|CHAPITRE 41| Une histoire de chaussettes
Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises !
Hello ! Ca va ? Aujourd'hui, je vous envoie enfin le chapitre 41. Je suis un peu stressée mais je pense que je suis prête. J'ai hâte de voir vos commentaires. J'espère qu'il n'est pas trop confus, ce serait vraiment bête de l'avoir raté, j'y tiens beaucoup.
Sinon : je pars en vacances jeudi 5 jusqu'à mercredi 11. Donc au lieu de poster le chapitre suivant samedi prochain, je le posterai mercredi qui vient (le 4). Le chapitre d'après sortira le samedi 14 (comme ça je garde mon rythme).
Bonne lecture, j'espère que vous apprécierez ce chapitre et je vous retrouve à la fin ^^
***
Timothy Michael Hawkesbury
14 novembre 1959
- Mais... qu'est-ce que ça veut dire, ça ?
Lily avait questionné Michael à voix basse et pourtant elle avait l'impression de lui avoir crié dessus tant il se replia sur lui-même. Elle ne comprenait plus. Cette date, ce nom... Son collier de baptême ? Elle n'arrivait pas à relier les éléments. Cette identité la laissait perplexe. Ce nom de famille ne lui disait rien mais en plus, elle était sûre que le deuxième prénom de Michael ressemblait à quelque chose du genre de « Timothy ». Tim, peut-être ? Ou Timothée ? Timmy ? À moins que ce ne soit justement Timothy ? Impossible de remettre la main dessus.
- Dis, Mike'... Tu pourrais m'expliquer ?
Elle avait beau utiliser sa voix la plus douce possible et ne rien faire pour le brusquer, il paraissait que l'angoisse de Michael était à son comble. Ses mains tremblaient, crispées sur ses genoux et son visage était baissé sur la couverture du lit sur lequel ils étaient assis. Il avait la respiration difficile et les yeux embués par les larmes.
- Mike' ? Michael, écoute-moi, ça va aller. Quelque soit cette chose que tu dois me dire, prends ton temps, d'accord ?
Michael respira profondément et releva la tête vers le plafond, sans doute pour refouler les larmes qui l'avaient pris. Cependant, Lily fit semblant de ne pas les avoir vu pour ne pas l'embarrasser.
- Est-ce que tu veux bien que je te pose des questions ? Peut-être que ça pourrait t'aider à m'expliquer, avança Lily d'un ton des plus bienveillants. Tu n'aurais qu'à répondre par oui ou non.
Michael hocha la tête en guise d'assentiment.
- Bien. Est-ce que... Est-ce que ça a un rapport avec la fois où Gaenor et moi t'avons trouvé dans les toilettes de Mimi ?
Hochement de tête fébrile. Menton tremblotant, visage à nouveau baissé.
- D'accord. Est-ce lié directement à la mort de Lauren ?
En posant cette question, Lily se dit qu'elle y était peut-être allée un peu fort. Mais Michael répondit par la négative.
Lily allait poser une autre question mais au même moment, Michael se redressa. L'air déterminé, ses mains trahissaient son état d'anxiété. Il prit la parole d'une voix rauque et basse.
- Ce que tu as entre les mains, c'est bien mon collier de baptême. J'ai été baptisé en tant que Timothy Hawkesbury dans l'église de mon village, à l'âge d'environ un mois il me semble, je ne sais plus trop.
Lily, bien que perdue, n'osait pas l'interrompre. C'était certainement la première fois qu'il racontait ça.
- Mes parents ont voulu me donner mes anciens papiers quand j'ai eu la majorité. Mais j'ai refusé. C'est pour ça que je ne me souviens pas de la date exacte du baptême.
- Ce que je ne comprends pas Michael, c'est pourquoi tu as été baptisé sous un autre nom ? Parce qu'en soi, la date à laquelle a eu lieu cet événement ne me semble pas si important, si ?
- Non, tu as raison. On s'en fiche. Et je n'ai pas été baptisé sous un autre nom. Quand je suis né, je ne m'appelais pas Michael Robbins. Je m'appelais Timothy Hawkesbury.
Le silence qui suivit cette révélation fut étrange. D'un côté pesait le soulagement de l'avoir dit, de l'autre le poids des secrets dévoilés. Il fallut quelques secondes à Lily pour reprendre contenance.
- Mais... Comment c'est possible ?
- Mes géniteurs ne sont pas les parents que tu me connais, Alma et Oliver Robbins. Ce sont deux êtres abjects du nom de... Martha et Erik Hawkesbury. Ils habitaient la maison en face de la mienne et ont déménagé peu avant mes deux ans.
Michael se tut et ferma les yeux un instant.
- Le déménagement était précipité, reprit-il. C'est mon père qui leur a demandé de partir sous menace de les dénoncer aux services sociaux.
- Les services sociaux ? Mais pourquoi ? Il y a des services sociaux sorciers ?
- Mes géniteurs sont moldus.
Dire que Lily était surprise serait un euphémisme. Cela voulait donc dire que...
- Je ne suis pas Sang-Mêlé. Je suis né-moldu, affirma Michael. Tu es la quatrième personne à être au courant. Tu comprends qu'il ne faut pas que ce soit divulgué, surtout en ce moment.
- Oui. Oui, je comprends. Mais ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi les services sociaux ? Pourquoi tu as changé de nom et de famille ?
- Je te l'ai dit, j'ai vécu chez mes géniteurs jusqu'environ mes deux ans. Et ils étaient très... Ils avaient des principes très archaïques. J'ai commencé à faire de la magie accidentelle très jeune et ça ne leur plaisait pas. Ils pensaient que j'étais possédé par le diable. Alors un jour, ça a dérapé et ils ont voulu faire sortir le démon de mon corps.
- Oh, Mikey'...
Michael détourna le regard et déglutit.
- Ils ont retiré mes chaussettes et m'ont plongé dans un bain très très chaud. Brûlant. La fenêtre de la salle de bain était ouverte et on m'a dit qu'on entendait mes cris dans toute la rue. D'après mes parents, c'est ma magie qui l'a ouverte.
Le silence était lourd de sens. Une larme coula sur la joue de Michael sans qu'il ne la retienne. Lily aurait voulu dire quelque chose, pouvoir l'aider mais elle était trop stupéfaite pour faire quoi que ce soit.
- Mes parents sont arrivés quand l'eau arrivait au-dessus de mes chevilles, continua Michael d'une voix tremblante et à peine audible. Ils se sont disputés avec mes géniteurs. Erik Hawkesbury a fini par me sortir de l'eau et il m'a jeté à travers la pièce. Ma mère m'a rattrapé et m'a emmené dans sa maison pour me soigner. Je sais qu'après ça, mon père et eux ont eu une discussion houleuse puis il a fini par les convaincre de partir. Elle, Martha, elle a balancé mes papiers à mon père. Je n'ai plus jamais eu de nouvelles d'eux et je m'en porte très bien.
Michael avait l'air d'avoir fini mais au moment où Lily allait prononcer des mots de réconfort, il inspira et reprit :
- Mes parents m'ont dit que quand je me suis réveillé de mon inconscience, ils ont appelé mon prénom pour me rassurer mais que j'ai réagi comme si j'avais peur. Alors ils ont regardé mon deuxième prénom sur les documents et ils l'ont interverti avec mon prénom initial. Je m'appelais Timothy Michael Hawkesbury et maintenant je m'appelle Michael Timothy Robbins. Officiellement, je suis leur fils biologique parce que la troisième personne qui est impliquée là-dedans a assez de pouvoir et d'accès pour modifier les dossiers moldus et ceux du ministère de la magie.
- Qui est cette personne ?
Michael releva la tête. Son visage était pâle et on voyait qu'il avait pleuré mais il souriait faiblement.
- Dumbledore. C'est lui que mes parents sont allés voir après ce qu'il s'est passé. Il leur a accordé ma garde sans trop de problèmes : ils m'avaient sauvé de mes géniteurs. C'est suffisant.
- Mais c'est pour ça que Pomfresh a ordre du directeur de te donner une potion de sommeil, comprit Lily. Je me trompe ?
- Je n'aime pas voir les gens souffrir. Encore moins les gens que j'aime. Ça me fait perdre mes moyens, ça me rend fou. Alors voir Lauren mourir et Gaenor après son attaque... Enfin. Maintenant tu comprends pourquoi je mets des chaussettes dépareillées. Je préfère qu'on regarde mes pieds avec curiosité et étonnement plutôt qu'avec dégoût et peur. Les gens comprennent mal les cicatrices.
Michael souriait et Lily sentait tout un tas d'émotions la traverser.
- Les chaussettes, c'était pour ça, donc. Je comprends mieux...
- Par contre, le reste de ma tenue débraillée, c'est juste que je ne sais pas prendre soin de moi, rit doucement Michael. Sauf après la mort de Lauren. Là, j'étais très stressé et je ne voulais absolument pas qu'on découvre ma vraie identité, mes vraies origines et j'en devenais malade. Alors j'accentuais les traits et je sais que tu l'avais remarqué.
- Ta vraie identité ? Mais, Mike', tu es déjà toi-même. Timothy est un souvenir, ce n'est plus toi. Quant à tes origines, si Dumbledore s'en est occupé, ça devrait aller. Personne ne découvrira jamais la vérité. De toute façon, aux yeux de la loi moldue et sorcière, Timothy Hawkesbury n'a jamais existé, non ?
Michael approuva d'un signe de tête. Maintenant qu'il avait dit tout ça, il avait l'air exténué.
- Mais pourquoi me parler de tout ça maintenant ? demanda Lily.
- Parce que tu t'inquiètes pour moi. Quand je me suis déchainé dans les toilettes, j'ai bien vu que toi et Gaenor aviez peur pour moi. Mais moi-même, je n'avais pas encore compris l'ampleur de tout ça. Tu comprends ? Je n'avais aucun réel souvenir de tout ce qu'il s'était passé avant.
- Tu ne t'en rappelles pas ? Mais comment tu sais tout ce que tu m'as raconté alors ?
- Parce que mes parents ne m'ont jamais caché la vérité, ils m'ont toujours expliqué d'où venaient mes cicatrices - c'est même ma mère qui a eu l'idée pour mes chaussettes - et aussi parce que depuis que Laurie est morte, j'avais des réminiscences. Au début, c'était juste des bruits, certaines paroles. Je ne comprenais pas. Puis j'ai commencé à voir des images, d'abord dans mon sommeil. Je ne voulais plus dormir. Et ces flashs ont fini par arriver même le jour. C'est à ce moment-là que j'ai voulu incendier les toilettes de Mimi. Plus ça allait, plus ce dont je me souvenais était concret, long, dur à vivre. Et un jour, la semaine dernière, j'étais chez moi. Tout se passait bien, j'étais dans ma chambre et je suis tombé brusquement. Inconscient. Et j'ai revécu tout ce qu'a vécu l'ancien moi, Timothy, comme si ça arrivait à nouveau. Je ressentais absolument tout. La douleur, la peur et je ne comprenais pas. Comme si j'étais redevenu un bébé. Alors que ce n'était qu'un souvenir.
Un voile assombrit les yeux de Michael, comme si les images lui revenaient à l'esprit. Il secoua la tête et eut un sourire crispé.
- Tu vas en parler à Gaenor, dit Lily.
- Non, non. Elle ne comprendrait pas que je l'ai mise à l'écart juste parce que j'étais perdu, elle n'est pas comme toi.
- Ce n'était pas une question, Michael. Sincèrement, tu devrais lui en parler. Elle s'inquiète pour toi, elle aussi, tu l'as dit toi-même. Puis, je ne pourrais pas être ton soutien pendant des années. On ne se côtoiera pas tous les jours jusqu'à la fin de notre vie, tu sais.
- Gaenor et moi non plus n'allons pas nous « côtoyer tous les jours jusqu'à la fin de notre vie », Lily. Tu ne vas pas recommencer avec ça, si ?
Lily eut le plaisir de voir qu'un vrai sourire éclairait enfin son visage alors elle insista :
- Je t'ai promis de ne jamais arrêté. Puis tu m'as toujours titillée au sujet de James alors j'estime être en droit de te rendre la pareille.
- Tiens, Potter ! rebondit Michael. Parlons-en ! On doit avoir une discussion à ce sujet, toi et moi, et tu n'y échapperas pas.
Lily se maudit intérieurement d'avoir introduit le sujet. Elle pria pour que ses joues gardent leur teinte habituellement pâle mais le sourire ravi de Michael lui prouva que c'était peine perdue.
- Oh, je savais qu'il s'était passé quelque chose. Avant les vacances, je me trompe ? J'ai bien vu que tu avais l'air d'être dans un autre monde.
- Mike'... Tu es beaucoup trop observateur pour ton propre bien.
- Oui, c'est qu'on m'a dit. Alors, raconte !
- Il n'y a pas grand-chose à dire, tu sais, bafouilla Lily. On s'est embrassés le soir de son anniversaire et... et... enfin...
- Vous vous êtes juste embrassés ?
- Michael ! s'insurgea Lily en sentant son visage s'enflammer.
- Quoi ? Ce n'est pas de ma faute si tu bredouilles tellement que c'est à se demander ce qu'il s'est passé ensuite !
Michael éclata de rire, fier de sa blague. Lily leva les yeux au ciel et agita la tête pour faire disparaître l'incendie de son visage.
- Et après on a parlé, marmonna-t-elle. Et c'est tout, Mike', compris ?
- Est-ce que ça veut dire que vous êtes ensemble ? interrogea-t-il, soudain très sérieux.
Lily ne répondit pas, se contentant de lui lancer un regard éloquent.
- Tu crois vraiment que ce serait mon genre d'embrasser le garçon que j'ai envoyé balader pendant six ans sans réfléchir à ce que je veux ou ce que je suis en train de faire ?
- Loin de moi cette idée ! Ça m'étonne, simplement. On parle bien du même James Potter, n'est-ce pas ?
- Je n'en connais qu'un donc tu peux déduire qu'on parle bien du même.
- Donc vous sortez ensemble ? Tu as réfléchi, tu t'es dit qu'il n'était pas si mal, tu l'as embrassé et vous êtes ensemble, maintenant ?
- Roh, Michael, je déteste quand tu fais ça. Prêcher le faux pour avoir le vrai... On dirait ma mère ! Et retire-moi ce sourire sadique de ton visage, tu me fais peur.
Michael fit une grimace pour essayer de modifier cet état de fait mais ça ne fit qu'accentuer la chose. Lily pouffa la première, vite suivi par le rire de Michael.
- Pour tout te dire, ça fait au moins depuis la mi-février que je me suis aperçue qu'il y avait quelque chose de pas net entre lui et moi mais à l'époque, c'était presque uniquement sur lui que je remettais la faute. Il était amoureux de moi, ça expliquait son comportement et moi, j'étais bizarre en sa présence mais c'était tout. Puis il s'est fait attaqué et, je ne sais pas pourquoi, il y a eu un déclic dans ma tête. Je me suis dit que, quitte à être tombée amoureuse de James Potter, autant tenter le tout pour le tout et voir ce que ça donnerait. On s'est embrassés le jour de son anniversaire et depuis, oui Mike', on sort ensemble.
- Et bien, il était temps ! s'esclaffa-t-il.
Lily haussa les sourcils.
- Comment ça « il était temps » ? s'offusqua-t-elle.
- Ça fait sept ans que tout le monde attend que vous vous finissiez ensemble, rit Michael. On avait perdu espoir à force, tu sais. Ah, Lily, vous allez faire courir les rumeurs à votre retour ! Oh par la barbe de Merlin, Lily Evans et James Potter. Ça, c'est une surprise !
- Pas tant que ça puisque tu me dis que vous attendiez tous ça. D'ailleurs, je me demande comment je dois le prendre. Pourquoi es-tu sorti avec moi si tu pensais déjà que j'irais avec James ?
- Oh mais c'était surtout une blague de couloir. Parce que vous voir ensemble, ç'aurait été comme si les poules avaient des dents. Tu sais, comme Fawley et O'Brien ou même Williamson et Black, on sait que ça n'arrivera pas et pourtant tous leurs proches les charrient là-dessus. Je ne suis pas sorti avec toi juste comme ça, ne t'inquiète pas.
- Je serais toi, je ne mettrai pas ma main à couper pour Jo' et Charlus. Parfois, leur comportement est suspect. Dis, tu étais amoureux de moi ou pas ?
Ce fut au visage de Michael de rougir. Et même si contrairement à Lily, il réussit très bien à faire semblant de ne pas savoir, sa gêne était visible.
- Sans doute un peu, oui... Même maintenant, je t'aime beaucoup mais en tant que meilleure amie, tu vois. Et toi ?
- Sans doute un peu aussi. Mais ce n'était pas aussi fort que... Enfin, tu as compris.
Lily souffla pour empêcher ses oreilles de chauffer mais c'était peine perdue. La chaleur s'y était déjà invitée.
- Que ce que tu ressens pour James, compléta Michael. Oh, Lily, on n'a pas vraiment l'air malin, assis tous les deux sur ton lit à rougir aussi fort que les citrouilles d'Hagrid.
Lily pouffa à la comparaison. Il y avait bien une chose qui ne changerait jamais : Michael avait toujours eu le don de détendre l'atmosphère, quelque soit la situation.
Après avoir juré à Michael qu'elle ne divulguerait son secret pour rien au monde, Lily lui fit promettre d'en parler à Gaenor avant la fin de l'année scolaire.
Au grand dam de Charles et Peony Evans qui auraient voulu l'inviter pour le dîner - Lily se remercia de jamais ne leur avoir précisé qu'il avait été son copain à une époque - Michael dut rentrer chez lui assez tôt pour avoir le temps de dire au revoir à son père qui partait quelques jours en voyage d'affaires et qui ne serait pas revenu pour la rentrée de son fils.
Comme il ne pouvait transplaner immédiatement en sortant de chez elle, Lily l'accompagna jusqu'au seul endroit calme où il y avait presque jamais personne : l'impasse du Tisseur. Sur le chemin, Michael paraissait avoir à nouveau perdu le sourire.
- Ça ne va pas ? s'inquiéta Lily.
Michael ne répondit pas immédiatement, se contentant de regarder ses pieds, les mains dans les poches.
- J'ai peur que notre relation ne soit plus jamais la même, désormais, avoua-t-il. Il faut que tu comprennes que si je ne t'ai jamais dit tout cela, ce n'est pas parce que j'avais peur mais par simple égoïsme, pour ma sécurité. J'ai toujours vécu en connaissant la vérité, mes parents me la répètent depuis mon plus jeune âge. Mais la menace de Voldemort s'est accrue si vite qu'à partir du moment où je t'ai fais assez confiance pour tout te dire, je ne pouvais plus parce qu'il était hors de question que je dévoile mes secrets à qui que ce soit. Mais des fois, je me dis que j'aurais dû tout avouer depuis très longtemps, depuis la mort de Lau-
- Michael, tais-toi.
Lily s'était arrêtée de marcher, l'oreille aux aguets. Ils étaient arrivés impasse du Tisseur et Lily était certaine d'avoir entendu un bruissement de cape.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? chuchota Michael.
- Mike', on ne peut pas parler de ça ici, c'est trop dangereux. Les murs ont des oreilles. Ne t'en fais pas, pour moi tu restes le même Michael Robbins, un peu bavard par moments et toujours débraillé mais une des personnes les plus gentilles que je connaisse, d'accord ? Ne t'inquiète pas pour ça. Mais il faut que tu transplanes, tout de suite. On n'est pas en sécurité. On se retrouve sur le quai neuf trois-quarts à la rentrée ?
Michael sembla comprendre la situation car il hocha la tête rapidement avant de disparaître. Lily, main sur la baguette, se dépêcha de sortir de cette rue qu'elle détestait tant.
Avant de rentrer chez elle, elle flâna dans les rues, autant pour réfléchir que pour dissuader son éventuel suiveur de la pister jusqu'à sa maison.
L'histoire de Michael lui semblait encore tirée par les cheveux sur certains points, voir complètement surréaliste, et pourtant ça pouvait expliquer énormément de choses. A commencer par cette histoire de chaussettes.
Depuis qu'elle le connaissait, Lily n'avait jamais vu Michael avec deux chaussettes appariées, de même qu'elle l'avait très rarement vu prendre soin de lui dans sa manière d'être et de s'habiller. Il avait beau lui avoir dit que cela faisait simplement partie de sa personnalité, Lily en venait à se demander s'il ne s'agissait pas aussi d'un mécanisme de défense dont il n'aurait pas conscience tant il avait eu l'air de faire exprès de dénouer sa cravate ou de se faire des traces d'encre sur le visage après la mort de Lauren.
Cela pouvait aussi expliquer, comme il le lui avait dit, son brusque changement de comportement. Ce renfermement, cette mélancolie permanente, ce silence dont il avait fait preuve depuis au moins deux mois, lui qui était toujours de nature optimiste, grand bavard et qui avait cette manière de tout voir du bon côté qui pouvait parfois être déroutante.
Evidemment, ça éclairait ce mystère des toilettes de Mimi. Lily avait toujours du mal à intégrer ce qu'il s'était passé dans sa tête ce jour-là mais au moins savait-elle désormais que c'était lié à ce passé traumatisant.
Lily avait la nausée rien qu'à l'idée qu'on puisse infliger une telle douleur à un bébé. Imaginer les cris de l'enfant, causés par une douleur infligée par ses propres parents, ça lui retournait l'estomac. Parents en qui il avait confiance, parce qu'à cet âge-là, c'est instinctif... Elle était dégoûtée. Elle n'osait penser aux cicatrices que Michael devait avoir, qu'il devait regarder chaque jour.
Il y avait quelque chose d'absurde dans cette situation. Michael était Né-Moldu et c'était quelque chose que personne ne savait. Absolument personne à part ses parents et Dumbledore n'était au courant de ce statut. Il avait eu un autre nom, une autre famille, une autre maison. Il avait une histoire, des souvenirs douloureux.
Qui pourrait penser ça de lui en le voyant ? Michael Robbins, ce garçon si souriant, rieur et grand orateur que tout le monde appréciait malgré ses manières atypiques ? Qui aurait pu comprendre que derrière des chaussettes dépareillées et des chemises froissées se cachaient un vrai traumatisme, un réel besoin d'être remarqué pour autre chose que des événements dont il lui fallait absolument cacher l'origine ? Qui aurait pu penser que derrière ses difficultés en sortilèges défensifs se tapissait un manque de confiance en soi et des remparts brisés par des géniteurs violents ?
Et maintenant que Lily repensait à tout cela, tout ce qui avait été sous ses yeux pendant tout ce temps mais qu'elle avait été incapable de déceler, il y avait aussi le fait que Michael ne prenait jamais de bains. Il n'allait jamais dans la Salle de Bain des Préfets, prétextant qu'elle était toujours utilisée lorsqu'il voulait y aller ou que les douches lui convenaient très bien. Aurait-elle pu saisir l'ampleur de la blessure dissimulée sous cette simple anecdote ?
Lily reprit ses esprits. Elle était arrivée près du parc de jeu où elles allaient, elle et Pétunia, quand elles étaient plus jeunes. Là où elle avait rencontré Severus, aussi.
Penser à son ancien meilleur ami remit son instinct de survie en marche. Severus. C'était lui qui avait écouté sa conversation avec Michael, elle en était sûre. Elle ne connaissait pas d'autres sorciers qui vive à Carbone-les-Mines, encore moins d'autres sorciers qui aurait une raison d'écouter la conversation de deux adolescents à priori normaux.
Lily se retourna, les doigts fermement contractés autour de sa baguette. Il était encore là, elle le sentait. Il l'avait suivi jusqu'ici.
Elle rentra dans l'enceinte du parc et avança de quelques pas, à l'affût du moindre mouvement. Sa respiration et les battements de son cœur s'étaient accélérés et malheureusement, ce n'était pas à cause de James.
- Qui que vous soyez, montrez-vous ! ordonna-t-elle en espérant que sa voix était ferme. Je déteste que l'on écoute mes conversations et encore plus que l'on me suive. Ne soyez pas lâche et montrez-moi à qui j'ai affaire, plutôt que de vous cacher.
Une ombre apparut derrière les bruissons. La personne retira son capuchon. Lily resserra sa poigne autour de sa baguette. Elle en était sûre, elle l'avait pressenti. C'était lui. Severus Rogue.
Un sourire sardonique, à faire froid dans le dos, parcourait son visage cireux.
- Je ne te pensais pas autant sur tes gardes, railla-t-il. Tu as changé, Lily.
Lily sentit parfaitement qu'il n'avait pas digéré ce qu'elle lui avait balancé au visage la dernière fois. « Pourquoi t'acharnes-tu dans l'échec ? ». Elle le pensait vraiment lorsqu'elle le lui avait dit et son opinion n'avait pas changé. Severus dut le sentir car son sourire se transforma en un rictus crispé.
- C'est cet idiot de Potter qui t'as mis des imbécilités dans le crâne, ragea-t-il. Je ne t'ai toujours pas pardonné ce que tu m'as dit, la dernière fois. Et c'est de sa faute, tout ça ! Je le sais ! Il paiera.
- Tu ne m'as pas pardonné ? Mais je ne t'ai jamais demandé de me pardonner, Severus ! James n'est en rien responsable de ce que je t'ai dit, c'était la pure et simple vérité comme j'essaie de te la faire comprendre depuis deux ans. Et puis, c'est gonflé de ta part de m'en vouloir, tu ne crois pas ? Parce que je t'ai dit quelque chose qui t'a blessé, tu dois m'en faire part ? Et moi alors ? Quand tu m'as traitée de Sang-de-Bourbe ? Je n'avais pas le droit d'être blessée, il fallait absolument que je t'excuse ? Tu te fiches de moi !
- C'est James, maintenant, cracha-t-il. Tu sors avec Robbins, « une des plus gentilles personnes que tu connaisses », puis après tu vas tripoter Potter ? Tu l'as toujours détesté !
- Ce que je fais de ma vie ne sont pas tes affaires, tout comme mes conversations privées. Tu as entendu quoi, tout-à-l'heure ? Répète ce que tu as entendu Michael me dire !
Lily était furieuse. Elle pointa sa baguette sur le torse de Severus, sous le pan de sa cape et le fixait droit dans les yeux.
- Des moldus peuvent arriver à n'importe quel moment, tu n'es pas assez idiot pour me faire user de la magie devant eux. Alors ? Tu as entendu quoi ?
- Et pourquoi je te le dirai ? Ça n'avait aucun sens ce qu'il racontait, de toute manière. Mais ne t'en fais pas, je ferai mes recherches et je comprendrai pourquoi ses secrets et le Maître menacent sa sécurité.
- C'est le Maître, maintenant, imita-t-elle avec toute la haine dont elle était capable. Tu me dégoûtes, Severus.
Sur ces mots, elle se détourna, baguette à la main et retourna chez elle, la boule au ventre.
Severus était-il vraiment capable de trouver la vérité à propos de Michael ? Pouvait-il réellement se servir de ça pour les menacer, lui et elle ?
***
Alors ? J'espère que c'était pas trop confus, que vous avez compris. Si vous avez des questions, n'hésitez pas à les poser et sachez que d'ici trois semaines, je posterai le bonus 3 (qui relate les faits exposés dans ce chapitre et +) (en gros c'est des explications si vous n'avez pas tout compris)
A mercredi ^^
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