Chapitre 7

Hey~

Au mon dieu je suis en avance aujourd'hui! :0 Bref, comme de toutes manières personne ne me répond jamais c'est pas la peine que je vous demande comment ça va X)

Bonne lecture, à la semaine prochaine ~


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Chuuya avait enfin compris pourquoi Dazai tenait tant à fuir son domicile familial. Enfin, à vrai dire, il comprenait en se mettant mentalement à la place de ce dérangé momifié. Ce qui était assez effrayant, d'ailleurs. Depuis quand était-il capable de s'imaginer ce que ressentait les autres ? Surtout, ce que ressentait cet imbécile heureux ?

Enfin, au vu de la manière de réfléchir de l'autre, il ne devait certainement pas apprécier qu'on soit en permanence sur son dos. Or, c'était littéralement ce que faisait le directeur de son lycée. Pour deux raisons assez simples.

La première, c'était que Dazai avait beau être intelligent, il n'était pas bien discret. Un coup fourré inexpliqué se produisait au sein de l'établissement sans qu'on ne parvienne jamais à retrouver la moindre trace, et on pouvait être absolument certain d'une chose : Il y était lié de près ou de loin.

Aussi, dès que ce genre d'évènements, qui étaient à vrai dire monnaie courante dans le lycée pourtant sans prétention des japonais, notamment à cause des deux scientifiques fous, Dazai avait droit à une convocation directe dans le bureau du principal Fukuzawa.

A tel point qu'il ne recevait même plus de convocation. Chuuya l'avait constaté, dès que quelque chose se passait, il s'y rendait avant même qu'un quart des autres élèves soient au courant. Preuve de son implication ou de sa grande sagacité ? Dur à déterminer.

Enfin, il avait donc bien souvent droit à un sermon dans le bureau du quadragénaire. Sermon qui virait souvent court, et se terminait par un dialogue courtois, comme entre deux connaissances de longue date, sans formule de politesse, sur la vie dans l'établissement du jeune homme. Le directeur tenait vraisemblablement le suicidaire en haute estime et s'inquiétait vraiment pour lui, l'incitant à ne pas fuir plus de vingt-quatre heures son domicile ou à arrêter les tentatives de suicide, par exemple. Il lui conseillait également des choix d'orientation, des études bien côtées qu'il pourrait obtenir en travaillant un peu plus.

Chuuya avait trouvé ça assez sympathique de sa part. Il se souciait d'un élève en difficulté psychologique. Car Dazai l'était, on ne devenait tout de même pas suicidaire à ce point du jour au lendemain ?

C'était alors qu'il avait découvert que le fameux directeur de l'établissement... Passait très souvent à l'appartement du brun, pour voir son oncle. Ce dernier était effectivement un professeur, mais il semblait avoir noué une relation amicale de longue date avec le principal.

Et Fukuzawa s'enquerrait donc à nouveau de la situation de Dazai. Le jeune homme, exaspéré, fuyait jusqu'à ce qu'il soit sûr de ne plus subir ses remarques. Le directeur était un homme attentionné, et c'était tout ce que semblait détester le brun.

C'était actuellement la raison pour laquelle ils avançaient à l'aveuglette sous la pluie loin du domicile du suicidaire. N'ayant aucune envie de cette sortie impromptue, Chuuya avait forcé le brun à lui exposer ses raisons, sous peine de l'empêcher de s'en aller. Ils avaient déjà été toute la journée dans les rues de Tokyo, la capitale, après tout, et le voyage avait été plutôt éreintant.

Ils avaient eu de la chance, le temps était couvert mais rien n'était venu les perturber. La pluie s'était déclarée quelques temps après qu'ils eurent regagner Yokohama. Dazai et Chuuya étaient donc rentrés à toute allure à l'appartement du brun, ne tenant pas particulièrement à finir comme des chiens errants détrempés. Sauf que le brun, au lieu de rentrer à l'appartement une fois arrivé devant, avait immédiatement tourné les talons en voyant une voiture garée sur le parking.

Le rouquin avait aperçu le directeur du lycée jumelé à la fenêtre de l'étage où il résidait temporairement alors que son correspondant le traînait par la manche pour rebrousser chemin. C'était ainsi qu'il en était venu à le questionner.

Dazai avait été plutôt docile, d'ordinaire il ne répondait qu'avec des sourires suffisants de manière énigmatique. C'était sûrement la première et dernière fois que le rouquin obtenait quelque chose de censé de lui.

Il l'avait donc suivi à contrecœur, ne souhaitant pas le laisser errer dans cet état d'esprit dans les rues seuls. Qui sait quelle pulsion suicidaire pourrait encore le prendre sinon ?

Ainsi, ils étaient tous les deux rentrés vingt-deux heures passées à l'appartement, exténués, et Chuuya relativement... pensif. Quelles pouvaient bien être les pensées profondes de l'autre ?

Il se rappela cependant bien vite à l'ordre lui-même : à la fin de cette semaine, il ferait comme si Dazai n'avait jamais existé, alors à quoi bon se torturer l'esprit ?

~

Yosano s'approcha sur la pointe des pieds. Elle revenait tout juste de la douche, et y avait passé moins de temps que d'habitude, expressément pour pouvoir faire cela.

Elle n'était pas vraiment la plus discrète, mais elle avait remarqué quelque chose d'intéressant : la veille, elle avait littéralement fait exploser la cheminée de sa modeste maison en bordure de ville. Ce n'était pas la première fois, et elle avait tenté d'être plus silencieuse que la fois précédente, comme ses parents n'étaient pas à la maison ce soir-là et qu'elle avait donc eu quartier libre.

Malheureusement pour elle, le bruit détonnant et la fumée noirâtre qui s'était échappée du conduit avait eu vite fait d'alerter l'ensemble du lotissement. La prochaine fois, avant de faire des mélanges douteux en-dessous de ladite cheminée, elle penserait à demander à ce qu'on vienne la ramoner.

Enfin, tout le monde avait été alerté, ses parents en tête de liste, comme les voisins avaient pris le pli, à force d'avoir une jeune si turbulente juste à côté. Tout le monde, sauf Louisa. Elle avait vissé ses écouteurs sur ses oreilles, s'était enfermée dans sa chambre, et avait découvert, paniquée, le tout seulement en descendant trente minutes plus tard.

Elle avait d'ailleurs failli tomber dans les pommes en voyant la fumée noire qui envahissait le salon de sa résidence temporaire ainsi que les policiers et les pompiers à la porte. Yosano était déçue qu'elle ne l'ait pas vraiment fait, elle aurait pu lui faire subir toute une batterie de test dans l'anonymat le plus complet.

Enfin, cela indiquait bien une chose : rien n'atteignait la jeune fille lorsqu'elle s'enfermait ainsi dans sa chambre. Alors, à la fois poussée par sa curiosité et sa fourberie, la jeune scientifique avait décidé de mettre tout cela au clair et, si possible, peut-être effrayer un peu sa correspondante. Même si, pour ce dernier fait, c'était un peu un état quotidien. Que pouvait bien faire Louisa pour être aussi détachée du monde ?

Elle appuya tranquillement sur la poignée, s'assurant de ne faire aucun geste brusque et usant de toute la patience qu'elle avait pour y aller doucement -évidemment, la jeune fille n'en avait strictement aucune, alors c'était déjà rude pour elle- et la poussa ensuite tout aussi délicatement.

Malheureusement, alors qu'elle glissait juste un regard à l'intérieur de la chambre – autrefois son laboratoire personnel, il avait fallu tout réaménager pour en faire une pièce d'ami – elle accrocha immédiatement le regard de Louisa.

En effet, l'américaine était tranquillement sur son lit, en train d'écrire dans un journal vraisemblablement, au vu du crayon qu'elle avait fébrilement à la main droite. Elle sursauta en voyant Yosano pester, et avait déjà commencé à tout ranger.

Pourtant, la jeune scientifique s'était bien assurée de faire tomber un verre auparavant -ce n'était pas comme si sa mère n'en avait pas un stock conséquent, à force que sa fille en brise durant ses expériences- afin de déterminer si l'autre sortirait ou non voir ce qui causerait le raffut.

Par conséquent, soit elle faisait semblant de ne rien entendre, soit elle n'entendait vraiment rien mais avait des réflexes impressionnants lorsque son champ de vision se modifiait légèrement. Ou lorsqu'elle se sentait en danger, peut-être ?

Enfin, actuellement, elle s'était recroquevillée tel un animal apeuré contre le mur du fond, se protégeant de ses jambes et de son journal, comme si Yosano allait la disséquer sur place. Les parents de la jeune fille étaient absents, alors Louisa le pensait-elle peut-être vraiment.

La future médecin esquissa un sourire sadique, avant de se morigéner. Il fallait vraiment qu'elle arrête avec cette manie. Elle essaya d'adoucir les traits de son visage pour sembler avenante et ainsi faire se détendre un peu l'américaine en face d'elle -peine perdue, l'autre était trop sur ses gardes.

En soit, Yosano ne savait pas trop, comme elle n'avait pas de miroir, mais ce brusque revirement d'expression la faisait désormais arborer une moue grimaçante et presque plus effrayante que la précédente.

Elle s'approcha, mais Louisa commença à lui lancer un regard noir tout en tremblant légèrement. On aurait vraiment dit un agneau égaré. Plutôt mignon.

Dans un soupir, la jeune fille excentrique s'arrêta donc dans l'entrée de la pièce, et s'accroupit pour se mettre à la hauteur de sa correspondante. Elle avait vu quelque part que se mettre à la même hauteur pouvait apaiser la crainte d'un animal en détresse, alors autant tenter le tout pour le tout.

Elle hésita sur la conduite à tenir, et l'autre la fixait toujours avec un regard apeuré et méfiant, se demandant probablement pourquoi elle venait ainsi la troubler, son téléphone prêt à appeler SOS enfants battus dans sa main tremblotante.

Yosano réfléchit à la meilleure approche à avoir désormais. Elle n'était pas vraiment partie sur le bon pied avec la jeune fille, alors elle souhaitait rétablir cela. Il y avait quelques progrès, mais ce n'était pas encore vraiment ça, la preuve.

Alors, après encore quelques secondes d'intense réflexion, à se demander ce que les jeunes filles « normales » de leur âge feraient, elle en vint à une conclusion évidente. Elle tapa son poing droit dans sa paume gauche, avant de filer et de partir en trombe, laissant une Louisa encore plus étonnée qu'elle ne l'était originellement.

Ne voyant pas la japonaise remonter, la jeune fille s'approcha prudemment, à quatre pattes, de l'entrée de la pièce, dans l'optique de refermer sa porte et retrouver sa tranquillité. Elle tremblait encore légèrement et tous ses sens étaient en alerte. Mais, alors qu'elle était sur le point de saisir la poignée, Yosano la prit et ouvrit ainsi la porte en grand, des étoiles dans les yeux et tout excitée.

Louisa tomba en reculant et eut le temps de faire à peine un mètre en arrière avant que sa correspondante n'assène par terre une étrange boîte. L'américaine n'était pas mauvaise en langue, et elle comprit presque tout ce qui était écrit dessus : le kit du petit électricien.

Elle lança un regard interrogateur à l'autre. Puis fut subjuguée par la manière dont la jeune fille était vraiment passionnée, comme totalement happée, par cette boîte. Elle la manipulait avec précaution, et en sortait une à une les petites pièces qu'elle contenait. Louisa avait l'impression de se voir lorsqu'elle entamait un livre.

Elle soupira légèrement. Elle n'aimait pas vraiment l'électricité, surtout avec une personne aussi dangereuse que sa correspondante autour, mais, au moins, ladite correspondante ne la prenait pas actuellement pour cible de ses expérimentations. Donc, elle se prêterait au jeu. Tant que rien ne finissait réellement connecté à une prise électrique.

~

« Chuuuuuuya~ »

Dazai était affalé contre la table, sa console dans la main, la tête reposant sur ses mains nonchalamment alors qu'il fixait le visage pétrifié d'agacement de son correspondant.

« On ne peut pas...

-Tu tu tu, c'était les règles, tu les as acceptées. Et, dans ma grande magnanimité, je t'ai même laissé deux chances supplémentaires ! répliqua avec un sourire béat le jeune japonais.

En effet, ils avaient besoin de cuisiner pour ce soir et demain. Ce soir, car Mori s'absentait, leur laissant Elise à baby-sitter, et pour demain car ils pique-niquaient tous ensemble avec l'école et les correspondants.

Or, Dazai, n'ayant aucune envie de s'y coller, avait proposé ce marché : ils joueraient une partie, et le perdant ferait à manger. Evidemment, il était persuadé de gagner, sinon il n'aurait jamais tenté le coup et aurait proposé qu'ils le fassent tous les deux.

Ou aurait simulé une fièvre pour éviter cette tâche ingrate.

Enfin, il avait dû jouer avec l'égo de son compagnon pour le faire accepter, mais il savait comment appuyer sur la corde sensible. Et il lui avait aussi promis qu'il répondrait honnêtement à une de ses questions si le rouquin relevait le défi, qu'il gagne ou perde.

Il pouvait se le permettre comme, dans tous les cas, « répondre honnêtement » ne signifiait en aucun cas donner une réponse concrète. Il pouvait toujours dire qu'il n'avait pas envie de répondre si cela le gênait trop : honnête.

« Tss. Je vais quand même avoir besoin de ton aide, tu sais, abdiqua enfin Chuuya dans un soupir.

Finalement, il préférait s'en occuper, bien qu'il ne l'admettrait pas. Simplement parce qu'il n'avait aucune confiance en la potentielle cuisine du suicidaire, et puis qu'il était déjà rôdé à cet exercice. Pas le choix lorsqu'on était issu d'une famille nombreuse.

Mais, pour cuisiner, il fallait des ustensiles et des ingrédients : deux choses pour lesquelles il aurait besoin d'aide s'il ne souhaitait pas y passer trois heures.

Cependant, et assez peu étonnamment, Dazai se défila, filant à toute berzingue sous la douche sans même laisser le temps au rouquin de faire le moindre mouvement pour le rattraper.

Chuuya serra le poing. Il ne connaissait pas cette maison et cette cuisine, il risquait de tout déranger. Tant pis, il forcerait l'autre à ranger plus tard : cela ne faisait en aucun cas parti de leur accord, après tout. 

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