Chapitre 21 ~ Punis-moi bébé !
Je n'ai jamais autant dévisagé un carton de toute ma vie. Je ne sais même pas pourquoi je suis assise là, par terre, regardant ce carton comme si c'était l'objet le plus curieux que je n'ai jamais vu de ma vie. C'est juste une boite. Une boite marron. Une grosse boite marron.
Une boite avec du scotch aux fesses.
« - J'ai fini de mon côté ! Et toi, ça avance ? Tu veux un coup de main ? »
Cela faisait déjà une semaine que j'avais accepté la proposition de William et depuis, nous avions plongé corps et âme dans la galère du déménagement. J'aimerais tellement qu'il existe un moyen de téléporter tout ça dans le nouvel appart'. Appart' que nous n'avons pas encore, car il nous manque...Tout.
Pourtant, pour faire des cartons, on était des champions.
« - Allô la lune, ici la terre. »
Je le regarde tandis qu'il a les mains dans sa salopette et qu'il me regarde, l'air de rien. Qu'il est sexy comme ça. Je lui enlèverais bien sa salopette, mais je ne m'en sens pas la force.
Je n'ai la force de rien du tout depuis deux ou trois jours.
« - Marguerite ? »
Oui, oui, je suis là.
« - Tu m'écoutes ? »
Absolument.
« - J'ai envie de faire une pause. Je suis fatiguée. »
Il regarde alors autour de lui, voyant que seul le bordel règne dans ma chambre et que rien n'a encore été fait. Je traîne et je traîne, mais c'est plus fort que moi.
« - Tu veux que j'emballe tes affaires pour toi ?
- Non, je vais le faire, c'est juste que... »
Je n'ai pas envie de le faire maintenant.
Rien que de scotcher un carton aux fesses, ça me prends toute mon énergie. C'est tellement éprouvant.
« - Tu es sûre que ça va ? Je te trouve bien pâle.
- Ouais, ça va... »
Il se penche alors à ma hauteur et plaque la paume de sa main sur mon front, prenant son air le plus sérieux.
« - Mais Marguerite !
- Quoi ?
- Tu es brûlante. »
Ah bon ?
Avant même que je n'eus le temps de poser le rouleau de scotch, il m'attrape dans ses bras, m'emmenant au lit.
« - Au lit mademoiselle ! Les malades ne travaillent pas. Je vais ranger tout ça. Mais d'abord, je m'occupe de toi.
- Ouh ! Tu vas t'occuper de moi ?
- Pas dans ce sens-là Marguerite.
- Quoi ? Même pas un petit bisou ?
- Et si c'est contagieux ?
- Comment tu es...
- On aura l'air bien si on tombe tous les deux malades.
- Hé...C'est ensemble dans le meilleur comme dans le pire hein.
- Cette phrase...Garde-la pour plus tard.
- Est-ce une promesse ?
- Non, c'est une certitude.
- Oh...Je vais devenir Madame Harwel alors ?
- Un jour...Sous peu. Chaque chose en son temps et puis je veux faire ça bien, alors laisse-moi le temps de m'organiser.
- Ahahaha ! »
Le mot « organisation » pour William, c'est juste un prétexte. Je le sais. Je le connais.
Il finit par me mettre au lit, remontant le drap jusqu'à hauteur de mon cou, m'emmitouflant complètement.
« - Hé ! Tu veux prendre soin de moi ou tu veux m'achever ?
- Les malades n'ont pas le droit de se plaindre ! Ferme les yeux.
- C'est si gentiment demandé dit donc...
- Je resterais là jusqu'à ce que je me sois assuré que tu te sois endormi.
- Sérieusement ? Tu vas me fixer comme ça ?
- Je ne te « fixe » pas, je te regarde. Je me dis ô combien tu es belle et ô combien tu m'es précieuse. Donc, réalisant cela, j'essaye de prendre soin de toi. C'est normal, non ?
- Hmm...Sûrement. Peut-être. C'est juste que...Tu me perturbes à me regarder comme ça.
- Dans ce cas, si tu ne veux pas me voir, ferme les yeux.
- Je saurais quand même ce que tu fais. »
Malgré ma réticence à vouloir m'endormir, là, devant lui, William continue d'afficher ce petit sourire tendre et affectueux.
Non. Ne me regarde pas.
Pas comme ça. Je vais craquer.
Je tente alors une approche furtive et rapide et à peine avais-je eu le temps de passer mes bras autour de lui, il les attrape, et m'arrête immédiatement dans ma démarche.
« - Je sais ce que tu fais Marguerite et je ne me laisserais pas tenter.
- Moi ? Je ne fais rien du tout, voyons.
- Mais bien sûr ! Et en plus, tu me prends pour un idiot. Je t'ai dit qu'il faut que tu te reposes et je ne céderais pas ! J'ai une volonté de faire moi mademoiselle !
- Ah ouais ? »
Je suis Marguerite, briseuse des volontés de fer, moi mon petit !
L'air de rien, je descends légèrement la bride de mon soutien-gorge tout en faisant glisser la manche de mon tee-shirt, laissant apparaître une épaule dénudée.
« - Arrête ça. »
Mais je ne fais rien.
« - J'ai chaud. »
De bien des façons.
« - Marguerite, ce n'est pas sage.
- Tu as raison, il faut me punir. »
Pitié, dites-moi que la fièvre agit comme sérum de vérité.
William, totalement surpris par mon comportement, me dévisage avec des yeux gros comme une balle de ping-pong tandis que ses joues s'enflamment.
« - William...Viens...Viens avec moi, on est bien.
- Marguerite...
- Chut. Regarde comme je me sens seule... »
Craque !
Craque bordel !!!
« - Et puis, il fait si chaud dans cette pièce. »
Et hop ! Un tee-shirt à terre.
« - Marguerite ! »
Ne résiste pas. Tu te fais du mal pour un rien. Viens dans les bras de Marguerite.
« - Arrête ça idiote. »
Il plaque ma tête contre l'oreiller, se levant précipitamment du lit.
Non ! Reviens !
« - Je ne craquerais pas ! Je suis plus fort que ça ! Tu ne m'auras pas avec mes techniques perfides et sournoises. Je te vois venir en plus.
- Tu peux dire ce que tu veux, ton petit frère est au garde à vous »
Baissant ses yeux, il a alors ce que j'appelle le réflex du « footballeur », mettant ses deux mains devant son entre-jambe comme s'il la protégeait d'une quelconque attaque.
Qu'il est mignon quand il est gêné.
« - C'est de ta faute...
- C'est toujours de ma faute, on le sait bien tous les deux. »
Au moins, même à l'article de la mort, j'arrive à faire de l'effet. C'est flatteur quelque part.
« - Pour la peine, tu ne te plaindras pas de ce qui arrivera.
- Moi ? Me plaindre ? Ce n'est pas du tout mon genre !
- Tu voulais une punition hein ? Tu vas l'avoir ! »
Oh oui ! Tempête sous la couette !
Il fait mine d'approcher, se penchant au-dessus de moi avec un regard dés plus sombres et annonciateur des pires catastrophes à venir, m'embrasse sur le front et se retire, comme ça, sans rien dire, sans rien faire de plus.
Il se retire et quitte la chambre, refermant la porte derrière lui.
« - Dors maintenant ! »
Effectivement, ça, c'est de la punition.
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