"Ah, tu es donc ce genre de fille..."

Jisoo est assis sur un banc à l'entrée du cinéma où nous nous sommes donné rendez-vous, et je ne suis pas sûre de déchiffrer son expression correctement. Il pourrait aussi bien être amusé qu'agacé, peut-être est-ce d'ailleurs un mélange des deux.

"Comment ça ?" parviens-je à articuler entre deux souffles saccadés. (note à moi-même : me remettre au sport. Seconde note à moi-même : tenir cette résolution, pour une fois.)

"Tu as vingt minutes de retard."

Je hausse les sourcils.

"Ça compense à peine pour toutes les fois où tu m'as fait attendre."

Jisoo hausse les sourcils à son tour, et, avec un air cette fois-ci franchement amusé :

"Mais moi, j'avais de bonnes excuses, madame. Je travaillais."

"Que veux-tu que j'y fasse si je n'ai pas entendu mon réveil sonner ?" rétorqué-je.

"Tu vas me faire croire que tu es tombée du lit ? Tu crois que je ne vois pas que tu as bouclé tes cheveux et que tu t'es maquillée ? Tu portes un des rouges à lèvres les plus flashy que j'ai jamais vus, c'est pas vraiment possible de louper ça."

À cette remarque, je jette glorieusement mes cheveux en arrière et prends une pose de mannequin :

"Ça me va bien, pas vrai ?"

Le tout ponctué d'un irrésistible clin d'œil.

Jisoo, pourtant, reste de marbre. Il hausse les épaules, et me répond d'un ton indifférent :

"Tout te va bien."

Quatre mots qui suffisent à me mettre dans tous mes états. Je dois me pincer les lèvres pour empêcher tout son compromettant du type cri, hurlement, fangirl intense, etc. de sortir de ma bouche.

Maudit sois-tu, Hong Jisoo !

Je reprends dès que j'ai recouvré un minimum de contenance :

"J'ai pris du retard sur mon planning précisément parce que je n'ai pas entendu mon réveil sonner !"

Et puis d'abord c'est ta faute, je n'arrivais pas à dormir parce que j'étais trop anxieuse à l'idée de ce rendez-vous, andouille.

Jisoo soupire et se lève du banc.

"Qu'importe. Tu es là maintenant, et si on perd plus de temps le film commencera sans nous. On y va ?"

Je hoche la tête et nous nous engouffrons ensemble dans le hall du cinéma.

* * *

Lorsqu'on sort de la salle, Jisoo me détaille, consterné.

"Je n'arrive pas à croire que tu pleures devant un film de zombies !"

Je renifle.

"Eliott ne méritait pas un tel sort."

Il reste un instant sans rien dire, l'air un peu désemparé. Il lève la main vers ma tête, hésite, la baisse un peu et finit par me tapoter le dos.

"Ne t'en fais pas, c'est un film, personne n'a vraiment souffert."

"Encore heureux ! je m'insurge faiblement ; parce que c'était beaucoup trop injuste."

À ma surprise, Jisoo se met à rire.

"Quelle, hum... implication ! Dans l'histoire, c'est assez impressionnant."

Puis il a un sourire tendre qui me fait immédiatement oublier la patte cassée d'Eliott, le petit chien du personnage principal.

"Bah, ne fais pas cette tête... Je t'offre quelque chose à manger, si tu veux. Tu m'as invité au cinéma pour célébrer la fin de mon dur été à trimer au restaurant, je peux bien te consoler avec une pâtisserie ou deux."

"Mais... protesté-je ; c'est ta journée !"

Tout en parlant je réalise la chance que je laisse passer, et me reprends immédiatement :

"Ceci dit... Il est vrai qu'on ne refuse pas les cadeaux... Et que je suis tout de même très triste... Je pense qu'une glace me ferait le plus grand bien."

"Trop tard, je n'ai plus envie", dit-il en se détournant.

"C'est pas grave, je suis une femme moderne moi, je suis parfaitement indépendante et je vais me payer ma glace moi-même."

Jisoo se retourne alors vers moi de nouveau.

"Tu m'en payes une aussi ? C'est ma journée, après tout."

Je prends tout mon temps pour lui répondre, même si on sait tous deux que j'ai déjà accepté.

"D'accord... Mais c'est bien parce que je suis gentille, hein."

Jisoo se penche vers moi avec un sourire malicieux et me murmure à l'oreille :

"Ne fais pas semblant, je sais que c'est parce que tu m'aimes beaucoup trop pour me refuser quoi que ce soit."

Je le repousse brusquement, et m'applique à cacher mes joues désormais cramoisies derrière mes cheveux.

"Rêve pas !"

* * *

Finalement, Jisoo a insisté pour payer les glaces. J'avais oublié qu'il s'agit d'un véritable gentleman des temps modernes - quand il est d'humeur. Le reste du temps, il aurait plutôt tendance à me claquer la porte au nez qu'à me la tenir, alors forcément, ça prête à confusion.

Nous avons énormément discuté pendant le reste de l'après-midi. Au fond, nous ne nous connaissons presque pas, alors nous avions beaucoup à découvrir l'un de l'autre : notre histoire, nos passions, nos rêves ... La conversation était sérieuse, pour une fois ; mais sans la gravité presqu'inévitable dans ces cas-là. Cela me fait me dire que Jisoo et moi nous entendons vraiment bien, au-delà de nos habituelles chamailleries.

Le temps est passé terriblement vite, sans que ni lui ni moi ne le réalisions. Ce n'est que lorsque le soleil commence à se coucher que nous considérons de rentrer. Jisoo, fidèle à lui-même, me raccompagne chez moi ; le trajet se fait dans un silence confortable, si j'oublie mon cœur battant et l'appréhension qui monte graduellement en moi : comment dois-je lui dire au revoir ?

Cette sortie avec Jisoo n'a fait que m'assurer de sentiments naissants que je soupçonnais déjà. Le souci, c'est que je n'arrive pas à savoir ce qu'il en est pour lui : comme je ne connais son attitude qu'envers moi, je ne sais si ses actions sont amicales ou s'il y a d'autres intentions derrière ses constantes taquineries.

Nous arrivons devant chez moi. J'avale difficilement ma salive.

Nous échangeons quelques mots, mais mon esprit est trop encombré pour que je sache lesquels. Ce ne sont que des banalités, de toute manière.

Doyeon, tu ne peux pas le laisser partir comme ça. Fais quelque chose !

Je fais quelques pas vers Jisoo. Nos regards se croisent. Je cligne des paupières, un peu hébétée. Il a des yeux incroyablement chaleureux, qui me donnent envie de faire tomber toutes mes barrières, et de lui offrir ma confiance absolue.

Presque par automatisme, je me mets sur la pointe des pieds et embrasse le bout de son nez. Légèrement, furtivement, comme lorsque lui-même a embrassé mon front, quelques temps auparavant.

Je prends conscience de mes actions avec un temps de retard.

Merde, qu'est-ce que j'ai fait ?

Je rougis furieusement et je sens la panique enfler en moi : et si je venais de précipiter les choses, de tout ruiner ? Jisoo ne m'oppose qu'un air surpris et un silence pesant.

Vite, je dois trouver quelque chose à dire...

Je cherche encore désespérément quelques paroles pour détendre l'atmosphère quand le visage de Jisoo s'éclaire. Progressivement, un large sourire étire ses lèvres, et ses joues se colorent légèrement.

"Doyeon, tu es incroyablement mignonne."

Et le voilà qui recommence. Il veut que je fasse une crise d'hyperventilation ou quoi ?

"C'est marrant, parce que j'ai l'impression qu'il y a comme un schéma..."

Je fronce les sourcils. Qu'est-ce qu'il raconte, tout d'un coup ?

"Un bisou sur ton front. Un bisou sur mon nez. Et ensuite..."

Et ensuite ?

Jisoo se rapproche de moi. Je recule, intimidée. Nous continuons ainsi jusqu'à ce que mon dos rencontre un mur.

Merde, me voilà coincée.

.....bon, ce n'est pas comme si ça me déplaisait vraiment, je l'admets.

"C'est à mon tour pas vrai ?"

Il se penche en avant, son visage est à quelques centimètres du mien. J'avale tant bien que mal ma salive, l'air me manque et mon cœur est sur le point d'exploser. Ce n'est certes pas mon premier baiser, mais c'est indéniablement le premier qui me fait passer par des émotions si intenses.

Les yeux de Jisoo pétillent de malice. Je ferme les miens, incapable de soutenir plus longtemps son regard.

Son doigt caresse ma joue, me faisant frissonner.

Et puis, enfin, ses lèvres...

"HONG JISOO ! EST-CE QUE TU VIENS VRAIMENT DE M'EMBRASSER SUR LE MENTON ? TU NE SAIS PAS VISER ? TU T'ES CRU EN PRIMAIRE ? COMMENT OSES-TU ME FAIRE ESPÉRER COMME ÇA ?!"

L'abruti en face de moi est plié en deux, hilare et décidément fier de son coup.

"Désolé, mais j'aime mieux que tu gardes ton rouge à lèvres pour toi. Cette couleur ne m'irait pas du tout."

"Rah ! Je savais qu'il n'y avait rien à espérer d'un voleur de poulet !"

voici jisoo incarnant tous mes lecteurs à la lecture des dernières lignes

"wesh laureen d'où tu trolles comme ça ????? il est où mon baiser ????? gé pa signé pr ça rends l'argent aux abonnés"

hihihi m'en voulez pas jvous aime 0:)

non mais ne vous inquiétez pas, il y a de fortes chances que doyeon ait sorti un mouchoir, essuyé sa bouche et tapé un smack à jisoo, mais je ne sais pas pourquoi, je n'avais pas envie de finir sur ça donc je me suis arrêtée quelques lignes avant !

en fait, je dirais que c'est juste comme ça que je vois le couple dosoo (jiyeon? doji? sooyeon? jsp) : jisoo adore faire tourner doyeon en bourrique, et doyeon se fait avoir à chaque fois ; c'est un couple un peu frustrant mais que je trouve absolument adoraaaable aH mes feels ;-;

BREF j'espère que vous aimez cet épilogue quand même !!

maintenant, la partie des remerciements toujours un peu chiante mais que j'ai envie de faire malgré tout oupsi

merci BEAUCOUP d'avoir lu cette histoire jusqu'au bout, ce n'est pas ma plus populaire et en comparaison de certaines, vous n'êtes pas très nombreux/ses ici-bas, mais en fait j'aime bien les choses ainsi, j'ai adoré écrire cette histoire et avoir vos réactions eheh, vous avez été super ! (et vous m'avez fait tellement rire ahhh ily)

en plus c'est mon histoire la plus longue à l'heure actuelle, donc même si elle ne paraît pas sérieuse comme ça, c'est quand même un sacré accomplissement pour moi, et je suis reconnaissante envers tous ceux et toutes celles qui m'ont accompagnée dans cette jolie petite aventure !

je posterai éventuellement des bonus, si le cœur m'en dit ; archivez l'histoire si vous voulez en être notifiés ! (pis sinon cé pô grav jvous en veux pas)

JE VOUS ENVOIE LA MASSE DE LOVE, merci encore d'avoir été là !!! et puissiez-vous garder jisoo, doyeon et toute la bande dans un petit coin douillet de votre cœur ♡ :3

sur ce,

byeeeeeeeeee ~