Chapitre 34 ~ Serviettes et torchons

Parce que William est assez vieux jeu, il a décidé d'annoncer la nouvelle de notre mariage à venir à nos deux familles. Et qui dit annonce, dit réunion. Autant je connaissais son frère Richard, autant je ne savais rien de sa famille en elle-même. Je ne lui ai jamais posé de questions sur le sujet et lui-même ne s'est jamais dit qu'il serait bon de m'en parler...Après tout, rien que son frère me suffisait déjà.

« - Tu es sûr que c'est une bonne idée ?

- Mais oui, regarde, ils s'entendent à merveille »

Si « à merveille » était un synonyme pour lui de « se regarder en chien de faïence », alors oui, nos deux familles s'entendaient à merveille. On ne pourrait, néanmoins pas dire qu'elles se détestent, mais chacune n'ayant jamais entendu parler de l'autre, cela reste assez compliqué.

Les deux seuls qui semblaient s'amuser en bout de table étaient le grand-père paternel de William et ma grand-mère, qui à eux deux, on réussit à dilapider deux bouteilles de vin.

Eh bien. Ça y va de bon train chez les anciens.

Voyant mon appel de détresse dans mon regard, ma grand-mère attrape le saladier et crie :

« - Qui veut de la salade de pois chiche ? Il paraît que c'est bon de péter pour décompresser »

Oh Mémé...

Du tact bon sang ! Du tact !

J'ai l'impression que c'est un désastre.

« - Et donc..Marguerite ? Comment avez-vous rencontré notre fils ?

- Je..Hmmm...Je suis sa voisine. Nous avons sympathisé comme ça.

- Oui, elle traînait mon cadavre au sol pour mieux voler dans mon appart

- Pardon ? »

Mais tais-toi toi ! Tu n'aides en rien !

Je lui mis un grand coup de talon sur la chaussure tandis qu'il laissa échapper un petit cri. Souris Marguerite, souris.

« - En tout cas, Monsieur et Madame Harwel...Vous avez une belle maison. La décoration est tout à fait charmante

- En effet, ma femme est plutôt douée. Elle est décoratrice, vous savez ?

- Chéri, on dit « architecte d'intérieur » »

C'est vrai ça, « chéri », on ne mélange pas les torchons avec les serviettes voyons.

« - J'ai cru comprendre que vous connaissiez aussi Richard. Décidément...C'est étrange que l'on ne vous rencontre que maintenant. Hein les garçons ? »

Si vous ouvrez votre bouche tous les deux, je jure sur les feux de l'enfer de vous faire rôtir pour le dîner.

« - Oui...Très étrange dis donc ! Ahahaha ! »

Malaise bonjour.

Autant le père de William, Guillaume, semblait gentil et curieux, autant sa mère ressemblait...À un titan. Elle avait une sorte de pouvoir magique, celui de gâcher le peu d'ambiance qu'on réussissait à mettre. C'est fou.

Charmante et délicieuse personne.

Je crois que William a hérité de son père.

« - Bon, je vais montrer à Marguerite la maison, on vous laisse hein. »

M'attrapant par le bras, William me soulève littéralement de ma chaise, m'entraînant avec lui jusque dans une chambre à l'étage supérieur, avant de se laisser tomber sur un lit.

« - C'est une catastrophe. »

Ah bon ? Je ne l'avais pas remarqué.

« - C'est ta chambre ?

- Hmm ? Ah ouais...Ma mère aime garder les vieux trucs. »

Les vieux trucs hein ? Tu m'en diras tant.

Il y avait un nombre impressionnant de photos de lui. Du William bébé courant tout nu sur une plage, ce qui me fit sourire, à un William ressemblant à un poisson-ballon puis au jeune homme que je connaissais.

« - T'étais déjà nudiste à cette époque hein...T'as rien perdu dis-moi.

- Hé ! Je t'ai déjà dit que je rêverais de vivre dans un monde où mon kiki serait libre.

- Garde-le où il est ton kiki. En tout cas, même si cela ne se passe pas « bien », je pense que ça pourrait être pire. Regarde nos grands-parents ont l'air d'avoir sympathisé.

- C'est parce qu'ils sont ivres ça...

- C'est vrai que l'alcool ça aide pas mal. Oh !

- Quoi ?

- Viens, on va en cuisine. J'ai une idée. »

On descend discrètement de sorte que personne ne nous aperçoit, allant jusqu'à marcher à quatre pattes devant la porte du salon, pour rejoindre la cuisine dans laquelle mijotait un petit plat.

« - Alors, voyons voir...

- Marguerite...Hé Marguerite...

- Chut. Tu fais le guet toi. Si quelqu'un arrive, tu me préviens.

- Qu'est-ce que tu fiches bon sang ?

- Je mets de l'ambiance. »

J'attrape la première bouteille de vin que je trouve à porter de main et la vide entièrement dans la casserole.

Au menu du jour, les propositions du chef : Coq au vin.

« - Marguerite !

- Quoi ?

- T'es folle ! T'as vidé la bouteille.

- Ouais...Et alors ? Ça s'appelle donner un coup de pouce au destin.

- N'importe quoi...Merde...Voilà ma mère, vite...

- Où est-ce que l'on va ?

- Par là ! »

On se réfugie tous les deux dans un placard qui devait sans doute servir de réserve, l'un collé à l'autre par manque d'espace, tentant tant bien que mal de ne pas faire le moindre bruit.

« - Tu me chatouilles bon sang..

- Chut.

- Mais enlève tes mains.

- Arrête de gigoter aussi.

- Mais toi arrête de me tripoter.

- Je ne te tripote pas.

- Qu'est-ce que tu fais alors ?

- Je cache mon garde à vous. »

Oh.

D'accord.

« - Attends...T'es excité là ?

- Bah quoi ? Tu es là, contre moi, dans ta petite robe rose pastel et je suis censé ne rien ressentir ? T'es maline toi.

- Ahaha, t'es mignon.

- Chut. Elle va nous entendre.

- Ah oui. Pardon. »

On attend alors que sa mère quitte la cuisine pour quitter notre cachette, éclatant de rire comme des enfants.

Pas vu pas pris.

« - Eh bien les jeunots ? On fait des galipettes dans le garde-manger ? »

Merde. Les grands-parents.

« - Pas du tout.

- Allez va, ce n'est pas au vieux singe qu'on apprends à faire la grimace. Ta grand-mère est tout à fait charmante au passage Marguerite !

- Ahaha ! Merci.

- William a bien de la chance de t'avoir. Hé mon gars.

- Oui grand-père ?

- Ne la lâche pas celle-là. T'as compris ? »

Il m'attire contre lui en passant son bras autour de ma taille et lui dit droit dans les yeux, d'homme à homme :

« - Jamais. »

I

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