Chapitre 21
Elle ferma ses paupières, laissant couler une énième mais dernière larme sur ses joues meurtries, et attendit la sensation désagréable du transplanage.
Mais au lieu du tourbillon de téléportation, la lionne sentit la poigne de son agresseur se desserrer.
Il était en train de se lever, mais c’était comme s’il le faisait contre son gré.
Elle rouvrit alors les yeux à temps pour voir Drago Malfoy le tenir d’une main par le col de son pull en le soulevant presque du sol et lui mettre un coup de poing magistral qui fit taire toutes les conversations.
Théodore valsa sur la table et brisa une chaise en bois à l’atterrissage. Des bouts de verre l’entouraient, ayant emporté quelques coupes de bières sur son passage.
Alors qu’il gisait pitoyablement sur le sol, le Serpentard le fixait avec une haine incommensurable, les sourcils froncés, la respiration bruyante, les poings serrés faisant blanchir ses phalanges déjà si pâles et la mâchoire contractée sévèrement.
Les pleurs d’Hermione redoublèrent mais cette fois, de libération et de soulagement. Elle aurait voulu le remercier et se blottir dans les bras de son sauveur mais les sorts retenant sa bouche, ses bras et ses jambes étaient toujours présents.
La lionne aperçut alors du coin de l’œil que le barman arrivait et que le vert et argent était à deux doigts de dégainer sa baguette, pour certainement lancer quelques sorts obscurs à son agresseur.
Elle lui était très reconnaissante de l’avoir sauvée, mais ne voulait surtout pas qu’il s’attire des problèmes à cause d’elle.
Aussi, elle se tortilla sur la banquette maladroitement en criant quelques sons étouffés par le sort pour attirer son attention.
Mais rien n’y faisait, son regard d’acier restait fixé sur le jeune homme à terre qui commençait à se relever péniblement.
C’est alors que le reste de l’équipe arriva devant cette scène aussi incompréhensible que terrifiante.
Hermione fit alors signe à Selena qu’elle était attachée et celle-ci vint la libérer directement mais discrètement pour ne pas éveiller les soupçons des moldus autour d’eux.
Elle la prit dans ses bras et lui demanda ce qu’il s’était passé, en tremblant. Mais la jeune fille ne l’écouta pas et se précipita sur son camarade pour le raisonner en voyant qu’il s’apprêtait à donner un coup de pied dans les côtes de l’australien.
- Qu’est-ce qu’il se passe ici ? Demanda le patron des lieux d’une voix sévère.
La Gryffondor, pas encore remise ne put formuler ses idées, c’est alors Seth qui sauva les meubles, sentant qu’il s’était passé quelque chose de grave mais qu’il valait mieux couvrir ses amis :
- Mon ami est un peu bourré, on a juste voulu l’aider à se calmer.
- Vous paierez pour la chaise et pour les verres.
- Bièn sour, ça est normal. Rajouta Matthew, regardant tout de même ses amis d’un air inquiet.
Une fois le barman repartit, Hermione se tourna vers le Serpentard qui semblait plongé dans une frénésie meurtrière.
Elle essaya de lui parler, mais les sanglots rendaient son discours difficilement compréhensible pour tout le monde :
- Malfoy… Je… Je… Merci ! Merci énormément, sans toi… Sans toi, je… Tu… Tu m’as sauvée. Mais ne le frappe pas encore, ne t’attire pas des problèmes pour moi… Tu pourrais être renvoyé à Poudlard.
Mais aucune de ses paroles ne semblait le sortir de sa transe.
Alors, la rouge et or exténuée s’écroula sur le sol en pleurant :
- J’ai eu si peur… Si tu n’étais pas arrivé, je…
Elle ne put terminer sa phrase, qu’elle dut couvrir son visage terrassé par la peur, la douleur, la culpabilité et l’horreur.
Alors que tout le petit groupe allait se diriger vers elle pour l’aider et enfin savoir ce qu’il s’était passé en leur absence, Drago sembla enfin sortir de sa transe.
Ses yeux se posèrent sur la jeune fille à quelques pas de lui et il se calma instantanément.
Il s’accroupit à son niveau et enleva la veste qu’il portait pour la lui mettre sur les épaules, comme pour la mettre en sécurité.
Elle se blottit dedans en la serrant contre elle, ne pouvant même plus le remercier de vive voix.
Anthony alla relever son frère pour savoir s’il allait bien sans vraiment savoir ce qu’il avait pu faire.
Il savait qu’il pouvait parfois dépasser les bornes mais pour mériter un tel sort, ce devait être réellement affreux.
Le nez cassé, le sang coulant et la jambe douloureuse, Théodore s’appuya sur l’épaule de son frère et lui demanda avec empressement de le ramener chez eux.
Lorsqu’ils commencèrent à se diriger vers la sortie, le blond ne put s’empêcher de lui cracher :
- Ne t’avise plus de me croiser à l’avenir.
A ces mots, les autres membres du groupe s’approchèrent des deux anglais et demandèrent des explications.
- On va rentrer. Fut tout ce qu’il répondit, plus sèchement qu’il ne l’aurait voulu.
- Drago, tu ne peux pas nous laisser comme ça… Commença à sangloter la blonde, qui se sentait très mal pour sa nouvelle amie sans même savoir ce qui lui était arrivé.
Elle se blottit dans les bras de son petit copain qui supplia Drago d’un regard.
Quand le jeune homme aux cheveux bouclés ajouta :
- Chico… S’il té plait…
Il souffla un grand coup et chuchota, tentant de ne pas faire revivre cette triste réalité à la lionne toujours agenouillée sur le plancher :
- Quand on était aux tirs, j’ai vu qu’il était resté avec elle. Et puis au bout d’un moment j’ai eu comme… un pressentiment. Une mauvaise sensation et je suis venu voir si tout allait bien. Il m’a fallu deux secondes pour…
Il marqua une pause, sa mâchoire se contractant douloureusement pour avaler la boule amer de salive ou plutôt de culpabilité qu’il avait dans la gorge puis poursuivit son récit :
- Il m’a fallu deux putains de secondes pour voir Hermione en pleurs, les liens magiques qui la retenaient et ce gros pervers avec les mains beaucoup trop baladeuses.
Les yeux s’écarquillèrent, les exclamations fusèrent et un petit cri étouffé parvint de la bouche de Selena, enfouie dans le creux du cou de son amoureux.
Aucun n’eut la capacité de relever l’utilisation inhabituelle du prénom de son « ennemie » trop choqués par la scandaleuse nouvelle.
Alors que des « Non… » et des « Pas lui ? » s’élevaient, Drago entendit derrière lui son homologue dont les pleurs redoublaient, certainement dues à l’entente de son histoire.
Il pivota à la vitesse d’un Eclair de feu et l’attira dans ses bras. Puis il la porta hors du bar, après avoir expliqué aux autres qu’il la ramenait à la maison et que si elle ne l’avait pas arrêté, il aurait pu blesser très gravement leur ami.
Voyant que la lionne écorchée était loin d’être dans l’état de transplaner et ne préférant pas lui disloquer un bras, il décida de marcher jusqu’à leur maison d’accueil en priant Merlin pour ne pas se perdre en chemin.
Il avançait d’un pas décidé, l’adrénaline et la fureur encore trop présentes dans ses veines pour se calmer.
Heureusement, elle était saine et sauve.
Ce que le Serpentard n’avait pas dit, c’était qu’il en voulait autant à Théodore, qu’à lui-même…
La culpabilité le rongeait. Il avait pris tant de mauvaises décisions ce soir-là.
Il aurait dû insister pour qu’elle se change, puis il aurait dû rester avec elle, puis revenir dès que le mauvais pressentiment avait pointé le bout de sa truffe de Niffleur, au lieu de le faire taire au début…
Il aurait dû la protéger…
Il savait bien qu’en temps normal ce n’était pas son rôle et qu’à l’époque, il s’en serait moqué éperdument.
Mais, hormis le fait qu’il avait découvert une Granger drôle et atypique, elle était là, fragile, à l’autre bout du monde. Au milieu de ces infâmes hommes moldus, et lui savait que la robe était trop courte, bien que dans un monde parfait ce terme ne devrait pas exister. Il aurait dû la protéger, elle aurait dû pouvoir compter sur lui. Et les Wilson aussi.
Mais non… Il avait failli à son devoir.
Et maintenant, elle était recroquevillée dans ses bras, son corps remué par les sanglots…
Une fois arrivés devant le portillon, le vert et argent entendit une toute petite voix lui souffler :
- N’entre pas encore dans la maison… S’il te plait… Je ne veux pas les inquiéter…
- Mais Granger, c’est grave ce qu’il t’est arrivé.
- S’il te plait…
Elle semblait si fragile, que le serpent n’eut d’autres choix que d’accéder à sa requête. Il se dirigea alors vers le jardin, où il la déposa sur le hamac blanc. Il s’assit ensuite sur l’herbe à ses côtés.
Au bout de vingt longues minutes où seul le silence de la nuit noire régnait, Hermione, qui avait calmé ses tremblements mais gardait la veste noire contre elle, souffla :
- Merci…
- C’est ma faute. Fut tout ce que put lui répondre son colocataire.
A ces mots, que la rouge et or trouva tout simplement aberrants, elle se redressa pour se mettre en position assise puis le fixa en chuchotant :
- Qu’est-ce que tu racontes, Malfoy ? Tu m’as sauvée…
Ledit Malfoy baissa la tête, n’aimant définitivement pas montrer ses quelques faiblesses, et ajouta :
- Je n’aurais pas dû te laisser. Ni avec cette robe, ni seule à cette table.
- Malfoy… Tu n’y es pour rien, c’est moi qui suis trop naïve. C’est à moi que reviens la responsabilité de cette horreur. J’aurais dû t’écouter, ou partir avec vous…
- Non.
- Si.
Puis, ils se fixèrent et s’adressèrent un regard mi-amusé, mi-triste avant qu’il ne tranche :
- L’important est qu’il n’ait pas réussi.
La Gryffondor ne lui avoua pas, mais elle le trouva courageux et fort cette nuit-là. Bien loin des valeurs de sa précieuse maison du mal, et bien plus proche de celles de la sienne.
Ces pensées rocambolesques la firent rougir, mais elle ne sut pas exactement pourquoi.
Puis, après un moment dans le calme apaisant du soir et d’un commun accord, ils se levèrent et se dirigèrent vers leur chambre respective.
La brune n’avait pas vraiment, voire pas du tout envie de dormir seule dans sa grande chambre, mais il en avait déjà assez fait pour elle ce soir alors elle n’osa pas demander au Serpentard une quelconque faveur.
A la place, elle lui glissa :
- Merci encore.
- Granger… Tu ne vas pas me remercier toute l’année, j’ai fait ce qu’il était normal de faire…
C’était dit sans aucune agressivité, c’était plutôt comme pour la rassurer.
Mais elle ne s’en laissa pas compter et murmura, avant de s’enfermer dans son dortoir solitaire :
- Je te remercierai toute ma vie s’il le faut, puisque tu m’as sauvée d’une bien triste existence.
Une fois seul dans le couloir, le jeune Malfoy ne sut que répondre à cela. Venait-il vraiment de la sauver comme elle le lui répétait ?
Son père ne serait pas fier de lui.
Alors pourquoi cela le faisait imperceptiblement sourire dans l’obscurité…
Il haussa les épaules, se disant qu’il n’aurait pas l’explication en restant immobile et alla se coucher. Les remerciements de la Gryffondor avaient étrangement apaisé ses remords.
Il en avait toujours évidemment, mais ils ne rongeaient plus chaque parcelle de sa peau.
Était-il en train de se ramollir ? De déshonorer sa famille et sa ‘religion’ ? Ou au contraire, la situation d’urgence avait-elle fait surgir le vrai lui ?
Il se perdait lui-même, ne sachant plus qui il était, ni qui il voulait être.
Le serpent n’était sûr que de deux choses : il avait agi sans même réfléchir et il se prendrait des Doloris à n’en plus finir si sa folle de tante en entendait parler.
Quant à la jeune fille étendue dans son lit, celle-ci laissait ses pensées divaguer après avoir retiré la robe maudite.
Après s’être convaincue qu’elle ne risquait plus rien ici avec Malfoy pas très loin, elle se dit que jamais auparavant elle n’aurait pu l’imaginer comme un critère de sécurité et de réconfort… C’était même plutôt l’inverse !
Puis elle pensa, en s’endormant :
Pardon Gin’, mais plus jamais je ne porterai ton cadeau…
Elle ne se doutait pas qu’au même moment, à l’heure du souper selon le décalage horaire plus que conséquent, sa meilleure amie était dans la Salle sur Demande, loin de s’interroger sur ses cadeaux de Noël !
En effet, elle était en bonne compagnie, et en oubliait presque d’aller manger à la Grande Salle avec les autres.
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