Chapitre 12

Tous les matins de la semaine qui séparaient les deux Poudlariens de la journée surf, Hermione trouvait son homologue sur le canapé, attendant avec impatience qu’elle lui allume la télévision.

En bonne futur maman, et un peu en guise de vengeance, la sorcière demandait à chaque fois un « s’il te plaît » clair et distinct.

Elle avait retenu la leçon de ne plus dire « C’est quoi le mot magique ? », question laquelle il lui avait répondu, nonchalamment « Avada Kedavra ? ». Irrécupérable…

Les trois jours s’étaient à peu près bien passés. Hermione avait trainé le vert et argent visiter la ville et en contrepartie, elle avait accepté d’aller dans un bar.

La veille, ils étaient passés devant un cinéma. Intrigué par ce gros bâtiment avec des affiches dessus, le jeune homme avait demandé ce que c’était.

- Euh… Tu vois la boîte à images ?

- Oui, la télév. Répondit-il, sûr de lui.

- Non, soit la télé, soit la télévision. Bref, c’est ça mais en plus grand pour les nouvelles images qui vont dans quelques mois être transférées dans la télé à la maison.

Il acquiesça lentement, tentant d’assimiler toutes ces nouvelles informations, en pensant que son père le tuerait probablement en voyant toutes ces ondes de moldus qu’il avait autour de lui, mais bon… Il était en prison, même s’il espérait que ce ne serait plus pour très longtemps.

- Donc, c’est comme la télév… ision ! Mais en mieux ?

- Oui.

- Donc on y va ?

- Non.

- Et pourquoi ? Demanda-t-il, estomaqué.

- C’est payant.

- Et donc ?

Ah oui, l’argent n’était pas un problème chez lui, elle l’avait omis. Elle fut obligée de lui dire la vraie raison qui faisait ‘anti-fun’ comme il disait souvent :

- Parce qu’on n’est pas dans un nouveau pays pour faire un truc qu’on peut faire chez nous !

- Mais moi je ne peux pas le faire chez moi, Granger !

Ladite Granger réfléchit, s’en voulant de ne pas y avoir pensé, et se balança d’un pied sur l’autre comme si ça allait l’aider à faire un choix.

Le blond crut bon d’ajouter :

- Et après je te paye un truc à manger ?

- Hum… Vendu !

Il avait touché ce défaut de gourmandise qu’elle essayait de cacher, mais après tout, elle pouvait bien lui faire découvrir son premier cinéma.

C’était fou comme, dès qu’il avait quelque chose à lui demander, sa personnalité ‘gentil auror’ refaisait surface. Mais après les multiples disputes, elle avait enfin compris que ce n’était pas son vrai fond qui ressortait, comme ce qu’elle avait pu penser, mais un masque pour obtenir tout ce qu’il désirait.

Et bien sûr, qu’il l’insulterait dès qu’il en aurait l’occasion. Mais ces conflits à répétition l’épuisaient alors elle n’était pas spécialement pressée que cela recommence.

La lionne choisit volontairement un film de sorcières pour montrer à Malfoy comment l’autre monde les voyait. Ils s’amusèrent beaucoup à lister tout ce qui n’allait pas dans leur propre représentation pendant qu’ils prenaient une glace.

Ils furent tous deux étonnés d’autant s’amuser, et cela plut beaucoup au couple qui les accueillait. En particulier à Emily !

Cependant le soir Hermione ne put s’empêcher de reprocher à son homologue quelque chose de stupide dont ni l’un, ni l’autre ne se rappellerait le lendemain.

Alors ils étaient repartis pour une session d’insultes à voix basses à base de « Sale fouine », « sale rat de bibliothèque » et évidemment, le plus tristement courant : « Sale Sang-de-bourbe ».

Avec cette fois tout l’emballage qui allait avec, parce qu’elle l’avait énervé :

- Mon père a raison, vous ne méritez pas de vivre !

- Ah oui ? Alors pourquoi tu ne vas pas pleurer dans les jupes de ton père comme tu le fais toujours ? Ah bah non, c’est vrai. Il est à Azkaban ! Cracha la Gryffondor, en tentant de garder contenance tandis que son petit cœur s’émiettait au fur et à mesure se rendant bien compte qu’une partie de la population sorcière pensait comme lui.

Ici, sans aucun ami, sans pouvoir contacter ceux qu’elle aimait dans un pays lointain, les paroles de Malfoy prenait beaucoup plus d’ampleur et de cruauté.

- Tu ne mérites pas d’être une sorcière, tu n’as aucune qualité, tu ne seras jamais à ma hauteur !

Devant l’absence de réponse de la joueuse rouge et or, il ferma sa porte aussi violemment qu’il le put.

C’était dommage, pendant une toute petite journée elle avait presque été sympathique et puis elle redevenait horripilante dès qu’elle le pouvait ! Ce n’était qu’un coup de chance de s’être soudainement bien entendu avec elle.

Ce n’est vraiment qu’une… qu’une… Qu’une Sang-de-Bourbe ! Bouillonna le serpent, ne trouvant d’autres insultes assez puissante pour exorciser sa colère. Oui ! Rien qu’une sale Sang-de-Bourbe !

Il le répétait en boucle pour tenter de se calmer mais aussi car un étrange picotement dans sa gorge apparaissait quand il la traitait de ce nom là et qu’il n’arrivait pas à comprendre pourquoi.

Il l’avait toujours insultée ainsi et ce pour plusieurs raisons. D’abord, c’était l’attaque qui la touchait le plus, et puis son père était tellement fier de lui grâce à cela, qu’il n’allait pas laisser passer l’occasion qu’il le remarque.

Même si au fond de lui, il ne le pensait pas réellement. En fait, il ne s’était jamais vraiment demandé si c’en était une, car on l’avait toujours forcé à penser ainsi mais ce picotement douloureux le poussait ce soir-là à se remettre en question…

Et puis cela faisait quelques semaines que Drago se posait de sérieuses questions sur l’idéologie de son père et de toute sa famille. Les nés-moldus étaient-ils réellement inférieurs, méritaient-ils tout ça ? Granger, par exemple, connaissait deux mondes et donc deux fois plus de choses que lui…

Le vert et argent, en grand courageux, s’allongea sur son lit, la tête sous son coussin pour arrêter de penser à tout cela.

Non, non, non ! Elle l’est, parce que mon père dit qu’elle l’est ! Et puis, il n’y a pas que ça ! Elle a tellement d’autres défauts, que je peux trouver mille autres insultes ! Elle a toujours réponse à tout, elle est coincée, elle est plus forte que moi dans certaines matières, elle est… Moche ! Elle est…

Et pendant que le Serpentard dressait la fameuse liste des ‘bonnes’ insultes et défauts de son ennemie, cette dernière, dans la chambre d’à côté, était en train de lutter pour ne pas laisser ses larmes dévaler son doux visage.

Elle avait mal, elle était déçue. Déçue que le blond ait reprit son ancienne attitude. Sa gentillesse envers elle n’était qu’une façade pour la duper et la forcer à faire les activités qui lui plaisaient à lui ! Et elle s’était laissé attendrir, elle était vraiment trop bête !

La rouge et or commençait, elle aussi, à réfléchir à moyen de l’abandonner sur une plage et de ne plus le revoir.

Pourtant le Drago avide de connaissance plaisait à Hermione, il semblait sympathique, drôle, persuasif, tendre… S’il avait continué comme cela et de manière totalement sincère, ils auraient pu devenir amis !

Mais il avait été comme ça seulement un pourcent du temps et ce n’était sûrement pas le vrai lui, alors bon…

Et c’était impossible qu’ils puissent devenir ne serait-ce qu’amis.

A cette pensée, les gouttes amer et salées commencèrent à glisser silencieusement le long des joues rougies de la jeune fille.

Il était trop immature, trop renfermé dans ses cases de sang-pur, trop méchant, trop cruel, trop critique, trop imbu de lui, trop… Trop tout ce qu’elle détestait en réalité.

Au début, elle le haïssait par réciprocité, parce qu’il l’insultait et qu’elle n’allait pas accepter cela comme un merveilleux présent du grand Drago Malfoy.

Mais il lui avait montré ce qu’elle avait cru être une partie de lui, rien que pour la faire tomber de plus haut lorsqu’il redevenait lui-même.

Elle ne l’avait jamais vu si cruel envers elle, pourquoi encore plus maintenant ? Alors qu’ils devaient cohabiter et qu’elle l’avait aidé… Pourquoi ?

Trop de questions sans réponse qui lui firent si mal au crâne qu’elle mit du temps avant de s’endormir…
 

         Le vendredi, au petit matin, les deux élèves auraient leur planche de prête pour dix heures. Hermione mit donc un réveil une heure avant pour avoir le temps de se préparer et espérer ne pas croiser la fouine qui rodait dans la maison.

Malheureusement, lorsqu’elle ouvrit tout doucement la porte de sa chambre, elle tomba nez à nez avec son museau.

En effet, Drago était sur le point de toquer à la porte de la brune.

Quand elle lui fit face, il remarqua ses yeux rouges et commença à s’en vouloir un tout petit peu. Un tout petit rien de remord qui pointait le bout de son nez. Puis il reprit sa prestance Malfoyenne en se disant qu’elle était juste faible.

Pourtant, elle semblait s’être confectionné un masque presqu’aussi impassible que le sien car elle ne dit rien et haussa simplement un sourcil désabusé pour lui demander ce qu’il voulait.

Il ne répondit pas immédiatement, il était en plein dilemme avec sa conscience. Le serpent était venu jusqu’ici pour s’excuser et pouvoir repartir sur des bonnes bases afin que le reste du voyage ne soit pas un cauchemar. Mais une fois face à la lionne, il se demanda pourquoi il devrait s’excuser.

Elle n’est pas spécialement agréable avec moi non plus ! Se défendit-il, tout seul dans sa tête contre sa conscience qui le poussait à culpabiliser et à faire quelque chose qu’il n’avait jamais fait et pourtant qu’il détestait par-dessus tout : s’excuser.

Allez, tu peux le faire… C’est juste pour le voyage et pour pas culpabiliser. Mais t’inquiètes pas, dès le retour à Poudlard : Plus JAMAIS ! Allez… Un, deux, trois…

Alors, il marmonna quelque chose dans sa barbe inexistante que la lionne ne put comprendre.

- Pardon ? Fit-elle, aussi sèchement que possible.

- Je… Suis désolé.

- Qui êtes-vous ?

- Arrêtes Granger, je ne plaisante pas !

- Moi non plus. Rétorqua la jeune fille, toujours aussi froide.

- Je suis désolé de t’avoir traitée de… Hum, hum, huum… C’était nul.

- Ah voilà un point sur lequel nous sommes d’accord. Je dirais même cruel, méchant, con et…

- C’est bon je me suis excusé, tu veux quoi de plus ? Ça fait cinq ans que j’ai commencé à te traiter comme ça, tu n’as jamais rien dit ! Et là quand on a besoin de coopérer, Mademoiselle se met à bouder ?

- C’est justement parce qu’on a besoin de coopérer comme tu dis, que je te fais enfin comprendre que j’en ai marre de tes préjugés sur mon sang, Malfoy.

Il n’allait clairement pas lui avouer qu’il commençait à douter de l’éducation de son père et des choix de vie qu’il le forçait à faire même depuis sa cellule.

D’autant plus s’il voulait tenir son plan de recommencer ses insultes au retour à l’école pour sa propre survie, alors il proposa juste :

- J’essaierai de ne plus te traiter de ce que tu sais pendant le séjour. Mais tu ne restes qu’un sale rat atrocement horripilant.

- Ça me va, sale fennec.

- Au revoir.

- Au revoir.

Puis elle claqua la porte presque sur ses doigts. Dommage, presque !

Bon, elle avait obtenu ce que jamais personne n’avait obtenu de Drago Malfoy, des excuses ! Et en plus, elle était restée froide. Elle n’en était pas peu fière.

Bien sûr, c’était idiot d’avoir fermé la porte vu qu’elle voulait partir déjeuner, mais cela lui laissait le dernier mot et faisait nettement plus théâtrale, il fallait se l’avouer !

Une bonne heure plus tard, ils étaient tous les deux en route pour la plage en face de leur maison d’accueil et aucun n’avait reparlé.

C’était une ambiance très tendue, alors que le but du blond était de s’excuser et faire l’effet inverse mais bon, elle était bornée, il n’y pouvait rien et il n’allait pas faire tout le boulot !

Ils se présentèrent à la cabane entourée de planches de surf, qu’il admira une par une, pendant que la jeune femme qui l’accompagnait allait informer qu’ils avaient réservé.

Après leur avoir donné les bases du surf, le professionnel repartit, non sans un clin d’œil pour la jolie brune d’Angleterre.

Drago leva les yeux au ciel d’une telle discrétion partit directement dans l’eau avant de vomir de dégoût. Comment pouvait-on s’intéresser à une fille si écœurante ?

Les deux élèves étaient sur leur planche, avaient fait quelques aller retours en beauté pour se familiariser et allaient bientôt tenter de chevaucher des vagues. Et justement, il y en avait une belle qui arrivait !

Les choses sérieuses allaient commencer, le plus drôle était à venir…

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