Chapitre 3 ~ Les habitudes ont la vie dure

Même si l'arrivée de William avait perturbé beaucoup de choses dans mon quotidien et mon petit train-train habituel, il n'en restait pas moins que certaines habitudes avaient la vie dure.

« - Tu me fais une place ?

- Je t'en prie. »

Il s'est assis à côté de moi, suspendant ses jambes au-dessus du vide tandis que nous fixions le peu d'étoiles visible ce soir dans le ciel.

Les rendez-vous au balcon n'avaient, eux, pas changé.

« - Je peux dormir avec toi ce soir ? »

Parce qu'avoir une chambre dans ma maison et une place dans mon cœur ça ne suffit pas ?

« - Pourquoi tu veux dormir avec moi ? T'es pas bien dans ta chambre ?

- Je dors mal. »

Dois-je comprendre que je lui servirais de doudou ?

« - Je sais comment ça fait quand tu « dors » avec moi. On sait même très bien tous les deux que l'on fait tout sauf dormir justement. Ce qui est normalement l'utilisation première d'un lit.

- Qu'est-ce que t'en sais que les lits ont été inventés pour ça ? Ça se trouve, les gens en avaient juste marre de s'envoyer en l'air dans de la paille, c'est tout.

- Pourquoi tu fais forcément un lien avec ça ?

- Parce que c'est sûrement ça la réalité....Bon je t'avouerais qu'après un ébat on est généralement fatigué donc on dort, mais...

- Il n'y a que vous les hommes pour dormir après avoir fait l'amour. Vous pensez tellement avoir fait tout le boulot ! Le plus dur ! »

Mais s'ils savaient ! S'ils savaient...

« - Dois-je comprendre quelque chose ?

- Ah...Je suis responsable de ce que je dis, pas de ce que tu comprends. »

Je me dirige vers la cuisine tandis qu'il se relève pour me suivre d'un pas vif.

« - Marguerite...Tu n'as toujours pas répondu à ma question. »

Je sais.

« - Laquelle ? Si c'est pour dormir avec moi, c'est niet. Achète-toi une peluche si tu dors mal.

- Mais tu es ma peluche ! »

Je ne sais pas comment le prendre.

« - C'est non. »

De toute façon, je ne sais même pas pourquoi je lutte. William et les nuits difficiles c'est un peu comme la chanson de Cloclo « Ça s'en va et ça revient, ça fait de tout petit rien ♫ ». Exactement pareil.

À peine avais-je commencé à m'enrouler dans ma couette que je sentis une pression de l'autre côté du matelas.

Parle à mon cul ma tête est malade hein ?

« - Marguerite... »

Il murmure comme un petit garçon demandant la permission de venir dans le lit de papa et maman après avoir fait un cauchemar.

« - Psstt ! Tu dors ? »

Non, j'attends la pub entre deux rêves là.

« - Marguerite....

- QUOI ?! »

J'ai l'impression de l'agresser tandis qu'il se fige sur place.

« - Je peux venir ?

- T'es déjà là.

- Merci. »

Dire « oui » à quelqu'un pour dormir avec vous c'est comme proposer un gâteau du paquet...C'est une décision que vous prenez à contrecœur.

« - Marguerite...

- Ah non ! On dort William !

- Je t'aime Marguerite. »

Moi aussi, aller dort maintenant.

Au même moment, je sentis une légère vibration contre le matelas tandis que William éclate de rire, et ce, bien malgré lui.

J'y crois pas...Il a osé.

« - T'es vraiment dégueu.

- Je te jure que ce n'était pas voulu. Il est sorti tout seul celui-là ! En plus, c'était un silencieux, t'as rien entendu.

- Non, mais je l'ai bien sentis.

- Arrête...Il ne sent rien celui-là. »

Je ne parlais pas dans ce sens-là.

« - Peut-être que le prochain...Attends, je le prépare.

- William ! C'est dégoutant ! Si c'est pour péter, tu retournes dans ta chambre ! »

Il n'y a que moi qui aie le droit de péter dans mon lit. Droit exclusif.

« - Tu sais, il fut un temps c'est toi qui lâchais des bombes atomiques au lit.

- Hé...Ce n'était que des réponses à tes propres pets. »

On s'arrête un moment, nous plongeant dans le silence se rendant certainement compte de notre sujet de conversation.

« - Il est 23 heures et on parle de pets. C'est vachement glamour.

- Très romantique en effet...On a fait mieux.

- C'est vrai. »

« So sexy ! »

« - Tu sais quoi ? On emmerde les clichés. Pourquoi on devrait être romantique ? Laissons ça à d'autres !

- T'as raison.

- Du coup... »

Ses mains commencent à m'entourer tandis qu'il se rapproche de moi, glissant ses pieds froids contre les miens m'arrachant un frisson.

« - Va là-bas ! T'es tout froid !

- Ouais, mais le côté du lit n'est pas chaud, je n'aime pas.

- Il devrait l'être avec ce que tu viens de lâcher.

- Ce n'est pas pareil... »

Qu'ai-je fait au bon dieu pour mériter ça ?


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