Chapitre 3

Heya~ Vous aviez cru que je vous avais oublié? 

Eh bien non :3 bonne (re)lecture, à samedi ~


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La mère de Chuuya étant absente, c'est le rouquin lui-même qui s'attela à la cuisine pendant que son correspondant déballait sa valise à l'étage. Ce qui n'était pas plus mal, car cela lui évita de voir tout l'attirail digne du suicidaire qu'il était que l'autre avait emmené.

Lorsqu'il eut terminé, il appela tout le monde et s'installa. Ses cinq frères arrivèrent au pas de course, il était déjà tard et ils avaient tous faim. Lui avait dix-sept ans et était l'aîné. Ensuite venait un autre rouquin qui lui ressemblait étrangement, si ce n'était qu'il avait encore le visage un peu rond du haut de ses quatorze ans et les cheveux un peu plus long, nommé Arô. Il avait la peau pâle et semblait fragile.

D'un an plus jeune venait Kôzô, aux yeux vert turquoise avec quelques tâches de rousseurs parsemant ses joues et son nez. Shirô, onze ans, avait les yeux bleus comme ses deux aînés, mais ses cheveux étaient un peu plus foncés. Trois ans plus jeune, Gorô avait les yeux bleus presque gris et la peau translucide. Quant au petit dernier, nommé Jûrô, seulement six ans, il avait des yeux vert d'eau et une multitude de petites tâches de rousseur partout, même derrière les oreilles, ce qui le rendait adorable et lui permettait d'obtenir beaucoup de choses de ses grands frères. Ils étaient tous roux.

Dazai arriva le dernier d'un pas traînant et s'arrêta net en voyant toute la famille au grand complet.

-Oh, la fratrie Poil de Carotte~ sourit-il en s'installant à table, sous les regards perplexes de l'assistance, qui ne savait visiblement pas de quoi ce drôle d'énergumène parlait.

Ils mangèrent dans un silence étonnant et, même, plutôt apaisant. Enfin, peut-être pas tant que cela, en considérant que le brun devait commencer à ressentir les effets du décalage horaire pour maintenant. Ils parlèrent à peine après le repas, et allèrent donc se coucher quasiment aussitôt après.

Durant la nuit, Chuuya fut réveillé à de nombreuses reprises car il s'avérait que son correspondant faisait beaucoup de bruit en dormant. Mais ce n'était pas des ronflements ou grincements de dents comme tout le monde, non, lui chantait ! Le rouquin, après s'être retourné pour la vingtième fois, se promit d'aller acheter des boules Quies le lendemain. Il ne survivrait probablement pas à la semaine sans cela.

Ce qu'il ne savait pas, c'était que Dazai était bien loin de dormir, s'amusant juste à fredonner le plus fort possible. Tout en faisant en sorte que cela reste crédible quand au fait qu'il était censé ne pas être conscient, évidemment. Mais ce n'en était que plus drôle, car il pouvait babiller ce qu'il voulait sur les airs de ses chansons sur le suicide préférées.

Dans toutes les autres familles, les correspondants commençaient à trouver leurs marques et à parler entre eux pour apprendre à se connaître, malgré le barrage de la langue. Des liens commençaient à se tisser, enfin approximativement pour certains, car d'autres n'étaient réellement pas sûrs de pouvoir tenir une semaine complète.

Naomi et Lucy se découvrirent tellement de points communs qu'il serait impossible de tous les citer. Le principal était évidemment leur passion pour faire souffrir le plus possible leur entourage.

Heureusement pour la pauvre Louisa, elle n'avait pas assisté au dépaquetage des affaires de Yosano, et n'avait encore à l'heure actuelle rien subi de traumatisant, la scientifique en herbe devant rentrer tous les calculs et les comptes pris durant le piratage de l'avion. Elle aurait pu tomber dans les pommes rien qu'en voyant le nombre affligeant de seringues et de liquides aux couleurs diverses et variées qui trônaient dans cette fameuse valise. Définitivement, elle se portait mieux en ne sachant pas ce qu'il s'y trouvait.

Mark et Jun'Ichiro ne s'entendaient pas vraiment et la tension commençait à devenir électrique, ils n'arrivaient pas à se mettre d'accord sur les choses importantes de la vie -dont les détails de ce débat houleux ne seront pas retranscris ici pour cause d'allusion à l'inceste-

Steinbeck parvenait difficilement à comprendre son invité, et par la logique des choses à s'entendre avec lui, car il venait tout de même de s'enfermer dans sa chambre sans prévenir et sans avoir mangé, manigançant probablement quelque chose de pas très net. Mais ça, le jeune américain l'apprendrait à ses dépens et bien assez tôt.

Ranpo se sentait comme chez lui, quoiqu'en soit tous les lieux pouvaient faire l'affaire, car il ne se gênait absolument pas. De plus, les parents de ce pauvre Poe étaient actuellement absents, et ce dernier ayant peu d'autorité, il avait beau tenter, il ne parvenait qu'à bégayer ou alors ne parlait pas suffisamment fort lorsqu'il tentait de demander aimablement à son correspondant d'enlever ses chaussures du canapé, d'arrêter de jeter ses papiers de bonbons partout ou encore de traumatiser le pauvre raton-laveur domestique de la famille.

Et même lorsqu'il parvenait à sortir une phrase intelligible au milieu de ses hésitations et de la barrière de la langue, Ranpo l'ignorait, purement et simplement. Le pauvre allait devoir apprendre à s'imposer, mais en attendant il était trop occupé à ramasser ces papiers, nettoyer les traces de chaussures et chercher vainement l'animal en fuite.

Margaret et Higuchi étaient à peu près sur la même longueur d'ondes et parvenaient ainsi à s'entendre, sans trop de difficultés. Peut-être parviendraient-elles à devenir amies, après tout. Enfin, pour le moment, elles s'étaient chacune lancée dans une discussion -double monologue serait plus précis- sur le garçon de leurs rêves et comment l'aborder.

Oda tentait de lancer la conversation, dans sa grande sociabilité, mais Lovecraft n'était pas du genre bavard, quoiqu'il semblait tout de même l'écouter d'une oreille attentive. Le jeune homme était heureusement patient, et il continuerait à s'acharner pour comprendre son partenaire. Même s'il n'était, à son grand désarroi, pas très bon en langue.

Seul Atsushi peinait véritablement à s'intégrer dans sa famille. En même temps, on ne pouvait pas vraiment dire qu'on lui facilitait la tâche. Les Akutagawa restaient aussi froids et stoïques que la pierre, le dissuadant de faire quoi que ce soit comme tentative de rapprochement.

Mais le plus malheureux était que cela ne semblait pas impacter le moins du monde Kyoka. Elle s'en était immédiatement accommodée, et le gris la soupçonnait de parfois lancer des regards entendus avec sa correspondante. Elles semblaient s'être lancées dans une communication silencieuse incompréhensible à tous les degrés pour le jeune homme.

~

La semaine commençait en beauté par une visite de la ville et une sorte de mini rallye avec un jeu de piste pour la découvrir et apprendre des choses sur son histoire et autre détails plus ou moins intéressants pour des jeunes de leur âge.

Seulement pour Chuuya, elle commença sur les chapeaux de roue. Il n'avait pas cours grâce à cette sortie et pouvait donc partir deux heures plus tard, le rendez-vous étant fixé à 10 heures pour permettre aux correspondants d'être un peu moins perturbés par le décalage horaire.

Seulement, lui n'avait absolument pas pu fermer l'œil, tandis que Dazai ne s'était endormi qu'aux alentours de six heures, bien que le rouquin ne le sache pas. Aussi était-il déjà neuf heures passée et il n'était toujours pas sorti de son lit.

C'est donc avec d'immenses cernes et d'une humeur massacrante que le plus petit souleva d'un geste plutôt violent la couverture dans laquelle l'autre était emmitouflé, révélant alors qu'il ne portait qu'un caleçon pour tout vêtement.

D'ailleurs, pas du tout affecté alors que l'autre était plutôt gêné par la situation, il récupéra le pan de tissu que le rouquin n'avait pas lâché et se ré-enroula dedans, le tout sans même rouvrir les yeux. Pour peu, on aurait pu croire qu'il dormait encore.

Chuuya pesta, passablement énervé, et décida de sortir les vêtements de l'autre pour gagner du temps, et qu'en dernier recours il irait chercher une grande bassine d'eau. C'est ce qu'il avait tendance à faire avec ses frères récalcitrants. Enfin, plus maintenant, étant donné qu'ils craignaient désormais leur démoniaque grand frère et sa bassine d'eau gelée tout droit récupérée du jardin. Ce réveil brutal les effrayait tant qu'ils faisaient un effort, Arô ayant mis jusqu'à cinq réveils pour parvenir à se lever avant que cette funeste épée de Damoclès ne s'abatte sur lui..

Sauf que, lorsque Chuuya ouvrit d'un geste rageur la valise de la belle au bois dormant qui lui servait de correspondant, il eut la surprise de ne trouver que des bandages, petits couteaux, cordes, lames de rasoir et autres gadgets du même genre.

Il blêmit d'abord, un peu effrayé. On ne savait jamais sur qui on tombait, mais l'autre n'avait pas vraiment le profil type d'un tueur en série. Désormais méfiant, il farfouilla tout de même rapidement pour trouver des vêtements, en vain.

-Ce n'est pas très poli de fouiller dans les affaires des gens, murmura soudain Dazai, à à peine quelques centimètres du rouquin, d'une voix ensommeillée.

L'autre sursauta immédiatement, avant de se retourner pour lancer un regard meurtrier au brun. Il s'était levé discrètement et souriait narquoisement du haut de ses cinq centimètres de plus, malgré sa fatigue apparente. Visiblement, embêter son monde était sa seconde nature, pour réussir à faire cette tête-là au réveil.

-Rassure moi, tu as d'autres affaires que cette valise avec ces... hmm... il hésita sur le mot à employer, il ne doutait pas de pouvoir se défendre mais il craignait de vexer l'autre si jamais il était effectivement fou à lier, et qu'ensuite il s'en prenne à ses frères. D'ailleurs il remarqua à ce moment que le torse de l'autre était complètement recouvert de bandages, qui s'étendaient même jusque sur son cou et ses poignets. Cette information lui avait échappé lorsqu'il avait soulevé les couvertures tout à l'heure, mais désormais, cela l'inquiétait d'autant plus quant à la santé mentale du jeune japonais. 

-Oh, ça ! Ce sont juste quelques bibelots pour mes tentatives ~

-Tes ... tentatives ? dit l'autre en haussant un sourcil, ayant peur de comprendre.

-Oui, tu sais, la mort est fascinante, je ne comprends pas pourquoi les gens en ont si peur ! D'ailleurs il y a un auteur que j'apprécie beaucoup, qui...

-D'accord, d'accord, l'arrêta Chuuya, ne voulant pas en savoir plus tandis que les yeux de son correspondant brillaient. Et donc, où sont tes vêtements, crétin ? demanda-t-il, préférant changer de sujet et voyant l'heure tourner bien trop rapidement.

-Hmm... Ils sont tous là, je crois, dit-il en souriant et en désignant la pile d'habits qu'il avait portés la veille.

-Attends... Tu te fiches de moi, là ?! s'énerva le rouquin en haussant le ton. Heureusement, à cette heure-ci, même Jûrô était déjà à l'école et ils étaient donc seuls à la maison.

-Non, je n'avais plus la place, répondit son correspondant en haussant les épaules avec un sourire suffisant insupportable.

Le rouquin resta un certain temps sans rien dire, décontenancé par une telle franchise et en même temps un comportement si enfantin. Il avait affaire à un suicidaire attardé, il aurait encore mieux valu un tueur en série tiens, au moins il aurait pu s'arranger avec les professeurs pour qu'il ne reste pas une nuit de plus.

-Et comment comptais-tu faire sans habits ? articula-t-il lentement en appuyant sur chaque syllabe, tentant de contenir une certaine colère.

-Je comptais sauter de l'avion mais les hublots étaient verrouillés, soupira-t-il tragiquement en amenant sa main à son front comme un acteur dramatique. J'avais bien réussi à presque entrouvrir une des deux vitres, mais malheureusement j'avais mis trop de temps, l'avion allait atterrir et il y avait une deuxième vitre similaire. Mais le trajet durera plus longtemps au retour, donc peut-être~

-Dis, juste comme ça, tu sais que si tu parviens à tes fins alors que l'avion est en vol, tout le monde mourra ? demanda Chuuya, dépité et commençant à cerner l'autre énergumène. Il était réellement dangereux, et rien que le fait qu'il soit parvenu à entrouvrir une partie du hublot était franchement inquiétante.

Puis il abandonna en voyant le regard plein d'étoiles du brun. Il se dirigea vers sa penderie personnelle et en sortit une de ses tenues un peu trop grandes pour lui, en se disant que ça devrait passer.

-Tu sais que je ne porte pas d'habits de minimoys ? sourit tranquillement l'autre, se prenant un regard furibond en retour.

-Mais ferme-là enfoiré, c'est soit ça, soit tu y vas nu ! s'énerva-t-il en lui plaquant violemment les vêtements contre le torse, le faisant tomber assis sur son lit par la même occasion.

-Oh, tu sais...

-Mets ça, et dépêche-toi. Je n'ai pas l'intention d'être en retard par ta faute crétin sans cervelle !

Le rouquin sortit et claqua la porte derrière lui pour laisser l'autre se changer, priant pour qu'il aille vite. Seulement, après quinze minutes, l'autre était toujours à l'intérieur et ils allaient définitivement être en retard.

Il retourna donc devant la porte de sa chambre, ayant mangé et emporté quelque chose dans son sac pour son invité, plus pour éviter ses jérémiades que par réelle sympathie, et l'injuria tout en frappant contre le battant.

-Mais qu'est-ce que tu fiches bon sang ?! C'est l'heure !

Absence de réponse et de bruit à l'intérieur. Le rouquin attendit encore un peu, puis s'apprêta à frapper de nouveau, quand finalement la porte s'entrouvrit, le brun avec une mine faussement défaite apparaissant.

-Je n'arrivais pas à m'habiller, se plaignit-il. C'est beaucoup trop petit !

L'autre baissa la tête et croisa les bras pour se retenir de le frapper, tandis qu'il mimait des mouvements bloqués par les vêtements en question en sortant enfin de la chambre.

-Maman sera rentrée ce soir, on avisera à ce moment pour tes vêtements, mais ne me fais pas croire que les miens ne sont pas à ta taille, je ne suis pas si petit que ça et tu es si maigre que le vent pourrait avoir raison de toi !

Chuuya tourna les talons et sortit de la maison, avisant qu'il faudrait courir pour être à l'heure. Puis il releva le regard vers son correspondant et vit qu'il n'avait toujours pas esquissé le moindre mouvement. Mais bon sang qu'est-ce qu'il attendait ?!

Le rouquin retourna rapidement à l'intérieur, agrippa l'oreille de l'autre et le traîna sans douceur aucune derrière lui, non sans protestations de la part du brun. Être à l'heure serait vraiment compliqué s'il devait se traîner un boulet geignard en plus, mais il allait essayer. 

Il regrettait de plus en plus sa décision d'avoir accepté de prendre part à cet échange ridicule.

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