Chapitre 9

Hey!  Je suis en avance! :0

Ce chapitre sera normalement l'avant-dernier ;) (Normalement parce que bon le 10 est presque fini et j'escompte terminer là-dessus mais il fait déjà la taille d'un chapitre normal alors qu'il me reste des trucs à dire... C'est donc plus de l'auto-persuasion, attendez-vous à un chapitre 11 X) TT)

Je vous partage juste cette petite note qu'il y avait sur mon doc Word qui date de quand j'ai écrit "chapitre 9" : "Wow déjà" car oui ce chapitre marque le dépassement du nombre de mots de la première partie *soupire* (j'en ai marre de moi)

Bref, bonne lecture et à la semaine prochaine ~ (la dernière)(on espère)


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Chuuya entrouvrit difficilement les yeux. Il avait l'impression que ces derniers étaient gonflés et rouges, bien qu'il n'eut pas de miroir à disposition pour en constater dans l'immédiat ni l'envie de se lever. Peut-être qu'ils ne l'étaient pas, mais ils étaient lourds, ses paupières presque comme collées l'une à l'autre, et ils le piquaient atrocement.

Il soupira. Il savait pourquoi il avait cette impression, évidemment. C'était certes le week-end, ce n'était absolument pas une raison pour rester jusqu'à plus de quatre heures du matin à faire une compétition en ligne. Qu'il avait lamentablement perdue. Enfin, il était arrivé à la quatrième place, qu'il estimait être la pire : juste sous le podium, et cela le frustrait énormément.

Autant, il savait qu'il ne faisait pas le poids face à Ranpo et Dazai, autant il ne s'attendait absolument pas à se faire battre par Lucy Montgomery à des jeux vidéo en ligne. Il avait donc insisté pour continuer, mais il avait fini par devoir jeter l'éponge : l'heure tournait, et, même le samedi, ils devaient partir pour rejoindre les autres à quatorze heures tapantes. Les retardataires avaient un gage et seraient de corvée de vaisselle en prime, ce qu'il ne souhaitait absolument pas.

Enfin, ses yeux explosés n'étaient pas le point le plus dérangeant. Il venait de se réveiller, et cligna plusieurs fois difficilement des paupières, retenant les larmes qui lui montaient, pour constater que non, il ne rêvait pas. Il avait bel et bien un étrange poids qui compressait sa poitrine.

Au début, il pensa à un chat. Il en avait eu un lorsqu'il était plus jeune, et il venait souvent s'installer comme cela sur lui la nuit, manquant de nombreuses fois de l'étouffer. Mais c'était bien trop lourd pour être un félin. Il tourna avant toute chose la tête pour voir le réveil sur la commode de son correspondant : il était à peine huit heures, logique qu'il soit encore tout bouffi de sommeil.

Enfin, il serait incapable de retourner dans les bras de Morphée s'il ne découvrait pas quel était cette chose reposant par-dessus sa couverture. Il poussa donc un grognement de mécontentement, avant d'enfin trouver la motivation nécessaire pour se relever d'un coup.

Il arriva en position assise, et constata que sa mauvaise impression se confirmait à nouveau : il venait de réveiller Dazai avec ce mouvement. Dazai qui n'avait absolument rien à faire ici. Dans son esprit encore brumeux tout du moins, car après tout il s'agissait tout de même de la chambre du suicidaire.

Et puis il se rappela enfin le moment du coucher, la veille. Il était tombé de fatigue dans le salon, au point que sa manette lui avait échappé des mains. Il ne savait plus qui avait gagné la dernière partie. Peut-être qu'il ne l'avait jamais su, en tout cas ce n'était pas lui.

Tout était plutôt flou. Il devait être dans un état de demi-sommeil, à ce moment-là. Il se rappelait vaguement avoir été transporté dans son lit dans les bras de quelqu'un. Est-ce que c'était Dazai qui l'avait porté ?

Cela semblait peu probable, l'autre avait l'apparence d'une frêle brindille et n'avait donc probablement pas la force nécessaire à transporter quelqu'un de la stature du rouquin. Pourtant, à cette simple idée, le rouge lui monta soudainement aux joues, et il donna alors un énorme coup de pied à celui qui se trouvait sur ses jambes maintenant qu'il l'avait bousculé une première fois.

Le premier mouvement avait commencé à faire émerger le suicidaire, lui aussi ayant joué jusqu'à pas d'heure et ayant donc un manque de sommeil important, mais ce coup, pris en plein menton et l'envoyant valser au sol, le réveilla totalement.

« Pourquoi tant de violence dès le matin ? pleurnicha-t-il lamentablement tout en étouffant un énorme bâillement, les quatre fers en l'air.

-Tu devrais peut-être réfléchir à où tu as dormi avant de poser ce genre de question, répliqua Chuuya, parfaitement réveillé cette fois, notamment à cause des battements bien trop rapides de son cœur, les dents serrées.

-Hmm... Mon lit, tu veux dire ? » demanda paresseusement Dazai en s'asseyant tranquillement en tailleur et en venant se frotter les yeux de ses deux poings serrés.

Il n'eut pas l'occasion de rester longtemps dans cette position cependant, puisque presque aussitôt un oreiller vint le percuter en plein visage, le renversant à nouveau au sol.

« C'est mon lit jusqu'à ce que je reparte, que ça te plaise ou non. Tu as le canapé, toi ! s'exclama, faussement furieux, le jeune américain.

-Tu pourrais être plus reconnaissant, si je t'avais laissé tu aurais dormi à même le sol » geignit Dazai d'une manière absolument insupportable une fois qu'il en eut l'occasion, puisque l'oreiller l'avait dans un premier temps à moitié étouffé.

Chuuya sentit ses joues rosir fortement, malheureusement il n'avait plus aucun projectile à disposition pour masquer la vue de l'autre, et ce n'était sûrement qu'une question de temps avant qu'il ne retire le coussin qu'il lui avait lancé de sa vision. Il n'avait donc pas rêvé, cette personne qui l'avait transporté jusque dans la chambre était bien le brun.

« Tu... Tu vas me faire croire que tu es parvenu à me transporter sans l'aide de personne ? Avec tes petits bras musclés ? interrogea dubitativement le rouquin une fois qu'il eut retrouvé un tant soit peu ses moyens.

-Hmph, marmonna le suicidaire. Evidemment, je te bats au bras de fer quand tu veux ! fanfaronna-t-il joyeusement.

-J'ai du mal à y croire, je t'avoue » répliqua Chuuya en arborant une moue dépitée. Mis à part son père, personne ne l'avait jamais battu à ce petit jeu.

« Essaie alors ! On verra bien ! » le provoqua Dazai en se relevant joyeusement. Vraisemblablement, il n'attendait que cela. Il avait peut-être même fait exprès d'orienter la conversation dans ce sens, si bien que maintenant le jeune américain ne pouvait plus se rétracter.

Le plus âgé repensa alors brutalement à quelque chose qu'avait dit le brun à son arrivée. Il avait dit faire partie de la mafia, non ? Etait-ce vraiment le cas ? En toute honnêteté, il n'y avait accordé absolument aucun crédit sur le moment, mais il se posait de plus en plus de questions.

Dazai cachait assurément un côté sombre, bien qu'il semblât l'avoir momentanément abandonné l'espace des derniers jours. En y repensant, il avait dégagé une aura vraiment imposante et noire lorsqu'il était venu le chercher à l'aéroport, et cette manie pour le suicide, qu'il avait aussi calmée quelque peu par rapport à la première semaine où il avait côtoyé Chuuya, ne devait pas venir de nulle part. Enfin, calmer ses pulsions suicidaires étaient de bien grands mots, mais disons que mis à part les trois fois où le rouquin avait dû aller le chercher à la nage, il n'y avait pas eu grand-chose.

Le rouquin fixa donc ses yeux bleu océan dans ceux du brun, cherchant à y percer quelque chose qu'il n'avait pas encore découvert. Qu'est-ce que l'autre pouvait bien enfouir aussi profondément en lui, le cachant derrière une succession de couches de faux sourires et d'humour déplacé ?

Justement, l'autre lui renvoyait une expression angélique, tout sourire, attendant qu'il relève le défi du bras de fer. Chuuya soupira donc, se résignant. Il n'en apprendrait pas plus de cette manière de toutes façons, mais il demanderait à Oda plus tard s'il savait quelque chose. Il était le meilleur ami de Dazai, après tout.

Le rouquin se releva et s'assit en tailleur sur le lit, scrutant la pièce en se demandant s'il était possible d'utiliser la petite table de chevet pour le défi. Le brun le devança et se dirigeait déjà vers le petit meuble, quand la porte claqua subitement et inopinément.

Surpris, l'américain eut un léger sursaut, avant de comprendre qu'il ne s'agissait de personne d'autre que la petite Elise. Elle l'avait sans doute fait exprès, au vu de son expression satisfaite, pour attirer à coup sûr leur attention.

« Allez les tourtereaux, bougez-vous un peu, Rintarô veut que vous veniez faire les courses avec nous ! » s'exclama la petite pimbêche avant de rentrer dans la chambre, récupérer la poignée de la porte, et claquer à nouveau cette dernière en la fermant.

Dazai soupira, marmonnant quelque chose qui ressemblait à « qu'est-ce qu'il nous veut encore, celui-là ? » et « J'espère que l'autre vieux schnock ne sera pas là » mais Chuuya n'y aurait pas mis sa main au feu.

Il ne comprenait toujours pas trop comment cette famille fonctionnait. Elise n'appelait jamais son père par son prénom ou papa, tout simplement, mais plutôt par un surnom qu'elle seule utilisait. Enfin, cela lui permettait d'échapper au bras de fer, même s'il était curieux de tester la force de son correspondant désormais. Il aurait l'occasion de le faire plus tard cela dit, même si ce n'était pas pendant ce séjour, puisqu'il reviendrait à Yokohama quoi qu'il arrive.

Il ne le réalisa d'ailleurs pas, mais désormais il se projetait mentalement pour l'année à venir, et son idée première, qui avait été de totalement ignorer ce crétin de suicidaire une fois que l'échange serait terminé, n'était même plus une possibilité envisageable. Il s'était un peu trop impliqué émotionnellement.

~

« Hmm... Franchement, je doute que ce soit une bonne idée, commença Atsushi, ses dernières paroles emportées par le vent.

-Mais non, justement ! C'est parfait ! » s'exclama Dazai béatement en lui envoyant une tape amicale dans l'épaule.

Ce geste, vraisemblablement affectif au premier abord, couplé à l'équilibre précaire du plus jeune à cause des rafales de vent déferlant à toute allure, manqua de le faire tomber en avant. Heureusement, son correspondant lui saisit le bras juste à temps.

« En plus, il ne pleut même pas ! continua le brun, tout heureux, ayant remarqué du coin de l'œil l'interaction entre ses deux cadets mais ne s'immisçant pas, il aurait bien le temps de les charrier plus tard.

-Pour le moment, marmonna Atsushi entre ses dents en s'entourant de ses bras pour tenter de garder le peu de chaleur que lui laissaient les rafales incessantes.

-Ranpo, tes prévisions ? demanda Dazai en se tournant vers le jeune homme au gavroche, ignorant totalement le malaise de son ami.

-On devrait avoir une bonne heure avant d'être trempés jusqu'aux os » affirma-t-il après avoir enfilé ses sempiternelles lunettes.

Atsushi tiqua, et pas qu'à cause des étranges manières du brun. A vrai dire, il commençait à avoir l'habitude, à force : le jeune homme ne savait rien faire seul, pas même passer un ticket pour le métro, et était relativement niais, mais, dès qu'il enfilait ses lunettes, il devenait comme un génie capable de tout calculer et prédire.

Non, ce qui le fit vraiment tiquer, c'est qu'ils n'auraient jamais le temps. Une heure seulement ? Avant de se prendre de plein fouet une averse, sachant que, de surcroit, tout le monde n'était pas encore arrivé ?

Pour des amateurs comme eux, ce ne serait jamais suffisant. Et pourtant, ce n'était pas faute d'avoir tenté quelque chose. Il avait bien dit à ses compagnons qu'ignorer Poe et le laisser partir à la poursuite d'un raton laveur dans la forêt ressemblant à son animal de compagnie était une mauvaise idée. Certes, le jeune homme sortait tout juste d'une dépression et était vraiment dans un état mental comme physique déplorable -il semblait avoir été exclusivement nourri aux bonbons ces derniers jours- ce n'était pas une raison pour le laisser partir ainsi. Bien au contraire, cela pourrait s'avérer dangereux. Il leur avait aussi dit qu'il fallait sortir Lovecraft du petit point d'eau dans lequel il avait disparu depuis maintenant... Dix minutes ? Un record d'apnée ? Il les avait prévenus qu'il ne fallait pas laisser Kenji libérer les vaches de l'étable juste à côté de laquelle ils étaient passés pour arriver dans ce champ. Qu'est-ce qu'il faisait là, d'ailleurs, étant donné qu'il ne participait même pas à l'échange ?

Bref, au final, le seul qui avait vraiment prêté un minimum d'attention au pauvre Atsushi, c'était Chuuya, et seulement pour le cas « décrocher Dazai de l'arbre où il s'était pendu ». Le jeune homme n'avait définitivement aucune autorité naturelle.

Il quémanda Oda du regard au loin, mais son aîné, croisant son regard, secoua la tête impuissamment. Il était le seul à savoir comment monter une tente, et il était désespérément en train d'essayer de montrer à Kyoka et Louisa comment faire, tout en canalisant Yosano et Kaiji. Par canaliser, cela voulait dire qu'il les retenait dès qu'ils s'éloignaient un peu trop, les surveillant toujours d'un œil, s'assurant qu'ils ne sortent rien de suspect de leur sac... Il avait déjà beaucoup à gérer de son côté.

Le pauvre Atsushi allait baisser les bras, quand il remarqua quelque chose susceptible de pouvoir l'aider dans le sac de Kaiji, abandonné nonchalamment au bord de ce qui devrait bientôt être leur futur campement.

Un haut-parleur. Il n'avait aucune idée d'où le jeune scientifique pouvait bien l'avoir, ni pourquoi il s'en était procuré un, mais tant pis, cela pourrait s'avérer d'une grande aide pour canaliser les âmes dissipées qui l'entouraient actuellement.

Entre ceux qui reconduisaient les vaches, ceux qui observaient avec curiosité la surface du lac où Lovecraft avait disparu et d'où quelques bulles éclataient de temps à autre, et ceux partis en battue au raton-laveur sans savoir vraiment pourquoi, juste en suivant le mouvement, il fallait quelque chose pour les focaliser à nouveau.

Atsushi vérifia donc que personne ne regardait. Heureusement, le propriétaire du sac était en train d'harceler avec sa camarade de toujours Oda pour lui réclamer leurs téléphones, que le plus âgé avait saisis dès qu'ils les avaient vus sans laisser la moindre chance aux deux jeunes scientifiques de les conserver. Mais le jeune homme lui-même ne les écoutait pas, dispensant ses conseils pour monter une tente.

Ses élèves n'étaient pas bien doués, car c'était déjà la troisième fois que Louisa mettait sa tente par terre -la présence de Yosano non loin la stressait- et Kyoka ne parvenait pas à enfiler correctement les tiges solides à l'intérieur de la toile de tente de manière correcte - elle les tenait comme on tenait un katana et manquait chaque fois de transpercer la toile- mais Oda avait l'art et la patience d'expliquer toujours avec calme et maîtrise. Il était vraiment impressionnant et plein de ressources.

Reconnaissant, Atsushi le remercia intérieurement et inclina légèrement la tête pour le signifier, bien que personne ne le vit faire.

Puis il saisit le haut-parleur qu'il venait de se procurer à deux mains, s'apprêtant à parler, quand son trac et sa grande timidité le rattrapèrent d'un coup.

« Euh... hmm... est-ce que vous pou... pourriez... »

Il marmonna une phrase inintelligible, dont la fin mourut au fond de sa gorge. Il avait parlé si peu fort que le haut-parleur n'avait pas été d'une grande aide : il aurait parlé de son ton habituel sans qu'il aurait été plus audible.

Sa gorge était serrée de trac et, pour ne rien arranger, il croisa un regard acier froid qui lui était désormais bien trop familier. Il perdit instantanément toute confiance en lui, et baissa les bras, dépité. Son correspondant ne le regardait pourtant pas mal, au contraire, il semblait assez intrigué par ses agissements, mais cela avait suffit.

Il soupira, il n'aurait jamais le charisme d'un leader. Il serait plus utile à aller donner un coup de main à Oda -enfin, à recevoir ses conseils, vu qu'il n'était lui-même pas bien doué de ses dix doigts- et c'est donc ce qu'il fit, croisant les doigts pour que tout soit prêt avant l'averse, mais ayant définitivement très peu d'espoir.

Quelle idée d'organiser un camping sauvage par une météo pareille aussi ?!

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