Chapitre 18 ~ Entretien avec Satan

Je n'ai jamais aimé les entretiens d'embauche. Que ce soit en temps normal ou même durant mon adolescence pour me trouver un job d'été. Déjà à l'époque, je galérais pour me trouver un boulot. Généralement on nous sort la traditionnelle phrase « Cherche personne avec expérience », mais jamais ils ne comprennent que justement on a besoin d'eux pour avoir cette expérience, du coup, on est tout un tas d'inexpérimentés à galérer ensemble, dans le même bateau.

Les entretiens d'embauche quand on est adultes, c'est à peu près le même cas. Vous vous asseyez en face de la personne et pendant une dizaine de minutes, vous faites la fille de joie : Vous vous vendez.

Vendez tout ce que vous pouvez vendre, même votre talent caché ! Bon on évite de dire que le cousin Gustave nous a appris à péter avec le bras, ça n'est pas un talent. Ce genre de truc, on le garde pour les apéros entre collègues après le boulot.

Là vous devez vous vendre et...Mentir.

« - Vous avez des passions ? »

Ah oui ! Oui ! J'ai énormément de passions, mais j'aime particulièrement manger et dormir.

« - J'ai un intérêt certain dans la cinématographie, oui. Ainsi que la littérature.

- Dites-m'en plus. »

J'adore les Disney, ça compte ?

« - J'aime les films de réalisateurs, même si je ne dis pas non à quelques blockbusters par moment.

- Vous me parliez littérature tout à l'heure, c'est-à-dire ? »

J'écris des romans cochons et je bosse pour votre boîte, ça ne suffit pas à se faire engager ?

C'est qui cette femme à la fin ? Les RG ou la Directrice des RH. Quoique l'on pourrait changer une lettre, ça reviendrait au même.

« - J'ai un gout prononcé pour les livres que l'on classerait dans les romances, mais pas que. J'aime aussi le fantastique et...

- Avez-vous des auteurs à me citer ? »

Moi-même ?

Si je pouvais, je le ferais.

« - J.K Rowling ? E.L James ? »

Parce qu'Harry Potter et 50 nuances de Grey, c'est forcément une référence pour CV ! Mais oui Marguerite !

Cruche, va !

« - Comment connaissez-vous notre maison d'édition ? »

Je viens de le dire, je bosse pour vous.

« - Je l'ai connu à travers les romans de « Fleur », notamment sa première saga que j'ai réellement appréciée ! Sa plume, sa façon de tourner les mots...J'ai rapidement été amoureuse. »

Chevilles qui gonflent, bonjour.

Néanmoins, un peu de flatterie n'a jamais fait de mal à l'égo et puis m'auto-utiliser ne compte pas.

C'est pour la bonne cause, ne m'en voulez pas.

« - Très bien, écoutez, nous pouvons vous prendre à l'essai quelque temps. Histoire de voir si vous convenez au poste. »

Non, mais je t'explique greluche, ce poste, il est tout simplement fait pour moi. Personne d'autre n'est meilleur que moi. Je suis Cendrillon et Directrice Marketing est ma pantoufle de verre, d'accord ?

« - Quand pouvez-vous commencer ?

- Tout de suite ?

- Excellent. Suivez-moi, je demanderais à Jessica de vous faire visiter les locaux. »

Ah.

Jessica.

Il va falloir que je songe à trouver deux ou trois petits coins sombres pour pouvoir cacher son cadavre à celle-là.

« - Jess ! Tu peux venir s'il te plaît ?

- J'arrive. »

Jessica.

Jessica, c'est le cliché de la secrétaire, vous voyez ?

Tandis que vous, vous vous amenez avec votre jean troué, votre chemisier trop serré et vos converses', elle, elle se pavane avec ses petites lunettes noires, son tailleur moulant sexy et ses talons hauts.

Je n'ai jamais aimé les secrétaires...Sauf celles qui travaillent dans l'administratif ou les dames aux guichets, on se ressemble plus qu'une secrétaire travaillant visiblement dans une maison d'édition à caractère érotique.

D'ailleurs, le bureau de Jessica pourrait être la Chambre Rouge de Christian Grey. Je ne serais pas surprise d'y trouver des jouets dans ses tiroirs.

Oh ! Malheur ! Et si William...Si...Enfin...Oh non. Je ne veux même pas imaginer !

« - Tu peux t'occuper de la nouvelle ? J'ai quelques petites choses à faire.

- Oui pas de soucis ! Avec plaisir. Tu viens ? »

« Tu » ? Depuis quand on a élevé les cochons ensemble ma cocotte ?

Tu me vouvoies. Même, tu t'agenouilles devant moi et tu construis une statue à mon effigie. Tu seras mignonne.

« - D'accord. »

Et me voilà partie.

En soi, les locaux de la maison ne sont pas bien grands et tiennent sur deux étages. En haut les éditeurs, en bas tous les autres. Quelle charmante distinction.

Selon Jessica, mon bureau, ou tout du moins celui de la directrice marketing, se situe pile-poil en dessous du bureau de William Harwel. Apparemment, c'est un grand honneur et beaucoup de filles se battraient ici pour avoir cette place.

Rien que Games of Throne à côté, c'est la cour de récréation.

« - Donc nous avons fait le tour. Si tu as des questions, mon bureau est juste en face du tien.

- Très bien...Merci. »

Par contre, nous ne sommes pas au bon étage. Nous sommes au second, juste devant le bureau de William que l'on aperçoit grâce à sa porte entrouverte. Il ne semble pas nous prêter la moindre attention, plongé dans ses manuscrits.

J'entends alors Jessica pousser un léger soupir tel un pigeon roucoulant.

« - N'est-il pas trop beau ?

- Qui ça ?

- William ! L'éditeur bien sûr ! Savoir qu'un homme s'occupe des collections les plus chaudes...ça donne des idées à certaines tu sais. Tu ne vas pas me dire quand le voyant ainsi, tu ne ressens rien ? »

Je le dévisage un instant et repense à toutes ces fois au lit.

Si je ne ressens rien ? C'est vite dit.

« - Non. C'est un mec banal quoi. »

Et à cela, j'ai bien cru voir la secrétaire tomber de haut, nous faisant un malaise.

« - William ? Un homme banal ? Mais mon dieu ! Qu'as-tu dans les yeux ? »

De la merde visiblement.

« - As-tu besoin que je te prête mes lunettes ?

- Ça ira, je le vois bien ? »

Je le vois même très bien.

D'ailleurs, ce dernier nous remarque enfin, me regardant avec une lueur salace que je ne connaissais que trop et finis par nous rejoindre.

« - Jess' ! Te voilà.

- William, je te présente...

- Marguerite.

- Marguerite ! La nouvelle directrice marketing...Pour l'instant. »

Pour l'instant ?

« - Enchanté mademoiselle ! »

Sérieusement ? Il veut qu'on joue à ça ici ?

« - Moi-même. J'ai cru entendre que du bien de vous, Monsieur Harwel.

- Oh ? Dites-moi tout. Je serais curieux d'entendre ça. »

Il passe délicatement sa main dans mon dos, comme si de rien n'était sous le regard inquisiteur de Jessica.

« - Venez donc dans mon bureau que je me fasse une JOIE EXQUISE de vous en apprendre plus que ce que nous faisons ici.

- Oh, mais il ne me tarde d'en savoir d'avantage ! »

On dirait deux mauvais et horribles comédiens se rencontrant pour la première fois.

Il m'attire alors dans son bureau, sous les quelques regards curieux et interrogateurs de la salle, tandis qu'il referme la porte d'un coup de pied.

« - Joie exquise hein ? Tu m'en diras tant. »

Je n'ai guère le temps de finir ma phrase que le voilà qu'il s'empresse de presser ses lèvres contre les miens, ses deux mains encadrant délicatement mon visage tandis que son pouce caresse ma joue.

« - Tu sais que je t'ai vu depuis tout à l'heure ? Je me retenais juste d'accourir tel ton chevalier servant pour te sauver de Jessica.

- Pourtant, ça a l'air d'un bon coup non ?

- Marguerite...

- Quoi ?

- Ne commence pas. Jess' et moi, c'est du passé. Et puis maintenant, je vais t'avoir tous les jours avec moi ! On pourra faire des bêtises au bureau.

- Je croyais que tu ne voulais pas ?

- Je n'ai jamais dit ça, mais une petite folie ou deux....Ça n'a jamais tué personne.

- Dit-il...

- Donc Madame la Directrice, puis-je vous faire l'amour, là de suite ?

- Attends, maintenant ? Dans ton bureau ?

- Quoi ? Il ne te plait pas mon bureau ?

- Oh si Monsieur l'Éditeur.

- J'aime quand tu m'appelles comme ça !

- Ahahaha ! »

On n'aurait jamais dû travailler ensemble lui et moi. On passera plus de temps à faire n'importe quoi plutôt qu'à travailler.

À cet instant, j'eus d'étranges paroles en tête, ne me demandez pas pourquoi, elles sont là, c'est tout.

« Your Butt Is Mine

Gonna Tell You Right

Just Show Your Face

In Broad Daylight

I'm Telling You

On How I Feel

Gonna Hurt Your Mind

Don't Shoot To Kill

Come On,

Come On,

Lay It On Me

All Right...

I'm Giving You

On Count Of Three

To Show Your Stuff

Or Let It Be...

I'm Telling You

Just Watch Your Mouth

I Know Your Game

What You're About

Well They Say The Sky's The Limit And To Me That's Really True

But My Friend You Have Seen Nothin'

Just Wait 'Till I Get Through...

Because I'm Bad, I'm Bad - Come On (Bad Bad - Really, Really Bad)

You Know I'm Bad, I'm Bad - You Know It ♫»

Désolée Michael.

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