|CHAPITRE 38| Le voile de nos souvenirs

Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises !

Hello ! Ça fait longtemps dis donc ! (2 semaines mais moi, j'ai l'impression que ça fait trois mois). Comment vous allez ? Bon, vous l'aurez remarqué, le titre du chapitre d'aujourd'hui est très spécial.

J'ai hésité entre le placer ici ou sur l'épilogue. Mais, au final, ça correspondait tellement aux circonstances que j'ai décidé de placer ça ici. J'espère que vous comprendrez mieux la signification derrière ce titre somme toute assez mystérieux.

Bon. Sinon. Le prochain chapitre, le 39, fait plus de 8 000 mots. C'est vraiment beaucoup. Alors j'ai décidé de le couper en deux. Je posterai la première partie la semaine prochaine et la deuxième partie la semaine d'après. D'ailleurs, si quand je poste le 40, je n'ai pas commencé à écrire le 46, je repasserai à une publication à une semaine sur deux (mais je vous en reparlerai).

Revenons sur le chapitre de la dernière fois. Le 37. J'espère qu'il vous a plus, que j'ai réussi à bien amener le Jily (oui, vous pouvez dire "ENFIN !!"). J'espère que j'ai réussi à bien arriver au premier tant attendu JILY KISS, que c'était le bon moment et j'espère que tout le chemin que j'ai écris depuis le premier chapitre pour amener une relation saine entre James et Lily était bien amenée. (ça veut rien dire mais vous avez compris)

Sinon, j'aime bien le chapitre d'aujourd'hui. J'ai réussi à parler de l'acceptation de son corps, des complexes et d'autre chose (je n'en dirai pas plus) en même temps qu'en expliquant le titre du chapitre (et donc celui de la fanfic). Je suis assez fière de ça et j'espère l'avoir réussi.

Bonne lecture et à la semaine prochaine ^^

P.S. Soyez indulgents, ce chapitre n'a pas encore eu sa bêta-lecture ;)

***

- C'était une bonne soirée !

Ellie s'effondra sur son lit et tourna la tête vers Johanna.

- Une soirée épuisante, tu veux dire.

- Oh, tout de suite les grands mots ! Avoue que c'était bien.

Ellie leva les yeux au ciel mais sourit.

- Bon d'accord, c'était plutôt pas mal. Lily a géré mais ça commence à ne même plus m'étonner, j'ai l'habitude. Où est-elle, d'ailleurs ?

- Encore en bas, je crois, répondit Abby. Quand je suis montée, elle avait commencé à nous suivre mais elle est redescendue. Vous allez voir, je vais gagner mon pari. À moi les Patacitrouilles et les Souris en Sucre !

- Tu as trop bu, Ab' ! lança Johanna en partant vers la salle de bain.

La porte de la salle d'eau se referma et Ellie et Abby se regardèrent.

- Elle refuse de voir qu'elle a tort, on est bien d'accord ? s'assura Abby.

Ellie pouffa et hocha la tête.

- De toute façon, je l'ai déjà perdu depuis longtemps, ce pari. James et Lily qui sortent ensemble avant notre septième année ? J'étais naïve.

- Jo' l'était aussi. Après Poudlard ? Ce n'est pas réaliste.

- J'ai entendu ! fit la voix étouffée de Johanna depuis la salle de bain.

Ellie étouffa un rire et Abby bailla. Ellen attrapa ses affaires et commença à se changer sur son lit. Au diable, la salle de bain !

- Abby ?

- Mmh ?

- Est-ce que tu aimes Sven Hankook ? Je veux dire, pour de vrai, comme James et Lily s'aiment mais refusent de l'admettre alors que ça se voit comme le nez au milieu de la figure.

- Quoi ? Oui ! Enfin, non, pas comme James et Lily. Mais oui, pourquoi ? Ce n'est pas un scoop, si ?

Abby releva la tête et Ellie la regarda.

- Non, je voulais juste savoir si c'était toujours d'actualité.

Le silence retomba mais Abby soupira.

- Tu sais, Ellie, je me demande comment tu fais pour te changer là, comme ça. Tu n'as aucun complexe ?

Ellen arrêta tout mouvement et se tourna vers son amie, surprise. Il était rare d'entendre Abby aborder des sujets qui la concernaient elle et ses secrets.

- Si, bien sûr que j'en ai. Comme tout le monde. Mais j'essaie de passer outre. Il vaut mieux aimer son corps plutôt que de le détester, tu ne crois pas ? On est obligés de se faire à lui, de toute manière.

- J'aimerais bien pouvoir faire pareil. J'aimerais être comme toi. Tu t'assumes, tu as confiance en toi, tu réussis à t'aimer. En fait, tu réussis tout simplement.

- Hé, ne dis pas des choses comme ça.

Ellie abandonna son haut de pyjama et s'assit au bord de son lit face à Abby.

- Faut pas que tu dises ça, je vais t'expliquer pourquoi. Premièrement, parce qu'être soi-même ça doit être mieux qu'être quelqu'un d'autre. Je n'ai jamais pris de Polynectar mais la métamorphose humaine... Je me sens bizarre à chaque fois alors que je n'ai encore jamais transformé entièrement mon corps. Deuxièmement, parce que je ne suis pas parfaite, Abby. Je ne suis pas parfaite loin de là. Je... Je ne sais pas prendre soin de moi. Autant moralement que physiquement. Je préfère aider les autres, c'est plus simple.

Un sourire contrit s'échappa sur les lèvres d'Ellie mais Abby avait toujours un air penaud.

- Oui mais... Tu entends quoi par prendre soin de toi ? Tu as confiance en toi, tu es belle, tu es drôle et comme tu le dis, tu sais aider les autres.

- Merci, c'est gentil, je ne pensais pas que tu pensais tout ça de moi. Mais je ne sais pas comment répondre à ta question. Je ne peux pas vraiment te le prouver. Je le sais, c'est tout.

Sans trop savoir pourquoi ni comment, Ellen sentit ses yeux s'embuer. Elle cligna des yeux pour faire disparaître la sensation mais malheureusement, Abby avait vu.

- Tu pleures ? s'étonna-t-elle.

- Non, nia Ellie, la voix un peu éraillée. Pas du tout.

Un reniflement la trahit, arrachant un petit rire à Abby qui vint s'asseoir à côté d'elle et la prit dans ses bras. C'était si inhabituel de sa part qu'Ellie mit quelques secondes avant de refermer ses bras autour d'Abby à son tour.

- Je complexe sur beaucoup de choses, avoua Abby à mi-voix. Mon nez, ma taille et... Oh, tu vas me trouver ridicule... Ce que je déteste le plus chez moi, c'est-

- Ton poids, finit Ellie à sa place. Ton poids, tes formes. Je le sais. Je le sentais déjà avant qu'on en parle. Tu ne te sens pas assez féminine, trop mince - anguleuse, peut-être ? - et j'en passe. Je ne trouve pas ça ridicule.

Abby souffla du nez et se redressa un peu. Ellie croisa son regard brillant mais fit semblant de ne rien voir.

- On devrait parler plus souvent de ce genre de sujets, conclut-elle.

Abby sourit.

- Merci. Ça m'a fait du bien. Merci, Ellie.

- De rien, c'est normal. Et ça m'a fait du bien aussi.

La porte de la salle de bain s'ouvrit brusquement sur Johanna.

- Hé, Ab', j'ai dis des bêtises tout-à-l'heure. Tu devrais boire plus souvent, ça t'aide à t'ouvrir apparemment, dit-elle tout en farfouillant autour de son lit. Mais où est-ce que j'ai foutu cette brosse à cheveux ?! Ah, la voilà ! Oui, donc, je disais, je suis contente que tu te sois ouverte. Aïe, un nœud ! Tu sais, moi aussi je complexe. Cette masculinité que m'a donné mon rôle de batteur, ça n'a pas toujours été simple à accepter.

Johanna arrêta enfin de s'agiter et regarda Ellen et Abby.

- Oh par le caleçon de Merlin... Vous n'êtes quand même pas en train de pleurer ?

- Ah non. Jamais ! nia Ellie.

Le reniflement d'Abby la démentit et Johanna lui lança un regard désabusé.

- C'est d'une crédibilité... C'est fou ce talent naturel que tu as, Ellie, pour la comédie. On s'y croirait presque, tu as des yeux à briller dans le noir.

- Viens là au lieu de dire des bêtises, ordonna Ellie.

- Non. Si je viens, je vais pleurer aussi. Or, les filles ne pleurent pas.

- Oh, allez viens, insista Abby. On ne pleure plus, c'est bon, ta réputation ne va pas être ruinée. On ne pleurait même pas vraiment, on avait juste les yeux humides. Ce n'est pas pareil.

Johanna finit par céder, s'asseyant entre Ellie et Abby. Puis, quelques instants après, Ellen leur jeta un regard éloquent avant d'aller ouvrir la porte. Elle abaissa la clanche et entrouvrit le battant. Elle percevait le son d'une musique mais n'arrivait pas à déterminer laquelle.

- Ils sont encore en bas, chuchota-t-elle. Mais je ne reconnais pas l'air...

- C'est une chanson d'Umberto Tozzi, les informa Abby. Ti amo. « Je t'aime » en italien.

- Ça ne veut rien dire, se buta Johanna.

- Oui, c'est vrai, approuva Ellie. Ils pourraient très bien être avec Sirius, Remus et Peter et dans ce cas-là, ça veut dire que Lily sait quel est leur cadeau et ce serait injuste. Mais les garçons ont leurs secrets, je ne pense pas que ce soit ça. Donc, ça veut dire que James et Lily sont seuls en bas.

- Quel rapport avec la musique ? Ce n'est qu'un hasard. Je suis sûre qu'ils sont en train de s'insulter.

- Oh, ça pourrait être un hasard. Mais je suis sûre que c'est justement une coïncidence. Et leur vie est rythmée par des coïncidences. Donc, je vais gagner mon pari, argumenta Abby, clouant le bec à Johanna. Et puis, même s'il ne s'est rien passé ce soir, il me reste quelques jours jusqu'aux vacances d'avril. Et sache que dans ce pari, depuis quelques temps, la moindre heure que James et Lily passent ensemble est une heure où tout peut arriver.

- On verra bien demain.

- Oui, on verra bien demain.

Évidemment, Ellie savait très bien qu'elles avaient toutes les trois veillé jusqu'au retour de Lily, faisant semblant de dormir. Et Johanna aurait beau dire, Ellie sentait que quelque chose avait changé ce soir.

Elle fut bien déçue le lendemain matin.

Le lendemain matin, au petit-déjeuner, rien ne parut anormal. Tout le monde paraissait plus souriant - y compris Lily et James - mais tout le monde avait bien profité de la soirée de la veille. C'était normal.

Elle, Abby et Johanna étudièrent le moindre mouvement, la moindre parole. Mais rien ne traduisait un possible rapprochement.

Dépitée, Ellie s'attaqua rageusement à son bout de bacon.

- Mais qu'est-ce que t'as fait ce bout de jambon ? demanda Lily.

Ellie faillit répondre qu'il n'avait pas réussi à la mettre en couple avec James mais un regard à Abby l'en empêcha. Elle réprima un rire et choisit de dire autre chose.

- Il a été méchant avec moi. Si, si, je te promets ! Regarde par toi-même ! Comment il m'observe, me juge... Comment ses petits yeux porcins me haïssent... Non mais franchement ! Tu aimerais, toi ? Qu'un morceau de bacon te déteste ainsi ?

Lily, un peu désemparée par cette réponse, parut sincèrement réfléchir à la question.

- Non, je ne pense pas. Et un jour tu m'expliqueras où est-ce que tu vois des yeux sur un bout de bacon. James, tu me passes les myrtilles ?

Ellie allait pouffer mais la fin de la phrase l'en empêcha. Oh, peut-être bien qu'elle allait obtenir enfin un indice... D'ailleurs depuis quand Lily appelait-elle James par son prénom en public ? Elle ne le faisait que très rarement. Abby lui donna un coup de coude, signifiant qu'elle avait aussi remarqué.

James attrapa le panier à myrtilles, regarda à l'intérieur.

- Tiens. Désolé, il n'en reste que deux. J'ai mangé tout le reste.

Cette fois, même Johanna parut surprise. James qui laissait des myrtilles aux autres, ça tenait de l'improbable. Et encore, qu'il en donne à Lily passait encore : il faisait tout pour qu'elle revoit son avis sur lui depuis le début de l'année. Mais qu'il lui laisse les deux ? En temps normal, il n'en aurait laissé qu'une. Quelque chose clochait.

Le mieux pour Ellie fut la tête des garçons. Eux aussi étaient interloqués au possible. Et alors qu'elle pensait avoir enfin pu prouver qu'il s'était passé quelque chose, James remarqua leurs regards.

- Pourquoi vous faites ces têtes-là ? Il y a un problème ?

- Oui, il y a un problème, répondit Johanna en attrapant le port de marmelade. Tu nous embêtes avec tes questions bizarres.

Ellie, déçue de ne pas avoir trouvé le moindre indice concernant son hypothèse, retourna à son bacon sous le regard amusé de Lily.

Après le petit-déjeuner, ce fut Cassiopée qui vint la chercher.

- Il s'est passé un truc entre Potter et Lily, finalement ? l'agressa-t-elle du but-en-blanc.

- J'aimerais bien. Mais à part quelques trucs bizarres, rien de notable. Sauf le fait que Lily a recommencé à mettre le collier que le mec qui lui envoyait des lettres anonymes lui a offert pour son anniversaire.

- Oui et puis peut-être que tu te fais des illusions. Tu sais, peut-être qu'ils ne finiront jamais ensemble. Qui sait ?

Ellen lui lança un regard éloquent.

- Bien sûr que si, ils vont finir ensemble. Et avant la fin de cette année, même ! Puis après ils vont avoir une maison, ils vont se marier, auront trois enfants et vivront jusqu'à leurs quatre-vingt-dix-huit ans avant de mourir main dans la main. C'est écrit, c'est leur destin, Cassi'.

Cassiopée souffla du nez.

- Je croyais que tu n'aimais pas la divination.

- La divination, c'est rien d'autre que de la supercherie. Le destin, ça se sait, tu vois ? Ça se sent. Et moi, je sens que Lily va finir avec James et qu'ils passeront leurs vieux jours ensemble. J'ai toujours un bon flair pour ce genre de choses.

Elles marchèrent encore un peu dans les couloirs, débattant sur la divination et le destin jusqu'à ce qu'elles arrivent devant un placard intégré au mur qui devait servir à Rusard pour le ménage. Cassiopée ouvrit la porte.

- Merveilleux ! s'exclama-t-elle.

Elle rentra dans le placard et invita Ellen à venir avec elle en lui tendant la main. Lorsqu'elles eurent refermé la porte et qu'elles se retrouvèrent dans le noir, Cassiopée alluma sa baguette et regarda les étroits alentours.

- Ouh, c'est intime...

- Cassiopée, est-ce que tu viens vraiment de nous enfermer dans un placard ?

- Ça ne va pas ? T'es claustrophobe ? s'inquiéta-t-elle.

Cette inquiétude ramollit tous les faibles arguments d'Ellen pour ne pas rester dans ce placard.

- Non, non. J'aime beaucoup cette proximité...

Elle se rapprocha un peu plus de la Serpentard - malgré le fait qu'elles soient déjà très proches - et passa doucement sa main sur sa joue.

- Ferme les yeux, chuchota-t-elle.

- Ellen...

- Ferme les yeux, insista-t-elle dans un souffle. Il fait déjà noir, ça ne changera pas beaucoup.

Cassiopée éteignit sa baguette et ferma les yeux. Ellen sentit cette chaleur avec qui elle cohabitait depuis plusieurs mois maintenant être libérée et elle la laissa réveiller en elle toutes ces sensations qu'elle ne connaissait pas encore il n'y avait pas si longtemps, accélérant sa respiration et le mouvement de ses mains autour du corps de Cassiopée.

Enfin, n'y tenant plus, ses lèvres tombèrent sur les siennes. La chaleur avait prit possession du corps d'Ellen.

~~~

James montait dans son dortoir. La nuit était tombée depuis une bonne heure déjà et il était temps qu'il récupère son livre et qu'il fasse son devoir de métamorphose s'il ne voulait pas se faire réprimander.

Il farfouilla sur son bureau et trouva un des mots de Lily qu'elle lui avait écrit à l'époque des lettres anonymes.

Son cœur rata un battement. Lily. James ne réalisait toujours pas ce qu'il s'était produit la veille. Et cette intimité qu'ils avaient décidé de préserver jusqu'au moins la fin des vacances les empêchaient de se voir quand ils le voulaient, faisant presque croire à James qu'il n'avait qu'imaginé ce baiser. Mais le regard que lui lançait Lily l'en détrompait bien vite. Ce regard... Merlin, il l'avait toujours imaginé, idéalisé, fantasmé. Il avait toujours espéré qu'elle le regarde ainsi. Et maintenant que c'était le cas, il avait l'impression de flotter sur un petit nuage de bonheur. C'était mieux que tous les rêves qu'il s'était dessiné, la meilleure chose qui lui soit arrivée, il avait l'impression que rien ne pourrait stopper son bonheur.

Il avait tort.

Et il aurait dû savoir qu'une bulle de bonheur finit toujours par être percée, envahie par le malheur du monde et le non-sens de la vie.

James retrouva enfin son livre. Il s'apprêtait à retourner dans la Salle Commune lorsqu'un oiseau toqua au carreau. James ouvrit la fenêtre, attrapa la missive nouée à sa patte.

Ça lui était adressé.

Il posa son livre sur sa table de chevet, s'assit sur son lit et décacheta l'enveloppe.

Sa bulle de bonheur venait d'être percée.

Une grosse aiguille à tricoter venait de la violenter, la trouer suffisamment jusqu'à ce que toute la joie, tout l'amour s'en échappe, torturant et écrasant au passage le cœur amoureux de James. Piquant chaque idée heureuse. Vidant toute sensation, toute émotion.

Une seule larme coula sur sa joue, suivant ses traits et glissa sur ses lèvres, y répandant son goût de sel. Le goût de la tristesse. Le goût du deuil.

- James, Remus et Peter t'attendent en bas pour travailler, l'appela la voix de Sirius cinq minutes plus tard. James ?

Sirius ouvrit les rideaux du baldaquin, l'air méfiant. James lui tendit la lettre. Sirius la lut et son visage s'adoucit. Il s'assit sur le bord du lit.

- Tu veux que je prévienne Lunard et Queudver ? Les filles ? Lily ?

- Remus et Peter peuvent savoir. Je le dirais moi-même à Lily. Mais à la réunion de ce soir, tu peux éluder vaguement, ça ira.

James fut surpris de sa voix rauque. Il n'était pas si triste que ça, pourtant. Il se sentait vide, épuisé et il voulait juste être avec Lily.

Sa bulle de bonheur avait été percée. Mais pas assez pour le faire sombrer. Il ne se laisserait pas faire et il ferait tout pour que rien de pire n'arrive. Il se le promettait.

- J'en conclus que tu resteras là, ce soir ? demanda la voix lointaine de Sirius.

James hocha la tête. Sirius se leva, referma les rideaux. James se tourna sur son matelas et s'endormit.

Il se réveilla lorsque les garçons vinrent se coucher. Il étouffa un bâillement se leva et sortit de son lit. Remus et Peter - qui attendaient que Sirius libère la salle de bains - lui firent un sourire compatissant. James leur répondit d'un signe militaire, signe qu'il allait bien. Il ouvrit la porte du dortoir, prêt à descendre dans la Salle Commune quand Remus l'interpela :

- Je crois que Lily est encore en bas.

- Et il reste des petits trucs à manger qu'on est allés chercher dans la cuisine sur le canapé devant la cheminée, si tu veux, ajouta Peter.

James les remercia d'un signe de tête, fit demi-tour, attrapa sa baguette et un pull, puis descendit enfin.

La seule lumière dans la Salle Commune provenait de la cheminée. Lily était effectivement présente, dans le canapé et il devait bien avoir quelque chose à manger puisqu'il entendait comme le bruit de quelqu'un qui prend quelque chose dans un sachet en kraft. Il s'approcha, son cœur s'emballant à chaque pas qu'il faisait et, en s'asseyant à côté d'elle, se décida enfin à mettre en marche ses cordes vocales en route.

- Bonsoir, marmonna-t-il.

Lily sursauta. Elle devait ne pas l'avoir vu.

- Merlin, James, tu m'as fais peur.

- Je suis désolé, je ne comprends pas pourquoi ma voix est aussi cassée. Je ne pensais pas qu'elle pouvait être aussi grave d'ailleurs. C'est intéressant à savoir.

Lily fronça les sourcils et pencha la tête sur le côté. Elle ne releva pas et tendit à James le sachet en kraft. Il refusa d'un signe de la tête. Lily reposa le sachet, s'approcha de James, prit sa main dans la sienne et posa sa tête contre son épaule.

- Sirius nous a dit que tu avais reçu une lettre et que c'était pour ça que tu es resté dans ton dortoir ce soir... Si tu veux m'en parler, je t'écouterai. Mais tu n'es pas obligé.

James sentit les battements de son cœur s'apaiser. C'était vrai. Lily était là pour l'écouter. Tout allait bien.

- Mon grand-père est décédé hier soir. Le jour de mon anniversaire, en plus. La vieillesse apparemment. Je ne me sens pas énormément triste, je ne le voyais pas souvent. Juste... j'ai l'impression d'avoir un vide en moi. C'est étrange. Je ne l'avais pas vu depuis un moment et quand j'essaie de me rappeler de lui, j'y arrive mais c'est flou. Et j'ai peur de l'oublier.

Lily serra un peu plus fort la main de James. Il la remercia intérieurement, incapable de prononcer un mot de plus. Il n'avait même pas eu conscience de ressentir autant de choses.

- Je sais ce que c'est, répondit Lily. Mes grands-parents paternels, Eileen et John Evans, sont morts quand j'avais sept et douze ans. Je ne me rappelle pas vraiment de ma grand-mère, j'étais trop jeune. Mais mon grand-père paternel, ça m'a vraiment attristée. J'étais en première année et je me sentais coupable de ne pas avoir pu aller le voir depuis plusieurs mois. Aujourd'hui, je me rappelle de lui mais c'est flou, un peu voilé. C'est normal. C'est le voile de nos souvenirs.

- Et j'imagine que c'est ce voile qui finit par rendre les pertes moins douloureuses ? supposa James d'une voix un peu moins rauque.

- C'est comme ça que je vois les choses.

L'idée plaisait à James. Il se sentait mieux. Et il avait faim. Il s'obligea à quitter des yeux le feu de la cheminée et se tourna vers Lily, qui leva la tête et plongea son regard vert dans le sien. James passa sa main vers l'autre côté du canapé et réussit miraculeusement à sortir un éclair au café du sachet en kraft, arrachant un rire à Lily.

- Et tes grands-parents maternels ? demanda-t-il, la bouche pleine.

- Ils sont morts dans un bombardement en 1943. Tu ne sais peut-être pas ce qu'est un-

- Si, si. Je sais. Ces horreurs moldues... Brrr !

Lily approuva d'un hochement de tête.

- Comment s'appelait ton grand-père ? demanda-t-elle.

- Henry. Mais tout le monde l'appelait Harry, je ne sais pas pourquoi.

Le silence retomba, léger et bienfaisant.

- Dis-moi, reprit James lorsqu'il eut fini son gâteau. Tu... Tu ne regrettes pas pour hier, au moins ?

Sa question lui parut stupide dès qu'elle sortit de sa bouche.

- Quand tu disais vide, je pensais vide émotionnel. Je ne pensais pas vide intellectuel. Tu crois vraiment que je serais là, si c'était le cas ? Est-ce que tu crois seulement que j'aurais accepté de sortir avec toi ? Attention, Potter, ça va te porter préjudice tout ça.

James sourit.

- J'ai le droit de m'inquiéter, non ? Ça fait sept ans que je me prends des claques, que je me fais envoyer sur les roses et que je me fais insulter de tous les noms. C'est normal qu'il me faille du temps pour intégrer que tu m'as embrassé, que tu sors avec moi. Bon sang, Lily, tu sors avec moi ! James Potter ! Est-ce que tu t'en rends compte ?

- Mais oui, James, je m'en rends compte, rit-elle. J'ai suffisamment réfléchi à tout ça, tout ce que je ressens pour toi pour savoir avec qui je sors depuis hier.

- Ce que tu ressens pour moi ?

James la regarda, comme s'il voyait quelqu'un d'autre. Si un jour il avait pensé que Lily lui dirait vraiment ça...

- Oui, ce que je ressens pour toi. Ça doit faire depuis au moins la Saint-Valentin que je me suis aperçue que le vent tournait de mon côté, que ce que tu m'avais fait les années précédentes n'était pas forcément juste de la provocation, qu'il y avait peut-être autre chose derrière. Mais j'avais peur alors, j'ai essayé de ne plus y penser. Mais avec ce qu'il t'est arrivé l'autre jour... Je ne sais pas, ça m'a forcé à regarder les choses en face. Je me suis dit « Qui ne tente rien, n'a rien » et j'ai arrêté d'avoir peur. C'est stupide de réfléchir alors que mon cœur a déjà prit une décision. Ce n'est même pas une décision, c'est... C'est comme ça.

Elle avait rougi. James n'en menait pas large non plus mais il s'en fichait. Il s'en fichait parce que cette déclaration était plus belle que toutes celles qu'il avait imaginées. À nouveau, leurs lèvres se rencontrèrent.

- Je t'aime, Lily, murmura James à son oreille.

Il n'attendait même pas de réponse, il comprenait que ce soit une étape pour Lily. Mais il fut surpris, encore une fois.

- Je t'aime aussi, James.

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