|CHAPITRE 45| L'honneur personnel
Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises !
Hello ! Oui, je vous donne le chapitre en avance, encore. Mais je ne tiens plus et j'ai trop envie de voir vos réactions. Et comme on approche vraiment de la fin, je suis sympa avec vous.
Et oui, officiellement, vous l'avez vu la semaine dernière, Abby ne fera pas partie de l'Ordre. Cependant, je tiens à vous préciser une chose : ça ne veut pas dire qu'on ne la verra plus jamais ;)
Aujourd'hui un chapitre assez long, qui fait près de 7 000 mots et que j'ai mis 2 mois à écrire parce que j'ai longtemps bloqué dessus. Alors je vous avoue ne pas en être ultra-satisfaite mais bon, on fait avec ce qu'on a comme on dit. J'espère qu'il vous plaira.
Bonne lecture ^^
P.S. Pas de bêta lecture non plus ;)
***
- Et plus que jamais, les Serpentard sont nos ennemis jurés ! On va leur faire mordre la poussière à ces serpents de malheur !
Johanna s'ennuyait comme un rat mort. C'était la troisième année consécutive que la finale de Quidditch opposait Gryffondor à Serpentard et ces derniers avaient toujours raflé la coupe de justesse. Et c'était la troisième année de suite que James leur servait le même discours à la noix. C'était ennuyeux.
Son regard glissa vers ses coéquipiers. L'autre batteur, en particulier. Johanna n'avait pas pu embrasser Charlus avant le match. Elle était persuadée que c'était un mauvais présage et que ça lui porterait malheur.
- Jo' ! Tu m'écoutes ou pas ?
- Non, répondit la batteuse, le menton dans sa main. Mais tu dois en être au moment où tu nous dis de faire attention à Black, je me trompe ?
James plissa les yeux, visiblement vexé qu'elle ait eu raison, et reprit son spitch.
- Exactement. Regulus Black est notre ennemi. Il est surtout le tien, Edward. C'est un très bon attrapeur et il est si bon qu'il est capable de faire des machineries pour nous empêcher de jouer correctement, nous les poursuiveurs, en même temps qu'il cherche le Vif d'Or. Jo' et Charlus : votre rôle c'est de le déstabiliser. Votre technique a miraculeusement évolué cette année, il pourra être pris au dépourvu si vous faites ça correctement.
Johanna pinça les lèvres. Ils ne pourraient pas se focaliser uniquement sur l'attrapeur ennemi, c'était trop risqué de ne viser qu'un septième de leurs adversaires. Charlus sembla penser la même chose car ses sourcils blonds se froncèrent.
Quand le capitaine mit le point final à son interminable discours et autorisa ses joueurs à discuter stratégie et à se préparer sur le temps qu'il leur restait, Johanna sauta de son banc, attrapa le poignet de Charlus d'un geste brusque et ouvrit la première poignée qui lui passa sous la main : les douches des vestiaires. Elle remercia l'anxiété ambiante de faire passer ce fait pour anodin et éviter les probables rumeurs.
Elle claqua la porte d'une cabine et plaqua Charlus contre le mur.
- Johani, on va nous avoir vu, laissa-t-il échapper alors qu'elle l'embrassait enfin.
- Ils n'ont rien remarqué. Et j'ai besoin de toi.
Charlus passa ses mains sur les hanches de Johanna et la tira doucement contre elle pour approfondir le baiser. Un sentiment de calme l'envahit enfin, adoucissant toutes ses angoisses dues au match qui allait se jouer dans les prochaines minutes.
- On va y arriver, murmura Charlus après. On ne peut pas se concentrer uniquement sur Black mais si on le garde à l'œil, on pourra s'occuper de lui au moment opportun.
Johanna hocha la tête :
- Puis notre technique a « miraculeusement » progressé, cita-t-elle. Il ne s'y attendra pas.
- Tu sais que James a fait exprès d'utiliser ce terme pour te vexer et que tu prouves de toi-même que tu as toujours été incroyable au Quidditch ? se moqua Charlus.
- Tais-toi, Charlot, évidemment que je le sais. Je le connais depuis plus longtemps que toi.
Une voix les appela depuis le vestiaire.
- Il y aura les recruteurs des équipes professionnelles, se rappela Johanna. Ça ne me stresse pas, je ne compte pas entrer dans une équipe. Mais je compte quand même leur montrer qui est Johanna Fawley.
- J'aime cet esprit, approuva Charlus en lui tapant l'épaule. On va leur montrer à quel point notre duo est incroyable et ils vont se mettre à genoux et nous supplier de ne pas renoncer au Quidditch professionnel. Foi de Charlus !
Il était l'heure de rentrer dans le stade. Les exclamations et cris des élèves étaient au rendez-vous.
- L'équipe de Gryffondor entre sur le terrain, plus déterminée que jamais ! À leur tête en tant que poursuiveur : James Potter, suivi de ses deux coéquipiers : Honorine Marshall et Marcus Filbert ! Viennent après eux leur gardien et leur attrapeur, la révélation de l'année : Luis Siciliano et Edward Tofty ! Et enfin, applaudissez-les bien fort, les batteurs : Charlus O'Brien et Johanna Fawley ! Et à la grande surprise du public, cette dernière a officiellement annoncé qu'elle ne se lancerait pas dans une carrière de batteuse professionnelle, qui aurait pourtant été prometteuse ! On lui souhaite un merveilleux dernier match !
Agnes Zeller était plus surexcitée que jamais. Charlus pouffa.
- Ça te met vachement la pression, tout ça. Oh, regarde, les recruteurs n'avaient pas l'air au courant de cet état de fait, commenta-t-il en pointant du menton la tribune des professeurs.
Johanna leva la tête. En effet, les recruteurs qui assistaient au match avaient l'air surpris et bavardaient entre eux tout en la regardant, comme s'ils interrogeaient la vérité de cette information.
- Bien, soupira Johanna. Au moins, j'ai eu une motivation pour faire un match parfait.
- Jo' ? demanda Charlus. Pourquoi tu veux attirer leur attention si tu ne veux pas continuer après Poudlard, sans vouloir être indiscret ?
- Notre duo est le plus soudé de l'histoire de Poudlard, s'ils me remarquent, ils te remarqueront. Comme ça, si tu changes d'avis et souhaite continuer en pro après, ils t'auront déjà vu. Et aussi pour montrer à mes parents que j'aurais parfaitement eu accès à ce genre de carrière si je l'avais voulu. Ça va les faire enrager.
Zeller, bonne commentatrice, s'égosillait toujours dans son micro. Johanna venait à s'en demander comment ses cordes vocales tiendraient tout le match à ce rythme.
- Et voici les Serpentard ! À leur tête, leur batteur et capitaine : Eddie Avery suivi par son coéquipier : Angus Mulciber ! Derrière eux, viennent les poursuiveurs : Evan Rosier, Cygnus Wilkes et Andrew Whitby ! Enfin, ce sont Leon Morifey, le gardien, et Regulus Black, l'attrapeur, qui ferment la marche !
- Whitby, releva Charlus. Ce n'est pas un des amis de Ryan ? Un allié politique ? Qu'est-ce qu'il fout dans une équipe composée exclusivement de futurs Mangemorts ?
- Si, c'est bien lui, confirma Johanna. Mais ici, c'est un ennemi. Et ce n'est pas si exclusif que tu le penses : ils ne sont pas assez nombreux et j'imagine qu'Avery ne veut pas de filles dans son équipe. Regarde Morifey par exemple : c'est un gars hautain et riche comme y a pas. Mais il n'a jamais approuvé publiquement les idées de ses camarades et n'est pas Sang-Pur. Pourtant, il est là aujourd'hui.
Avery et James se serrèrent la main - ou s'écrasèrent les doigts. Avant de s'envoler, Johanna inspira profondément, éclipsant le vacarme alentour. C'était son dernier match. Charlus était là. Ils allaient tous les impressionner. Elle avait eu son bisou. Ça lui porterait chance. Elle allait briller, on ne verrait plus qu'elle. Elle allait tout donner. Et elle étincèlerait.
Les conditions météo étaient bonnes. Le vent ne soufflait pas trop fort et le ciel était bleu. « Faites attention au soleil », avait recommandé James à ses batteurs avant de décoller.
Johanna leva les yeux au ciel. Comme si elle ne savait pas. Elle donna un coup au sol et s'envola. La finale allait enfin démarrer.
Le public était exalté. Acclamations et applaudissements se mêlaient en un tout particulièrement jouissif. Johanna sentit l'adrénaline la gagner. Elle croisa le regard de Charlus et elle ne put s'empêcher de lui faire un clin d'œil coquin. Après tout, elle avait pris une potion contraceptive ce mois-ci...
Elle se reconcentra sur le jeu. Les poursuiveurs de Serpentard s'échangeaient le Souafle à une vitesse phénoménale. Dans son micro, Agnes Zeller beuglait :
- Rosier passe à Whitby qui passe à Wilkes ! Encore Whitby et Rosier récupère ! Il s'approche des buts de Gryffondor à une vitesse impressionnante ! Mais où est le gardien ?!
Johanna envoya un Cognard en direction de Wilkes avant de relever les yeux. Le score était déjà de 0 à 20 en faveur des Serpentard, elle espérait que Luis avait vite eu le temps de modifier sa stratégie.
- Et Siciliano manque le Souafle de justesse ! Il s'était caché dans l'ombre, en-dessous des poteaux ! L'idée était bonne mais il a été pris de court par la vitesse hallucinante de Rosier ! Serpentard creuse l'écart avec un score de 30 à 0 !
- Merde, laissa échapper Johanna.
Luis avait pourtant réussi à utiliser les conditions à son avantage. Le soleil brillait et l'ombre se projetait sur leurs buts. C'était une bonne initiative qu'il avait eue mais si même ça n'arrêtait pas les Serpentard, Johanna ne voyait pas ce qu'ils pourraient faire de plus. Ils allaient subir une défaite écrasante.
James devait l'avoir compris aussi au vu de la grimace qu'il faisait.
Pour compenser l'arrière-goût amer que lui laissait en bouche ce début de match, Johanna frappait les Cognards sans arrêts. Elle les enchaînait, sprintait sur tout le terrain, avait à peine le temps de s'occuper du score ou de l'apparition du Vif d'Or. Dans son rôle, elle était moins pessimiste. S'ils ne pouvaient pas marquer facilement, ils pouvaient au moins essayer d'infliger le plus de blessures à leurs ennemis. Avery et Mulciber étaient de bons batteurs, elle l'admettait, mais Charlus et elle les surpassaient de très loin.
- Fawley et O'Brien sont infatigables ! Leur technique et leur dualité - qui étaient déjà qualifiées d'exceptionnelles l'année dernière - sont au summum de la perfection ! En un an, ils ont effacés tous leurs points faibles et... OH ! Whitby lâche le Souafle et Potter le récupère ! Il passe à Filbert qui passe à Marshall ! Elle le garde et fonce vers les buts de Serpentard ! Elle n'hésite pas et se lance ! Morifey n'était pas prêt, il n'a pas le temps de l'arrêter ! GRYFFONDOR MARQUE ! 10 à 50 pour les rouge et or !
Des hurlements et une salve d'applaudissements explosent dans les tribunes, si fort que les quolibets des Serpentard furent étouffés par la foule en délire. Cette ridicule petite victoire, ce simple but réussit à redonner espoir à toute l'équipe. Johanna sentit l'envie de gagner parcourir ses veines à toute allure, crépitant jusqu'au bout de ses ongles. Elle allait leur montrer de quoi Charlus et elle étaient capable. Elle allait leur montrer à quel point ils auraient dû se méfier d'eux. Ils allaient leur prouver que leur équipe était incroyable. Ils allaient gagner.
Un quart d'heure plus tard, pourtant, l'écart se creusait toujours plus. 20 à 70 en faveur des Serpentard, Johanna luttait pour empêcher et gêner un maximum leurs adversaires. Elle était en nage. Son cerveau s'était presque déconnecté, seuls ses muscles contrôlaient ses mouvements. Elle enchainait les frappes, jusqu'à n'en plus pouvoir. Elle sentait le regard surpris - et légèrement inquiet - de Charlus. Elle pria pour qu'il ne soit pas trop déstabilisé et lui lança une œillade confiante. Il reprit alors son jeu, l'adaptant à celui de Johanna.
Ils se surpassaient. Johanna n'en avait pas conscience mais tous les regards étaient rivés sur eux. Dès leurs débuts, à leur entrée dans l'équipe, ils avaient été qualifiés comme étant les deux meilleurs batteurs que Poudlard n'ait jamais vus. Et pourtant, en cet instant précis, tout le monde suivait avec émerveillement les trajectoires des Cognards.
Les recruteurs étaient impressionnés. Même en équipe professionnelle, ils avaient rarement eu la chance d'observer une telle technique, une telle concentration, un duo si soudé. Le représentant des Frelons de Wimbourne s'en mordait les doigts. Il ne comprenait pas pourquoi Fawley avait refusé sa proposition, lui qui s'était pourtant même presque fait à l'idée d'intégrer O'Brien avant sa sortie de Poudlard.
Le huitième but des Serpentard faillit passer inaperçu. Ce fut après cela que James leva le bras et demanda un temps mort.
Johanna se détendit un peu et descendit jusque sur le terrain en se massant l'épaule. Une fois à terre, elle essuya du bras la sueur qui coulait sur son front et lui brûlait. Elle frotta ses mains moites sur son maillot et grimaça devant la mine renfrognée de James. Ils étaient bons pour se prendre un savon.
- Les Serpentard nous ont pris à revers, grogna-t-il. Mais vous avez été incroyables, tous autant que vous êtes. Edward, ne pas suivre Black est une excellente idée. Poursuis dans cette voie. Luis, c'est pareil. Tu as de très bonnes idées et tu les emploies parfaitement. Continue comme ça, continue d'innover, tu finiras par les surprendre. Marc', Honorine, c'était parfait. Notre cohésion est la meilleure qu'on ait pu atteindre. Quant à vous deux, Charlus, Johanna,...
Jo' soutint le regard de son capitaine, parée pour le sermon.
- Je suis tellement impressionné ! s'exclama James, à la plus grande surprise de l'équipe. Vous êtes les éléments qui inquiètent le plus les Serpentard ! Continuez comme ça ! N'hésitez pas ! Grâce à vous, on a une chance de gagner !
- James, tu te sens bien ? s'inquiéta Charlus.
- Très bien, même ! C'est le quatrième meilleur moment de ma vie, après la fois où j'ai embrassé Lily, la fois où j'ai demandé McGonagall en mariage dans la Grande Salle et la fois où j'ai vu Servilus se faire rabattre le caquet par Lily.
Les sourcils de Johanna disparurent sous une mèche de cheveux décoiffés.
- Préparez-vous à repartir ! annonça finalement James. Jo', viens me voir une minute.
Johanna comprit mieux. Il voulait la disputer mais pas devant les autres, pour garder l'espoir et l'esprit de compétition de l'équipe.
- Continue comme ça, lui confia-t-il à voix basse. Tu portes toute l'équipe sans t'en apercevoir, c'est dingue. Et si tu veux un conseil : Luis a eu une très bonne idée au début du match. Il ne peut plus s'en servir mais les serpents n'iront pas imaginer qu'on soit suffisamment intelligents pour recommencer.
Johanna, perturbée, n'eut même pas le temps de le questionner qu'il chevauchait déjà son balai, prêt à repartir.
Ce n'est qu'une fois en l'air qu'elle repensa aux paroles divinatoires de James. « Luis a eu une très bonne idée au début du match ». Qu'est-ce que ça voulait dire ? Il faisait référence à la fois où il s'était caché dans l'ombre ? Mais quel était le rapport avec un quelconque conseil ? Et pourquoi aurait-elle besoin d'un conseil ? N'avait-il pas dit lui-même qu'il l'avait trouvée incroyable ?
Puis ses pensées cheminèrent. James voulait qu'elle continue de se démener mais en se cachant dans l'ombre dans les moments déterminants. Un sourire cruel retroussa ses lèvres. Ils allaient la gagner, cette finale.
Le match avait repris, la cadence s'était accélérée. Johanna en venait presque à se demander comment son corps faisait pour tenir, pour jouer plus vite que ses analyses. Mais elle préférait ne pas y réfléchir : elle avait un objectif, elle devait s'y tenir.
L'occasion se présenta six minutes après la fin du temps mort, alors que le score était de 30 à 80. Les attrapeurs s'étaient soudain élancés l'un derrière l'autre, Black en tête. Le frère de Sirius tendit son bras et Johanna vit tout au ralenti.
Elle frappa dans un Cognard, si fort que ni Avery ni Mulciber ne purent rien faire.
La balle noire, projetée à toute vitesse, continua sur sa trajectoire et s'écrasa dans le bras de Black.
Le public retint sa respiration, unanimement. C'est en voyant qu'Edward avait arrêté de suivre son adversaire que Johanna comprit qu'il y avait un problème.
- JO' ! IL EST GAUCHER ! cria une voix dans les tribunes avant que les exclamations ne reprennent.
Il ne fallait pas savoir additionner deux et deux pour comprendre que c'était Sirius qui lui avait lancé ce conseil.
Alors Johanna comprit. C'était le bras droit de RegulusBlack qu'elle venait de casser. Il avait feinté, fait croire qu'il avait repéré le Vif d'Or. Edward s'en était aperçu avant les autres et avait arrêté de le poursuivre. Mais elle, Johanna Fawley, s'était faite avoir et lui avait cassé le bras droit pour rien.
Mais c'était bon à savoir. Si Regulus Black avait l'habitude d'utiliser son bras droit pour feinter, il ne pourrait plus vraiment faire semblant. C'était un garçon intelligent, il comprendrait que recommencer, c'était prendre le risque de perdre l'usage de son bras gauche et perdre ses chances de remporter la victoire.
- Et on dirait bien que le temps mort a fait du bien à Gryffondor, ils marquent ! 40 à 80 pour les Serpentard !
Au moins, Zeller est de notre côté, pensa Johanna.
Il était clair depuis huit bonnes minutes que le gagnant ne serait désigné qu'à l'aide du Vif d'Or quand Serpentard réussit à agrandir l'écart entre les scores une nouvelle fois.
- Oh, un joli coup de la part de Whitby ! 70 à 120 !
Johanna serra les dents et écarquilla les yeux en voyant que les attrapeurs avaient filé en même temps. Encore une fois, c'était Black qui menait la course.
Il n'est pas assez stupide pour refaire une feinte, se dit-elle. Se pourrait-il qu'il ait vraiment vu le vif ?
Elle échangea un regard avec Charlus et se prépara à frapper dans le Cognard le plus proche au moment où le cadet de Sirius tendrait son bras gauche. Elle eut à peine le temps de concentrer ses yeux, qu'Edward faisait demi-tour.
- Black aurait de nouveau essayé d'utiliser une feinte ?! s'exclama Agnes Zeller. Quelle audace ! Il aurait pu se faire casser le bras gauche si Tofty n'avait pas vite remarqué la supercherie ! Je ne saurais vous dire si je trouve ça courageux ou stupide !
C'était stupide.
Complètement débile.
Johanna était énervée contre ce crétin de Serpentard. Quel imbécile ! Si elle lui avait cassé le bras gauche alors qu'il n'avait pas repéré le vif, James lui en aurait voulu pour toujours parce qu'il aurait trouvé qu'ils n'avaient pas eu une victoire satisfaisante.
Merlin savait que dans un match de ce genre, où la prise du Vif d'Or déterminait l'issue, James ne supportait pas qu'un des deux attrapeurs soit mis hors-jeu avant la fin. Mais si Black continuait de faire le con, elle ne pourrait jamais savoir quand serait le bon moment pour frapper.
- Jo' ! cria justement la voix de son capitaine. Edward te fera un signe quand tu pourras te préparer ! Ne fais pas de conneries !
Il lisait dans ses pensées ? Non. Simplement, il la connaissait si bien qu'il arrivait à en déduire le cheminement de ses pensées. C'était un peu flippant.
Par les sous-vêtements sales de Merlin, Black devait vraiment se comporter comme un Gryffondor irréfléchi si James avait à en venir à des méthodes de Serpentard pour l'arrêter. C'était à se demander si le Choixpeau n'avait pas fait une erreur en envoyant le petit frère de Sirius chez les serpents.
- 90 à 140, toujours en faveur des Serpentard !
Une soudaine émotion traversa Johanna. Son ventre se tordit, ses muscles se tendirent et son visage se crispa. La rage de vaincre l'incendiait enfin. Ses étincelles se transformaient enfin en un grand feu.
Ils ne pouvaient pas perdre. Ils devaient gagner. Elle devait gagner.
Plus que pour l'équipe, de manière très égoïste, elle voulait gagner. Elle voulait se prouver que si elle l'avait voulu, elle aurait pu aller en professionnel. Elle en viendrait presque à vouloir voir les recruteurs la supplier de se joindre à leur équipe, simplement pour se rassurer, savoir qu'elle en aurait eu les capacités. Elle préférait partir à la guerre en sachant cela que partir à la guerre en ayant compris qu'elle n'avait jamais été si forte que cela.
Elle voulait montrer à ses parents, leur renvoyer une dernière fois l'image auréolée de gloire et de succès de leur si décevante fille. Elle voulait leur prouver qu'Hélios, son grand-père avait eu raison de lui faire confiance. Elle voulait voir les regrets de ne pas avoir eu un fils se peindre sur leurs visages. Elle voulait leur rappeler qui elle était vraiment, leur dire que oui, si elle l'avait décidé, elle aurait été engagée par les Flèches d'Appleby et Charlus et elle aurait pu être des batteurs de renommée mondiale.
Elle voulait voir se refléter dans leurs yeux ce qu'elle serait devenue si elle avait été Theseus.
Oui, Johanna devait gagner. Elle était déterminée. Les Serpentard ne l'emporteraient pas.
- On dirait que les batteurs de Gryffondor ont à nouveau capté l'attention du public ! Fawley et O'Brien se démènent comme ils ne l'ont jamais fait ! Une chose est sûre, ils ont le sens du spectacle ! OH ! 140 à 100 pour Gryffondor qui commence à remonter la pente ! On dirait bien que les poursuiveurs rouge et or ont profité de la diversion que leur a apporté leurs batteurs !
Une ovation unanime se déclencha dans le public. La plupart des élèves s'étaient levés, tapant du pied contre le bois des tribunes et criant leurs noms.
- FAWLEY ! O'BRIEN ! FAWLEY ! O'BRIEN ! entendait-on dans tout le stade.
Le cœur de Johanna s'emballa. Elle allait gagner. Elle le savait.
Ensuite, tout se passa en un instant. À nouveau, les attrapeurs se poursuivaient. Johanna les fixa, cherchant le moindre signe de la part d'Edward. Soudain, le jeune Gryffondor leva le bras gauche.
Le bras gauche.
Edward était droitier.
C'était le signe.
Johanna capta le regard de Charlus et vit le léger hochement de sa tête blonde. Johanna fila alors vers l'endroit du stade où l'ombre planait encore et se prépara à frapper. Elle se positionna et quand le Cognard arriva, l'espace d'une seconde, elle douta.
Devait-elle vraiment casser le bras gauche de Regulus Black alors qu'elle lui avait déjà brisé le droit ? Ne devait-elle pas plutôt prendre le pari risqué d'essayer de dévier son balai ?
Les attrapeurs étaient au coude à coude. Non, presqu'au coude à coude. Un œil averti pouvait voir qu'Edward était un peu décalé derrière. Il se protégeait du Cognard.
Et Johanna frappa. Elle fut étonnée de voir que son corps résista plutôt bien à la force qu'elle avait donnée. Elle aurait été moins étonnée de tomber de son balai.
La balle noire se propulsa dans la trajectoire qu'on lui avait donnée. Sans doute Regulus Black avait-il prévu que les batteurs s'acharneraient sur lui sans qu'Avery ou Mulciber ne puisse le protéger. Quoiqu'il en soit, il ralentit légèrement sa course et retira son bras tendu pour se protéger.
Ces rapides mouvements suffirent au Cognard à continuer sa route sans heurter sa cible et à Edward d'accélérer pour attraper le vif.
Edward avait attrapé le Vif d'Or.
Le match était terminé. Le score était de 140 à 250 en faveur des Gryffondor. Ils avaient gagné. Elle avait gagné.
Le silence assourdissant qui s'était installé dans le stade l'espace d'une seconde se brisa et une clameur explosa. Les joueurs redescendirent au sol, au cœur de la foule qui courrait sur le terrain pour venir les féliciter. Johanna n'en revenait pas. Ils avaient gagné. Ils l'avaient enfin eue, leur victoire. Une fois le pied posé à terre, elle mit du temps à comprendre l'enchaînement des événements. On la porta à bout de bras, elle reçut des claques dans le dos, elle eut la coupe dans les mains, Charlus lui avait donné un coup d'épaule pour lui montrer Regulus Black, le bras droit serré contre sa poitrine et le visage crispé. Elle entendit des compliments à tout-va et elle reprit ses esprits une fois dans les vestiaires, après une douche fraîche.
- Johanna, ça va ? lui demanda Honorine, à côté. Tu te laves toute habillée, là.
- Ouais. Ouais, ça va très bien. On a gagné, Honorine !
Soudain, l'eau rafraîchissante lui ayant remis les idées en place, elle revit les dix dernières minutes et la nouvelle s'insinua en elle, comme une vérité cachée.
- Putain, on a gagné, réalisa-t-elle à voix basse.
- Oui, Jo', on a gagné, pouffa Honorine. Tu as eu la coupe dans les mains à un moment, non ?
Johanna sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle était trop heureuse. Pour être sûre qu'Honorine ne les verrait pas couler, elle passa son visage sous le pommeau et laissa l'eau ruisseler sur sa peau.
Un poids énorme se retira de sa poitrine. Hélios avait eu raison de lui faire confiance. Ses parents allaient se mordre les doigts. Tout était parfait.
- JOHANNA THESEUS FAWLEY ! cria la voix de James. Si tu ne te dépêches pas de sortir de là, je viens te chercher moi-même !!
Johanna grogna et leva les yeux au ciel. Elle attrapa une serviette qu'elle enroula autour de ses cheveux emmêlés et trempés et entendit Honorine glousser lorsqu'elle ouvrit la porte.
- Il était temps ! s'impatienta James. Ça fait trois fois que je t'appelle ! Attends... Tu t'es lavée toute habillée ?
- Je n'avais pas les idées claires, je viens seulement de comprendre les implications de notre victoire. Pourquoi tu m'appelles comme ça ?
James pointa du menton trois personnes, devant la porte des vestiaires. Il y avait deux femmes et un homme. Johanna s'avança timidement.
- Bonjour, salua-t-elle. Mon capitaine m'a dit que vous vouliez me voir ?
- En effet, approuva l'homme en lui tendant sa grande main. Je suis Rob Daniel, recruteur des Frelons de Wimbourne. Je suis ravi de vous rencontrer. Je n'avais pas vu un jeu pareil depuis que j'ai engagé Ludo Verpey - et encore, je puis vous assurer qu'il n'avait pas la moitié de votre talent à la fin de sa scolarité.
Johanna serra sa main. Ce Rob Daniel était drôlement bavard. Puis, elle ne méritait pas tous ces compliments. Sans Charlus, son jeu ne valait rien et elle ne pourrait presque rien faire. Ce qui faisait tout, c'était leur duo.
Une des deux femmes se présenta en tant que Mary Morgan, poursuiveuse et capitaine des Harpies de Holyhead.
- Vous n'avez rien compris à la technique de Miss Fawley, Rob, énonça-t-elle d'une voix mi-amusée mi-sérieuse. Ce qui compte, c'est ses capacités lorsqu'elle joue avec son coéquipier. Malheureusement, Johanna, je dois vous dire que nous sommes une équipe exclusivement féminine. Si vous souhaitez nous rejoindre, vous devrez recommencer tout votre travail depuis le début et bosser dur pour compenser.
- Excusez-moi, l'interrompit Johanna. Mais je ne compte pas devenir joueuse professionnelle.
- Miss Fawley, vous pouvez encore changer d'avis ! s'exclama Rob Daniel. Après le spectacle auquel nous venons d'assister, il serait dommage de gâcher votre talent. Ludo pourrait facilement s'adapter à votre technique et remplacer votre camarade !
Ludo ? Ludovic Verpey ? Ce Rob Daniel voulait faire de lui son coéquipier ? Oh, Verpey... Avec ses cheveux blonds, ses joues roses et ses yeux bleus... Il avait du charme, Johanna devait bien admettre qu'elle lui avait toujours trouvé quelque chose. Mais maintenant qu'elle avait Charlus, elle était plus lucide. Et elle avait enfin compris le problème de Ludo Verpey.
- Désolé, Mr. Daniel, s'excusa-t-elle. Verpey est un très bon joueur, je vous l'accorde. Mais il serait incapable de faire équipe avec moi. Il a tendance à souvent se la jouer solo or j'ai besoin d'avoir un binôme solide, comme Charlus et moi. Je crains que vous ne deviez lui trouver un joueur qui serait aussi capable que lui d'être en solitaire.
Rob Daniel, vexé, grimaça. Il lui serra à nouveau la main, plus sec, et repartit en direction du professeur McGonagall. Sans doute espérait-il qu'elle serait plus à même de la convaincre d'intégrer les Frelons.
- Rob n'aime pas qu'on fasse ressortir devant lui les défauts des joueurs qu'il a lui-même choisi, surtout si c'est pour refuser un contrat, commenta Mary Morgan. Enfin. Je crois comprendre que vous ne voudrez pas non plus de notre offre. Sachez que vous pourrez toujours nous recontacter si vous changez d'avis. Au revoir, Miss Fawley.
À peine la capitaine des Harpies fut partie, à peine l'autre femme sortit de l'ombre dans un soupir exaspéré.
- Et bien ! J'ai cru qu'ils n'en finiraient jamais ! Angela Bonnie, capitaine et gardienne des Flèches d'Appleby. Est-ce que Charlus O'Brien pourrait se joindre à nous ?
Johanna acquiesça.
- Charlot ! appela-t-elle. Viens voir, s'il te plaît !
- Bien. En attendant qu'il arrive, je voulais vous dire que je respecterai votre choix, quel qu'il soit. Oh, Mr. O'Brien ! Pouvez-vous vous joindre à nous ?
Charlus fronça les sourcils et vint se placer à la droite de Johanna. Angela Bonnie se présenta à lui.
- L'année dernière, je vous avais dit que nous pourrions nous arranger pour vous faire rentrer dans l'équipe en même temps si vous le vouliez, commença Mrs. Bonnie. Contrairement à mes collègues, je vois bien que votre potentiel ne se repose que sur votre capacité à travailler tous les deux. Si vous décidez de changer d'avis, Charlus et Johanna, rappelez-vous que nous pourrions nous arranger pour que vous n'ayez pas à attendre un an avant de pouvoir jouer. Le professeur McGonagall a donné son accord pour que des arrangements soient faits sur l'emploi du temps de Charlus.
Si Johanna n'avait pas déjà pris sa décision, elle aurait à nouveau hésité. C'était tentant, certes. Mais l'Ordre ne pouvait pas relégué derrière le Quidditch. Abby avait déjà été voir Dumbledore pour qu'il lui efface la mémoire, c'était hors de question de reculer, maintenant.
- Je suis sincèrement désolée, fit Charlus, l'air sincère. Mais ne comptez pas sur moi pour faire changer Johanna d'avis. J'en suis bien incapable et même si je le pouvais, je ne le ferai pas. Je comptais arrêter de jouer cette année, de toute manière.
- Comment cela ? s'étonna la capitaine des Flèches.
- Vous l'avez souligné, Johanna part à la fin de l'année. Si je continuais d'occuper mon poste de batteur l'année prochaine, je devrais avoir un nouveau coéquipier, je devrais m'habituer à lui, tout ça pour le lâcher au bout d'un an. Je ne pense pas que ce soit faisable. Je préfère me concentrer sur mes études que ce genre de problèmes. Vous n'aurez pas à discuter avec McGonagall pour les emplois du temps.
La gardienne des Flèches d'Appleby semblait sincèrement surprise de les voir tous les deux arrêter ce qui semblait être les prémices d'une carrière de talent. Puis elle sourit, un air rêveur passant dans ses yeux.
- Ah, la jeunesse, soupira-t-elle. Quoiqu'en diront mes collègues, vous êtes vraiment incroyables, tous les deux - et je ne parle pas que de Quidditch. En tout cas, j'espère que vous réussirez vos études haut la main, Charlus. Autant mettre vos capacités à profit, si c'est cela votre objectif. Quant à vous, Johanna, je suis heureuse de voir que votre talent au Quidditch sera basculé dans un combat bien plus compliqué qu'un simple match.
Johanna en eut un hoquet.
- Pa-Pardon ? fut la seule chose qu'elle réussit à dire.
- La flamme de la détermination brille dans vos yeux, s'expliqua Angela Bonnie. En tant que née-moldue, je vous assure que je sais de quoi il s'agit.
Une étrange émotion traversa Johanna. La sérénité. La personne la plus à même de la faire hésiter sur son choix de carrière venait d'approuver ses idéaux. Plus rien ne pourrait la faire changer d'avis. Elle allait s'engager corps et âmes dans une lutte pour la justice et ça lui plaisait.
La capitaine les salua et s'en alla. Charlus sourit, espiègle.
- Elle t'a approuvée, Johani. T'as intérêt à faire briller le Bureau des Aurors.
Si tu savais, pensa-t-elle.
- T'en fais pas pour ça, répondit-elle à la place. Je vais leur montrer à quoi auront servi ces années de Quidditch, à ces ventres bedonnants du Ministère.
~~~
Lily était dans le dortoir, en train de se préparer. Slughorn avait organisé une petite soirée à l'occasion de la finale de Quidditch. Elle avait très peu envie d'y aller, de rater la fête organisée par les Maraudeurs à l'occasion de cette victoire. Mais ce serait sans doute la dernière soirée de son professeur de l'année et elle lui était reconnaissante qu'il lui ait appris tant de choses. Alors, elle se préparait sans broncher, quitte à partir un peu plus tôt du dîner pour pouvoir profiter de la fin de la fête dans la tour de Gryffondor.
Comme à son habitude, Slughorn devait avoir invité Johanna et Charlus. Mais Lily pensait que cette fois, ils ne viendraient pas. Pour eux, la fête de la victoire était bien plus intéressante. Ils étaient les héros de cette finale, ils n'allaient pas rater ça.
La porte du dortoir s'ouvrit, surprenant Lily. Johanna entra en baillant comme quelqu'un qui n'a pas dormi depuis deux jours.
- Jo' ? Tu viens chercher quelque chose ?
- Non, je viens me préparer pour ce soir. Slughorn est vraiment sans pitié. Nous convier le soir même du match, c'est criminel. Je voulais dormir tôt, moi.
- Mais... La fête... Sirius avait dit que...
- James a insisté pour la reporter à plus tard dans la semaine. Il veut que tu sois là. Et en plus, Sirius insiste pour que j'aille à la soirée du vieux Slug pour que je lui décrive la tête de son frangin quand il me verra arriver. Et dire que grâce à l'amour que James te porte, j'aurais pu dormir ! se lamenta-t-elle.
Lily pria pour ne pas rougir. Elle n'avait pas encore l'habitude qu'on lui parle de sa relation avec James comme ça, même si toute l'école était au courant depuis un petit moment maintenant et que les rumeurs à leurs propos commençaient à peine à se calmer. Quand elle fut prête, elle attrapa une boite carrée qui attendait sur sa table de chevet.
- Tu peux y aller sans moi ! lui lança Johanna. Charlus m'accompagnera.
Cela arrangeait Lily. Elle allait certes arriver en avance alors qu'elle était toujours en retard à ces occasions mais elle serait seule avec Slughorn, l'espace d'une minute ou deux. C'était ce qu'elle attendait.
Dans la Salle Commune, James l'attendait. Il la complimenta, Lily rougit, le remercia d'avoir reporté la fête. Avant qu'elle ne parte, Sirius lui demanda de ne pas oublier de bien regarder la tronche que tirerait Regulus. Lily pouffa : qu'il ne lui ait demandé ou pas, elle l'aurait fait. Voir le dépit sur son visage hautain était tout ce qu'elle apprécierait.
Avant de toquer, Lily replaça une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Elle se plaça contre la porte, écoutant en priant pour être la première. Elle se lança.
Slughorn était habillé dans une espèce de pull informe d'un vert bizarre. Lily ne fit aucun commentaire, préférant passer directement à sa venue en avance.
- Oh, Lily ! s'était exclamé le professeur de Potions. C'est bien la première fois que je vous voir arriver avant l'heure à ma soirée ! Et sans cette chère Johanna, qui plus est. Y a-t-il une raison spécifique ?
Lily se remercia d'avoir pensé à miniaturiser la boîte. Elle sortit à son professeur la première excuse qui lui venait et, dès lors qu'il eut le dos tourné, elle retira la boîte de sa poche, l'ouvrit, retira l'aquarium qui était dedans, le posa sur le bureau et rangea la boîte. Pour plus de discrétion, elle décida de rendre sa forme originelle au bocal seulement lorsqu'elle sortirait de cette soirée.
Les autres élèves ne tardèrent pas à arriver, comptant évidemment parmi eux Eddie Avery et Regulus Black. Ce dernier avait laissé tomber son masque froid et sec pour une expression dégoûtée et haineuse. Ajoutée à son bras en écharpe qui semblait le faire encore souffrir, le spectacle fut très divertissant pour Lily - et Jo' et Charlus qui arrivèrent en retard.
S'il n'y avait pas eu la mine déconfite de Black et celle vexée d'Avery, Lily serait sans doute morte d'ennui. Tout le long du repas, Slughorn n'avait fait que décortiquer et vanter chacune des belles actions de ce match. Autant dire que Johanna et Charlus avaient eu du mal à manger ne serait-ce qu'une bouchée en paix.
Mais Lily se demandait s'il n'y avait pas autre chose. Les deux batteurs de Gryffondor avaient toujours eu un comportement suspect, ce qui avait amené leurs amis à se moquer gentiment d'eux. Mais depuis quelques temps, Lily en venait à penser qu'ils cachaient vraiment quelque chose. Et ce dîner renforçait ses doutes.
Charlus O'Brien aimait bien faire gonfler ses chevilles. S'il savait qu'il réussissait bien, il n'hésitait pas à se vanter. Pourtant, chaque fois que Slughorn l'avait complimenté sur ce match - et Merlin savait qu'O'Brien avait vraiment très bien joué - il remettait ses exploits sur les très bonnes capacités de Johanna. Johanna qui avait rougi plus d'une fois en entendant son coéquipier. Or Johanna ne rougissait jamais, même si on lui faisait une remarque pleine de sous-entendus.
Lily plissa les yeux. Il y avait anguille sous roche. Baleine sous gravillon.
Ils n'arrêtaient pas de se lancer des petits coups d'œil. C'était suspect. Et puis pourquoi Johanna souriait-elle dès que Charlus parlait ? Pourquoi l'autre n'arrêtait pas de la regarder avec des yeux de merlan frit ? À ce point-là, Lily serait presque plus étonnée qu'il n'y ait rien entre eux.
À la fin de la soirée, Lily se dépêcha de fuir. Elle avait un plan, une idée de génie. Elle allait sortir dans les couloirs quand elle se rappela de son présent. Elle pointa discrètement sa baguette sur l'aquarium et lui fit reprendre sa taille normale. L'eau n'eut pas un mouvement, la fleur de lys qui flottait en centre n'avait pas bougé. Lily sourit, imaginant le futur petit poisson qui nagerait dans ce bocal et partit en catimini.
La Salle Commune était vide lorsqu'elle arriva, parfait pour son plan. Elle se dépêcha de monter quelques marches de la cage d'escalier et se cacha derrière le mur, tendant l'oreille.
Les batteurs ne tardèrent pas à arriver. Johanna pouffait en traitant son coéquipier de stupide. Il devait avoir raconté une blague nulle. Puis le silence s'installa. Lily essaya de monter un peu plus haut pour accéder à la première meurtrière de l'escalier. L'interstice suffirait pour observer et ils ne pourraient pas la repérer.
Contrairement à ce qu'elle aurait cru, ils ne s'étaient pas installés dans le canapé. Johanna s'était assise sur une table et regardait Charlus O'Brien. Lui aussi la regardait. Soudain, elle se leva et s'approcha du blond. Elle attrapa son menton et passa une main dans ses cheveux.
Lily s'obligea à ne faire aucun son. Elle le savait ! Elle le savait !
Leurs visages se rapprochaient. La tension montait. Puis Johanna se mit à chuchoter et Lily remercia le silence qui emplissait la pièce. Ainsi, elle pouvait quand même les entendre.
- Charlot... On a eu un match. Tu sais ce que ça veut dire ?
Le regard gris de Charlus se fit plus profond. Plus étrange. Lily fronça les sourcils.
- Tu as pris ta potion de contraception, affirma Charlus.
- Exactement. Tu sais, tu étais très beau pendant cette finale... J'ai eu envie de t'embrasser tout du long.
Les yeux de Lily s'écarquillèrent comme des soucoupes. Devait-elle comprendre ce qu'elle devait comprendre ?
- Pas ce soir, Johani, murmura Charlus un ton encore plus bas. On est fatigués, toi comme moi. Par contre, je veux bien t'embrasser. J'ai encore suffisamment de force pour ça.
Au surnom, Lily étouffa un hoquet de surprise. Elle s'assit sur la marche, attendant que Johanna monte. Elle n'avait pas besoin de les voir s'embrasser pour avoir une preuve : tout ce qu'elle avait entendu dépassait déjà de loin ses espérances. Elle qui avait espéré ne récupérer que quelques indices lui confirmant qu'il y avait quelque chose entre les deux batteurs, elle avait finalement eu sa réponse écrite noir sur blanc.
Un grand sourire s'étala sur son visage. Elle se mordit la lèvre pour s'empêcher de rire. Ce n'était pas le moment de tout gâcher !
Son menton se mit à trembler et elle s'obligeait à contrôler sa respiration pour ne pas éclater de rire. Elle entendit Charlus monter. Johanna n'allait pas tarder. Allez, dès que Charlus aurait disparu, elle pourrait se laisser aller. Ce n'était pas...
- AAH !!! MERLIN QUE VOIS-JE ?!!
L'apparition brutale de Johanna fit sursauter Lily. Elle avait été tellement concentrée pour ne pas faire de bruit qu'elle ne l'avait pas entendue arriver. La surprise passée, Lily sentit un fou rire lui secouer les épaules.
- Lily ! Qu'est-ce que tu fais ici ?
Hilare et les larmes aux yeux, Lily ne put pas donner de réponse immédiatement. Johanna, appuyée au mur, attendait plus ou moins patiemment que son amie se calme.
- C'est bon, ça va mieux ? Tu vas réveiller tout le monde, à rigoler comme ça. Tu m'as fais peur, je pensais que tu étais déjà partie te coucher.
- Désolée, Jo'. Mais je me devais de vérifier.
Un éclair de suspicion traversa les yeux bleus de Johanna.
- Vérifier quoi ?
- Pendant le repas, toi et O'Brien, vous n'arrêtiez pas de vous lancer des regards bizarres. Je devais confirmer mes hypothèses. Je n'en attendais pas autant.
C'était la première fois que Lily faisait rougir Johanna.
- Alors ? Ça fait combien de temps ? insista Lily, toujours tout sourire.
- Depuis janvier, je pense, marmonna Johanna. Tu veux bien le garder pour toi pour le moment ? Je sais déjà comment l'annoncer aux autres mais je dois attendre le bon moment.
- Pas de problème, promit Lily.
Johanna et Charlus, pensa Lily une fois dans son lit. Ce n'était pas si étonnant, en y repensant. Mais ils les avaient tellement charriés là-dessus que c'était plus devenu une blague qu'on lançait comme ça que quelque chose qu'on croyait réellement. Tant et si bien que c'était devenu une légende : tout le monde le répétait mais personne n'y croyait.
Lily sourit en pensant que les deux batteurs avaient du jouer là-dessus pour avoir cette relation secrète.
Oui, ç'avait été une bonne journée. Le match avait été très beau à regarder et finalement, de cette soirée au club de Slug avait découlé des informations que Lily garderait pour elle sans aucun problème.
***
P.S. Je tenais juste à vous dire que dans le canon, Lily donne l'aquarium à Slughorn un après-midi et pas un soir mais bon, je pense que ça ne vous gênera pas trop :)
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