|CHAPITRE 44| Il s'y était attendu. Mais ça faisait mal.
Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises !
Hello ! Bon, à l'heure où vous lisez cette note on est samedi (en fait non, on est vendredi parce que je me suis rappelée que demain je vais au zoo). Là où je l'écris, j'avoue, on est jeudi. J'ai trop envie de vous donner les derniers chapitres en ce moment alors j'ai estimé que l'avant-veille était une date convenable pour écrire ma note et me faire patienter.
JE VOIS TOUT A L'HEURE !!! J'ai trop hâte, voilà. (c'était trop bien) Ce sera pas très long mais ça fait siiiii longtemps qu'on s'est pas vues en vrai que je suis beaucoup trop contente qu'on se soit arrangé ça. ( c'est dans ce genre de moments que j'espère qu'on se verra en vrai dans pas si longtemps !)
Il fait moche dehors par contre. Bon, c'était le cas tout l'été mais ça m'énerve. (je raconte ma vie, c'est incroyable, tout le monde s'en tape, Lina).
Sinon, le chapitre. Je vais me faire taper parce que, oui, si j'ai envie de vous faire lire ça, c'est pour mon sadisme. Désolée(ou pas). Je vous jure, ça me fait rire de vous imaginer rager derrière votre écran xD
Enfin bref, je m'arrête là. Bonne lecture ^^
P.S. toujours pas de bêta-lecture ;)
***
James traînait les pieds dans les couloirs. Il adorait Pré-au-Lard mais s'il avait pu, il n'aurait pas choisi ce samedi-là pour s'y rendre. Depuis que Dumbledore l'avait convoqué - le jour de la pleine lune, qui plus est - il passait ses nuits à se tourner et se retourner dans son lit, les pensées assaillies par un tas de réflexion envahissantes.
Il savait qu'il choisirait l'Ordre : ça correspondait à ses valeurs et ça lui permettrait d'agir plus rapidement. Seulement, bien qu'il sache que Peter, Remus et Sirius s'y engageraient aussi, il ne savait pas si Lily les rejoindrait. Il n'avait pas encore eu le temps d'en discuter avec elle et il espérait de tout son cœur qu'elle faisait bien partie des élèves à qui Dumbledore avait parlé.
Ça le tourmentait. Il voudrait que Lily le suive dans cette aventure : il ne pourrait jamais lui cacher quelque chose d'aussi énorme, mais il voulait aussi qu'elle reste en dehors de tout ça : il avait peur qu'il lui arrive malheur.
- Cornedrue, grouille-toi ! l'appela Peter. Si on ne se dépêche pas, Rusard ne nous laissera pas partir à Pré-au-Lard !
James s'ébroua pour évacuer ces pensées et accéléra le pas pour rejoindre les Maraudeurs.
- T'as mauvaise mine, constata Remus. On dirait que c'est toi, le loup-garou.
- Je te remercie de ton soutien, Lunard, ça fait toujours plaisir.
- Il n'a pas tort, ajouta Sirius. Même Remus s'est remis de mercredi dernier et toi, t'es aussi pâle et cerné qu'un vampire. Tu es sûr que tu dors la nuit ?
- Non mais je suis certain que je ne dors pas, par contre, ironisa James en usant du peu d'humour que ses insomnies ne lui avaient pas retiré. Réfléchis, Patmol, si je dormais bien, ça se verrait.
- C'est vrai que je t'entends beaucoup te retourner sans arrêts depuis quelques soirs, remarqua Peter. Tu devrais demander quelque chose qui t'aide à reprendre tes cycles de sommeil habituels à Lily. Je suis certain qu'elle saurait comment t'aider.
James grogna un assentiment et étouffa un bâillement. Avant de parler de ses nouvelles tendances noctambules avec Lily, il devrait aborder le sujet de l'Ordre. Et il ne savait toujours pas ce qu'il préférait.
Ils arrivèrent enfin devant le portail, le souffle coupé. Rusard était sur le point de fermer l'accès. Il se retourna, son trousseau de clé cliquetant à la main.
- Vous ! s'exclama-t-il. Que faites-vous ici ?!
- On voudrait sortir, dit Sirius sur un ton nonchalant. Vous savez ? Pré-au-Lard, tout ça...
- Je ne vous fais pas confiance !
- Mais on a le droit d'y aller ! se rebuta Peter.
- Oui mais je vous connais ! fit le concierge, machiavélique. Tous les quatre, toujours dans les coups les plus fourrés...
- Si vous aviez fait attention, vous auriez pu remarquer qu'on est restés plutôt sages cette année, montra Remus.
- C'était pour faire baisser notre garde ! s'égosilla Rusard. Le lac ! La forêt dans la Grande Salle ! Je sais que c'est vous ! Je le sais, je le sais, je le sais !
- C'est nous, en effet, avoua James. Mais ça a plu aux autres et ça n'a mis personne en danger. On a même été récompensé pour ces exploits magiques.
James ne se rendit compte que trop tard que ce n'était pas du tout ce qu'il fallait dire.
- Vous êtes arrivés après tout le monde !! Vous avez préparé quelque chose, fourbes comme vous êtes, n'est-ce pas ? Hein ? Ne me mentez pas, je sais tout... Alors ?!
- S'il vous plaît, plaida Peter, on vous jure qu'on n'a absolument rien fait. Laissez-nous passer.
- Videz vos poches ! leur cria Rusard. Et plus vite que ça !
James, Sirius, Peter et Remus s'entre-regardèrent. Il fallait le faire, sinon ils ne pourraient jamais rejoindre les filles au village. Ça se jouerait à peu de choses. James soupira et retira le contenu de ses poches.
Ils déposèrent au sol tout ce qu'ils avaient. Remus fut le dernier, en posant la Carte du Maraudeur.
Tendus, ils observèrent Rusard regarder sous toutes les coutures ce qu'il y avait dans le tas.
Enfin, le concierge attrapa la carte et se releva.
- Je prends ça, conclut-il. Filez, maintenant ! Ou je vous colle tous jusqu'à la fin du trimestre.
James se retint d'aller égorger Rusard. Ils reprirent ce qui leur appartenait et partirent en-dehors de l'enceinte de l'école. Sur le chemin, uns fois suffisamment éloignés, ils se laissèrent aller à leur haine.
- Argh ! hurla Sirius. Ce vieux croûton ! Je vais le mordre !!
- Si quelqu'un doit mordre quelqu'un, il serait plus évident que ce serait à moi de le faire, essaya de calmer Remus. Or, je ne le ferai pas.
- Mais il nous a pris la Carte ! s'énerva James en donnant un coup de pied dans un caillou qui atterrit sur la tête de Peter. Oups, pardon Queudver. Il nous a pris la Carte, Rem', comment veux-tu qu'on ne fasse rien pour la récupérer !
- La récupérer voudrait dire que ce bout de parchemin nous importe. Rusard est un Cracmol, il ne sentira pas les ondes magiques qui se dégagent de la Carte pour la prendre au sérieux. Cependant, il est assez intelligent pour comprendre qu'on tient vraiment à ce truc s'il nous venait l'idée d'aller le reprendre. Donc on va la lui laisser.
- C'est ce qu'on voulait faire, de toute façon, non ? s'enquit Peter. La laisser pour que les futurs élèves prennent notre relève. Ce sera juste arrivé un peu plus tôt que prévu.
- Il nous reste deux pleines lunes avant les vacances d'été, expliqua Sirius. On devrait y arriver avec juste la Cape d'Invisibilité et Queudver. On est rôdés.
James approuva. La perte de la Carte l'attristait et faisait remonter toute sa haine de Rusard mais Peter et Remus avaient raison : ils ne pouvaient pas la reprendre et ils avaient déjà prévus de la laisser à Poudlard en partant, de toute manière.
- Ça ne veut pas dire qu'on n'a pas le droit d'être en colère, relativisa Remus. C'est notre Carte, ç'aurait dû être à nous de décider où est-ce qu'on la laisserait et avec quelles instructions. On lui aurait fait une petite cérémonie d'adieux pour rigoler.
- Plus qu'à espérer que ceux qui la récupèreront auront assez de cran et persévérance pour percer à jour les énigmes que Lunard, Queudver, Patmol et Cornedrue leur donneront, soupira Sirius.
Le temps était propice à une sortie à l'extérieur. Il faisait bon, les oiseaux piaillaient, le parfum des fleurs leur caressait les narines et le soleil était au rendez-vous. Ils n'eurent pas de mal à retrouver les filles, qui flânaient dans la Grand-rue.
- On va aux Trois-Balais ? proposa Peter.
- Gère ton alcoolisme encore un petit moment, se moqua James. On doit rejoindre les filles d'abord.
- Encore faudrait-il qu'on sache où elles sont, soupira Sirius.
Remus pointa du doigt la boutique en face du pub le plus fréquenté de Pré-au-Lard : Au Clair de Lune. La devanture était bleue marine, une lune et des étoiles argentées étaient savamment placées tout autour du nom. La vitrine était teintée, de sorte qu'on voyait peu ce qui se passait dedans.
- Je suis sûr qu'elles sont là, affirma le lycanthrope.
Décidant de se fier à l'intuition de Remus, les garçons décidèrent de pousser la porte du magasin d'astronomie de Celeste Andromede Sombrero, spécialiste de l'univers et astronome réputée malgré son jeune âge.
À l'intérieur, la lumière était tamisée et un calme rassérénant y régnait. Il y avait plus d'élèves que ce que James aurait cru et pourtant, il savait bien que ce n'était pas une boutique désertée puisqu'il y était déjà venu plusieurs fois.
Celeste Sombrero s'avança vers eux. La trentaine, elle avait des yeux gris clair qui brillaient lorsqu'elle parlait de sa passion, des cheveux blonds et fins qui accentuaient sa jeunesse, des pommettes rebondies et son éternel sourire était contagieux. Le tout lui donnait un air éthéré mais James savait que ce n'était qu'une illusion et qu'elle avait bien les pieds sur Terre et de l'énergie à revendre.
Elle avait récupéré le magasin de son père, Izar Sombrero, une dizaine d'années plus tôt et travaillait à plein temps en racontant des histoires sur les étoiles de sa voix douce et chaude et en vendant du matériel d'astronomie.
- Je peux faire quelque chose pour vous, les garçons ?
- On cherche nos amies, répondit Remus.
- Ah ! Vous allez peut-être avoir un peu de mal à les retrouver ! s'exclama-t-elle en riant. Mais peut-être que je peux vous aider. À quoi elles ressemblent, vos copines ?
- Il y a une rousse avec des yeux verts magnifiques, une brune musclée et bruyante, une autre brune avec un humour douteux et une blonde assez discrète, fit James en comptant sur ses doigts.
- Ah vous avez de la chance, alors ! Elles sont au coin « Constellations », avancez un peu vers le fond, vous devriez les retrouver facilement.
- Merci ! fit Sirius.
- C'était un plaisir, sourit-elle.
James leva les yeux vers le fond du magasin. Un sourire se dessina sur son visage lorsqu'il vit une chevelure rousse disparaître derrière une étagère. Il se fraya un chemin mais Sirius le bouscula pour sauter par surprise sur le dos d'Abby.
Celle-ci manqua de crier dans tout le magasin. James vit Johanna attraper sa baguette et marmonner une formule en pointant son arme sur Sirius.
La seconde d'après, Sirius était propulsé au sol, dans les bras d'un Peter étourdi par la situation. À côté de lui, Remus pouffa :
- Il l'a mérité, cette fois.
- Ça t'apprendra à sauter sur tout ce qui bouge, lui lança Abby en s'empêchant de rire.
Lily et Ellie revinrent de derrière un rayonnage.
- On a raté quelque chose ?
- Rien du tout, Evans, grommela Sirius.
James se mordit les lèvres pour ne pas céder à l'envie de se moquer de son meilleur ami qui lui prenait.
~~~
Sirius sentait encore son dos le lancer lorsqu'ils sortirent de la boutique. Il fusilla du regard la nuque d'Abby et se contenta d'écouter les blagues douteuses de James et Peter. Remus, quant à lui, s'assombrissait au fur et à mesure de leur avancée.
- Lunard ? Tout va bien ? demanda-t-il en remarquant qu'il n'y avait plus l'ombre d'un sourire sur le visage de son ami.
Remus ne répondit pas, se contentant de pointer du doigt la direction dans laquelle ils allaient. Sirius releva la tête. Il n'y avait plus que Lily qui avançait et eux l'avaient suivi sans faire attention. Et c'est lorsque Sirius vit le panneau qu'il comprit. Ils étaient au cimetière de Pré-au-Lard.
- Tu veux qu'on te laisse, toi et Lily ? s'enquit Peter.
- Partez si vous voulez, fit James en accélérant le pas. Je la rejoins.
- Comme vous préférez, répondit Remus pour Sirius et Peter.
Peter s'excusa et préféra partir rejoindre les filles. Ça n'étonna pas Sirius. Le rat avait toujours eu du mal avec ses propres émotions alors celles des autres, ça l'avait toujours mis mal-à-l'aise.
Sirius savait que Lauren Selwyn avait été enterrée ici pour faciliter la venue des élèves pour lui rendre hommage et aussi parce que c'était son village préféré. Il préféra rester en retrait. Il n'était pas directement concerné.
Lily avait été proche de la Serdaigle et c'était elle qui l'avait trouvée. James avait été celui qui avait conforté Lily après cette épreuve : c'était normal qu'il veuille continuer de l'accompagner. Quant à Remus... Sirius soupira. C'était un sujet sensible. Chaque fois qu'il voulait lui en parler, il avait l'impression de devoir le prendre avec des pincettes.
Pourtant, Remus ne montrait pas ses sentiments. Et lorsqu'il parlait de Lauren, un faible sourire éclairait son visage. Sirius savait que ce n'était sans doute qu'une façade, que sa peine ne pouvait avoir été effacée en trois mois. Et c'était pour cela qu'il ne savait comment s'y prendre.
De loin, il ne pouvait pas bien savoir de quoi ils parlaient. Mais il vit Lily faire apparaître une gerbe de fleurs et la donner à Remus, qui la posa sur la tombe.
Sirius sortit du cimetière. Sa place n'était pas ici. En revenant dans la rue principale, il entendit les voix qu'il cherchait.
- Mais s'il me rejette ? Ou que je lui fais de la peine ? Ou qu'il ne comprend pas ? Je ne veux pas lui faire de mal.
- Abby, c'est ton meilleur ami. Tu devrais lui en parler.
En comprenant qu'il était fort probable que ce soit de lui qu'elles parlaient, il accéléra le pas et une fois à la hauteur des filles, il passa un bras autour des épaules d'Abby.
- Me dire quoi ? lui demanda-t-il.
Johanna eut un sourire satisfait et attrapa Ellie qui levait les yeux au ciel par le bras.
- Viens, on va boire quelque chose, l'invita Abby. Les autres nous rejoindront plus tard.
Intrigué par son air sérieux, Sirius la suivit sans broncher. Ils rentrèrent aux Trois-Balais, commandèrent deux Bièraubeurres et s'installèrent dans le coin le plus isolé de la masse d'élèves.
Abby évitait son regard et se mordillait la lèvre. Elle regardait la table, les doigts crispés autour de sa boisson. Sirius essaya de démarrer la conversation.
- Tu as quelque chose à me dire ?
La blonde hocha la tête. Sirius décida qu'il ne la ménagerait pas, quitte à s'y prendre par l'humour pour qu'Abby se décide à parler.
- Qu'est-ce qu'il y a alors ? Tu es amoureuse de moi et tu ne veux pas me le dire, c'est ça ? Malheureusement, je crains être trop beau et charismatique pour toi mais si on en discute, je pourrais faire des concessions...
- Ah non ! Berk ! s'exclama Abby avec une grimace. Non, non, je ne serai jamais amoureuse de toi ! Berk, berk.
Sirius sourit, satisfait de l'avoir fait réagir.
- Je ne sais pas si je dois bien le prendre ou pas, commenta-t-il. Mais si ce n'est pas ça alors, pourquoi tu me fais cette tête de déterrée ?
- C'est compliqué, grommela Abby, les yeux toujours baissés.
- Si c'est compliqué, explique-moi ! Allez, Ab', je n'aime pas quand tu as cet air mi-triste mi-anxieux. En plus, je suis sûr que tu te fais du mouron pour rien.
Abby soupira, semblant enfin lui céder. Elle releva la tête et leurs yeux se croisèrent.
- C'est une expression de vieux, lança-t-elle.
- Abby..., prévint Sirius.
- Bon, d'accord, ça va, je vais te le dire.
Elle se rapprocha de lui et baissa d'un ton, zyeutant les alentours pour vérifier que personne ne les regardait. Sirius trouva cela très étrange mais ne fit rien, attendant qu'elle lui dise enfin ce qui la tracassait.
- Je... Je compte refuser la proposition de Dumbledore. À propos de l'Ordre, chuchota-t-elle.
- Oh, laissa échapper Sirius.
Il s'y était un peu attendu, pourtant. Il y avait pensé, après avoir lui-même choisi d'accepter d'intégrer l'Ordre. Il avait réfléchi et ça lui avait paru évident : Abby ne choisirait très certainement pas cette voix. Ça ne correspondait pas à ce qu'elle voulait.
Mais même en s'en doutant, ça lui fit mal d'entendre ça. Il avait l'impression que quelque chose lui avait été retiré, brusquement, sans qu'il n'ait rien pu faire contre.
- Tu vois..., souffla Abby. Je savais que ça te ferait de la peine.
Sirius déglutit. Il ne fallait pas qu'il lui montre ce qu'il ressentait. Il se construit un sourire de façade et la regarda.
- Je savais que tu choisirais ça, avoua-t-il sur un ton faussement décontracté. Ça ne m'étonne pas.
Abby eut l'air surprise.
- Ça ne te fait pas du mal, alors ? s'enquit-elle. Je ne veux pas que tu sois triste à cause de moi.
- Non, non, nia-t-il avec un geste de la main. Dis-moi, je peux savoir ce qui t'a décidé ? Je pense l'avoir deviné mais j'aimerais savoir quand même.
Abby était beaucoup plus joyeuse, soudain. Sirius s'en voulut de lui faire croire qu'il l'avait prévu et que ça ne lui faisait rien mais il préférait ça que de la voir s'inquiéter pour lui.
- J'ai toujours voulu entrer au Département des Mystères, expliqua-t-elle. Tu le sais. Et puis, même si c'est égoïste, je préfère protéger ma famille. Ils sont en danger. Alors que vous - toi, Lily, Jo', Ellie, Remus, James, Peter - vous savez vous protéger. Vous n'aurez pas besoin de moi. Je sais que c'est égoïste mais je me sens obligée de veiller sur mes parents et Arthur. Sirius, mon frère n'a que onze ans. C'est encore un enfant. Je ne peux pas le laisser sans être sûre qu'il n'est pas capable de se défendre.
- Ce n'est pas égoïste, murmura Sirius. C'est normal. Si j'avais une famille à défendre, je le ferais. Et c'est pour ça que je vais me battre pour l'Ordre. Mes amis sont ma famille et je ferai tout pour eux.
- Je le sais, Sirius, tu n'as pas besoin de te justifier. Je comprends ton choix, ça m'aurait étonné du contraire, tu sais.
- Et tu lui rendras ta décision quand, à Dumbledore ? Quand est-ce qu'on ne pourra plus te parler de ça ?
- J'irai le voir quand je l'aurais dit aux garçons et à Sven.
Abby eut un sourire triste. Sirius finit sa Bièraubeurre d'une traite et prétexta une envie pressante pour se diriger vers les toilettes. Il s'appuya contre le lavabo, les mains crispées contre la pierre et se regarda dans le miroir, sans même faire attention à la propreté subjective des lieux.
Il fit couler de l'eau froide et se passa les mains sur le visage. Je le savais, je m'y étais préparé, il n'y a pas de raison pour que je m'apitoie sur mon sort, se répétait-il comme pour s'en convaincre.
Mais il devait pourtant admettre que la vérité était là : ils arrivaient à un croisement de leur vie et Abby avait choisi l'autre chemin.
Le pire était peut-être qu'elle ne se rappellerait plus de l'existence de l'Ordre. Elle oublierait qu'elle avait ce choix. Et elle ne saurait plus ce qu'avaient décidé ses plus proches amis pour leur avenir.
Sirius croisa le regard de son reflet dans le miroir.
- Qu'est-ce que tu me veux ? grogna-t-il à voix haute. J'ai pas le droit d'avoir mal ?
Voilà que je parle à mon reflet, pensa-t-il. Je suis vraiment stupide.
Une petite voix dans sa tête le contredit, lui disant que non il n'était pas bête. Seulement, il avait toujours eu des rêves. Et dans ses rêves, lui et ses amis vivaient heureux. Ensemble. Jusqu'à devenir des vieux qui ne savent même plus marcher sans se casser la figure.
Dans ses amis qu'il voyait dans ses rêves, Abby était présente. Il avait toujours cru naïvement qu'ils vieilliraient ensemble comme ce serait sans doute le cas avec les Maraudeurs. Il n'avait jamais envisagé la possibilité d'être un jour autant éloigné d'elle. C'était sa meilleure amie, il ne pouvait imaginer une vie sans elle sans en souffrir.
Il se passa à nouveau de l'eau sur le visage. Il fallait qu'il se calme, qu'il pense à autre chose. Les autres devaient être arrivés et l'attendre maintenant. Il fallait qu'il reprenne contenance et que personne ne remarque rien de ce qu'il ressentait. Surtout pas Abby. Il ne devait pas la faire culpabiliser. Il comprenait parfaitement sa décision, il ne devait pas la faire se remettre en question pour lui.
- On a croisé Alice et Sven Hankook, l'informa Lily lorsqu'il revint à la table.
Il cligna des yeux.
- Alice ?
- Oui, Alice Shafiq, de Serdaigle. Eux aussi étaient heureux de pouvoir enfin rendre un vrai hommage à Lauren.
Sirius hocha machinalement la tête et tira une chaise. Il s'assit et vit qu'on lui avait pris une autre bouteille de Bièraubeurre.
Il porta la boisson à sa bouche, espérant que ça pourrait dissiper le brouillard qui lui embrouillait l'esprit. Sven Hankook... Encore quelque chose qui était lié à Abby dans son cerveau. Peut-être était-ce bien qu'elle soit tombée amoureuse de ce blondinet de Serdaigle. Peut-être que contrairement à ce qu'il avait pu croire, il ne lui ferait pas de mal et la rendrait heureuse.
Son regard croisa les iris sombres de sa meilleure amie. Elle lui sourit et leva son verre vers lui, comme pour trinquer à leur avenir.
Sirius lui fit un clin d'œil et sourire lui parut soudain plus naturel. Peut-être que finalement, il avait tort. Peut-être que ce n'était pas parce qu'ils prenaient de chemins différents qu'il perdrait sa meilleure amie.
Il fallut passer à Honeydukes avant de retourner au château. Ellie et Jo' avaient perdu leur pari et Abby ne voulait pas partir de Pré-au-Lard sans ses Patacitrouilles et ses Souris en Sucre.
- Je sais que ça te fait de la peine, dit une voix à sa droite.
Sirius sursauta. Il pensait que lui, Peter et Remus étaient les seuls à ne pas être rentrés dans la boutique de sucreries. Visiblement, Lily non plus n'était pas à l'intérieur.
- Moi aussi, j'ai ressenti ça, continua-t-elle comme si c'était tout à fait normal. Mais c'est son choix, je le comprends et je le respecte. Et ce n'est pas une fin en soi, c'est juste un nouveau départ. On ne pouvait pas penser qu'on serait toujours tous ensemble, même après Poudlard.
Sirius regarda la rousse. Elle tripotait compulsivement le bas de son pull. Elle aussi essayait de se convaincre, comprit-il. Peter et Remus étaient plus loin, accroupis par terre à jouer avec cailloux alors il s'appuya contre le mur et consentit à lui montrer ce qu'il ressentait.
- Je pense qu'au contraire, on avait parfaitement le droit de penser que si, on serait toujours tous ensemble. On était des enfants, ça n'aurait pas été normal de déjà comprendre que les amitiés ce n'est pas forcément pour toute la vie. C'est quelque chose qui vient pendant cette période. Et on a le droit d'être triste qu'elle ne choisisse pas la même voie que nous, même si c'est un peu égoïste de penser comme ça. Toi et moi, on connait bien Abby. Malgré son sourire, je suis certain qu'elle aussi est triste.
Lily acquiesça.
- C'est sans doute elle, la moins bien placée dans cette histoire, approuva-t-elle. Ce n'est pas un choix simple à faire. D'ailleurs, si elle nous en a parlé si vite, c'est certainement pour qu'on l'encourage à continuer dans ce sens si elle venait à flancher, tu vois ce que je veux dire ? Parce qu'elle sait que c'est le mieux pour elle mais qu'aussi, son cœur pourrait craquer et la faire changer d'avis pour nous suivre.
Sirius haussa les sourcils. Il n'avait pas songé à cette possibilité. Il releva la tête et la regarda, qui sortait de chez Honeydukes des sucreries plein les bras et riant à gorge déployée.
Lily avait raison. Abby doutait de ses décisions et elle savait qu'elle pouvait compter sur eux pour les lui rappeler si elle venait à revenir sur ses choix et faire quelque chose qu'elle regretterait plus tard. Sirius sentit enfin le poids dans sa poitrine s'envoler. Il devait soutenir sa meilleure amie, lui dire qu'il la comprenait et qu'il ne l'abandonnerait pas.
C'était ce qu'Abby attendait de lui. C'était ce dont elle avait besoin. Et s'il fallait que ce soit la dernière interaction qu'il ait avec elle, Sirius voulait absolument qu'elle n'oublie jamais quel bon ami il avait été pour elle.
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