Chapitre 7 ~ Le diable s'habille en jean-baskets

Quand on part en vacances entre amis, c'est toujours la même chanson : Il y en a un qui se ramène toujours avec une valise trop grosse, un autre qui oublie toujours tout à la dernière minute et un autre qui se prend pour le guide touristique du coin en disant tout connaître de la région.

Et étrangement...Je retrouve exactement ce même schéma avec Mathilde et sa valise trop grosse, William et ses oublies légendaires et enfin Vincent qui pense connaître chaque recoin du pays comme sa poche ce qui me laisse dubitative en sachant qu'il déteste les endroits reculés comme celui-ci.

« - J'ai faim. On arrive quand ? »

Et bien sûr les amis en vacances, c'est comme les enfants. Ca se plaint toutes les cinq minutes, ça demande un arrêt pipi tout le temps et ça braille et braille et braille.

La prochaine fois que j'achèterai une voiture, je pense à demander l'option « siège éjectable »...Juste pour voir.

« - Encore une heure à une heure et demie de route. On y est bientôt.

- On ne peut pas s'arrêter faire une pause ?

- Non.

- Marguerite...

- On arrive bientôt, on sera là-bas pour le déjeuner et vous pourrez faire ce que vous voulez une fois arriver.

- Ouais, mais on se fait chier. Y'a rien à faire dans la voiture.

- Bah...Comptez le nombre de voitures qui passent. »

En sachant que plus on approchait du gite familial, plus le nombre de voitures se réduisait à vue de nez. C'est à peine si l'on n'en croisait pas une toutes les 20 minutes.

« - Pourquoi William il ne dit rien depuis tout à l'heure ? »

C'est vrai. Je l'aurai presque mis de côté.

Et j'aurai eu raison de le faire.

La tête de William est collée contre la fenêtre tandis que ses yeux sont dissimulés derrière ses lunettes de soleil. Vu sa position, je dirais que William nous a quittés depuis un bon bout de temps déjà.

« - Je crois qu'il dort.

- Chanceux...

- Tu n'as qu'à t'occuper de la musique si tu t'ennuies Mathilde ! »

Ô malheur pourquoi ai-je dit cette phrase ?

À peine avais-je fini ma phrase que je vis des étoiles dans ses yeux tandis qu'elle s'empresse de fouiller dans son sac pour trouver certainement de quoi nous tenir éveiller.

« - A trois...Tous avec moi ! Un...Deux...Trois ! »

Il y a bien une raison pour laquelle Mathilde ne devrait jamais être celle qui s'occupe de la musique : Ses goûts musicaux.

« Ce matin j'imagine un dessin sans nuages

Avec quelques couleurs comme vient mon pinceau

Du bleu, du rouge je me sens sage comme une image

Avec quelques maisons et quelques animaux

Ce matin j'imagine un pays sans nuages,

Où tous les perroquets ne vivent plus en cage

Des jaunes, des verts, des blancs, je fais ce qui me plait

Car c'est comme ça que j'imagine un monde parfait...

Un oiseau, un enfant, une chèvre

Le bleu du ciel, un beau sourire du bout des lèvres

Un crocodile, une vache, du soleil

Et ce soir je m'endors au pays des merveilles

Un oiseau, un crayon, une chèvre

Le bleu du ciel, un peu de sucre, un peu de sel

Un crocodile, quelques fleurs, une abeille

Et ce soir je m'endors au pays des merveilles ♫ »

Je ne sais pas ce qui est le plus affolant, le fait qu'elle connaisse toujours cette chanson sur le bout des doigts ou sur le fait que Vincent la connaisse tout simplement.

Aux premières notes non pas chantées, mais hurlées à l'intérieur de la voiture, William fit un bond incroyable en se redressant brutalement, se demandant certainement ce qui pouvait bien se passait.

Lunettes de travers, il me dévisage comme si j'avais besoin de lui décrire la situation. Non, ce n'est pas une poule que l'on égorge...C'est Mathilde qui chante du Ilona.

Mathilde elle a sûrement tout pour elle, mais elle n'est certainement pas la prochaine castafiore.

« - Mathilde ...Mathilde !

- Un enfant, une vache...Quoi ?

- Tu vois quoi dans le ciel ?

- Un ciel bleu...Pourquoi ?

- J'aimerais que ça reste comme ça. Alors, change de chanson ou arrête de chanter.

- Rabajoise. »

Non, je tiens juste trop à mon audition pour la perdre de suite. Nuance.

« - D'accord...Je change. »

Ou tu peux juste éteindre ta bouche..Ton appareil pardon. Lapsus.

« Vois sur ton chemin

Gamins oubliés égarés

Donne-leur la main

Pour les mener

Vers d'autres lendemains ♫ »

Je vois alors toute la détresse du monde dans les yeux de William tandis que Vincent reprit la suite de Mathilde. Je ne ferais pas comme à « The Voice » : Je ne me retournerais pas dans mon fauteuil pour lui « Je te veux dans mon équipe »...Non, non...Je ne me retournerais pas sauf si c'est pour mettre fin à ce supplice musical.

« Laissez-moi danser, chanter en liberté ! Tout l'été ! ♫»

Pitié...Faites que l'on arrive bientôt.Une fois au bord du gîte, ou plutôt de la ferme, je vis alors son visage se transformer à travers le rétroviseur tandis qu'elle découvrit petit à petit le paysage.

« - Dites-moi que c'est une blague...Marguerite...Tu n'as pas osé ?

- Je vous ai dit que l'on irait dans un gîte...J'ai juste oublié de préciser l'endroit exact. Ce n'était qu'un détail que je pouvais omettre !

- MAIS C'EST UNE FERME ! »

Bienvenue à la campagne les enfants.

« - Marguerite ! Te voilà ! Nous t'attentions !

- Tata ! Merci encore de nous faire de la place, c'est gentil. »

Je descends de la voiture tandis que ma tante observe d'un œil attentif Mathilde et ses talons tremblants sur l'herbe à peine coupée.

« - Tes amis ?

- Oui. »

Puis vint William qui me rejoint.

« - Ton copain ?

- On peut dire ça. »

Mon amant. Mon plan cul. Mon colocataire.

Mon éditeur. Mon gagne-pain. Mon voisin.

Il pouvait bien être toutes ces choses de toute façon alors lui rajouter l'étiquette « copain », je ne pense pas que ça le frustre, bien au contraire, il tend une main franche et sort son plus beau sourire à ma tante qui le dévisage de la tête aux pieds. Oui, ils sont tous venus en tenus de citadins tandis que je suis venue en basket et jean.

« - Marguerite chérie...T'es sûre que... ? Enfin...

- Tata ? Dis-moi... »

J'attrape ma tante à part dans un coin, tentant de contenir mes cornes et ma fourche de diable tandis que je lui chuchote :

« - T'as besoin d'aide pour la ferme ?

- Marguerite...Tu n'oserais pas me vendre ainsi tes amis ?

- Oh si. Regarde, des bras costauds en plus et puis Mathilde pourrait s'occuper des champs.

- Je ne refuserais pas...Ta cousine sera sûrement contente.

- Je m'en doutais ! Marché conclu, je te les vends.

- Tu veux quoi en échange ? T'es venu pour ça non ? T'es comme ta mère.

- Ahahaha ! Ton ordinateur deux heures par jour ?

- Deal. »

J'ai peut-être fini « Vanille & Chocolat » mais ce séjour à la ferme va me donner bien des idées.

Je me retourne vers le petit groupe s'occupant de décharger la voiture, avec un grand sourire.

« - Bon...Eh bien...Bienvenue ! Mettez-vous à l'aise ! »

Parce que comme le disait Nadia « Et c'est parti pour le show ! ♫ »


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