Chapitre 3

     Parsy ne dormait pas. Il était trop préoccupé à regarder Hunik dormir au loin. Son sommeil semblait si paisible, il l'enviait. Dormir était même impossible pour le renard à cause de la discussion des deux Soigneurs de la veille. Il n'avait pas du tout aimé leur discussion. Même si il ne comprenait pas la plupart des mots, le renard comprit très vite le problème: Ils allaient être transféré dans un zoo. 

     Le renard ne connaissait pas vraiment ce terme. Mais les oiseaux qui en discutaient entre eux parlaient d'un lieu où personne n'en sortait. Même pire, des centaines de Sans-Peaux venaient juste pour regarder les animaux enfermés. Zoo... Même si il ne pouvait pas s'imaginer l'horreur d'y vivre, il préférait ne pas tenter. Parsy essayait de s'imaginer ce qui se passerait si ils ne s'évadaient pas. Contraints à rester enfermer, à ne pas chasser et à juste attendre. Ce n'était sûrement pas une vie pour lui et ni pour Hunik. Il lança un regard vers l'ourse qui semblait  toujours dormir dans un profond sommeil. Etrangement, sa présence même aussi loin de lui le rassurait. Dans la forêt, Hunik aurait abattu ses immenses griffes sur son petit corps frêle et l'aurait mangé mais ici, ils étaient au même niveau. Dans la même galère.

     Des heures après son arrivé, le Sans-Peaux inconnu se leva. Sa présence ici était un mystère pour le renard. Pourquoi rester ici? Une fois seul dans la tanière avec la grizzly, il se rua vers les barreaux. Les branches mortes...  C'était ainsi que les nommait Hunik. Il pencha sa tête sur le côté et la fit passer entre les barreaux. Ce n'était pas difficile, mais tout allait se corser. Parsy essaya de passer le reste du corps en poussant juste sur ses pattes mais ça ne fonctionnait pas. Alors il essaya comme avec sa tête rousse. Il inclina son corps sur la gauche en grognant. La sensation était peu agréable. Puis il poussa, força avec ses pattes. 

    Plop! Son corps passa d'un coup après un temps interminable. Son pelage roux se remua dans tout les sens. Il reprit sa respiration. Comme Hunik dormait toujours, Parsy décida de se  balader un peu dans cette tanière. Il devait trouver un moyen de la faire sortir, seul il avait peu de chance de s'évader et de défier les Sans-Peaux. D'ailleurs l'idée d'avoir une amie lui plaisait bien. Il chercha. Truffe au sol, il inspectait chaque recoin dans un silence des plus total.  Après tout, il était un renard, futé et discret! 

     Après avoir inspecté tout le sol, il regarda les espaces en hauteur. Les Sans-Peaux n'aiment pas se baisser, si il pouvait ouvrir la cage de Hunik, c'était sûrement sur une de ces plateforme. D'un bon agile, il atterrit sur les hauteurs. Mais la réception fût plus délicate, il patina sur le support, manquant de se fracasser contre de drôle d'objets transparents. Une fois, sur patte, il reprit sa recherche. Parsy faisait très attention, si il glissait et renversait quelque chose, les Soigneurs rappliqueraient immédiatement. 

     Parsy remarqua une drôle de partie sur la paroi de la tanière, comme si elle était pourvue d'épines. Il se rapprocha pour les renifler. Par curiosité, le renard en toucha une du bout de la truffe. Ziiip! Il sursauta puis regarda la pièce. Ses yeux vert s'agrandir. Juste devant ses yeux, sa cage était dépourvu de barreaux. Heureux, il sauta de sa plateforme en manquant de s'écraser. Mais pas cette fois! Il se rattrapa sur ses pattes. Sans demander son reste, il se dirigea vers son amie.

-Hé Hunik... Réveille toi! Il chuchotait, de peur d'alerter les Sans-Peaux.

     L'ourse ne semblait pas décidé à se réveiller. Alors le rouquin se retourna et fit passer sa queue entre les barreaux. Avec, il chatouilla la truffe de l'ourse jusqu'à qu'elle daigne ouvrir un œil. Hunik ouvrit lentement les yeux. Elle redressa la tête en le voyant aussi près d'elle et bailla. Parsy crût qu'elle allait se décrocher la mâchoire. 

- Enfin tu te réveilles... 

- Tu -elle mit quelques temps avant de comprendre ce qui se passait- tu as réussi à sortir?

- Oui! Il tentait tant bien que mal à retenir sa joie. Et en cherchant, j'ai découvert ces épines magiques! 

     Parsy expliqua alors à Hunik comment il s'en était sorti. Elle semblait impatiente de pouvoir sortir de sa cage mais aussi très intriguée par ce qu'il racontait. Le renard bomba le torse, fier de lui.

- Maintenant plus qu'à trouver comment te sortir de là

     Il fit volte-face et retourna à sa tache. Cette fois-ci il serait bien plus prudent en montant sur la plateforme, pas question de se faire mal. D'un petit bon agile, il retourna à sa place. À cette hauteur, il se sentait puissant. Même indestructible. Du coin de l'œil, il remarqua que Hunik s'était collée aux barreaux pour l'observer. C'était le moment de lui montrer les épines. Sa truffe frôla lentement la première épine. Ziiip! La cage du renard se referma. "Mince, mauvaises épines!". Il s'approcha de la deuxième, la renifla et la toucha. Rien. Pas un bruit. Parsy regarda à droite puis à gauche, rien ne s'était passé? 

- Hum? Hunik était dubitative, elle s'attendait à autre chose, à être libre.

- Je... Je ne sais pas ce qui c'est passé. 

     Le renard essaya les deux autres épines. En touchant la première, le soleil de la tanière s'éteignit subitement. Il frissonna, les ténèbres le rassurait généralement, mais dans tel lieu il préférait la lumière. On distingue tout plus facilement avec de la lumière. Parsy recommença à bouger l'épine, la lumière réapparue comme par magie. Au moins, il savait à quoi servait cette épine même si il n'en aurait plus l'utilité. Il lança un petit regard à Hunik qui semblait ne pas du tout apprécier le passage des ténèbres. Peut-être qu'elle ne voyait pas dans le noir?

     Ses réflexions fût vite interrompues. Tap. Ses oreilles se dressèrent. Un Sans-Peaux arrivait! Parsy respirait rapidement. Pour ne pas céder à la panique, il ferma les yeux pour se calmer. Que devait-il faire? Prendre ses pattes à son cou et laisser Hunik pourrir dans cette cage? Il secoua sa petite tête pour chasser cette idée et ouvrit les yeux. Tap tap. Les bruits se rapprochaient. Le Sans-Peaux ne semblait pas pressé. Mais le renard ne prit aucun risque, du bout de la truffe il poussa la dernière épine. Ziiip!

     Tout s'enchaîna très vite. Tap tap tap. Visiblement, le bruit de l'ouverture de la cage inquiétait le Sans-Peaux. Hunik sortit rapidement de sa prison et se rua en contre-bas de Parsy. Tap tap tap! D'ici quelques secondes, un Sans-Peaux allait arriver et se serait fini. Tap tap tap tap! Le Soigneur fit irruption, son visage se déforma en voyant les deux mammifères en dehors de leur cage. Il se mit à crier quelque chose que Parsy ne chercha pas à comprendre, ils étaient piégé comme si un torrent allait se déverser sur eux. 

     Il poussa la deuxième épine et la lumière disparu. Le Sans-Peaux se mit à paniquer encore plus tandis que Parsy sauta au sol. Il mordit tendrement la patte de l'ourse comme pour lui indiquer de le suivre. Il se dirigea en courant vers la sortie, s'assurant que la femelle le suivait bien. Bientôt ils reverraient le dehors. Des arbres, des rochers et de l'herbe. Parsy essayait de s'orienter dans cette drôle de tanière. Elle ne semblait pas avoir de sortie.  Mais le renard ne se laissa pas abattre. Un grincement puis, la lumière. La deuxième Sans-Peaux était de retour, elle semblait suivie par d'autres. C'était pas le moment de se poser des questions! Il s'engouffra dans ce qui semblait être la sortie. Ses coussinets touchèrent subitement une sensation qu'il pensait ne jamais retrouver. Un sol dur, chaud et presque collant. Le sentier de la mort. 

     En fuyant leur prison, ils venaient d'atterrir  au pire endroit dans leur situation. Il s'arrêta pour regarder Hunik. Elle était perdue. Ils ne savaient pas où aller. Alors Parsy se mit à courir le long du sentier. Derrière eux les Sans-Peaux hurlaient. Jamais les Sans-Peaux n'abandonneraient et bientôt, Hunik et Parsy seraient leurs proies. Leurs pattes frôlaient à peine la surface du sol. Un seul but en tête: fuir.

     Fuir tant qu'ils peuvent encore.

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