Au bout d’une heure et demie, un encrier, deux plumes et des dizaines de parchemins en boule dans sa valise, le Serpentard relut une énième fois la version définitive de son message d’excuse et fut satisfait.
Il avait un peu enjolivé les choses et avait surtout retiré tout ce qui pouvait vexer comme « C’est aussi ta faute ». Il n’en pensait pas moins, mais il fallait la récupérer, c’était elle qui avait le Wonder Web !
Il glissa alors le bout de parchemin sous la porte de la chambre voisine et s’assit contre le mur d’en face, bien décidé à attendre qu’elle sorte.
Comme prévu, en voyant la feuille, la lionne voulut d’abord en faire une boulette et la jeter par la fenêtre mais sa curiosité fut plus forte que sa rancœur.
Aussi, elle prit délicatement le mot, et commença sa lecture :
Chère Granger,
J’ai peut-être dépassé les limites, et je m’en excuse.
Tu remarqueras qu’un Malfoy ne s’est jamais autant excusé, je suis incroyable n’est-ce pas, il faut le célébrer !
A cette phrase, remplie d’ego Malfoyen qui s’attendait à ce qu’on l’acclame pour de simples excuses, Hermione eut envie de tout arrêter et de déchirer le message pour le laisser pourrir en enfer avec son match et ses principes.
Elle n’était pas dupe, elle savait qu’il s’excusait pour qu’elle l’accompagne, mais elle ne put empêcher sa haine de s’atténuer quelque peu, prouvant malgré elle que ce geste la touchait.
L’envie de réduire le parchemin en cendres était passée, elle put continuer sa lecture silencieuse :
Ne déchire pas cette feuille, laisse-moi finir.
C
ette simple phrase la fit sourire involontairement, était-elle si prévisible et impulsive ? Ou commençait-il à repérer ses habitudes et ses réactions ?
Consciente tout à coup qu’une phrase stupide de Malfoy la faisait sourire, elle se reprit bien vite en reprenant un visage froid, bien que personne ne puisse la voir et poursuivit :
C’est vrai que je peux être un peu con parfois, je dis bien PARFOIS ! Mais c’est comme ça, je suis impulsif.
- Parfois ? Souvent, même trop souvent ! S’exclama-t-elle pour elle-même.
Je te prie donc de m’excuser et de bien vouloir m’accompagner au match de Quidditch, tout à l’heure.
Et voilà ! La confirmation qu’il n’en avait rien à faire d’elle ou même de s’excuser pour lui avoir fait du mal. Quel petit con…
Si tu le fais… Tu auras ma reconnaissance éternelle.
Estime-toi heureuse c’est un grand prix digne d’une compétition internationale !
Elle leva les yeux au ciel devant cette blague puéril, mais pouffa malgré elle, son corps se détendant petit à petit.
Et je ferai des efforts pour moins te traiter de née-moldue.
Comme nous savons que toi et moi camperons sur nos positions, je te propose d’arrêter d’aborder le sujet car je vois bien que ça nous gâche nos pseudo-vacances à tous les deux, c’est par conséquent inutile.
- C’est pas faux…
Je sais que tu aurais préféré beaucoup plus de ma part, mais je ne peux pas, c’est mon maximum.
- Disons que c’est déjà pas mal…
S’il te plait, Granger, sors de ton trou et accompagne moi…
D.M.
Bon, c’était l’heure du bilan. Que faire ?
Rester dans sa chambre pour lui faire payer ?
Le pardonner encore car tout le monde a droit à une seconde chance et lui permettre d’aller au match ?
Elle avait l’étrange envie de faire les deux à la fois, ce qui n’était pas possible.
Sa haine lui criait de lui faire payer en le privant de match, mais sa part optimiste lui chuchotait qu’au fond il n’était pas mauvais et qu’il avait besoin d’aide.
Hermione fit taire les deux voix dans sa tête et trancha :
-
Bon, je vais l’accompagner à quelques conditions, il faut en profiter tout de même. Malfoy à mes pieds ça n’arrive qu’une fois dans une vie.
Elle se dirigea alors d’un pas décidé vers la porte ne s’attendant pas le moins du monde à le trouver endormi de l’autre côté.
La jeune fille prit alors le temps de le détailler tandis que son visage était paisible, ce qui n’arrivait pas tous les jours.
Puis quelque chose la frappa. Quelque chose qu’elle n’avait jamais remarqué auparavant : Il était beau.
C’était objectif, comme si c’était un fait indéniable.
Elle ne l’avait jamais remarqué car son air hautain et ses insultes effaçaient toute beauté à ses yeux, mais maintenant qu’il était assoupi, elle remarquait que selon les critères il était en effet beau.
Mais elle rougit lorsqu’elle se surprit à penser comme cela, elle se gifla mentalement et pensa plutôt à Ron resté à Poudlard.
Elle l’aimait en secret depuis quelques années maintenant, mais elle avait la désagréable sensation d’être son pote. Ce qui est encore pire que d’être sa pote !
En effet, Ronald ne semblait guère remarquer sa féminité, ni son amour pour lui d’ailleurs…
La lionne chassa ces pensées et s’accroupit à la hauteur du jeune homme.
Elle lui toucha l’épaule du bout des doigts comme si elle craignait d’attraper la peste sorcière, mais elle devait le réveiller.
Il s’étira puis ouvrit les yeux et se retrouva nez-à-nez avec son homologue :
- Aaah !! Tu m’as fait peur… Souffla-t-il, une main sur le cœur.
Hermione leva les yeux au ciel, comme si elle était si effrayante que ça.
- Malfoy. Lui dit-elle sur un ton assez solennel.
- Granger.
- J’ai réfléchis.
- Ça t’arrives ?
Son sourire lui indiquant que ce n’était qu’une blague, elle ne put que secouer la tête en souriant à son tour avant de poursuivre :
- Je t’accompagne.
- Yes ! Merci ! Je…
- Mais ! Le coupa-t-elle avant qu’il ne s’enflamme.
Il hocha la tête pour lui dire qu’il était tout ouïe.
- Mais j’ai des conditions.
- Ah la, la… Les conditions de Granger, j’aurais dû m’en douter ! S’exaspéra le vert et argent.
- Je peux aussi te laisser te débrouiller tout seul.
Elle fit mine de partir vers la salle à la manger mais s’arrêta net quand elle entendit :
- Attends… J’accepte quelles que soient tes conditions.
- Je préfère ça. Alors tu devras dorénavant être toujours à une distance respectable de moi, ne plus me toucher, ne plus m’approcher.
Il baissa la tête sachant à quoi elle faisait référence, n’étant pas très fier de l’avoir presque étouffée la veille au soir et la laissa continuer.
- Et être toujours gentil avec moi, au moins jusqu’à la fin du séjour.
- TOUJOURS ? S’égosilla le Serpentard.
Elle acquiesça d’un signe de tête assuré.
- Les moqueries ça passe ?
- Non.
- Mais Granger on va s’ennuyer comme des trolls…
- C’est sérieusement ton unique passe-temps de me faire enrager ? Fit-elle, réellement surprise.
- Pas le seul… Mais c’est tellement amusant. Répliqua le jeune homme avec son fidèle sourire en coin.
Elle ne préféra pas relever et imposa sa troisième et dernière condition :
- Et enfin, on va aller au Museum dont je t’ai parlé.
Cette dernière lui semblait la plus logique de toutes sachant qu’elle détestait le Quidditch, d’autant plus quand Saint-Potty et la belette n’étaient pas en train d’y jouer…
Il haussa donc les épaules et fit un signe de tête affirmatif.
Fière d’avoir réussi à en obtenir autant du grand Drago Malfoy, elle partit déjeuner en espérant qu’il respecterait les trois.
En particulier les deux premières car elle admettait avoir un peu plus peur de lui depuis les évènements de la veille…
Le Serpentard était donc de bien meilleure humeur, et par conséquent de meilleure compagnie que d’habitude, ce qui ne déplut pas à la brunette.
Une journée sans tension, sans conflit, sans regards noirs ça lui faisait finalement du bien.
Elle haïssait toujours autant sa petite personne égoïste, surtout après les propos infâme qu’il lui avait tenus, mais c’était du travail que d’haïr quelqu’un au quotidien !
Il avait eu raison dans sa lettre, cela gâchait leurs vacances et c’était dommage…
Alors elle espérait que sa bonne humeur durerait quelque peu, au moins il l’embêtait moins et il souriait, ce qui le rendait moins antipathique.
Lorsqu’ils furent à dix minutes du départ, le vert et argent ne tenait plus en place. Il lui demandait littéralement toutes les deux secondes si c’était l’heure tant attendue. A la fin elle ne répondait même plus et finissait son assiette en silence, à la fois agacée et amusée par son attitude enfantine.
Cela faisait trop longtemps qu’il n’avait pas vu de match de son sport préféré ! Oui deux semaines c’était très long pour lui…
Et peu lui importait que ce soit une équipe amateur, il voulait juste retrouver un semblant de normalité et de magie.
Il fixait désespérément son assiette vide, quand enfin son homologue toussa et lui souffla :
- On peut y aller.
- Enfin ! Cria-t-il en se relevant bien trop rapidement car il fit valser son assiette à travers la cuisine.
- Ah bah finalement on ira quand tu auras nettoyer. Se moqua-t-elle gentiment.
- Granger, voyons… Rétorqua-t-il avec un sourire en coin puis il joignit le geste à la parole. Je sors ma baguette et je répare cette assiette en moins de temps qu’il n’en faut pour dire Quidditch. Oh ! Quidditch ! On y va ? C’est bon Granger on y va ?
- Oui, on y va, calme-toi.
A peine eut-il entendu la réponse qu’il l’attrapa par le bras pour la tirer hors de la maison. Une sueur froide la prit alors et elle cria :
- Malfoy ! Lâche-moi tu ne respectes pas le marché, tu ne dois pas me toucher !
Il s’arrêta net, la libéra de son emprise et la fixa intensément. Il essayait de capter son regard alors qu’elle prenait soin de fuir le sien se massant le poignet.
Avait-elle à ce point peur de lui ?
En même temps, je l’ai étranglée… Mais la peur des ennemis est très utile… Se dit-il, un sourire machiavélique se dessinant sur son visage, ne rassurant en rien la courageuse Gryffondor.
Ils sortirent de la maison et lorsqu’elle fut fermée à clé, le blond lança nonchalamment :
- Pour transplaner il faut se toucher.
- Je n’ai pas besoin de toi ! S’indigna la jeune fille qui transplana aussitôt sa phrase achevée.
Drago resta quelques secondes hébété devant la porte bleue, trop choqué pour faire quoi que ce soit. Même pour transplaner elle ne voulait pas lui prendre la main ?
Était-ce de la peur ou du dégoût profond, finalement ?
Quelle importance, elle ne mérite pas de me toucher ! Et toc !
Puis il transplana à son tour, après avoir décidé que Granger ne méritait pas qu’il réfléchisse pour elle et surtout qu’elle ne lui gâcherait pas sa journée Quidditch.
C’est pour cela qu’une fois arrivé, il ignora en beauté la remarque de sa camarade et pénétra dans les tribunes :
- Bah alors ? Tu ne savais plus comment on faisait ?
Il passa devant elle, sans un regard, et examina le stade un peu miteux qui s’offrait à lui.
Les gradins étaient faits de trois planches de bois bancales mais il reprit contenance. Rien ne gâcherait sa journée, tant que le match était intéressant c’était tout ce qui comptait. Le sol pouvait bien s’effondrer que ça lui importerait peu.
Ils s’installèrent dans le silence le plus total. Malfoy ne voulait pas lui parler, elle n’avait pas le droit de ruiner son retour dans le sport magique.
Quant à elle, elle était vexée qu’il ne réponde même pas à sa blague, il n’y avait que lui qui avait le droit d’être drôle ou quoi ?
Aussi, elle s’assit à contrecœur à côté de lui sur le banc des tribunes, ayant plutôt envie de le laisser là et d’aller se balader. Mais elle devait honorer sa part du contrat afin de bénéficier des conditions qu’elle avait imposées.
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