|CHAPITRE 43| Le temps des décisions

Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises !

Hello ! Je sais, on est pas samedi. Mais ma mère m'a rappelé que demain je passe la journée à la cité de la mer (à Cherbourg) alors je n'aurais pas le temps de publier. Voilà donc le chapitre 43 ! 

J'ai posté le bonus 3, les deux parties, mais wattpad a fait des siennes et il y a eu des problèmes des notifications (ça m'énerve).

Un chapitre important pour la suite aujourd'hui, je vous laisse le découvrir. J'espère qu'il vous plaira. J'avais aimé l'écrire et j'aime le relire (celui d'après aussi, d'ailleurs). On approche doucement de la fin de cette partie 1, tous les futurs chapitres jusqu'à l'épilogue sont officiellement placé dans les brouillons de LVDNS et attendent patiemment d'être publié.

Bonne lecture ^^

P.S. Vous avez l'habitude maintenant mais chapitre sans bêta-lecture ;)

***

- Et là, elle s'est mise à pleurer et rire en même temps en me traitant de débile fini. Je n'ai toujours pas compris. Elle ne pleure jamais !

Michael était serein. Après avoir décidé de suivre les conseils de Lily, il avait aussi tout raconté à Gaenor. Ç'avait été plus simple, il l'avait déjà fait une fois, mais les réactions de Gaenor avaient été beaucoup moins simples à interpréter que celles de Lily.

- Je vérifie qu'il n'y a personne dans les toilettes des filles et je te réponds tout de suite, fit Lily.

Michael sourit. Il en avait oublié qu'ils étaient en ronde. Lily ressortit des toilettes vingt secondes plus tard.

- Je pense que si elle n'a rien dit tout du long, c'était soit parce qu'elle ne savait pas quoi dire, soit parce qu'elle voulait te laisser terminer ce que tu avais à raconter sans t'interrompre, expliqua-t-elle. Quant au fait qu'elle se soit mise à pleurer en te traitant de débile, c'est sans doute parce qu'elle se faisait du souci pour toi et que tu lui as enfin retiré toute cette pression des épaules. J'avais donc raison d'insister pour que tu ailles la voir.

- Mais elle ne faisait pas que pleurer, elle riait aussi ! Lily, ça doit être grave, je pense qu'il faut l'emmener à Sainte-Mangouste.

- Non, pas besoin de Sainte-Mangouste. Par Merlin, tu n'es vraiment pas doué avec les émotions.

- C'est vrai, dit Michael sur un ton grave. J'ai été maltraité par mes géniteurs quand j'étais bébé, je crois que ça a eu un impact sur mon cerveau et ma manière de gérer mes émotions et celles des autres.

Lily ouvrit des yeux grands comme des soucoupes, visiblement surprise, et mit du temps à voir le sourire fier de Michael.

- J'aurais dû savoir que tu serais le premier à ironiser la situation, commenta-t-elle. Soit dis en passant, tu n'as pas tellement tort. C'est peut-être à cause de ce qui s'est passé que tu ne comprends rien aux sentiments des autres.

- Je te remercie pour ta sollicitude, Lily. Si je suis si nul, explique-moi, parce que je ne comprends toujours pas pourquoi Gaenor a réagi comme ça.

Lily soupira, l'air de chercher ses mots.

- C'est ce que je te disais tout-à-l'heure, expliqua-t-elle. Elle s'inquiète pour toi depuis un bon moment donc le fait que tu lui avoues ce qui ne va pas, ça l'a soulagée. Tellement soulagée qu'elle en a pleuré. C'est pour cela qu'elle riait aussi. Elle se sentait mieux pour toi, elle n'avait plus à avoir peur.

- Lily, si tu n'as pas oublié tout ce que je t'ai dis, je te rappelle que je suis quand même toujours autant en danger. Vous avoir révélé la vérité à propos de mes origines, ce n'est pas ça qui fait disparaître les menaces qui me planent au-dessus de la tête.

- Je le sais et ne t'en fais pas, Eirig en a conscience aussi. Mais... Argh, comment t'expliquer ça ? Ce qui comptait, c'était juste l'instant présent, tu vois ? Elle n'a pas pensé à ce que ça entraînera ni à quel point c'était visible. Elle avait peur pour toi et tu lui as dis ce qui t'arrivait. Elle s'est sentie plus légère. Il n'y a rien d'autre à comprendre.

- Tu as l'air de l'analyser un peu trop bien. Ça me fait peur.

- C'est peut-être parce que c'est ce que j'ai ressenti aussi quand tu t'es enfin décidé à me parler.

Michael la regarda. Lily observait ses pieds.

- C'est vrai ? Tu avais peur pour moi à ce point-là ? Tu avais vraiment besoin que je t'explique ? Mais, dans ce cas, pourquoi tu n'as pas pleuré ou ri ou les deux ? Pourquoi tu as réussi à rester rationnelle ?

- Oh bon sang, qui m'a donné un ami pareil, déjà ? Michael, réfléchis. C'est parce que tout le monde réagit différemment, quelque soit la situation. En l'occurrence, Gaenor a craqué - je la comprends - et moi, je ne pouvais pas, parce que tu étais tellement angoissé que j'avais peur que tu fasses une attaque. T'es vraiment un pied dans le relationnel, tu sais ?

Michael pouffa :

- C'est le cas de le dire !

- Comment ç... Oh non, Mike', ne commences pas à faire des blagues là-dessus à tout bout de champ, s'il te plaît.

- Ça fait dix ans que je me retiens d'en faire en public ! Mes parents n'en peuvent plus à la maison parce que je n'arrête jamais de trouver un jeu de mot ou autre. Allez, Lily, pour me faire plaisir ! Laisse-moi t'ennuyer avec mes blagues là-dessus ! Avoue qu'elle était drôle.

- On va dire que c'est une manière pour toi de te soigner, soupira Lily.

Michael sourit. Quoiqu'en dise Lily, il trouvait sa blague très drôle. Il était très heureux de pouvoir enfin partager ce pouvoir avec Gaenor et Lily. C'est qu'il en avait marre de se retenir de faire un jeu de mot à chaque fois qu'un lui venait en tête.

Il savait qu'il leur faudrait du temps pour s'habituer. D'ailleurs ses parents avaient un temps d'hésitation à chaque fois avant de consentir à sourire : comme si on ne pouvait rire de ce qui nous a marqué à tout jamais.

Michael pensait au contraire qu'il fallait le faire. Ça lui donnait confiance en lui et ça lui permettait d'accepter ces cicatrices car elles faisaient partie de lui depuis presque toujours et qu'elles racontaient son histoire.

Il s'arrêta en plein milieu du couloir et défit ses lacets.

- Mikey' ? Tu fais quoi ? l'interpela Lily.

- Viens voir !

Il s'assit par terre pour avoir un meilleur équilibre et retira ses chaussures l'une après l'autre.

- Je vais te montrer mes cicatrices, dit-il sur un ton assuré. Gaenor les as vues aussi, je pense qu'il faut que tu les regardes. J'ai besoin de te les montrer.

Lily l'observa et hocha la tête. Michael, satisfait, s'apprêta à enlever sa chaussette jaune quand soudain, sa vision se brouilla et sa perception changea.

Il était devenu un bébé, dans une petite chambre d'enfant. Des cubes s'entassaient devant lui. Ses mains potelées et maladroites bougeaient dans tous les sens pour attraper son pied, le porter à sa bouche et retirer le vêtement à l'aide de sa petite bouche baveuse.

Non, pensa Michael. Non, non, pas maintenant. Ses sens revinrent à la réalité, il était de nouveau dans le couloir froid et sombre. Lily fronça les sourcils mais ne dit rien. Passablement énervé que ce genre de souvenirs se manifeste au moment où il se sentait pleinement fier de ce qu'il avait traversé pour en arriver là, Michael tira brusquement sur sa chaussette jaune puis enleva sa chaussette violette sans réfléchir.

Ce n'était pas le moment de douter.

Lily ne disait rien, se contentant de regarder ses pieds avec un air profondément surpris.

Michael les regarda à son tour. Il avait l'habitude de les voir, ses cicatrices. Elles faisaient parties de lui. Elles occupaient ses deux jambes, remontaient des orteils jusqu'aux chevilles, serpentaient autour de la plante de ses pieds.

- Je les aime bien, remarqua-t-il. J'ai des pieds uniques !

- Oui, c'est vrai, lui accorda Lily. Pourquoi tu continues de mettre des chaussettes dépareillées si tu les acceptes ?

- Parce que ça fait partie de moi. Je fais ça depuis que j'ai deux ans, c'est un peu une habitude, un morceau de ma personnalité. Ce serait donc bizarre que je change ça du jour au lendemain. Puis, c'est aussi parce qu'il y a toujours la voix de ma mère dans un coin de ma tête.

- Et elle te dit quoi, la voix de ta mère ?

- Elle me dit qu'il vaut mieux exhiber ma différence plutôt que de la cacher, qu'il n'y a pas de raison à avoir honte de mes brûlures et surtout qu'il faut que je me rappelle que ça fait partie de moi, je ne dois pas l'oublier.

- « Je préfère qu'on regarde mes pieds avec curiosité et étonnement qu'avec dégoût et peur », cita Lily. C'est grâce à ta mère que tu réussis à assimiler ton passé, non ?

- « Les gens comprennent mal les cicatrices », confirma Michael. Ma mère et mon père ont tout fait pour que je me sente moi-même. Ils n'ont jamais cherché à me cacher des choses et ont toujours tout fait pour comprendre comment je fonctionne. Je les aime énormément.

Michael n'avait jamais dit cela à voix haute. Ça lui avait toujours paru assez évident mais maintenant qu'il l'avait prononcé, il se fit la réflexion qu'il fallait qu'il leur dise. Il avait envie de leur montrer à quel point il leur été reconnaissant de l'avoir éduqué comme ils l'avaient fait, de l'avoir sauvé de chez ses géniteurs, de l'avoir aimé et d'avoir fait de lui leur fils, tout simplement.

~~~

Abby se forçait à penser que tout irait bien. C'est vrai, elle avait déjà été convoquée dans le bureau de Dumbledore en cinquième année et ce n'avait été que pour parler d'orientation. Il n'y avait pas de raison pour que ce ne soit pas pareil, cette fois. Elle n'avait rien fait de mal, tout allait bien se passer.

Mais pourtant, la petite voix dans sa tête lui répétait qu'il y avait quelque chose d'anormal. Personne n'était convoqué par Dumbledore pour parler orientation.

Mais il m'avait seulement posé des questions sur ce qui me motivait à devenir Langue-de-Plomb, pensa Abby. Si ça ce n'était pas de l'orientation, elle ne voyait pas ce que ça pouvait être d'autre.

Elle leva son poing pour toquer mais la porte s'ouvrit d'elle-même.

- Entrez, Abby ! l'incita le directeur. Je vous attendais.

Abby voulut sourire mais elle n'en fit rien. Elle avança en essayant de ne pas prendre garde à tous les portraits qui la regardaient et tous les objets étranges qui sifflotaient ou crachotaient. Cependant, sur le bureau de Dumbledore, elle remarqua un cadre qu'elle n'avait pas vu la dernière fois. Dedans, il y avait une photo de ce qui semblait être le directeur pendant son adolescence, à côté d'un jeune homme aux cheveux clairs et qui avait l'air d'avoir été forcé à prendre cette photo.

- Alors, Abby ? lui demanda-t-il. D'après ce que le professeur McGonagall m'a rapporté de l'entretien qu'elle a eu avec vous en janvier, vous nourrissez toujours l'ambition d'intégrer le Département des Mystères, c'est bien cela ?

Son regard bleu la transperçait de part en part. Elle était mal-à-l'aise dans cet environnement.

- Oui, Monsieur.

- Dites-moi, c'est toujours pour apaiser votre besoin de découvertes, de nouveauté que vous souhaitez y entrer ?

- En partie, oui. Il y a encore plus de choses qui m'attire là-bas qu'il y en avait il y a deux ans.

Albus Dumbledore parut satisfait de cette réponse. Cependant, il ne la quitta pas du regard, comme s'il l'analysait.

- Je vois. Arrivez-vous à formuler ce qui vous attire dans le fait de devenir Langue-de-Plomb, Abby ? Ou est-ce plutôt un attachement émotionnel, intellectuel à ce département ?

La question perturba Abby. Ça n'avait aucun sens. Cet entretien n'avait ni queue ni tête.

- Excusez-moi de vous interrompre et de répondre à votre question par une question, Professeur, mais je ne vois pas ce que je fais ici. Ma voie est toute tracée, je sais ce que je veux, j'ai les capacités d'atteindre mes rêves et, surtout, je ne crois pas que les élèves aient normalement un rendez-vous avec vous pour parler orientation. Est-ce que vous pouvez m'expliquer ?

Dumbledore soupira et se cala un peu plus dans le dossier de son fauteuil.

- Je vais être franc avec vous, Abby. Cet entretien est bien plus important que votre orientation ou vos ASPICs. Il va déterminer la suite de votre vie, je le crains. Lors de votre cinquième année, je vous ai convoqué vous et certains de vos camarades séparément et je vous ai parlé de ce que vous vouliez faire plus tard. Je voulais voir la détermination, les ambitions de chacun. Cette année, je refais appel à ceux d'entre vous que j'ai choisi. Certains ont été éliminés dès la fin de leur entretien, d'autres entre les deux années qui ont suivi. Seuls ceux que j'estime les plus aptes à comprendre la mission que j'ai entre les mains ont été sélectionnés et se trouvent devant mon bureau aujourd'hui.

- Je... Je suis seule ?

- Oh non, non, ne vous en faites pas. Je ne vous dirai pas qui d'autre a coché toutes les cases de ce dont j'ai besoin.

Abby fronça les sourcils. Elle ne comprenait rien.

- La menace de Lord Voldemort s'étend de jour en jour, je ne vous apprends rien, reprit Dumbledore. Et je ne vous apprends rien en vous disant que le Ministère de la Magie est particulièrement passif à ce sujet. En tout cas, c'est la version officielle, celle que Lily Evans vous lit tous les jours dans la Gazette du Sorcier. Il s'avère que j'ai créé une organisation de l'ombre, qui agit contre Voldemort, mène des actions et enquête sur ses fidèles. Le Ministre de la Magie est au courant et seuls certains employés triés sur le volet savent et nous aident même s'ils ne font pas partie de mon organisation.

- Vous voulez dire que le Ministère agit officieusement contre Voldemort ? Mais ce genre d'associations est censé être illégal, non ?

- Exact, nous sommes dans l'illégalité. Mais le Ministère nous couvre tant que personne ne sait qu'il est impliqué là-dedans.

- Quand vous dites le Ministère, vous voulez dire le Ministre ?

- En partie seulement. Certains membres de l'organisation travaillent là-bas et sont donc prié à la plus grande prudence dans leurs gestes et paroles. Les autres - les employés qui connaissent notre existence et nous aident mais n'en savent pas plus - sont eux aussi sommés de ne rien dire. Ce serait à leur désavantage, de toute façon.

Abby se mordilla la lèvre. Elle n'appréciait pas du tout la tournure que prenait la conversation. Dumbledore lui avait dit qu'elle faisait partie des élèves choisis pour une « mission » et il sous-entendait bien qu'il ne fallait parler à personne ce qu'il lui disait. Cela voulait-il dire... ?

- Abby, je vais être clair. Je sais que vous avez les capacités et les convictions que nous recherchons. Ça me désole de devoir cueillir mes élèves après Poudlard mais cette année, nous n'avons plus le choix. Mais il faut que vous sachiez que je ne vous impose rien. Si vous le souhaitez, vous pourrez quitter ce bureau en toute tranquillité.

- C'est la résistance ? souffla-t-elle. Votre association, c'est la résistance ?

- En quelque sorte, oui. Les personnes que votre mère avait vues au Chaudron Baveur étaient Dorcas Meadowes, Gideon et Fabian Prewett. Ils avaient pour but de faire passer nos idées en faisant semblant d'être ivres pour parler de la résistance - comme vous l'appelez. Ainsi, ceux qui n'y prêtaient pas attention passaient leur chemin et les autres - les plus curieux et certainement les plus à même de s'engager dans la guerre - ont essayé de chercher, de voir si c'était vrai.

Abby soupira. Cette fois, elle comprenait où est-ce que tout ça allait la mener.

- Mon organisation n'est pas censée être du travail à plein temps. Nos membres sont Aurors, Médicomages, potionnistes, briseurs de sorts, apothicaires, simples employés au Ministère,... Cependant, je crois qu'en vous recrutant dès la fin de votre scolarité, je vous empêche d'entrer réellement dans le monde du travail. C'est pour cela que je vous proposerai une formation accélérée et - en fonction de ce que vous voulez faire - un poste. Je dois cependant vous mettre en garde : ce n'est pas de tout repos. La plupart d'entre nous ont déjà été gravement blessé et nous perdons des membres tous les ans. Le risque est très élevé. Il peut arriver aussi d'avoir besoin de choisir entre deux camarades parce que ce n'est pas possible de sauver les deux ou d'avoir besoin de tuer. Ce n'est pas anodin et c'est pour ça que je ne vous demande pas de réponse dès la fin de cet entretien. Parce que choisir d'intégrer cette organisation, c'est choisir de bouleverser tous vos projets.

Abby n'arrivait plus à parler. Elle avait l'impression qu'on lui avait coupé l'herbe sous le pied. Elle qui n'avait jamais douté de ce qu'elle voulait faire plus tard, elle qui rêvait depuis des années du Département des Mystères, soudain une nouvelle idée était offerte.

L'image de sa mère lui vint à l'esprit. Abby, disait-elle. Tu ne comptes pas t'engager dans la résistance ou devenir Auror, n'est-ce pas ?

Elle revit Arthur, son petit frère, la serrer contre lui en lui disant qu'il l'aime et son père lui faisant un bisou sur le front.

Abby, effarée, s'aperçut qu'elle avait déjà décidé de son destin des années auparavant. Elle avait toujours choisi sa famille, l'avait faite passer en premier. Elle ne pouvait pas les abandonner. Elle ne pouvait pas se risquer à mourir.

Dumbledore la regardait comme s'il devinait ses réflexions.

- Ah, j'oubliais de vous dire ! reprit-il. Vous êtes à partir de maintenant, et jusqu'à ce que votre décision soit prise, soumise à sortilège de Langue-de-Plomb. Vous ne pouvez parler de tout cela qu'avec vos camarades qui sont eux aussi au courant.

- Professeur ? demanda Abby.

- Oui ?

- Si on n'accepte pas, il se passe quoi ?

- Je modifierai votre mémoire. Vous n'aurez aucun souvenir de cette discussion ni de celle que vous aurez potentiellement eues avec vos camarades qui sont concernés.

À nouveau, les membres de sa famille s'affichèrent dans sa tête.

- Je vous laisse du temps pour réfléchir à tout ça, Abby. Passez une bonne soirée.

- Monsieur ? demanda Abby en se levant. Votre organisation, elle n'a pas de nom ?

- J'ai oublié de vous le dire ? Quelle tête en l'air, je fais, rit-il. Évidemment que nous avons un nom. Nous sommes les membres de l'Ordre du Phénix.

Et alors qu'elle allait sortir du bureau, le directeur l'interpela :

- Abby ? Vos amies pourront vous acheter vos Souris en Sucre et vos Patacitrouilles le week-end prochain, prévenez-les.

Abby avait l'impression que sa tête allait exploser, dans tous les sens du terme. Pour une fois, elle était heureuse qu'il n'y ait personne dans les couloirs, elle aurait eu peur de les bousculer. Elle croisa seulement Sven Hankook, en sens inverse, et elle fut très contente d'avoir été assez lucide pour tourner avant qu'il ne la remarque. Elle n'était pas en état de lui parler.

On venait de lui proposer de rentrer dans une association partiellement illégale, pour se battre, défendre ses convictions. L'Ordre du Phénix... Abby soupira. À quoi ça lui servirait de réfléchir ? Au fond d'elle, elle avait toujours su la réponse. Elle avait toujours su qu'elle ferait passer sa famille avant tout. Et elle ne se voyait pas abandonner ses rêves pour se partir se faire tuer.

C'était absurde de penser ainsi, elle s'en voulait. Elle était Gryffondor, elle devrait vouloir tout faire pour protéger ceux qu'elle aime, y compris se lancer au front s'il le fallait. Mais à devoir choisir entre amis et famille, Abby était horrifiée de comprendre qu'elle choisissait Arthur et ses parents. Et elle savait que ce n'était pas en se battant qu'elle pourrait les sauver mais en les surveillant. Tout le temps. Partout. Et en étant disponible à la moindre étincelle.

Rentrer dans l'Ordre du Phénix ne permettait malheureusement pas de cocher toutes ces cases. Abby en était consciente. Elle se sentait monstrueuse de ne même pas douter, même pas réfléchir, en parler avec eux avant de prendre sa décision - parce qu'il était évident à ses yeux que tous avaient reçus la même convocation dans le bureau du Directeur.

Les filles l'attendaient dans la Salle Commune, étonnamment déjà vide.

- Les garçons sont partis, l'informa Lily. Ils avaient quelque chose à faire.

Abby se laissa tomber entre elles sur le canapé.

- Ça ne va pas ? s'inquiéta Ellie en passant un bras derrière ses épaules.

- Ce n'est pas étonnant, répondit Johanna à sa place. Elle revient de chez Dumbledore, c'est sûr. C'est ça, Ab' ?

Abby hocha la tête. La gorge serrée, elle n'arrivait plus à parler. Elle se sentait lâche, avait l'impression de trahir ses meilleures amies.

- C'est dingue, commenta Lily. J'ai l'impression qu'il a convoqué en une seule journée tous les élèves qu'il voulait voir. Il est drôlement bien organisé.

- C'est Dumbledore, Lily, se moqua Ellie. Evidemment qu'il est bien organisé.

Abby se frotta les yeux. Elle ne pourrait plus jamais les regarder en face.

- Les filles..., fit-elle. Je... Je ne pense pas que j'intègrerai l'Ordre.

- Quoi ? s'étonna Johanna. Mais... Ça ne te dérange pas qu'on altère ta mémoire ?

- Ce n'est pas une histoire de mémoire, Jo'. Mais en entrant dans l'Ordre, je ne pourrais pas entrer au Département des Mystères - pas comme j'en ai envie en tout cas - et je ne pourrai pas surveiller ma famille correctement. Or, tu sais que c'est ce qui compte le plus pour moi.

Le silence était moins lourd que ce qu'elle aurait pu penser.

- Je m'en doutais, tu sais, avoua Lily. Depuis très longtemps, je sais bien qu'on ne pourra pas se suivre jusqu'au bout. Et surtout depuis qu'on m'a proposé cette opportunité. Je ne peux pas laisser passer une telle chance mais je sais que ce que tu veux toi, ce n'est pas te battre. Pas comme ça, tout du moins.

- C'est vrai, confirma Ellie. Je l'ai compris tout-à-l'heure aussi. Rentrer dans l'Ordre, pour moi, c'est le meilleur moyen d'être Auror sans vraiment l'être. Ça me permet de continuer de contredire Kingsley, j'aime l'idée.

Abby sentit l'émotion lui faire monter les larmes aux yeux. Seul le mutisme de Johanna l'inquiétait.

- Jo'... ? Tu ne dis rien ?

- Je n'ai pas encore décidé non plus, répondit la batteuse après un soupire. Enfin si... Je sais depuis un moment que je ne peux pas continuer et avoir une carrière dans le Quidditch en sachant que la guerre continue, que mes amis se battent. Mais maintenant que ça devient concret, c'est étrange.

Serrées les unes contre les autres dans le canapé, seul le crépitement des flammes emplissait la pièce.

- On n'est plus des enfants, hein ? chuchota Abby.

Lily lui attrapa la main et la serra. Ellie et Johanna, elles, passèrent chacune un bras autour de ses épaules. Abby vit dans ce simple geste comme une réponse, un encouragement. Elles ne lui en voulaient pas de ne pas les suivre dans cette aventure et elles croyaient toujours en elle. Ce poids envolé de ses épaules, elle se sentit plus légère et une information cruciale lui revint à l'esprit :

- Au fait ! s'exclama-t-elle. Dumbledore m'a dit que la prochaine sortie à Pré-au-Lard aura lieu le week-end prochain ! Vous allez pouvoir m'acheter mes Souris en Sucre et mes Patacitrouilles ! 

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