‘ma douce’ raisonnait dans sa tête comme une mélodie divine.
- Wow, Granger ça va ? Demanda le Serpentard en la voyant tousser à en devenir rouge.
Ladite Granger lui fit un signe de la main pour le rassurer et partit en courant dans sa chambre pour se remettre de ses émotions.
Après s’être vaguement demandé pourquoi la rouge et or agissait si étrangement, Drago haussa les épaules et poursuivit son petit-déjeuner tranquillement.
Alors qu’Hermione, elle, se rinçait le visage à l’eau froide dans la salle de bain attenante à sa chambre en réalisant que ses sentiments étaient bien plus forts que ce qu’elle n’avait jamais ressenti auparavant.
Mais pourquoi ?
Était-ce un amour si puissant qu’elle ne s’en débarrasserait jamais, même de retour à Poudlard ? Ou simplement le goût de l’interdit qui la submergeait…
Je ne sais pas, mais il va falloir que j’arrive à contenir ces satanés sentiments… Sinon, il va s’en rendre compte et une fois en terre anglaise, il va le dire à tout le monde. Et je serai la risée de toute l’école… Paniqua la jeune fille, les yeux dans le vague. Le pire, c’est que je ne pourrais jamais en parler à Ginny, elle ne comprendrait pas…
Mais elle eut soudain une idée de génie, elle sortit son téléphone de sa valise et appela sa meilleure amie australienne.
- Salut toi ! Comment tu vas ? Seth voulait justement…
- Selena je dois te parler d’un truc complètement secret. La coupa la Gryffondor avec un air grave.
- Bien sûr, que se passe-t-il ? S’inquiéta la blonde, à l’autre bout du fil.
- On peut se voir seule à seule ?
Les deux amies se retrouvèrent dans la soirée sur la plage en face de la maison des Wilson.
- Je crois… Que je suis amoureuse de Drago.
Selena resta un moment interdite puis souffla de soulagement :
- A la fois c’est important et à la fois j’ai envie de te dire « c’est tout » ?!
- Comment ça ? Demanda la lionne, complétement perdue.
- J’étais très inquiète pour toi, j’ai cru que c’était quelque chose de grave…
- Mais c’est grave ! C’est mon pire ennemi et je suis la sienne, on est dans des maisons mais aussi des camps différents ! Tu te souviens de la guerre terrible qui se passe dans mon pays ? Il veut ma mort…
- Non je n’ai pas oublié. Répliqua la jeune fille d’une voix très douce et maternelle. Mais je n’ai pas oublié non plus que tu es une personne intelligente qui ne tomberait pas amoureuse de quelqu’un qui veut la tuer. Donc que Drago n’est pas comme ça, et que ça peut être une très belle histoire.
- Impossible. On a fait une trêve mais en vrai il me déteste. Et puis ça serait trop compliqué. Et puis il ne m’aimera jamais.
La blonde secoua la tête d’amusement, attendrie par le comportement de sa nouvelle amie.
- Il ne te déteste pas.
Le rire moqueur d’Hermione la poussa à continuer :
- Ça se voit Hermione. Repense à ses réactions depuis que vous êtes ici et prouve-moi le contraire.
Selena faisait particulièrement allusion à la sinistre soirée dans le bar moldu mais ne voulait pas le verbaliser pour ne pas faire remonter les cauchemars de l’anglaise assise dans le sable à ses côtés.
- Mouais…
- Et puis, je sais aussi qu’un tempérament de feu comme le tiens ne s’arrêterait pas pour des « clans ». Non la vraie raison elle est enfouie en toi. C’est la peur du rejet. Et c’est tout à fait normal, mais si tu essayais de lui en parler, tu…
- Hein ? Mais ça ne va pas ! Surtout pas ! Il se moquerait de moi, je le connais… S’exclama-t-elle avec panique.
- Alors pourquoi m’as-tu appelée au juste ? Demanda l’australienne intriguée.
- Je ne veux plus de ces sentiments. Aide-moi à les faire disparaître.
- Rien que ça !
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