Chapitre 3

Hey hey hey~

J'espère que ce chapitre vous plaira uwu à la semaine prochaine pour la suite, et bonne lecture~  #Lily


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Chuuya soupira. Ses jambes n'en pouvaient plus. Il avait trop chaud, à force de marcher et à cause de sa veste, mais il n'avait plus la place dans son sac pour mettre quoi que ce soit. Il était harassé. Et il avait à nouveau faim, au point que son ventre lâcha un énorme gargouillement.

Il consulta l'écran du téléphone. Dazai lui avait donné une adresse existante, ce qui était déjà une bonne chose. Et, actuellement, il marchait à côté de lui. Silencieusement et sans tenter de mourir d'une façon ou d'une autre. Ce qui était franchement reposant, s'il n'avait pas habité la rase campagne.

A vrai dire, le rouquin avait d'abord cru qu'il s'agissait d'un des nouveaux quartiers qu'il n'avait pas encore visités. Puis ils s'étaient retrouvés au milieu de nulle part. Littéralement. Plus fort que les grognements de son ventre vide, il y avait le meuglement des vaches et le grésillement d'une ligne à haute tension au-dessus de sa tête.

Chuuya n'avait pas pris la peine de regarder plus en détail les environs de l'adresse donnée par son correspondant, car après tout ni lui ni le brun n'avaient suffisamment de batterie ou de réseau pour réellement se le permettre.

Mais, harassé comme il l'était, l'américain se décida finalement à zoomer autour du lieu indiqué. Cela pris un certain temps, car il y avait très peu de réseau dans le coin. Forcément, cela faisait déjà une vingtaine de minutes qu'ils s'étaient éloignés de toute forme de civilisation autre qu'un troupeau de vache qui semblait se moquer d'eux en les suivant du regard tout en broutant.

Il tiqua dès que leur « destination finale » lui apparut dans son entièreté. Il attrapa Dazai par le col avec sa main gauche, l'autre se traînant toujours sa valise, qui semblait d'ailleurs s'alourdir au fur et à mesure. Puis il lâcha ladite valise pour lui coller l'écran du téléphone sous le nez.

« Tu vas me dire que tes parents sont fermiers maintenant ? lui demanda-t-il d'un ton de défi. L'autre haussa les épaules.

-Mes parents sont morts, je te rappelle »

Chuuya le lâcha en ayant un léger mouvement de recul. Il l'avait dit d'une manière si crue. Il ne s'y était pas attendu. En effet, le brun lui en avait déjà parlé, lorsqu'il avait tenté de se suicider dans sa salle de bain. Mais il n'avait pas ramené le sujet sur le tapis par la suite, et le rouquin était dans un tel état de fatigue qu'il avait totalement oublié ce détail.

Il se traita mentalement de tous les noms d'oiseaux existants. Il avait beau dire, lui aussi n'était qu'un sombre crétin.

« Mais bon, j'ai dû confondre l'adresse de mon oncle et celle de mon ami Kenji, reprit Dazai, semblant sentir le malaise subit que ressentait son correspondant, bien que cela ne lui ressembla pas de venir en aide à quelqu'un de cette façon. Je passe sûrement plus de temps là-bas, après tout »

Son interlocuteur garda la tête basse quelques minutes tandis qu'ils continuaient à marcher. Ses joues le brûlaient tellement il s'en voulait, et la fatigue ne l'aidait clairement pas à canaliser ses émotions. Ce qu'il ne voulait certainement pas montrer à l'autre. Il était dans un tel état qu'il ne releva même pas cette incohérence plus grande que l'Himalaya.

Cependant, après ce laps de temps, il finit enfin par se décider et demanda :

« Hmm... Et donc, si je peux me permettre... C'est quoi, ta véritable adresse, sombre crétin momifié ?

-Une adresse ? Je crois bien que je l'ai oubliée » sourit le brun.

Chuuya haussa un sourcil, dépité par le comportement de l'autre tout autant que par les champs qui s'étendaient, devant comme derrière lui, à perte de vue, épuisé par son voyage et la longue marche, affamé, harassé et mal à l'aise. Il n'avait même plus la force de s'énerver contre Dazai, à ce stade. Ni de relever toutes ses âneries, ou lui tirer les vers du nez. Il n'obtiendrait certainement rien pour le moment, de toutes façons.

« Bien, dans ce cas, faisons une pause jusqu'à ce que la mémoire te revienne » proposa-t-il.

Le brun opina et ils sautèrent au-dessus d'un fourré pour s'installer sur la butte de terre qui le surplombait. Chuuya prit sa valise et l'ouvrit. Heureusement qu'il lui restait des barres chocolatées et de l'eau, sinon il ne savait comment il aurait survécu. Il en proposa à son correspondant, qui en enfournait déjà une entière dans sa bouche, s'étant servi sans son accord.

Il soupira, et passa étonnamment à autre chose, blasé. Il était temps qu'il dorme. Ne pas s'énerver, c'était encore pire que de se défouler sur quelque chose. Ou quelqu'un, en l'occurrence. Le message pour lequel il devait demander des explications à l'autre et qui l'avait tracassé durant tout le trajet était déjà totalement oublié, pour le moment.

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« Allô, Atsushi ? Oui, c'était pour savoir si, à tout hasard, tu avais le permis ?

-Passe-moi ça abruti, marmonna Chuuya à travers le combiné, avec une voix étrangement étouffée. Je ne te l'ai pas rendu pour que tu fasses n'importe quoi avec » pesta-t-il encore, un peu plus nettement.

Le jeune japonais avait vu cet appel comme l'échappatoire idéal pour fuir l'ambiance pesante qu'il y avait dans son salon quelques instants plus tôt.

En effet, Atsushi s'attendait à ce que ses deux sœurs et sa mère soient à la maison lorsqu'il y rentrerait. Malheureusement, elles s'étaient éclipsées pendant son absence, profitant sûrement de l'après-midi ensoleillée pour faire du shopping ou simplement se promener sous les cerisiers en fleurs.

Ce qu'il comprenait, évidemment. Mais bon, il n'avait pas prévu de se retrouver seul comme cela avec son correspondant taciturne. Surtout alors qu'il devait lui présenter sa maison, qui tiendrait facilement une dizaine voire une vingtaine de fois dans la demeure familiale des Akutagawa.

Une dizaine de minutes de silence s'étaient écoulées après la courte visite de son humble logement. Ils s'étaient tous les deux installés sur le canapé, sans un mot, Atsushi ne sachant que faire pour briser la glace, atrocement gêné. Il avait donc vraiment eu espoir de pourvoir mettre un terme à cette étrange situation et vaquer à autre chose. Quel fourvoiement.

Il n'osa rien dire, attendant que les deux voix à l'autre bout du fil se furent calmées. Ce qui prit un certain temps, malheureusement. L'argenté entendit des bruits de lutte, des insultes, certaines en français, des coups, de faux gémissements de douleur. Il comprit également, lorsque Chuuya marmonna un « bouge ton pied de mon visage le scarifié » la raison pour laquelle ses paroles lui parvenaient d'une manière si étouffée.

Enfin, le rythme sembla ralentir, et ce fut l'américain qui reprit la parole au téléphone, quelque peu essoufflé.

« Intenables » serait sûrement l'adjectif qui leur siérait le mieux, à ces deux énergumènes.

« Atsushi, est-ce que tu pourrais envoyer ton adresse par message à ce numéro s'il te plaît ? demanda subitement Chuuya, d'une voix hachée et rapide, comme s'il avait peur qu'on lui retire le téléphone des mains.

-Euh... D'accord, mais... Pourquoi ? demanda l'interpellé, peinant à comprendre la demande subite de son aîné.

-Parce que ton imbécile de voisin est incapable de se rappeler où il habite, pesta le rouquin.

-Oh. »

Il n'ajouta rien de plus. Il aurait dû s'en douter. Atsushi commença à se sentir coupable. Lorsqu'il avait vu que son ami... plutôt particulier avait laissé son correspondant en plan, il aurait dû attendre avec lui. Il aurait dû rester pour s'assurer qu'ils arrivaient bien à bon port. Depuis combien de temps au juste erraient-ils dans la ville comme cela ?!

Il n'y avait malheureusement plus du tout pensé lorsqu'il avait croisé les pupilles grises de Ryunosuke, lorsque son trac avait atteint son maximum et que son malaise lui avait tordu le ventre à n'en plus savoir où se mettre.

Sincèrement désolé, il s'excusa sans que Chuuya n'en comprenne la raison et s'empressa de lui envoyer l'adresse de Dazai, lui souhaitant d'arriver vite. Et c'était aussi tout ce que le rouquin pouvait espérer.

~

« Attends deux minutes, je suis persuadé qu'elles sont par là...

-Je vais te tuer. Des dernières paroles à prononcer ?

-Hmm... Si tu pouvais abréger mes souffrances et me tuer sur le coup ?

-N'y compte même pas. J'ai toute la nuit pour t'infliger toutes les peines et les souffrances existantes.

-C'est ambigu ça... »

Un grand « clap » retentit, bruit que fit la main de Chuuya contre la tête de son correspondant. Pour peu, il aurait oublié à quel point l'autre pouvait être pénible. Il parlait avec une voix exténuée qui trahissait son agacement depuis le début de l'échange.

Il devait être aux environs de dix-huit heures. Il fallait dire que leur situation avait évolué : ils étaient désormais devant l'interphone de l'immeuble où résidait Dazai. Petit problème, l'abruti de service ne retrouvait pas ses clés. Et personne n'était chez lui actuellement, comble de l'ironie et de l'acharnement du destin.

Enfin, vraisemblablement, si, la cousine du jeune homme était présente, mais, soit elle ne les entendait pas, soit elle les ignorait royalement. Dans les deux cas le rouquin se promit de lui faire manger un oreiller en compensation. Autre promesse interne qu'il s'assurerait de respecter. Une peste avec lui, c'était déjà bien suffisant, il n'en avait pas besoin d'une deuxième.

« Quand rentre ton oncle ? finit par demander l'américain, exaspéré de voir l'autre fouiller et retourner inlassablement ses poches.

-Hmm... Je ne sais pas trop, mais il revient souvent vingt heures trente passées le dimanche, répondit après un petit instant de réflexion Dazai. Ne me demande pas où il traîne comme ça, je ne sais pas et ne veux pas le savoir, enchaîna-t-il.

-Très bien. Je vais chez mes grands-parents » trancha Chuuya, avant d'aussitôt tourner les talons.

Il en avait plus qu'assez et, de surcroît, avait découvert que le quartier résidentiel du brun était à à peine cinq minutes du quartier où avait grandi son père, et où vivaient donc toujours ses parents à lui.

Désormais qu'il était ici, il était tout à fait capable d'aller par lui-même le lendemain au lycée, même en transport en commun. Et peu importe si c'était mal vu qu'il arrive seul, sa patience avait été épuisée depuis bien longtemps.

« Non, attends ! le supplia Dazai en l'attrapant par le bras.

-Ecoute, j'ai eu assez de tes caprices pour aujourd'hui, même pour la semaine, et je suis crevé. Alors à moins qu'on ne soit d'ici dix minutes là-haut, répliqua-t-il en dégageant son bras et en désignant le quatrième étage de l'immeuble du doigt, hauteur à laquelle il savait que résidait l'autre, je m'en vais »

Son ton ne souffrait aucune remarque acerbe qu'aurait pu relancer le brun. Et cela eut même l'effet escompté : Dazai baissa la tête, amena la main sous son menton, et sembla réfléchir intensément. Puis, finalement, le jeune japonais poussa un soupir à fendre l'âme.

« Il y aurait bien une solution pour que nous soyons là-haut dans dix minutes, mais...

-Mais ?

-S'il te plaît, ne m'oblige pas à en venir là ! supplia Dazai en se jetant au cou du rouquin, comme dans une vaine tentative pour l'empêcher de partir.

-Quoi ? C'est si terrible que ça de rentrer chez toi ? commença à s'impatienter Chuuya en tapant du pied au sol.

-Non... Mais la vieille folle aux chats du palier a les clés de rechange et pourrait nous ouvrir...

-Je ne vois pas où est le problème ? s'étonna le rouquin, indécis face à cette réponse.

- Ça, c'est parce que tu ne la connais pas ! Elle est insupportable, dès qu'elle part faire ses courses, elle vient frapper à la porte pour qu'on s'occupe de ses chats en son absence. Mon oncle a pris l'habitude d'accepter, alors dès que je suis là c'est moi qui m'y colle. Elle passe trois plombes dans les boutiques, et ses chats sont insupportables. Ils grimpent partout, se frottent partout, tentent en permanence de sortir mais si j'ai le malheur d'en laisser un filer je me fais tirer les oreilles. Littéralement !

-Horrible, en effet, marmonna Chuuya en roulant des yeux, tentant de se défaire de l'étreinte de l'autre. Il parlait de plus en plus fort et à côté de son oreille, ce qui n'était pas franchement agréable. Et donc, reprit-il, le rapport ?

-Vois-tu, ça fait maintenant six mois que je tente de me faire oublier. Et plutôt avec succès. Avant-hier elle ne m'a pas reconnu dans la rue ! Donc si je la rappelle maintenant, pour peu qu'elle se souvienne de moi... Le calvaire reprendra, pleurnicha-t-il.

-Aaaah, soupira le rouquin. Tu préfères que je t'étrangle lentement pour que tu souffres à petit feu avant de mourir où continuer de garder des chats ? » demanda-t-il, en calant ses yeux céruléens dans ceux de Dazai, à environ quelques centimètres des siens étant donné qu'il ne l'avait toujours pas lâché.

Il arbora une moue boudeuse et dépitée. Mais, finalement, il défit son étreinte à contre-coeur, se rendit devant l'interphone, chercha le nom de sa voisine, et sonna.

~

Chuuya pénétra dans l'appartement de son colocataire pour la semaine, et eut la surprise de le trouver... Dans un état impeccable.

En effet, il s'était attendu à ce que le petit studio soit sens dessus dessous, le type avec des vêtements sales aux quatre coins de la pièce, les coussins du canapé pareillement éparpillés, l'évier recrachant la vaisselle sale, des papiers un peu partout en boule ou chiffonnés entre les coins des meubles... Bref, quelque chose qui ressemblerait à l'état mental de l'un de ses occupants et de sa famille.

Il s'était largement fourvoyé. En effet, une élégante bibliothèque trônait contre le mur du fond de la pièce, juste à côté d'une petite cheminée. Tous les livres qui y étaient visibles étaient parfaitement rangés, ordonnés par taille. Il y avait même des petites étiquettes comme dans les librairies pour signaler le genre et l'ordre alphabétique.

La table ronde au centre de la pièce était recouverte d'une nappe soyeuse et blanche, et rien ne venait la recouvrir. On apercevait derrière le mur qui cachait une autre petite pièce, sûrement un bureau, une petite table où reposait une pile de papiers, vraisemblablement aussi bien ordonnée que la bibliothèque.

Chuuya siffla, impressionné par la propreté et l'impeccabilité des lieux. Dazai, qui sembla comprendre pourquoi il avait réagi ainsi, haussa simplement les épaules, toujours dépité d'avoir dû affronter sa voisine, pourtant si adorable aux yeux du rouquin, et marmonna d'un ton presque hautain et dégoûté :

« Mon oncle n'accepte pas que la moindre chose soit dérangée dans la maison. Et il sait se montrer convainquant »

Puis il s'enfonça dans le couloir juste en face de la porte d'entrée. Ledit couloir donnait accès à cinq pièces. La salle de bain, les toilettes, et trois chambres. Dazai lui montra l'intérieur de la chambre d'Elise, son insupportable cousine, en lui disant que si on lui demandait, il ne l'avait pas vue -évidemment, l'enfant serait encore plus casse-pied sinon- et la chambre de son oncle.

Le rouquin n'attendit même pas qu'il lui présente la dernière pièce, il y entra tout seul, sa valise derrière lui. Une odeur aseptisée y régnait, mais ce n'était pas franchement désagréable. Une grande fenêtre aux volets fermés donnait probablement sur l'extérieur, et un bureau trônait juste en-dessous. En face, il y avait un lit simple parfaitement fait et une commode qui montait jusqu'au plafond. Une petite table de chevet se situait au niveau de la tête du lit, avec une petite lampe à abat-jour et un livre à la couverture rouge et vieillie dessus.

Chuuya ne se posa aucune question. Il lâcha sa valise, posa son sac à dos, et s'affala sur le lit, ses dernières forces l'abandonnant. Aussitôt après, ses lourdes paupières se fermèrent, et il sombra dans les bras de Morphée.

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