|CHAPITRE 35| Ça lui avait manqué
Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises !
Hello ! J'écris cette note mercredi pour retarder le moment où je vais devoir me mettre à travailler (au secours, les profs veulent ma mort). Je n'ai pas avancé sur mon chapitre 45 (c'est horrible je bloque) et enfin, je n'ai toujours pas relu le bonus que j'ai écrit la semaine dernière (ça me fait trop peur).
Enfin bref. Comment ça va, vous ? Pas trop fatigués ? Pas trop assaillis par les DS avant les conseils de classe ? D'ailleurs, ils sont quand vos conseils de classe ?
Je tiens à m'excuser pour la fin du chapitre de la semaine dernière, même si j'avoue que c'est particulièrement jouissif de lire votre frustration dans les commentaires xD (je suis une horrible personne, pardon). Et donc, pour des raisons évidentes, je ne ferai pas de mini résumé du chapitre du jour ;)
Prenez soin de vous et bonne lecture ^^
***
Lily courrait à en perdre haleine, juste derrière Michael. Depuis le dernier cri, les couloirs étaient plus silencieux que jamais. Michael s'arrêta très brusquement. Lily manqua de lui rentrer dedans et elle s'arrêta à son tour.
Ses yeux s'écarquillèrent. Par terre, Gaenor Eirig bougeait faiblement. Une partie de ses vêtements étaient déchirés, dévoilant une épaule ensanglantée. Voyant la pâleur de son homologue, Lily prit le bras de Michael et le força à la regarder.
- On est tout près des appartements de McGonagall. Tu vas aller la chercher, tu lui dis de venir ici très vite et ensuite tu vas chercher Pomfresh. Compris ?
- Mais, Lily, la dernière fois...
- La dernière fois, on n'aurait rien pu faire. Là, elle est encore consciente, je vais faire ce que je peux. Vas-y. Maintenant.
Michael finit par hocher la tête. Lily ne le regarda même pas partir et se pressa de s'agenouiller à côté de la victime. L'épaule gauche de Gaenor continuait de saigner, tachant au passage le sol et le soutien-gorge qu'elle portait. Lily inspira profondément et commença.
- Eirig ? C'est Evans, Lily Evans. Est-ce que tu m'entends ?
Un léger grognement lui répondit.
- D'accord. Surtout, évite de bouger.
Lily commença par déchirer les vêtements de Gaenor. Le haut du corps de la jeune fille presque entièrement nu, Lily vérifia d'un rapide coup d'œil qu'il n'y avait pas d'autres blessures visibles ailleurs. Mais, alors qu'elle s'apprêtait à arrêter le sang de couler de l'épaule, Gaenor grimaça, faisant remarquer à Lily que le visage de la Poufsouffle était particulièrement tuméfié.
- Mon épaule, grommela difficilement Gaenor.
- Je sais, la rassura Lily. Peut-être que ça va te brûler un peu mais ça va aller. Je vais m'en occuper.
- Non... Tu ne comprends pas...
Lily continua d'écouter Gaenor tout en s'occupant de ce qui risquait de devenir une hémorragie si elle ne faisait rien.
- Ah, les connards... Je te jure, Evans... Je te jure...
Lily ne broncha pas mais elle se demanda comment Eirig faisait pour parler.
- Evans... Mon épaule...
- Je suis en train de m'en occuper, ne t'inquiète pas.
- Non, c'est pas ça...
Lily arrêta tout mouvement. Peut-être que Gaenor avait repéré de la magie noire et que Lily ne pourrait rien faire de plus. La rousse écouta attentivement.
- Juste... Ne t'énerve pas...
Lily fronça les sourcils. Finalement, Gaenor n'était peut-être pas si consciente que ça. Lily nettoya le sang autour de la blessure et ce qu'elle vit donna un sens plus concret aux paroles d'Eirig.
« Sursis ».
« Sursis ». Six lettres. Gravées dans la chair de la Poufsouffle.
Lily s'empêcha de crier au scandale. Elle vérifia que Gaenor ne risquait rien de ce côté-là, préférant laisser ce genre de choses à Madame Pomfresh et elle commença à s'occuper du visage de Gaenor qui continuait d'insulter la Terre entière.
- Des lâches... Quatre contre une et ils n'ont même pas fait le poids...
- Ils t'ont bien amochée quand même.
- Ouais... mais je leur ai rendu la pareille.
Gaenor se mit à tousser. Plusieurs fois. Alors que Lily s'apprêtait à l'aider à s'asseoir pour reprendre son souffle, ça se calma.
- Je ne sais pas ce que c'était... ce qu'ils m'ont balancé... Mais j'avoue que c'était vachement puissant...
Lily arrêta tout ce qu'elle faisait. Elle n'avait pas assez d'expérience pour réussir à deviner tous les sorts qui avaient été utilisés contre Gaenor. Elle préféra s'asseoir à côté d'elle et essayer de savoir ce qu'il s'était passé pour mieux renseigner Madame Pomfresh après.
McGonagall arriva. Son chignon était en partie défait et elle avait revêtu une robe par-dessus sa robe de chambre. Elle avait l'air inquiet.
- Miss Evans ! Je vous cherchais. Robbins était très confus, il a eu du mal à m'indiquer où est-ce que vous étiez. Que s'est-il passé ?
- Ils m'ont surpris, Professeur, répondit Eirig à la place de Lily. Ils... sont arrivés et... on s'est battus... Finalement, je suis tombée et là... je ne sais plus trop.
- Oh, vous êtes consciente, Miss Eirig ? Voilà déjà une bonne nouvelle, d'après Robbins, vous étiez aux portes de la mort. Evans, est-ce que vous pouvez l'aider à s'asseoir ? Je reviens, je vais chercher de quoi lui tenir chaud.
Lily suivit les conseils de sa directrice de maison et aida doucement Gaenor à s'asseoir. La Poufsouffle commenta :
- C'est vrai qu'il ne fait pas chaud... Tu étais obligée de me déshabiller... ?
Le ton humoristique bien qu'un peu tremblant rassura un peu Lily qui en profita pour essayer de comprendre l'enchaînement des évènements tout en passant sa propre écharpe autour du cou d'Eirig.
- Tu m'explique ce qui s'est passé ?
Une quinte de toux reprit Gaenor, l'empêchant de répondre. Lily lui tapotait dans le dos pour essayer de ne pas se dire que ça durait un peu trop longtemps pour que ce soit normal. McGonagall arriva, un pull aux couleurs de Gryffondor à la main.
- Eirig, j'espère que ça ne vous dérange pas de porter d'autres couleurs que les vôtres. Evans, aidez-là à enfiler ce pull et à se relever. Je ne sais pas pourquoi mais je crois que nous allons devoir partir à l'infirmerie en nous débrouillant, Poppy n'a pas l'air d'arriver.
Lily passa difficilement le pull sur une Gaenor de moins en moins éveillée. Malheureusement, il fut impossible à la galloise de bouger l'épaule alors Lily abandonna de la couvrir entièrement.
Elle essaya d'aider Gaenor à se lever mais la Poufsouffle ne tenait absolument pas sur ses jambes. Lily vit Madame Pomfresh arriver en courant avec bonheur.
- Excusez-moi, Minerva, j'ai dû m'occuper de Mr. Robbins quand il est arrivé pour me prévenir. Que s'est-il passé ?
- Michael... Il va bien... ? demanda faiblement Gaenor dont Lily voyait le teint pâlir de plus en plus.
Pomfresh baissa les yeux sur la victime, toujours assise au sol et fronça les sourcils.
- Vous êtes toujours avec nous ? D'après votre camarade, vous étiez déjà morte.
- Visiblement, je suis toujours...
Une nouvelle crise de toux l'empêcha de finir sa phrase. Cette fois, sur un petit mouchoir que Lily avait trouvé dans une poche de la robe désormais déchirée de Gaenor, une petite tâche rouge se forma.
- Vous êtes encore là mais plus pour très longtemps si on ne fait rien, Miss Eirig. Evans, vous nous rejoignez dans l'infirmerie, s'il-vous-plaît. J'ai des petites questions à vous poser et il faut que je sois sûre que vous vous remettrez.
Lily ne protesta même pas. Elle observa la guérisseuse prendre Gaenor - presque inconsciente désormais - dans les bras puis hâter le pas et McGonagall partir prévenir Dumbledore.
Lorsque Lily arriva dans l'infirmerie, Pomfresh l'alpagua tout de suite.
- Evans, vous vérifiez que le gobelet sur la table de chevet à côté de Mr. Robbins est bien terminé. S'il ne l'est pas, vous lui faites avaler la fin.
Sans plus chercher à comprendre, Lily se dirigea vers les rideaux ouverts du lit de Michael. En effet, sur la table de chevet, un gobelet attendait d'être terminé. Lily n'eut aucun mal à reconnaître une potion de sommeil sans rêves. Elle suivit les instructions de l'infirmière et fit glisser le fond du verre dans la bouche entrouverte d'un Michael endormi. Puis, elle referma le rideau et rejoignit Pomfresh qui cherchait activement quelque chose dans une de ses armoires.
- Dites, pourquoi vous lui avez donné cette potion ? demanda-t-elle.
- C'est un ordre de Dumbledore, Evans. Et cet ordre date de la rentrée en première année de Robbins. J'avais oublié cette consigne lors du drame de fin janvier et je peux vous dire que je me suis fait rafraîchir la mémoire en un claquement de doigts. Autant vous dire qu'il ne sert à rien de poser de questions, je ne pourrais pas y répondre.
Perplexe, Lily fronça les sourcils. L'infirmière la regarda et son visage se radoucit.
- Récupérez votre écharpe sur la chaise là-bas et retournez dans votre Salle Commune, Miss Evans. Vous êtes fatiguée et vous avez suffisamment donné du vôtre pour ce soir. Reposez-vous, dormez un peu, d'accord ? Je pense que Dumbledore voudra vous parler demain matin mais ça pourra attendre. En attendant, rejoignez votre lit et surtout, faites bien attention dans les couloirs.
Madame Pomfresh sourit et Lily décida que l'infirmière avait raison. Elle récupéra son écharpe et, alors qu'elle avait la main sur la clanche, Pomfresh la rappela.
- Evans ? Ne vous inquiétez pas. Tout ira bien pour Miss Eirig, elle s'en remettra. Et c'est en partie grâce à vous.
Un poids dont elle n'avait pas eu conscience s'échappa de la poitrine de Lily. Baguette à la main et parée à tout éventualité, elle se dépêcha de monter les escaliers.
Lorsque le portrait de la Grosse Dame fut bien refermé, Lily souffla. Elle était soulagée. Elle baissa la garde et habitua ses yeux à l'obscurité ambiante. La Salle Commune n'était éclairée que par les dernières braises encore chaudes et la pièce paraissait vide. La seule présence se trahissait par ses ronflements.
Lily s'approcha du canapé où James dormait encore. Le plaid avec lequel Remus l'avait bordé était toujours en place. Visiblement, il roupillait très bien.
Lily hésita à le réveiller. Son regard fut attiré par un petit bout de parchemin sur lequel elle reconnut l'écriture de Peter.
« Cornedrue, était-il écrit. On n'est pas resté ce soir, les filles sont parties se coucher tôt. À l'heure où j'écris ce mot, ça fait entre vingt-cinq minutes (d'après Lunard) et deux heures (d'après Patmol) que Lily a démarré sa ronde. Rien d'inquiétant, évidemment, mais tu sais que c'est plus rassurant que quelqu'un soit là quand elle rentre (pour être sûr qu'elle rentre, justement). Si tu te réveilles avant demain matin, tu voudras bien t'en assurer ? Merci et bonne nuit, Peter ».
Lily s'obligea à réveiller James. Si elle ne le faisait pas et qu'il se réveillait en plein milieu de la nuit, il serait capable de veiller jusqu'au petit matin. Oh, bien sûr, elle aurait pu aussi écrire un petit mot, elle aussi. Mais elle n'avait pas de plume sous la main et elle devait bien avouer qu'elle ne pensait pas que le canapé soit très confortable pour dormir.
Elle posa sa main sur l'épaule de James et essaya de le secouer un peu. Aucun effet. Elle le remua un peu plus fort. Toujours rien. Elle lui retira le plaid. Il ne fit que frissonner.
Alors que Lily s'apprêtait à lui retirer ses chaussettes pour lui chatouiller les pieds, une autre idée lui vint. Une idée qui lui nouait le ventre autant que la faisait rougir. Sans trop savoir pourquoi, elle savait que ça fonctionnerait. Elle remit le plaid sur James et s'agenouilla près de sa tête. Lily essaya d'oublier que ses mains tremblaient et mit sa méthode à exécution.
Elle fit une petite tapette sur la joue. Puis une autre, un peu plus brusque. Mais puisque rien ne fonctionnait, elle se frotta les mains comme si elle avait froid et, de sa main droite, le claqua comme au bon vieux temps.
Ça lui avait manqué.
James grogna. Lily arrêta tout mouvement. Il ouvrit un œil, puis deux et marmonna quelque chose de tout à fait inintelligible.
- Allez, James, fais-moi de la place, il faut qu'on parle.
- Mais il est quelle heure ? se plaignit-il.
- Aucune idée mais à mon avis, on doit être plus proche des deux heures que des vingt-cinq minutes, maintenant.
- Quoi ?
Pour réponse, Lily lui tendit le parchemin de Peter. Après avoir remis correctement ses lunettes sur son nez et lu, James releva la tête, beaucoup mieux réveillé. Il se frottait machinalement sa joue, encore rouge de la claque de Lily. Il s'assit de manière un peu plus convenable et tendit un morceau du plaid à Lily. Elle s'assit et remonta ses jambes en-dessous de la couverture.
- Il s'est passé quelque chose ? s'enquit James à mi-voix.
- Eirig s'est fait agressée. Elle s'est bien défendue mais je ne pense pas qu'on puisse retrouver les abrutis qui ont fait ça.
L'horreur peinte sur le visage de James troubla Lily qui ne comprit pas pourquoi il avait l'air si angoissé.
- Oh, elle va bien, finit-elle par ajouter en s'apercevant qu'elle ne l'avait pas précisé. Elle s'en remettra, ça va aller.
James expira.
- Merlin, ne fais plus jamais un truc pareil, Lily. Surtout à je ne sais quelle heure de la nuit.
Lily leva les yeux au ciel mais sourit. Elle espérait juste qu'il ne notifierait pas qu'elle l'avait frappé et tout serait parfait.
- Et c'est moi où tu m'as fichu une claque pour me réveiller ?
- Tu gâches vraiment tout, Potter.
- Oh, pardon, Lily-jolie. Je ne pensais pas que je pouvais gâcher quelque chose dans des circonstances pareilles. Qu'est-ce que je gâche, au juste ?
Lily regarda James, menaçante. S'il l'appelait encore comme ça, elle allait... elle allait... Elle ne savait pas ce qu'elle allait faire mais il allait souffrir.
- Tu gâches ma satisfaction personnelle d'avoir réussi à te frapper sans que tu te rebelles. Et ça, c'est très grave. Extrêmement grave, même. Tu vas devoir être puni, je le crains.
- Et quel genre de punition Lily-jolie va-t-elle m'obliger à endurer ?
- Je ne sais pas. Mais tu aggraves ton cas en utilisant ce surnom débile.
- C'est ça, bien sûr, railla-t-il. Et mon papi, c'est Merlin, peut-être ? Tu sais, je suis très certainement un débile myope de première calèche mais je ne suis pas aveugle. Tes joues sont aussi rouges que le nez de Hagrid quand il a bu un seau de trop.
- On va faire comme si je n'avais pas entendu la comparaison.
James se mit à rire. Un rire inhabituel, un rire que Lily n'avait jamais entendu. Un rire qu'elle était certaine que même les Maraudeurs n'avaient jamais entendu. Un rire qui...
Lily secoua la tête pour se remettre les idées en place. Elle devait être fatiguée pour penser des choses pareilles et James devait être fatigué aussi. Sa réponse n'était absolument pas drôle.
Elle se leva, obligea James à monter aussi dans son dortoir et, juste avant qu'ils ne se séparent, James la retint. Il lui sourit, attrapa le visage de Lily de ses deux mains et fit un bisou sur son front avant de monter les escaliers comme si de rien n'était.
Lorsque Lily atterrit dans son lit, elle ne se rappelait plus vraiment de comment est-ce qu'elle était arrivée là et elle n'avait que deux pensées en tête : Pourquoi, diable, James avait-il fait cela et pourquoi réagissait-elle comme ça ?
- Bonjour, chers élèves. Avant de vous laisser terminer votre petit-déjeuner et rejoindre vos cours en grognant et en traînant les pieds, je dois malheureusement vous dire qu'une élève a été attaquée cette nuit. Les Préfets-en-Chef sont arrivés à temps et dans une semaine, elle sera remise sur pied. Malheureusement, les élèves qui s'amusent à ce genre de choses ont - encore une fois - pu s'échapper. Alors, je voudrais vous passez un mot, si vous le voulez bien. Que ce soit ici, aujourd'hui, avec nous ou ailleurs, dans longtemps et avec des personnes que vous ne connaissez pas ou même dans n'importe quelles circonstances, je voudrais que vous réfléchissiez. Que vous réfléchissiez aux conséquences de vos actes. Peut-être que, sur le moment, ça vous paraît amusant de faire du mal à vos camarades mais pensez à après. La dernière fois, Lauren Selwyn nous a quitté. Hier soir, ça aurait pu être de même. Est-ce que vous trouvez amusant de répandre le deuil, le chagrin, la douleur chez les amis, la famille de vos camarades ?
Un silence de plomb régnait dans la Grande Salle. Bien que Dumbledore ait un air neutre, sa voix était glaciale, pire que le professeur Beluga dans ses plus mauvais jours.
- Est-ce vous aimeriez perdre les personnes les plus chères à votre cœur ? reprit Dumbledore d'un ton un peu plus fort. Imaginez qu'un de vos amis soit tué, juste comme ça, sans aucune raison. Qu'est-ce que vous ressentiriez ? L'élève qui a été agressée hier soir s'en est sortie - et j'en suis très heureux - mais comme je l'ai déjà dit, c'est uniquement grâce aux Préfets-en-Chef. Vous auriez vraiment voulu que cette élève meure ? Vous auriez vraiment pu faire ça ? Après avoir vu la douleur que la perte de Lauren Selwyn a occasionné ? Si oui, nous ne pourrons plus rien pour vous. Si non, essayez d'imaginer. Imaginez-vous à la place de cette élève ou de Lauren Selwyn. Imaginez-vous vos parents, vos amis, à qui on annonce que vous avez été grièvement blessé voir assassiné, dans l'enceinte même de l'école, alors qu'ils vous croyaient en sécurité. Mettez-vous à la place des proches des victimes et, si vous avez encore un peu de cœur en vous, montrez-le nous en arrêtant de répandre la haine et la terreur dans le château et en devenant responsable. Sur ce, bon appétit !
Le ton joyeux sur lequel finit professeur Dumbledore contrasta avec le froid que ses paroles avaient jeté dans la salle. Lily mangea comme si de rien n'était, ignorant les regards inquiets appuyés de ses amis et la curiosité malsaine des autres élèves, surtout face à l'absence de Michael que tout le monde avait eu le temps de remarquer.
Avant même la sonnerie annonçant le début des cours, Lily avait été convoquée dans le bureau du Directeur. Elle annonça le mot de passe que McGonagall lui avait donné (« Mr. Verdebois ») à la gargouille et elle n'eut même pas besoin de toquer une fois devant la porte.
- Alors, Lily, commença Dumbledore une fois qu'il l'ait invitée à s'asseoir. Est-ce que vous pouvez me raconter le plus précisément possible les détails de cette nuit ?
Lily soupira et commença son récit. Elle conta les cris, leur course dans les couloirs, les vêtements déchirés et ensanglantés, la toux, le visage complètement boursoufflé. Quand elle eut fini, Albus Dumbledore lui tendit un verre d'eau.
- C'était très courageux de votre part d'avoir insisté pour essayer de faire quelque chose en sachant que la dernière fois, ça n'avait pas servi. Si le même scénario s'était reproduit, vous vous en seriez voulu, vous ne pensez pas ?
- Je m'en veux déjà pour Lauren, ça n'aurait pas changé grand-chose. Et que voulez vous que je fasse, Professeur ? Je n'allais pas la laisser seule dans le couloir, tout de même.
Dumbledore sourit.
- Non, évidemment. Ce que je voulais dire, c'est qu'avec vos connaissances, vous avez essayé d'améliorer la situation. Et ça a marché ! Miss Eirig vous en est très reconnaissante. D'ailleurs, elle souhaitait vous dire qu'elle vous attend, ce soir après les cours. Elle voudrait discuter avec vous.
- Et Michael ? s'inquiéta Lily. Il va mieux ? Hier soir, Madame Pomfresh m'a dit qu'il était agité et-
- Et elle lui a donné une potion de sommeil, en effet. C'était un souhait que j'avais formulé dès la toute première rentrée de Mr. Robbins en cas d'incidents de ce genre. Et il va beaucoup mieux ne vous en faites pas. L'angoisse l'a rendu un peu confus hier soir mais aujourd'hui, il a repris ses esprits. Il lui a juste fallu un peu plus de temps pour se réveiller mais il retournera en cours dès que Madame Pomfresh se sera assurée qu'il est en pleine forme.
Alors qu'elle rejoignait le cours de métamorphose, Lily se rappela que James ne venait jamais à cette heure de cours-là. Elle leva les yeux au ciel mais un sourire l'empêcha de garder sa mine des mauvais jours. Évidemment, elle trouvait cette lubie absolument ridicule mais elle ne pouvait plus s'imaginer qu'il n'y avait pas de raison à cette lubie.
À la fin des cours, Lily abandonna tout le monde et se dépêcha de rejoindre l'infirmerie. Madame Pomfresh l'accueillit et lui désigna simplement de la main le box que la jeune rousse cherchait.
Lily souleva le rideau et croisa tout de suite le regard fatigué de Gaenor. Sa peau était plus pâle qu'à l'habitude, faisant ressortir des tâches de rousseur que Lily n'avait jamais remarquées jusqu'à présent. Ses cheveux châtains étaient complètement décoiffés et tombaient sur les oreillers en mèches emmêlées. Un haut blanc et assez large recouvrait son bras droit et une partie de son torse. L'épaule gauche de Gaenor était entièrement bandée, jusqu'au poignet et Lily devinait que le bandage faisait le tour de son thorax.
- Est-ce que si je te remercie de m'avoir sauvée ça fait trop cliché ou ça passe ? désamorça Gaenor.
- Je pense surtout que je n'ai pas besoin de ça. J'ai passé la journée dans les passages secrets et couloirs peu fréquentés à éviter les questions intrusives alors, par Merlin, je n'ai absolument pas besoin que tu te confondes en remerciements ou je ne sais quoi.
Gaenor leva un sourcil.
- Je suis en train de me demander si ce que je vis est vrai. Est-ce bien Lily Evans devant moi ? Est-ce bien la Lily Evans qui, en quatrième année, a obligé James Potter à la remercier pendant cinq mois, huit jours et dix-huit heures parce qu'elle avait eu l'obligeance de lui prêter sa plume ?
- Il y a sérieusement des gens qui ont calculé le temps qu'a duré cette histoire ?
- Oh mais pas que celle-là ! Mais vaut mieux que tu ne saches pas tout ce qui se dit au sujet de Lily Evans et James Potter dans les couloirs de cette école, tu t'en porteras mieux.
- Mon Dieu, je n'imagine même pas. Enfin, on n'est pas ici pour parler de ça. Ça va mieux ?
- Disons que je ne suis pas morte, c'est ce qui compte, ironisa Gaenor. Mon visage a repris sa beauté initiale et c'est le principal.
- Et ton épaule ?
- Elle s'en remettra, comme la dernière fois.
- La dernière fois ? releva Lily.
- Tu ne sais pas ? Mince, je me disais bien que ta réaction était vachement excessive hier soir mais si tu ne savais pas, c'est normal. Tu as vu ce qu'ils avaient écrit ?
- « Sursis ». J'avais peur que ce soit de la magie noire alors je n'ai pas tenté le diable...
- Je m'en doute et tu as bien fait. Mais c'était juste un Sortilège de Découpe. En fait, ce « sursis » m'a été donné en juillet 1972, au tout début des vacances d'été après notre première année. Mon père a eu un différend avec - il me semble - trois personnes. C'était le tout début de la guerre, personne n'en parlait et... Ces trois personnes faisaient partie des tout premiers Mangemorts. Ils sont arrivés chez nous, cagoulés, en plein après-midi. Ils m'ont attrapé, m'ont enlevé mon haut et ont écrit ce mot sur mon épaule avec un Sortilège de Découpe. Un peu pour rappeler à mon père qu'il leur devrait quelque chose un jour.
Lily, abasourdie par ce qu'elle venait d'apprendre, ne put rien répondre.
- Les imbéciles d'hier soir n'ont fait que repasser une vieille cicatrice.
- Mais... Mais... Tu t'es battue avec ceux qui t'ont surpris. On doit pouvoir les retrouver, non ? Et puis, pourquoi tu es sortie de ta Salle Commune ?
- Je ne sais pas. Je ne me rappelle pas de ce qu'il s'est passé entre le dîner et le moment où j'ai senti qu'on me suivait. Comme Michael a eu des petits soucis avec l'Impérium en début d'année, je suis presque sûre que c'est ça. Si ça l'était vraiment, je ne peux qu'être contente d'avoir réussi à me sortir de là et affronter les gaillards qui s'amusaient avec moi. Quant à les retrouver, je ne pense pas. Ils ont dû-
- Personne ! Personne ! Pas un seul qui a un bleu sur le visage ! Pas un seul qui boîte ou qui a le poignet en compote ! Pas un seul qui n'en parle ! Et pourtant ce n'est pas faute d'avoir laissé traîner mes oreilles !
Cassiopée venait d'entrer dans le box, visiblement furieuse.
- Miss Ryan, soit vous baissez d'un ton, soit je vous mets à la porte ! prévint Pomfresh de plus loin.
Cassiopée marmonna quelque imprécation puis sembla remarquer la présence de Lily.
- Oh, salut Lily, qu'est-ce que tu fais là ?
- Je prends des nouvelles de la personne que j'ai réussi à garder en vie cette nuit. Et toi ?
- Et bien, comme Gaenor s'est défendue, je pensais que certains de mes camarades (tu vois très bien lesquels) pourraient en garder des marques. Mais je m'y suis prise trop tard, ils ont déjà dû se soigner et cacher ça avec des sorts illusoires ou que sais-je.
- Tu pensais vraiment les coincer ? se moqua Gaenor. Décidément, ton ambition me surprendra toujours.
- Ce n'était pas de l'ambition, Nonor' ! J'ai juste très envie qu'ils se fassent prendre ! Tu m'expliques de quel droit ils s'en prennent à mes amies ?
- Appelle-moi encore une seule fois comme ça et je te jure je vais te mettre au bûcher.
Les yeux perdus de Lily passaient de Gaenor à Cassiopée et de Cassiopée à Gaenor.
- Donc, vous vous connaissez ? conclut Lily. Et bien, en plus. Depuis combien de temps ?
- L'année dernière, expliqua Cassiopée. Tu sais, il y avait déjà des moments de tensions et on me lançait souvent des piques peu pacificatrices, si tu vois ce que je veux dire. Ça arrivait aussi à Gaenor, moins mais suffisamment pour être sur ses gardes. Alors quand on a compris que nous étions toutes les deux concernées, on s'est serré les coudes et voilà.
- Je peux savoir pourquoi je ne vous ai jamais vous parler ou même ensemble dans les couloirs, alors ?
- On se faisait insulter par les mêmes personnes. Imagine un peu s'ils nous avaient vues ensemble. Ils se seraient fait une joie d'insinuer des choses et surtout, ils seraient passés plus vite à l'action. Et aujourd'hui, c'est surtout parce qu'on en a pris l'habitude.
Gaenor toussota.
- C'est surtout parce que ta copine est jalouse.
- C'est de ta faute, aussi ! Tu t'es incrustée en plein milieu de notre rendez-vous pour un truc urgent, tu as éjecté Ellen et tu m'as obligé à débattre avec toi sur quoi ? Sur la disparition des mammouths !
- C'était très urgent, se justifia Gaenor. Et confidentiel. On ne peut pas en parler à tout le monde.
- Les mammouths ont déjà disparu et tout le monde le sait, je ne crois pas qu'on puisse parler d'urgence. Et en plus Ellen n'est pas tout le monde. C'est une partie de moi. Tu me veux entière, tu l'inclus dans tes urgences.
- Et vous regarder vous faire les yeux doux et vous bécoter tout le temps ? Ou pire ! Parler de trucs que personne ne comprends ? Non merci, répondit Gaenor avec une grimace exagérée.
- On n'est pas comme ça, nia Cassiopée. N'est-ce pas, Lily ?
Lily, qui s'empêchait de rire depuis le début de cette gentille dispute amicale, fut prise au dépourvu avant de répondre par un sourire éloquent. Cassiopée s'indigna mais Lily et Gaenor ne bougèrent pas de leur position. Il ne fallait pas ignorer la vérité : être avec Cassiopée et Ellie en même temps pouvait s'avérer très peu constructif pour les personnes autour.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top