Chapitre 2
Hey~
Désolée pour le petit retard mais j'ai eu un léger soucis de mise en page, tous mes sauts de ligne ont...sautés ^^'
Bref, j'espère que cette suite vous plaît ! À mercredi prochain, bonne lecture~
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Le soleil de fin de printemps tapait fort lorsque les américains arrivèrent à bon port. Chuuya dut mettre sa main en visière pour se protéger des traîtres rayons du soleil en descendant de l’avion. Puis il inspira profondément l’air marin qui venait lui chatoyer les narines.
Evidemment, c’était plutôt diffus, ils étaient à quelques kilomètres de la plage, mais on la sentait tout de même légèrement d’ici. Il était un peu plus détendu qu’au départ.
En effet, il adorait l’avion. Il le prenait depuis tout petit, voyageant à droite à gauche à travers le monde en permanence pour simplement rendre visite à sa famille. Un aussi long trajet avait donc souvent l’étrange pouvoir de l’apaiser.
Ensuite, il était aussi plus relâché car il avait relativisé. Ce n’était qu’une semaine. Son correspondant était un enquiquineur professionnel, alors il avait sûrement fait exprès d’envoyer ce message pour le perturber, et, de plus, s’il montrait des signes de gênes, cela ferait bien trop plaisir à l’autre. Car c’était sûrement son objectif principal, après tout. Enfin, si jamais il en avait vraiment assez et ne le supportait plus du tout, il pourrait aller passer la fin de la semaine chez ses grands-parents paternels.
Il devrait probablement se justifier, mais tant pis, il avait au moins une solution de dernier recours.
Ils récupérèrent tous leurs bagages à l’intérieur, puis allèrent sur le parking de l’aéroport où les attendaient normalement leurs correspondants japonais. Tous baillèrent au moins une fois durant le trajet. Sauf peut-être Lovecraft. Mais lui, Chuuya ne se rappelait pas l’avoir jamais vu bailler, ou même esquisser la moindre mimique humaine. Le voyage les avait épuisés. Ce qui était plutôt normal, ils avaient passé seize heures dans un avion et, alors qu’il devait être une ou deux heures du matin chez eux, le soleil était déjà bien haut dans le ciel ici. Toute une nuit d’envolée, en somme.
Margaret eut d’ailleurs un mouvement de recul lorsqu’elle vit le visage d’Allan. Il avait d’ordinaire un aspect un peu étrange et de lourds cernes, mais les effets combinés du décalage horaire et de l’abandon forcé de son raton laveur -qui au final était reparti tout seul comme un grand chez les Poe dès qu’il l’avait pu, achevant d’autant plus le jeune homme dans son intégrité mentale- lui donnaient une mine tout simplement affreuse. Un zombie aurait eu l’air plus vivant que lui à l’heure actuelle. C’était à se demander comment il tenait debout.
Les américains commencèrent à rejoindre le joyeux groupe de japonais, qui attendait un peu plus loin. Enfin, animé serait peut-être plus correct que joyeux. Le professeur Kunikida était instamment en train d’étrangler son collègue blond, sous le regard faussement neutre d’une troisième professeure que le rouquin ne connaissait pas. Probablement celle que le professeur de mathématiques avait remplacée au pied levé. Cela se voyait qu’elle fulminait intérieurement, mais elle faisait preuve d’un self contrôle assez incroyable. Chuuya la lista instantanément avec les personnes à ne surtout pas provoquer durant son séjour.
Du côté des élèves, on apercevait Kaiji sauter aussi haut qu’il le pouvait pour tenter d’atteindre quelque chose que tenait son aîné, Oda. Malheureusement, le brun était trop petit pour y parvenir. L’auburn, quant à lui, avait un visage blasé. Impossible de savoir à quoi il pensait, mais vu l’acharnement du jeune scientifique, et la réflexion intense dans laquelle semblait être plongée son acolyte féminine juste à côté, Chuuya ne voulait définitivement pas savoir ce qu’il se passerait s’ils récupéraient ce qui ressemblait à…. Une petite télécommande ?
Définitivement, il en avait eu assez avec les feux d’artifices de la dernière fois. Surtout que c’était eux qui avaient pris toutes les remontrances de leur principal, Fyodor Dostoïevski, pour cet incident. Enfin, si l’on pouvait parler de remontrances.
Le principal savait, disons, garder son calme. Mais c’était justement cela, le plus inquiétant : lorsqu’il foudroyait tour à tour de ses yeux aux étranges reflets mauves avec son regard glacier les élèves sans même bouger les lèvres, simplement avec un petit sourire irrité en coin. Personne n’avait l’audace de ne serait-ce que cligner des yeux ou respirer, dans ce genre de moment.
Le directeur du lycée japonais ne semblait d’ailleurs pas être présent. Enfin, ils le verraient sûrement le lendemain lorsqu’ils se rendraient dans l’établissement, Chuuya ne s’inquiétait pas pour cela. En revanche, ce pour quoi il s’inquiétait un peu plus, c’était le fait de ne voir nulle part son correspondant à lui.
Tous les autres étaient présents, le jeune américain les avait comptés pour en être sûr. Il sortit donc son téléphone, et coupa le mode avion. Il blêmit quand il vit qu’il ne lui restait que dix pour cent de batterie, après avoir déjà vidé sa batterie externe dans l’avion.
Forcément, regarder des vidéos pompait de l’énergie. Il activa l’économiseur de batterie, et éteignit le Bluetooth. Tant pis pour sa montre connectée, elle ne lui donnerait que l’heure pour le moment.
Puis il tapa rapidement un message avec le verrou majuscule enclenché à l’adresse de « l’abruti de maquereau momifié » et rangea son engin avant qu’un des professeurs ne le réprimandent pour cela.
Pas les siens, évidemment, mais les japonais, surtout la nouvelle, pourraient penser qu’il était totalement accro et déjà sur les réseaux cinq minutes après avoir regagné la terre ferme.
Il soupira, un très mauvais pressentiment lui prenant la gorge, avant d’étouffer un bâillement. Le décalage horaire était vraiment rude. Il cligna plusieurs fois des yeux avant de faire disparaître son accès de fatigue passagère.
Le même schéma que la première fois se produisit : tous rejoignirent leurs correspondants une fois qu’ils se furent signalés auprès du professeur Rimbaud, s’assurant que tout le monde était présent. Certains se précipitèrent pour rejoindre ceux qui étaient déjà de bons amis, sans pour autant leur sauter au cou, évidemment, tandis que d’autres semblaient y aller à reculons.
Louisa, le visage creusé de cernes, devint plus blême que Chuuya ne le pensait humainement possible en voyant Yosano. La jeune femme dut d’ailleurs s’en rendre compte, car, pour une fois, elle ne lui offrit pas ce sourire sadique dont elle avait gratifié la jeune américaine la première semaine de l’échange, mais un petit sourire presque timide. Le rouquin se dit qu’elles avaient dû beaucoup communiquer entre temps pour en arriver là. Leur relation avait évolué, en tout cas du côté de la japonaise. Ce à quoi le rouquin doutait de pouvoir prétendre un jour.
John et Kaiji s’approchèrent du même pas un peu traînant l’un vers l’autre, les yeux baissés, comme gênés. Finalement, arrivés à la même hauteur, leur regard se croisèrent enfin, et ils échangèrent une poignée de main, comme pour dire qu’ils repartiraient sur de nouvelles bases -et c’était tout ce que Chuuya espérait, franchement.
Higuchi et Margaret échangèrent une timide étreinte, avant de se retirer, la blonde se retournant tout de même brièvement pour lancer un regard vers les Akutagawa que le rouquin ne parvint pas à analyser. Gin et Kyoka se saluèrent formellement en faisant une courbette presque en angle droit une fois qu’elles se furent rapprochées l’une de l’autre. Chuuya ne supportait pas ce genre de manières toutes japonaises, mais bon, il y avait des traditionnalistes.
Au fur et à mesure, il ne resta sur le parking de plus en plus vide que le rouquin et Ryunosuke, ainsi que les professeurs Rimbaud et Doppo. Ce dernier attendait vraisemblablement l’américain, tandis que celui-ci voulait s’assurer que tous ses élèves soient bien partis là où ils le devaient. Ce qui était bien plus professionnel que de les laisser en plan pour aller découvrir « la gastronomie du coin » comme l’avait fait le professeur Fitzgerald.
L’aîné Akutagawa n’avait pas l’air prêt à bouger non plus, profitant vraisemblablement de la présence de son ami pour gagner un peu de temps. Chuuya ne pouvait pas lui en vouloir, il allait passer la semaine avec un moulin à parole, ce qu’il abhorrait le plus.
Enfin, au moins, Atsushi avait le mérite d’être ponctuel, et souriant, et il n’était surtout pas dérangé mentalement. Aussi, le rouquin asséna une grande tape dans le dos du plus jeune pour le forcer à s’avancer. Celui-ci lui lança un regard meurtrier comme il en avait le secret, mais n’avait plus le choix maintenant.
Il semblait prêt à garder ce regard arrivé au niveau du gris, mais finalement s’adoucit légèrement. Ses épaules s’affaissèrent et son visage sembla se décontracter quelques peu, tandis qu’Atsushi esquissait un sourire timide.
C’était bien beau, mais maintenant Chuuya était le seul élève restant, avec simplement Rimbaud qui lui lançait un regard apitoyé et Kunikida qui tapait impatiemment du pied, visiblement pressé de rentrer chez lui, au calme.
Il devait en effet être là depuis une bonne heure, comme l’avion avait eu une demi-heure environ de retard. Il avait donc dû supporter plus que nécessaire sur son week-end des élèves tout simplement… insupportables. Le rouquin comprenait son manque de calme. Mais, en même temps, cela lui tapait sur les nerfs. Comme si lui avait envie de rester poireauter ici, heureusement sous le soleil, alors qu’il était assommé de fatigue ?
Il se promit, en conséquence, de réveiller trois heures avant son réveil le brun le lendemain. Cela lui apprendrait. Et puis cela retournerait la situation qu’il avait vécue chez lui, à savoir être incapable de dormir à cause de l’activité nocturne de l’autre.
Il poussa un nouveau soupir atterré, et attendit. Il consultait régulièrement son téléphone pour vérifier qu’il n’avait pas reçu une notification de message, en vain. Enfin, pas du type qu’il attendait. Il en avait évidemment reçu une de sa mère, une de son père -alors qu’ils étaient instamment sous le même toit ? Il y avait une limite tout de même- ainsi qu’une de ses grands-parents paternels, l’incitant à passer les voir à l’occasion.
Il leur répondit que ce ne serait pas très respectueux, mais qu’il aviserait en fonction de la situation. Cela lui laissait toujours une porte ouverte, mieux valait être prudent.
Après une bonne demi-heure d’attente, Dazai montra enfin le bout de son nez sur le parking de l’aéroport.
Il avançait nonchalamment, les mains engoncées dans les poches de son pantalon, une ample veste noire dont il n’avait même pas enfilé les manches flottant sur ses épaules et un bandage sur l’œil droit. Sa démarche était calme et lente, ce qui finit d’énerver Chuuya, qui dut serrer les poings presque jusqu’au sang pour se retenir de lui sauter à la gorge.
« Tu te prends pour le parrain de la mafia ou quoi ?! demanda-t-il ironiquement, tentant d’atténuer sa colère.
-Simplement pour un capitaine » rétorqua-t-il du tac au tac.
L’américain cligna plusieurs fois des yeux, incertain d’avoir bien compris, et ne trouvant pas de répartie à cela.
« Tu te fiches de moi ? » demanda-t-il, incrédule. Le suicidaire eut un haussement d’épaule moqueur en guise de réponse.
« Non, je veux dire : Comment est-ce qu’on va chez toi ? Au cas où tu n’aurais pas remarqué, tu es en retard, l’accusa Chuuya.
-Oh, ça ! s’exclama-t-il. Rien ne nous empêche d’aller d’abord manger un morceau en ville, non ? Mon oncle m’a donné carte blanche » sourit-il, avant d’aussitôt tourner les talons, la discussion comme close.
Le rouquin entrouvrit la bouche, prêt à protester. Mais aussitôt, son ventre émit un gargouillement plus qu’expressif. Le repas qu’ils avaient pris dans l’avion était plutôt lointain. Il serra donc les dents, et jeta un dernier regard en direction des professeurs. Rimbaud sembla lui articuler un « bonne chance » au loin, mais il n’en était pas tout à fait sûr.
Il soupira, attrapa sa valise, se félicitant de ne pas l’avoir surchargée -car, encore une fois, s’il lui manquait quelque chose, il avait dans le pire des cas sa famille à proximité- et emboîta le pas du brun.
Cependant, il savait aussi que l’aéroport était assez éloigné de toute forme de boutiques, étant donné qu’il occupait une place assez importante en périphérie de la ville. Enfin, Dazai avait bien dû prévoir cela dans son planning et son itinéraire.
N’est-ce pas ?
~
Chuuya crut bien qu’il allait étrangler l’autre une bonne trentaine de fois. Il n’avait strictement rien prévu. C’était à peine s’il savait se repérer. Ils avaient tourné durant presque une heure dans le centre-ville, avant d’enfin trouver le snack-bar que recherchait si activement son correspondant.
Il avait absolument tenu à se rendre ici, alors qu’il ne connaissait même pas l’établissement en question. Il en avait simplement entendu parler par Ango, un ami à lui qui ne participait pas à l’échange et que le rouquin ne connaissait donc pas encore.
Seulement, il n’avait aucun sens de l’orientation. Après avoir fait trois fois le tour de la même place en venant de différentes rues, Chuuya avait fini par lâcher sa valise, qui lui tirait sur l’épaule, pour pouvoir bloquer les bras de Dazai et finalement lui chiper son téléphone.
Il avait réussi à le surprendre, et avait donc récupéré l’objet avant même que l’autre n’esquisse le moindre geste pour réagir. En effet, le brun avait tout du long refusé de lui passer l’engin, affirmant qu’il savait ce qu’il faisait et que de toutes façons la langue n’était pas bien paramétrée pour qu’un américain y comprenne grand-chose.
Le rouquin avait dû en venir à cette extrémité car il n’avait aucun forfait internet à l’étranger pour le moment -Ils avaient un compte familial, à vrai dire, et ses frères l’avait entièrement pompé durant les dernières vacances, pour sa plus grande joie- et de toutes façons il n’avait presque plus de batterie.
Il constata que depuis le début de leur marche, Dazai, qui lui tirait désormais boudeusement la langue, ne leur cherchait absolument pas d’itinéraire, mais jouait en fait à un jeu qui consistait à dégommer des petites boules colorées dans une grille avec une autre bille. Il sera le poing, mais se retint de jeter le téléphone. Il en avait besoin pour le moment.
Même si sa batterie semblait sur le point de lâcher également, car elle n’affichait plus qu’une seule barre.
Après s’être donc rassasié, Dazai proposa d’aller faire les boutiques. Chuuya lui renvoya un regard glacial et harassé. Il était épuisé, se traînait une valise depuis plus de deux heures en comptant la marche entre le centre-ville et l’aéroport, et n’avait qu’une envie : se jeter sur un lit et rester y commater toute la journée.
Le brun abdiqua donc finalement, et tenta de reprendre son téléphone. L’américain ne le laissa pas faire, lui fauchant les jambes sans grand succès malheureusement, puisqu’il se contenta de reculer pour esquiver.
« Certainement pas l’abruti analphabète, donne-moi ton adresse, c’est moi qui regarde l’itinéraire »
La patience de Chuuya était déjà fortement malmenée. Il espérait que l’autre n’habitait pas loin, sinon il risquait d’y avoir une perte en chemin.
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