Chapitre 26 ~ Le diable s'habille en Marguerite

Avant même que je n'eusse le temps de clarifier la situation au petit matin, William avait déjà filé au bureau tandis que j'étais restée en tête à tête glamour avec ma tasse de chocolat chaud. Pas de café, ça va m'énerver. Je ne le suis pas déjà assez.

Je n'eus guère le temps de filer dans son bureau entre deux pauses dans la matinée non plus. Il était constamment en rendez-vous, ce qui avait le don, apparemment, d'agacer Jessica.

J'avais donc profité de ma pause déjeuner pour rejoindre Mathilde sur une terrasse, sans prendre la peine de le prévenir que je sortais manger. Après tout, pourquoi me donnerais-je cette peine ?

« - Il a fait quoi ?! Oh le salopiaud ! »

Ayant raconté toute l'histoire à Mathilde, cette dernière, en tant que meilleure amie, prit immédiatement mon partie.

« - Tu sais quoi ? Tu devrais te venger. Tu es l'écrivain non ?

- Oui, mais comment ?

- Voyons Marguerite...On vit au 21ème siècle non ? Tu n'as qu'à publier ton livre avant qu'il sorte !

- Comment ça ?

- Glisse-le sur internet. Ça lui mettra un coup sérieux dans l'estomac à ton éditeur. »

Pas con.

« - De nos jours, beaucoup de gens achètent des Ebook ou Epub parce que c'est moins cher et parce qu'il est bien plus pratique d'avoir une bibliothèque numérique qu'une tonne de livres en papier chez soi. Moi je te le dis, tu devrais te lâcher. Ça sera sans doute le plus beau doigt que tu pourras lui faire. Mais avant... »

Quoi ? Qu'est-ce que je dois faire ?

« - Essaye de renégocier avec lui et s'il ne veut toujours pas, tu le menaces avec ça...Et s'il ne craque pas...Envoie-le sur le net. Je ferais la diffusion si tu veux.

- D'accord. Je le ferais.

- Non, mais, cette fois, tu t'y tiens bordel ! Tu craques toujours pour une partie de cul, alors cette fois, tu ne craques pas. Tu es forte ! Si tu craques, je te renie de ma liste d'amis et je te supprime de mon Facebook.

- Tu n'oserais pas...

- Et de mon instagram.

- Mathilde.

- Et je ne t'envoie plus de Snap'

- Sérieux ?

- Et finis les twits amoureux.

- Quoi ?! »

En vrai, Mathilde aurait pu avoir un rôle à jouer en tant que marâtre d'une princesse tant elle est sévère par moment. Mais elle avait raison. Je ne devais pas craquer et je me devais de me faire respecter. Un auteur se doit de se faire respecter.

L'édition n'est pas que la seule et unique voie du succès et s'il me faut en venir aux mains de cette façon, je n'aurais pas une once de regret à le faire.

J'avais donc passé le reste de l'après-midi à préparer la version Ebook de « Vanille & Chocolat » en prenant le plus grand soin de rajouter des bonus à la fin. Chose qui n'apparaîtra pas sur la version papier. On pourra donc dire qu'il y aura des privilégiés.

Et c'est les écouteurs dans les oreilles, écoutant « Can't Back Down ♫ » de Demi Lovato, que l'ebook prit forme petit à petit : Prêt à partir vers une plus grande aventure que ce à quoi il n'était destiné à la base.

C'est la guerre Marguerite.

Et comme dirait grand-mère : À la guerre comme à la guerre.

Œil pour œil...

« - Marguerite ? William veut te voir dans son bureau »

... Et dent pour dent.

Je monte à l'étage avec mon air le plus digne et tandis que j'entre dans son bureau, se dernier me regarde à peine et me siffle un :

« - Ferme la porte. »

Hé. Tu vas te calmer bonhomme.

« - Assieds-toi.

- Tu donnes les ordres maintenant ?

- Je suis ton patron à ce que je sache. Ne confonds pas maison et travail. »

C'est lui qui me dit ça ? Vraiment ?

Je vois. Donc il veut vraiment se la jouer dans ce genre-là. Pas de soucis. Moi ça me va.

« - Est-ce que tu as réfléchi à ce que tu m'as dit hier ?

- Oui.

- Et ?

- Je n'ai pas changé d'avis.

- Marguerite !

- Quoi ?! »

À cet instant, mon ange sur l'épaule fut remplacé d'un coup de pied aux fesses par une version miniature de Mathilde me regardant avec l'air le plus sérieux qui soit et me disant : « Sois forte. Montre lui c'est qui la mama. »

« - Écoute, c'est très simple. Soit tu acceptes mes termes et tu me remets à ma juste place, soit non et dans ce cas, tu en paieras le prix.

- Est-ce une menace ? Tu oserais me menacer ?

- Tu n'as même pas idée. Mais disons que je suis d'humeur bienveillante et que cela peut être considéré comme un avertissement.

- Tu oublies un truc William...T'es peut-être mon éditeur, mais je suis l'auteur...Et sans les auteurs, les maisons d'édition n'existeraient pas. Vous vous faites de l'argent sur notre dos. Vous êtes là grâce à notre labeur. Je suis d'accord que vous gérez le côté commercial, mais voilà un scoop l'ami...De nos jours l'édition ne se résume pas qu'à ça...On peut devenir aussi des auteurs autoédités et être ses propres patrons.

- Attends, attends...Pas si vite. Tu oserais aller jusqu'à quitter la maison ?

- Ça dépend de ce que tu comptes faire.

- Je t'ai dit que je n'étais pas « contre », mais je t'ai demandé d'attendre, le temps pour moi d'organiser au moins la première campagne promotionnelle de ton livre. On parle de ton travail que tu veux foutre en l'air, tu n'imagines pas les pertes que... »

Les pertes ? Pardon, je me dois de rire.

« - Parce que tu crois que j'écris pour quoi au juste ? Pour l'argent ? Pour la gloire et la richesse ? Pour me faire un nom ? S'il te plaît. Ne me fais pas rire. Je vaux mieux que ça. C'est vrai, je suis contente et reconnaissante de tout ce que j'ai eu, mais à la base, j'écris pour partager. J'écris par passion. Je suis contente de gagner de l'argent oui, je ne vais pas cracher dessus, mais à la base, l'écriture reste un simple passe-temps et s'il me faut tout arrêter du jour au lendemain, alors je n'aurais aucun remords à le faire et je n'en tirerais aucun regret non plus. C'est mal me connaître si tu crois que je vais faire un malaise ou une dépression parce que j'ai vendu moins ou parce que je ne suis plus « aimée » du public. »

Prends-toi ça dans les dents.

« - Même. Je te demande de reconsidérer ta requête.

- Tu me le demandes ou tu me l'ordonnes ?

- Marguerite...Ne joue pas sur les mots.

- Non, mais apparemment, ici, t'es mon patron et tu me connais...Je ne bougerais pas. Donc, donne ton ordre.

- Ne m'oblige pas à faire ça...

- Je ne t'oblige à rien. C'est ce que l'on appelle « faire un choix ». Fais un choix William. Pourtant, je te demande juste un peu plus de considération pour le travail que je fais et que je fournis à moi seule...Est-ce trop demander ? Un peu de reconnaissance pour moi-même ?

- Mais je te suis reconnaissant bon sang ! Je sais ce que tu fais. Ce que tu accomplis. Je suis quand même le mieux placé pour le savoir, non ?!

- Ah bon ? On ne dirait pas. Si tu le sais tant, pourquoi me refuses-tu ma seule requête ?

- Parce que je ne peux pas non plus l'accepter...Ou pas de suite.

- Très bien. Dans ce cas, cette conversation est close.

- Marguerite...

- Non. J'ai compris. »

Je claque la porte du bureau sous l'ensemble des regards des secrétaires, surprises et choquées.

« - Quoi ? Mettez-vous au travail ! »

Moi aussi j'avais envie de donner des ordres.

Non, mais oh !

Je descends dans mon bureau et envoie le livre sur internet.

Maintenant, on ne peut plus faire marche arrière. C'est trop tard. C'est en ligne.

« - Prends-toi ça dans les dents. »

Mathilde aurait été fière de moi, je pense.

Il ne va pas lui falloir longtemps pour découvrir ce que j'ai fait et je suis prête à parier que je vais le voir débarquer dans mon bureau, telle une fusée.

Je lui donne une heure. Pas plus.

« - MARGUERITE !!!! »

Ah. 52 minutes. J'y étais presque.

Je pourrais entendre ses pas précipités dans l'escalier tandis que j'affiche un grand sourire satisfait alors qu'il s'apprête à pénétrer dans mon bureau.

« - Jessica !

- Oui ?!

- Bloque mes rendez-vous de cette après-midi ! J'ai quelque chose d'urgent à régler !

- D'accord.

- MARGUERITE ! »

Je ne suis pas là.

Il entre alors dans mon bureau, tentant tant bien que mal de se retenir. Je le connaissais tellement par cœur qu'à force de retenir toute cette tension, je pouvais voir les muscles de son corps se raidir.

Ce n'est pas lui, il y de cela quelques jours, qui parlait d'avoir une dispute ?

Ayons donc notre première dispute ! Au bureau en plus, devant tout le monde ! Joie et bonheur !

« - Viens là. »

Il m'attrape par le bras et m'entraîne vers l'ascenseur avec lui.

« - Il faut qu'on parle. »

Qu'on parle ? Je n'ai pourtant rien à dire. J'ai fait ce que j'avais à faire.

On quitte le bâtiment sans qu'il ne me lâche le poignet, me le maintenant fermement tandis que l'on file dans la rue, allant jusqu'au premier parc que l'on put trouver sur notre chemin.

« - Je peux savoir ce qui t'a pris ?

- Je ne vois pas de quoi tu parles.

- Ne joue pas à ça avec moi ! Tu crois que je ne le verrais pas ou quoi ?

- L'auteur est maître de son œuvre. Je ne fais que respecter mes droits qu'une certaine personne bafoue allégrement. Tu as un souci avec ça ?

- Je te.. !! Hmmm !!! Tu m'énerves ! »

Il est rigolo William quand il s'énerve. Il devient tout rouge, gonfle ses joues quand il s'apprête à dire quelque chose de méchant comme s'il le retenait et agite les mains dans tous les sens.

Et en face, il y a une Marguerite totalement calme, sereine.

Je t'avais prévenu. On ne joue pas avec Marguerite.

« - Enlève-le.

- De quoi ? Le livre ? Hors de question.

- Enlève-le.

- Non.

- Enlève-le ou je jure que...

- Que quoi ? »

Il me dévisage furieux et mon seul reflex fut de lui attraper ses joues de hamster et de les tirer comme les grands-mères le font si souvent.

Pauvre petit William.

« - Tu sais quoi Marguerite ?

- Non, dis-moi.

- Je te déclare la guerre. »

Ah bon ? Tu crois être capable d'entrer dans la cour des grands mon enfant ?

« - Et tu comptes te battre avec quoi ? Je t'ai battu d'avance et tu le sais.

- Non, c'est faux. J'ai une arme en ma possession.

- Ton sexe ? Désolée de te l'apprendre, mais tu es conçu pour craquer le premier. Crois-moi. Tu ne tiendras pas dans ta grève de sexe et de m'amours.

- Tu seras celle qui viendra en premier te jeter à mes pieds.

- Oh ! Oh ! Écoutez-moi ça ! Dis donc César, t'as pris la confiance ces derniers temps non ? Mais soit. Je veux bien tenter le coup. Je te donne 2 jours.

- Je m'en donne 7.

- Parfait. Qu'il en soit ainsi. Fais donc la grève si ça t'amuse.

- Ok ! Très bien ! »

Gamin.

Tu seras mon Jules César et je serais ta Cléopâtre.

On verra qui de nous deux craquer le premier.

Et je ne compte pas me battre à la loyale. Une guerre n'est jamais à la loyale.

La fin justifie les moyens !

Tu seras le premier à mes pieds, à me supplier, à te faire pardonner.

Crois-moi, je vais te faire regretter.

Regretter de ne pas m'avoir ni écoutée, ni satisfaite.

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