Chapitre 8 ~ Chapeau de paille et bottes de foin
Ma tante, dans sa grande générosité ou sa grande bonté, laissa le temps à tout le monde de s'installer dans une chambre avant de donner les consignes : Pas de copulage sous ce toit, pas de folie dans la paille, interdiction de parties de jambes en l'air dans les champs et j'en passe.
C'est à ce moment-là que j'entendis Vincent chuchoter :
« - On se croirait dans les ordres. C'est un couvent ici. »
Non, seulement ma tante et mon oncle sont des personnes plutôt pudiques et « vieille école » comme on aime dire.
« - Maintenant... »
Son regard se promène sur chacun de nous et dans un fin sourire de satisfaction, ayant certainement trouvé de quoi faire de nous, elle commence par Mathilde en la pointant du doigt :
« - Toi, tu vas t'occuper de la traite des vaches.
- Pardon ?
- Toi, tu vas prendre le râteau et me ratisser toute la cour avant. Je ne veux plus une feuille devant mon paillasson. »
Puis son doigt s'arrêta sur William qui attendait, patiemment, comme si de rien n'était.
« - Toi, tu n'as qu'à t'occuper d'aller dans les champs. Ramasse tout ce qui est bon.
- D'accord. »
William est bien le seul qui paraissait satisfait de sa tâche tandis que je m'attendais à un râle de sa part. Mais même pas. Autant dire que je suis déçue. Je ne suis même pas certaine qu'il sache comment s'y prendre.
Je me discrètement à le suivre quand soudain, ma tante m'attrape par le bras.
« - Minute papillon ! On peut savoir où tu vas Marguerite ?
- Avec William ? Lui montrer comment ramasser les carottes correctement.
- Je le pense suffisamment assez grand pour savoir comment arracher une carotte du sol non ? »
Oui, mais on ne sait jamais. Peut-être qu'il peut avoir besoin de moi à tout moment.
« - Tu crois que je ne vais rien te donner à faire ?
- Ahaha ! Nullement mon intention de profiter de ces quelques jours en ton agréable compagnie ma tata chérie !
- La ruse par les compliments ne t'épargnera pas »
J'aurai essayé.
« - Va donc dans la grange, je crois que Sébastien a besoin d'aide. »
Parce qu'il est encore là celui-là ? Je pensais que depuis le temps, il aurait quitté le coin depuis longtemps.
« - Sébastien ? Il travaille encore ici ?
- Et pourquoi il ne pourrait plus travailler ici ? Il nous est précieux alors on le garde sous le coude »
Ouais, il se fait donc exploiter encore et toujours. Il n'a donc rien retenu.
« - Dépêche-toi ! Va le voir ! Au travail tout le monde. »
Chacun part dans une direction différente vers un monde différent tandis que William bifurque à la dernière minute pour m'attirer dans un coin, dehors.
« - Sébastien ? »
À son regard inquisiteur, je devine que « Sébastien » est pour lui un synonyme de « menace ». Il n'a pas le tort de le penser.
Sébastien se rapprocherait le plus de ce que l'on pourrait appeler un « premier amour »...Ou un « amour d'été ». À chaque vacance, je venais ici. Je venais aider à la ferme et à chaque fois, il était là, répondant à l'appel. Depuis que nous sommes petits Seb' a toujours aidé ma famille à tenir le gîte et la ferme qui l'entourait.
« - Tu t'inquiètes ?
- Le devrais-je ? Sachant que tu n'as toujours pas répondu à ma question.
- Seb' est un ami d'enfance. Relax max'. Et puis tu as entendu ma tante ? Interdiction de faire des bébés dans le foin.
- Marguerite !
- Ahahaha ! Si tu es si inquiet, viens avec moi, je te le présente. Je suis certaine que vous vous entendrez très bien. Vous êtes un peu pareils tous les deux.
- Dans le sens sexy et charmant ?
- Dans le sens jaloux et possessif. »
Il sourit tandis que sa poigne me relâche enfin. Jamais encore William ne s'est montré ainsi et j'ose appeler ça « jalousie » ou « inquiétude », ne sachant comme dénommé un tel comportement.
« - Ça va aller, je te fais confiance et puis apparemment, j'ai du travail.
- Tu vas t'en sortir tout seul ?
- Ça va...C'est des carottes, pas Excalibur non plus !
- D'accord. Comme tu veux.
- Ce n'est pas parce que mes bras ressemblent à des baguettes de pains que je n'ai rien dedans ! Tu vas voir !
- N'hésite pas si tu as besoin, je t'enverrais du secours.
- Ah ! Ah ! Très drôle !
- Je compte sur toi « Superman » »
Je l'embrasse sur la joue, me sépare de lui et me dirige vers le garage. En me faufilant à travers l'énorme porte, j'aperçois et reconnais le vieux tracteur de mon oncle...Gisant dans son huile et ses pièces détachées.
« - Si ça ce n'est pas un meurtre...
- Il était déjà bien mort avant que je ne m'en occupe. »
La voix rauque qui siffle dans mes oreilles m'arrache un sursaut tandis qu'un rire s'échappe de la silhouette masculine se présentant à moi.
Sébastien.
Il n'est pas vraiment comme dans mes souvenirs de petites filles dans lesquels il ressemblait à un haricot. Il est plus...homme. Barbu. Carré. Je présume que traîner ici à longueur de journée à su lui faire développer une certaine carrure.
Bonjour fermier sexy.
« - T'as grossi non ? »
Est-ce là la première remarque que l'on fait à une femme que l'on revoit depuis des années ? Il a toujours eu le mot qu'il fallait celui-là.
« - Moi aussi ça me fait plaisir de te voir. Tu t'entraînes pour devenir un ours ?
- Paraît que la barbe ça a son petit effet sur les filles au village. Je laisse pousser.
- Ouais enfin tu ressembles à Robinson Crusoé.
- Tant que ce n'est pas à Chewbacca, ça va. J'ai de la marge. »
On échange un regard complice, un rire enfantin. Sébastien est peut-être celui qui m'a tout apprit niveau réparti. Quand j'étais petite et que je venais ici, les enfants s'amusaient à me martyriser et tandis que je pleurais, lui il allait les frapper.
Sébastien, mon héros.
« - Je suis content de te voir Marguerite. »
Son étreinte me surprends un peu, mais la surprise ne durant qu'une fraction de seconde, je me laisse totalement aller dans ses bras.
« - Moi aussi. T'es devenu un homme depuis le temps dit donc !
- Fallait bien. Qu'est-ce qui t'amène dans le coin ?
- Je suis venue en vacances avec des amis. Et toi ? J'ai cru comprendre que tu bossais toujours ici ? T'en as pas marre de ma famille ?
- Non, ça peut aller. Ta tante me nourrit toujours autant et ton oncle me laisse toucher un peu toutes ses affaires. Je suis content. Je suis nourris et presque logé.
- Ahahaha ! Cela ne m'étonne pas d'eux.
- Tu as vu Camelia ?
- Non, pas encore. Elle est là ?
- Dans les champs, je crois. »
Oh. Donc elle devrait trouver William sous peu je pense.
« - J'irais la voir plus tard.
- Qu'est-ce que tu es venue faire dans le garage ? Tu cherches un truc ?
- Pas vraiment, ma tante m'a dit de venir et... »
Et alors je comprends mieux son idée première. Il n'y a rien à faire ici à part tripoter le vieux tracteur et sachant que je n'ai pas la fibre mécanique...Elle m'a juste envoyé tout droit vers Sébastien.
Depuis que je suis petite, elle m'a toujours poussée vers lui. Elle s'arrangeait toujours pour que l'on soit que tous les deux.
« - Elle n'a pas changé apparemment...
- Ah non, ça je confirme. »
Même Sébastien s'en doutait. Il l'a vu venir gros comme une maison.
« - Je suis désolée si je te dérange dans ton boulot. Je devrais peut-être te laisser, non ?
- Tu parles, j'ai que quelques bricoles à faire et après je termine. Je reprendrais plus tard. Ça te dirait qu'on aille manger un bout ensemble au village ? »
Waw. Droit au but. Cela fait à peine cinq minutes que l'on se retrouve et le voilà qui charge comme un taureau.
« - C'est que...
- Un peu trop direct c'est ça ?
- Non, non. »
Si carrément et vu que son visage devient plus rouge que ma chemise, je compatis à sa gêne.
« - En fait, je ne suis pas venue seule.
- Ah. Je comprends mieux. Ça m'aurait étonné aussi que..enfin...que voilà. Il est bien ?
- Il est pas mal. »
On sort tous les deux du garage tandis que je cherche William dans les champs se battant avec une botte de carottes. Je lui montre du doigt le personnage qu'est mon voisin et mon petit copain.
Sébastien est alors saisi d'un fou rire.
« - C'est lui ? »
Oui c'est « lui ». Pourquoi ? Il n'est pas assez bien ? Bon, il fait un peu maigrichon de loin et je sais par expérience que son muscle développé n'est pas dans ses bras, mais quand même ! C'est quoi cette façon de se moquer ?
Je lui donne alors un léger coup de coude pour lui faire comprendre mon mécontentement.
« - Hé ! Ne te moque pas.
- T'as raison, l'amour rend aveugle. »
Quoi ? Mais pas du tout.
« - Il ressemble à un concombre ton mec.
- J'aime bien les concombres.
- Un concombre qui se bat contre une carotte.
- Laisse-le se battre et ne sois pas méchant, tu ne le connais même pas.
- Ah parce que tu vas me dire que c'est un mec très bien et patati et patata ?
- Quoi ? T'es jaloux ? Tu me fais une scène maintenant ?
- Moi ? Jaloux ? De quoi je pourrais être jaloux ? Je respecte ton choix hein... »
Mon œil que tu le respectes.
« - Bon, je retourne bosser. Tu devrais aller voir ta cousine. Je suis certain qu'elle serait contente de te voir.
- Je croyais que tu voulais faire une pause.
- J'ai plus très faim finalement. »
En fait, il part simplement bouder.
« - Ah les hommes... »
Un soupir las m'échappe tandis que je m'avance vers les champs.
N'empêche que de voir William se battre ainsi contre une botte de carotte tel le Roi Arthur retirant Excalibur de son rocher, ça ne peut que m'amuser et tandis que je reste plantée là à le regarder, appuyée contre la barrière, je ne sens pas la légère paire de fesses qui vient me donner un coup dans les hanches.
« - Toujours la tête dans les nuages la pâquerette ! »
Camelia. Ma cousine. La classe incarnée.
Une herbe entre les dents et un grand chapeau de paille recouvrant son visage plein de terres, elle me dévisage en prenant grand soin de palper mon corps au passage.
« - T'as grossi toi dis donc !
- Hé ! C'est bon, j'ai compris ! Personne ne peut éprouver un peu plus de joie à me voir dans cette famille ?
- Calme-toi, t'es pas la Reine d'Angleterre non plus. Qu'est-ce qui t'amène ?
- Je viens en vacances. »
Soudain, elle aborde la même position que moi et plonge son regard dans les champs, vers la direction de William.
« - Oh, belle bête ! Je l'ai vu tout à l'heure. Un ami à toi ?
- Mon ami, oui. Pas toutouche.
- Je fais plus ça...Je ne touche pas à ce qui est déjà pris. »
Dit-elle alors qu'elle draguait tous les garçons du village avant même si ces derniers la fuyaient.
« - Mais bon, c'est pas parce que y'a un goal qu'on ne peut pas marquer de but aussi ! Je devrais aller l'aider ton p'ti agneau.
- Sois gentille avec lui.
- Je serais aussi douce que du lait de chèvre. »
Quoi ?
En plus, je déteste ça. Ça sent fort et c'est amer.
« - Va donc t'occuper à compter les pâquerettes...Marguerite ! Ahahaha !
- Très drôle Camelia...Très drôle. »
Ai-je mentionné le fait que le retour à la ferme ne m'a pas spécialement manqué ?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top