Chapitre 8
Hey~ Non je ne suis pas autant en avance que la dernière fois mais ça reste plus tôt que la moyenne? X)
Juste par curiosité, il y en a qui connaisse Tower of God ici? OwO
Bonne lecture, à mercredi prochain~
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Le bruit de l'eau frémissante se fit rapidement entendre dans la petite pièce exiguë qu'était la cuisine. Chuuya savait foncièrement faire à manger, mais seulement les bases : le riz, les pâtes, la semoule, et la cuisson simple de la viande. Si ce n'était pas particulièrement original, c'était néanmoins des valeurs sûres.
Etant au Japon, il se dit que la majorité des élèves le lendemain auraient des bentô garnis et bien ordonnés. Il n'allait certainement pas faire une compétition, mais il fallait au moins que ce soit un minimum présentable.
Enfin, pour organiser le pique-nique, il lui fallait déjà une chose essentielle : des boîtes à bentô. Il avait mis l'eau à chauffer, et en attendant qu'elle porte à ébullition, il cherchait les fameuses boîtes. Il avait déjà passé cinq minutes à chercher les casseroles, et il en était profondément exaspéré.
Comment une cuisine aussi petite pouvait posséder autant de placards et de tiroirs ?! Surtout qu'il craignait d'ouvrir la moindre porte désormais. Il avait en partie perdu son temps à ranger. Dès qu'il ouvrait un placard, tout ce qu'il contenait se déversait en-dehors, comme un trop-plein trop longtemps contenu.
Cela ne pouvait être que l'œuvre de son correspondant. Chuuya aurait mis sa main à couper que c'était Dazai qui était chargé de ranger la vaisselle. Il conseillerait à son retour son oncle de changer cette habitude, ou au moins de le surveiller.
Il ouvrit une cinquième porte de placard, s'en écarta d'un bond, et attendit que le meuble vomisse tout son contenu. Etonnamment, pourtant, rien n'en sortit. Le rouquin poussa un soupir de soulagement, avant de s'approcher pour en regarder le contenu... Et referma immédiatement en claquant la porte.
Franchement... désespérant. Enfin, ce n'était pas si inattendu que cela non plus, que le placard le mieux rangé soit celui avec toute la pharmacologie, bien qu'envahi d'une quantité conséquente de bandages en tous genres.
Il se résigna finalement. Il devait simplement cuisiner, pas tout préparer. Il avait sa propre boîte à casse-croûte, qu'il avait amené pour l'avion à l'origine, et il lui suffirait donc de la laver pour l'utiliser. Dazai pourrait bien se débrouiller tout seul une fois le riz cuit.
Qu'est-ce qu'il faisait, d'ailleurs ? Cela faisait presque une demi-heure qu'il était parti dans la salle de bain, et toujours pas un signe. Chuuya s'apprêtait à aller vérifier, quand il entendit le bruit de plein de petites bulles éclatant, son caractéristique de l'eau à ébullition.
Il prit immédiatement le sachet de riz, remerciant intérieurement son hôte pour avoir ce genre de paquets simples à faire cuire plutôt que des grains en vrac comme en avait sa mère, et le mit dans la casserole en baissant légèrement le feu.
Tout absorbé à sa tâche, il n'entendit pas les pas dans son dos, et fut prit au dépourvu lorsqu'une paire de bras vint l'entourer. Il sursauta même, avant de se figer totalement.
« Qu'est-ce que tu fabriques, crétin momifié ?! s'insurgea-t-il alors que l'autre avait resserré son étreinte, l'empêchant même de se retourner.
-Je vérifie que tu ne mets pas le feu à la cuisine, répondit-il avec flegme et un peu de moquerie, posant sa tête sur l'épaule du plus petit et parlant juste à côté de son oreille.
-Lâche-moi, ordonna immédiatement Chuuya, toujours figé.
-Sinon... Quoi ? demanda ironiquement l'autre.
-Sinon je pourrais bien mettre le feu, en commençant par ton joli petit minois d'idiot décérébré, répondit d'un ton légèrement énervé le rouquin.
-Tu me trouves beau ? releva Dazai, ignorant totalement le reste de l'information.
-Que... commença à s'énerver le rouquin, rougissant à la fois sous l'effet de la chaleur et de la gêne. Pourquoi fallait-il qu'il perde ses moyens maintenant ?
-Alors, alors ? » le pressa encore comme un enfant le brun sans le lâcher, le poussant même légèrement à chaque injonction.
Sans y réfléchir, le rouquin agrippa la poignée de la casserole en face de lui, et ce contact lui permit de retrouver un peu de son sang-froid.
« Si tu ne me lâches pas immédiatement, je t'ébouillante vivant, menaça-t-il, plus que prêt à envoyer l'eau chaude au visage de l'autre.
-Est-ce que ça me tuerait ? demanda simplement Dazai, visiblement encore plus excité.
-Très certainement... Après quelques bonnes heures d'atroces souffrances !
-Oh » murmura-t-il de dégoût et en relâchant enfin ses bras.
Chuuya allait vivement s'écarter, quand il entendit un bruit caractéristique et un peu trop familier. Celui d'un appareil photo qui venait de capturer une image.
Il se renfrogna aussitôt, et tourna la tête dans la direction d'où provenait le bruit. Il écarta sans ménagement son correspondant, lui aussi surpris, parce qu'il lui bouchait partiellement la vue, et découvrit la petite Élise dans l'encadrement de la porte, un sourire moqueur ancré sur son visage d'enfant.
« On peut savoir ce qui te prend ?! » demanda Chuuya, prit au dépourvu, amenant ses mains sur ses hanches un peu comme un père et regardant la plus jeune d'un regard à la fois sombre et inquisiteur.
Il avait l'habitude de devoir gérer des enfants capricieux. À vivre avec cinq frères plus jeunes, on finissait par y être rôdé. Et cette expérience lui avait appris une chose : un enfant ne se mettait jamais en danger sans une bonne raison. Quelles pouvaient donc être les motivations de la petite Élise pour qu'elle en arrive à ce point ?
De nombreuses hypothèses tournoyaient à toute allure dans la tête du rouquin. Mori lui avait-il demandé des photos souvenirs ? Était-elle amie avec des lycéennes ? Était-ce simplement un autre traquenard que Dazai lui faisait juste pour l'énerver ?
Non, lui aussi avait été pris au dépourvu, Chuuya l'avait vu, même s'il arborait désormais un sourire satisfait, sûrement pour faire croire que c'était effectivement lui le coupable.
Exaspéré et ayant l'impression d'être pris en étau, l'américain se décida finalement à bouger : il extorquerait directement les informations dont il avait besoin à l'enfant.
Seulement, alors qu'il esquissait le premier pas, elle lui tirait la langue et tournait déjà les talons pour s'enfuir en courant dans le couloir.
Ni une ni deux, Chuuya la suivit, mais, lorsqu'il arriva dans ledit couloir, Élise avait déjà claqué et fermé à clé sa porte. Il pesta avant de rebrousser chemin.
Il en avait assez d'être le dindon de la farce. Lorsqu'il mettrait la main sur le livre de photos à la fin de l'échange, il le déchiquèterait de ses propres mains.
En attendant, le visage béat de Dazai dans la cuisine l'exaspéra, et, comme il avait besoin d'extérioriser un peu, il passa à l'acte.
Il ouvrit un placard, sachant désormais ce qu'il y avait dedans, saisit le manche d'une poêle et, avant même que le suicidaire puisse venir voir ce qu'il faisait par-dessus son épaule, il lui assena sur le haut du crâne, l'assommant.
Chuuya avait vu ce mouvement à de multiples reprises dans un film pour enfant que ses plus jeunes frères regardaient régulièrement, il ne pensait pas pour autant que ce serait si efficace. Il regarda le corps de Dazai tomber comme une souche au sol, puis la poêle, puis à nouveau le corps comme sans vie à ses pieds.
Il pouvait enfin être au calme, il aurait dû s'y essayer bien plus tôt !
~
«Ah ah, vous voyez ? Je vous l'avais bien dit !»
Ranpo venait de s'exclamer joyeusement dans la cour de l'école, faisant se retourner toutes les têtes vers lui. Il était aux anges, tandis qu'il regardait fixement un jeune homme blond à l'aspect enfantin et immature devant lui.
Chuuya n'avait jamais vu cette personne auparavant, et c'était justement cela qui l'énervait le plus : l'autre avait osé parié sur lui sans lui avoir même jamais adressé la parole.
«Je suis vraiment désolé pour lui, mais tu avais raison, Dazai aura encore et toujours le dernier mot, soupira tragiquement cet inconnu qui répondait au nom de Kenji, prénom qu'avait utilisé plus tôt Ranpo pour l'interpeller.
Chuuya leur en voulait, à tous. À ses camarades pour ne pas l'avoir prévenu. À ces deux adolescents particulièrement pour avoir pris des paris avec des bonbons, qu'ils étaient instamment en train de s'échanger. A Dazai pour l'avoir leurré, encore qu'il avait besoin de prendre le suicidaire entre quatre yeux pour savoir s'il l'avait vraiment fait volontairement.
Mais, surtout, le rouquin s'en voulait à lui-même, pour ne pas avoir regardé plus en détail le planning de la dernière journée de cours... Certes, ils pique-niquaient le midi, mais avant cela ils avaient durant la matinée un atelier cuisine spécial préparation de bento typique. Grosso modo, il avait cuisiné pour rien.
Et, évidemment, Dazai s'était absenté aux toilettes depuis plus de cinq minutes, le rendant de plus en plus coupable dans l'esprit du rouquin au fur et à mesure que le temps passait.
Enfin, ce qu'ils prépareraient devrait être plus intéressant gustativement que du riz avec quelques assaisonnements aléatoires. Et puis, le brun n'aurait pas le choix : il devrait s'y mettre aussi, ce qui permettrait à Chuuya de critiquer autant sa cuisine qu'il ne l'avait fait la veille.
~
« S'il te plaît Chuuya ? Juste une boulette ? » supplia le suicidaire, ses deux paumes de main collées en une prière, le regard larmoyant d'un chiot battu qui allait bien avec.
Le rouquin soupira face à cette demande pitoyable et... Totalement prévisible.
Tous les étudiants étaient assis sur des draps étendus au sol dans le petit parc sous les cerisiers en fleurs. Il s'agissait d'une période où simplement s'installer ainsi, avec la brise fraîche apportée par le petit ruisseau qui serpentait deux mètres plus bas, était extrêmement revigorant et apaisant. Les couleurs verdoyantes se mêlaient parfaitement aux légers pétales rosés qui dégringolaient des arbres fruitiers comme tant de petits morceaux duveteux, emportés par le vent. L'ambiance était festive, sans être non plus oppressante. Chuuya appréciait particulièrement ce genre de moment tranquille où il pouvait savourer la quiétude de la nature...
Mais c'était sans compter sur son insupportable correspondant, toujours là pour tout gâcher.
« Je croyais que ma cuisine ne te plaisait pas, il faudrait te décider un jour » lança-t-il agressivement, sur la défensive.
Pourquoi était-ce si prévisible ? Parce que dire que les compétences de Dazai en cuisine étaient médiocres... Serait encore bien trop les valoriser.
Il avait failli mettre pas moins de quatre fois le feu aux fourneaux. Bon, certes, Chuuya n'était pas totalement innocent non plus pour les trois premières, étant donné qu'il avait tenté un peu... brusquement de savoir si son correspondant l'avait effectivement fait cuisiner en sachant pertinemment que ce serait inutile ou non. Il n'avait pas obtenu de réponse précise, d'ailleurs, ce qui le frustrait. Mais il n'avait rien à voir pour la dernière, puisqu'il n'était même plus présent dans les cuisines.
En plus de cette catastrophique manie pyromane, le brun était incapable de suivre une recette à la lettre. Si on lui disait de mettre trois œufs et 100 grammes de farine, il mettait aléatoirement quelque chose qui s'approchait plus des 200 grammes de farine et trois œufs, mais entiers, coquilles comprises. Ce qui était simplement affligeant. A croire qu'il n'avait jamais approché une cuisine de sa vie.
En bref, tout ce qu'il avait pu cuisiner au cours de la matinée était soit immangeable car calciné ou plein de coquilles ou autres morceaux non identifiables, soit périmé. Car oui, il était parvenu à dégoter des produits avariés on ne savait trop où dans les cuisines du réfectoire.
Mais, comme tout le monde était censé emmener ce qu'il avait lui-même cuisiné, et que le professeur Doppo avait été leur professeur référent pour cet atelier -en somme, il n'avait laissé aucune entorse à cette règle passer, surtout pour Dazai- le suicidaire avait dû emporter ce qu'il avait cuisiné de moins catastrophique, à savoir son troisième essai de riz cantonnais.
Depuis, il essayait de chiper de la nourriture à droite, à gauche. Mais il n'était pas vraiment chanceux, car ses amis étaient un peu dans la même situation que lui. Sans être aussi catastrophique que le sien, le repas d'Atsushi ne ressemblait pas à grand-chose, et, de pitié, Akutagawa avait déjà partagé en deux son propre repas avec son correspondant.
Oda, quant à lui, avait fait quelque chose digne des plus grands chefs... Mais il avait croisé des orphelins dans la rue et n'avait déjà plus rien à manger pour lui-même. Pour ce qui était des autres élèves, Dazai lui-même savait qu'il n'en était pas suffisamment proche pour aller quémander. Il avait tout de même tenté auprès des filles avec un regard larmoyant, mais il s'était immédiatement fait jeter sans sommation.
Ne restait que son correspondant. Alors qu'il avait critiqué sa cuisine la veille au soir. Il fallait bien peu d'égo pour oser demander avec une telle expression d'innocence gravée sur le visage.
« Je n'aurais jamais osé dire ça de ta cuisine voyons ! » s'exclama alors Dazai en clapant ses mains et en baissant la tête dans le même mouvement.
Chuuya soupira, mais il finit par céder. Après tout, une ou deux boulettes de plus, qu'est-ce que ça changerait, étant donné qu'il en avait de toutes manières bien trop pour lui. Et puis, il n'était pas peu fier de sa cuisine, il estimait l'avoir plutôt bien réussie, alors autant en mettre plein la vue à ses camarades.
Finalement assez satisfait de pouvoir impressionner son imbécile de correspondant, le léger sourire qui commençait à se dessiner sur ses lèvres se dissipa cependant bien vite. En effet, alors qu'il transférait la nourriture de sa boîte à bento à celle de Dazai, il entendit le bruit caractéristique d'une prise de photo. Une veine apparue sur sa tempe lorsqu'il remarqua qu'il s'agissait de son ami Ryunnosuke.
Il lâcha aussitôt sa boîte, en en renversant une bonne partie du contenu sur la couverture de pique-nique, au plus grand désarroi du brun, pour se jeter sur le jeune homme. Cependant, vif comme le plus jeune l'était, il se leva et esquiva immédiatement.
Cela aurait pu s'arrêter là, mais le remue-ménage envoya presque valser la nappe sur laquelle ils pique-niquaient, envoyant le bento de certains droit dans les cheveux du voisin, démarrant ainsi une bataille de nourriture mêlée de chamailleries et de crêpages de chignons tout aussi anarchiques que chaotiques.
Les professeurs mirent une bonne demi-heure à calmer le jeu, et le mal était déjà fait : Plus de nourriture viable en vue, seulement quelques morceaux dans les cheveux ou les vêtements de certains, quand ce n'était pas déjà de la bouillie écrasée par une dizaine de pieds sur la nappe. Une après-midi ordinaire pour ce groupe hétéroclite, en somme.
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