|CHAPITRE 23| Grandir, ce n'est pas toujours comme on l'imaginait
Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises !
Hello ! Alors on entre tout de suite dans le vif du sujet mais je dois vraiment vous parler et j'ai beaucoup de choses à dire (sinon vous allez bien ?).
Bref. Pour commencer, je voulais vous prévenir pour ceux qui n'ont pas vu le message sur mon mur que j'ai modifié les aesthetics (et j'ai ajouté celui de Gaenor Eirig, un personnage secondaire que j'aime beaucoup et qui va prendre de l'importance au fur et à mesure des chapitres) (oui, j'avoue, je l'ai créée en écrivant le chapitre 10 ou 11 mais ce n'est pas grave au moins elle existe maintenant). Tout ça pour dire que vous pouvez retrouver les nouveaux aesthetics là où étaient les anciens : avec les avant-propos.
Ensuite, je voulais vous dire que j'ai un programme pour mes projets. Au mois de mai, il faut que j'ai fini la partie I de Le voile de nos souvenirs (LVDNS). Après ça, je ferai une pause d'une ou deux semaines sans doute avant d'attaquer un tout nouveau projet, plus court (~ 20/25 chapitres je pense) et qui n'a pas encore d'intrigue. Vous y suivrez le personnage principal, Erwin O'Connelly, en 1899 (normalement). Je ne dirais rien de plus parce qu'en gros, c'est tout ce j'ai comme info sûre à vous donner. Après avoir écrit ça, j'attaquerai la partie II de LVDNS.
Bon, après j'avais prévu de vous raconter ma vie mais si je le fais, ça prendra trop de place et personne ne lira cette note. Alors je n'ai plus qu'à vous souhaiter une bonne lecture !!
Botruc_de_compagnie : BONZSOUUUR TOUT LE MONDE ❤❤
Ehehehe JE SUIS BIEN LA ET JE SUIS HEUREUSE !
Ahahahahahaha ce chapitre est LARGEMENT mon préféré depuis le début ! Je vous laisse venir m'insulter à la fin de votre lecture ^^❤
Vous allez être servi aujourd'hui et mes petits conseils pour le lire :
- Dans le noir où dans un endroit sans trop de lumière ;
- Emmitouflé dans une couverture ;
- Ecouter en boucle "i love you" de Billie Eilish.
Meilleur combo pour être à fond dans le chapitre (testé et approuvé ^^)
Aller bonne lecture VOUS ALLEZ ADOREZ !❤❤
Bizou !
P.S. J'OUBLIAIS ! Je suis désolée de vous avoir laissé avec un tel suspens la dernière fois. Pardon, je ne recommencerai plus (c'est faux, sachez-le). Bonne lecture !!
P.P.S. Dites-moi si vous voulez des musiques pour aller avec le chapitre, je pourrais vous en donner (ça marche aussi pour les autres ^^).
***
Lily n'avait pas conscience d'avancer. Ses pieds la guidaient dans les couloirs, tel un automate. Son esprit était embrouillé par les évènements de la soirée. Elle revoyait le sang, les inspirations inutiles de Lauren qui luttait pour vivre, elle qui essayait de faire quelque chose pendant que Michael courrait chercher du secours. Elle revoyait l'infirmerie, les draps blancs s'imprégnant de rouge à une vitesse alarmante, Pomfresh qui agitait sa baguette au-dessus de leur amie puis les rideaux fermés pour leur éviter un traumatisme de plus. Elle revoyait le bureau de Dumbledore, les larmes silencieuses de Michael et le sang séché sur ses mains et sous ses ongles s'évacuant dans la robinetterie des toilettes.
Aucune de ces images ne voulait quitter son esprit, chaque fois qu'elle se les représentait, la monstruosité de ce qu'elle venait de vivre lui revenait en pleine face.
- Ça va aller, Lauren ! Ça va aller, je te le promets ! Michael est parti chercher quelqu'un. On va y arriver.
- Je... Lily, je...
Alors que la Serdaigle essayait de parler d'horribles gargouillis emplissaient les oreilles de Lily, alors même qu'on les entendait à peine.
- Chut, arrête de parler. Ça va t'épuiser. Arrête, calme-toi.
Puis, l'inexorable horreur, dans l'infirmerie, alors qu'ils ne pouvaient plus rien faire de concret.
- Tout va bien, Lauren, disait Michael en caressant les cheveux blonds tâchés de sang. Tout va bien. Tu peux partir tranquille.
- Ai... Ou...
- Ne lutte plus, finit Lily alors que la bile lui montait à la gorge en voyant que la peau blanche de la victime semblait grise sur les draps. Tu te fais du mal...
Puis Madame Pomfresh les avait gentiment invités à aller s'asseoir et avait fermé l'espace autour de Lauren pour leur éviter de voir leur amie s'en aller.
~~~
James sentait ses paupières s'alourdir par le sommeil. Il ne voulait pas dormir mais bientôt, il ne pourrait plus s'en empêcher. Son appréhension pour Lily était tellement forte qu'elle était anesthésiée. Il attendait qu'elle arrive et c'était tout. Il ne pouvait rien faire d'autre. Soudain, une image de la Carte du Maraudeur lui traversa l'esprit. Mais oui ! Qu'ils étaient bêtes ! Ils auraient pu cesser de s'inquiéter s'ils l'avaient regardée !
Puis James se calma. Étant donné le retard de Lily, il s'était forcément passé quelque chose de grave et la Carte ne les aurait pas rassurés. C'était mieux ainsi.
Alors qu'il se faisait ces réflexions, il entendit le tableau de la Grosse Dame s'ouvrir. Les sens en éveil, James se redressa dans le canapé et vit Lily sortir de l'ombre. Elle était pâle, ses yeux étaient vides, ne semblaient pas le voir et ses jambes avaient l'air d'avoir du mal à la porter. Il se leva et vint lui attraper une épaule. Elle ne réagit pas lorsqu'il l'emmena sur le canapé, ce qui alerta encore plus James qui se demanda s'il ne devait pas réveiller les filles. Il fit asseoir Lily sur le sofa, celui devant la cheminée, juste à côté de lui.
James attendait qu'elle parle, lui raconte. Elle ne fit rien de tout ça. Son corps tout entier se mit à trembler et ses yeux se remplirent de larmes. Impuissant, il assista aux sanglots intenses de Lily qui venait de se réfugier contre lui. Il essaya timidement de lui caresser les cheveux pour la rassurer mais sans succès.
~~~
Dès que Potter l'avait empêchée de remonter dans son dortoir, Lily avait su que quelque chose changerait dans leur perception de l'autre.
Elle l'avait laissée l'accompagner près de lui sur ce fameux canapé où avaient démarré leurs petites vengeances et il n'avait rien dit, pas posé de questions auxquelles elle n'aurait pas voulu répondre. Puis, petit à petit, les flammes crépitantes l'avaient détendue et elle n'avait pas pu faire autrement que d'obéir à son corps.
Lily avait frissonné, plusieurs fois. Ses nerfs n'avaient d'ordres que d'eux-mêmes et avaient décidé de faire trembler ses muscles jusqu'à ce qu'elle n'ait plus d'énergie. Un film d'eau avait recouvert ses iris et une cascade de larmes avait dévalé sur ses joues.
Elle s'agrippa à la chemise de James et froissa le tissu entre ses doigts pour être sûr qu'il était présent. Les sanglots lui scindaient la gorge, sa respiration était saccadée.
Elle vivait un cauchemar, ce n'était pas possible. James allait la pincer et elle se réveillerait dans son lit.
Quand une main vint doucement se passer dans ses cheveux, Lily prit conscience que c'était réel et une plainte douloureuse lui échappa. La main de James voulut quitter son crâne mais Lily attrapa les doigts et les serra contre son cœur dans un dérisoire espoir de se rassurer.
La chemise de James chiffonnée dans sa main gauche, les doigts de celui-ci dans l'autre, sa tête rousse reposant contre le torse de ce dernier, Lily commença à se calmer. Un spasme la secoua une dernière fois et elle se sentit mieux. Vidée et exténuée mais mieux. Cependant, elle ne lâcha pas James qui, de sa main libre, continuait de lui toucher les cheveux.
~~~
- On a rien pu faire...
La voix de Lily était rauque. James la laissa continuer si elle en avait envie. Intérieurement, il espérait qu'elle n'entendait pas les battements un peu trop rapides de son cœur. Il se rassura en se disant qu'elle était trop préoccupée par autre chose.
- On aurait dû les surprendre... Peut-être qu'on aurait pu la sauver...
Le cœur de James se glaça et il déglutit difficilement. Il avait déjà eu du mal à retenir l'eau qui lui brouillait la vue quand Lily s'était effondrée sur lui, il n'était pas sûr d'y arriver avec ce qu'elle s'apprêtait à lui dire.
- Et Remus... ? Qu'est-ce que je vais lui dire... ?
- Qu'est-ce qui s'est passé ? interrogea James malgré lui, en essayant de paraître neutre.
- Ils... Ils ont attaqué...
- Qui ? Qui s'est fait attaqué ?
- Lauren... Lauren Selwyn...
James se serait fait claquer par Dumbledore qu'il n'aurait pas été aussi choqué. Lily se redressa et une unique larme coula sur la joue du jeune homme. La main droite de la rousse resserra son étreinte autour des doigts de James et ce simple geste l'empêcha de s'affoler.
- Ce n'est pas de ta faute, Lily, chuchota-t-il. C'est la faute de ses agresseurs.
- Je sais mais... Il y a tellement de possibilités dans lesquelles on aurait pu la sauver...
- C'est passé, tu ne peux pas revenir en arrière.
Le silence répondit à James qui en profita pour essayer de penser à autre chose que sa main droite prisonnière de celle de Lily. La rousse bailla, lâcha totalement James, posa sa tête contre l'accoudoir et se recroquevilla tel l'escargot dans sa coquille.
- Bonne nuit, Lily.
- Bonne nuit, James.
Le son de son prénom dans la bouche de Lily sonna mieux que dans celles de n'importe qui. James la regarda, dans cette position de protection et il vit son souffle ralentir. Elle s'endormait. Combien de temps il l'observa ? Il ne le sut jamais. Tout ce qu'il savait c'est que quelques heures plus tard, le cou courbaturé, on vint le réveiller. Il décolla difficilement ses yeux, la nuit régnait toujours au-dehors.
- Lunard ? chuchota-t-il.
- C'est moi. Patmol et Queudver arrivent, ils s'étaient endormis.
- Et pas toi ?
- Je n'ai pas réussi, j'avais un mauvais pressentiment. Je constate que j'avais raison puisque toi et Lily dormez sur le même canapé.
Les murmures réveillèrent le sommeil léger et agité de la rousse qui grogna, s'étira, ouvrit les paupières. À la vue de la Salle Commune, elle dut se rappeler les évènements de la veille car elle passa ses mains sur son visage dans un gémissement. Elle s'assit de manière plus formelle. Ses sclérotiques étaient rougies, des cernes lui grignotaient les joues, ses cheveux étaient décoiffés. Sirius et Peter arrivèrent à ce moment-là, sans même avoir pris la peine de retirer leur pyjama.
Lily soupira et son regard se posa sur Remus. James se retint de la prendre contre lui ; la situation n'était plus la même que la veille au soir - ou plutôt au beau milieu de la nuit. Il la vit blêmir, essayer de se reprendre, regarder ailleurs et tripoter son pull. Remus - Remus qui voyait, sentait et pressentait toujours tout grâce à ses sens aiguisés - ne sembla pas le voir et James comprit. Il était dans le déni. Il ne voulait pas savoir ce qui se passait.
James ne savait plus où se mettre. Aider Lily à annoncer la nouvelle ou aider Remus à accepter la réalité.
- Asseyez-vous, tous les trois, conseilla Lily.
James vit Peter et Sirius échanger un regard avant d'obéir. Remus s'assit à son tour en fronçant les sourcils.
- Remus..., continua la Gryffondor. Je... Je suis vraiment désolée...
Pas de réaction. Le lycanthrope attendait sa sentence. Soudain, James eut le réflexe de lancer discrètement un sortilège d'Insonorisation vers les dortoirs, juste au cas où.
- Je sais que c'est difficile ou plutôt, je le comprends. D'ailleurs, si tu m'en veux - et tu en auras tout les droits...
James lui donna un coup de coude. Ils en avaient déjà parlé, ce n'était pas de sa faute. Ce simple geste la fit soupirer de résignation. Elle respira profondément.
- Lauren est partie, hier soir. Ce sont trois ou quatre garçons qui l'ont surprise dans le couloir nord du sixième.
L'annonce tomba rudement. Peter ferma les yeux, la bouche tordue dans une grimace à mi-chemin entre la peur et le dégoût que lui causait certains animaux de l'espèce humaine puis se mit à se mordiller les ongles. Sirius porta sa main devant sa bouche. Tous observaient Remus. Le loup-garou gardait pour l'instant la même expression.
- Comment ? demanda-t-il, l'enrouement de sa voix trahissant l'explosion à venir.
- J'ai fais tout ce que j'ai pu, Pomfresh aussi mais c'était déjà trop tard.
- Et Sainte-Mangouste ? Ils ont réussi à la soigner ?
Une inspiration douloureuse, prête à se transformer en rivière de larmes et sanglots brisa le silence suite à la question de Remus. Lily, la main sur ses lèvres pour s'empêcher de craquer devant celui qui souffrirait le plus de cette perte, avait du mal à se contenir.
- Remus, je... je..., - ses mains tremblaient, observa James -, on n'a pas pu l'y emmener...
- MAIS ELLE EST FRAGILE ! rugit Remus en balançant la chaise sur laquelle il était assis. LAURIE EST FRAGILE ! Dumbledore le sait, tous les profs le savent !
- Remus... Pomfresh ne pouvait rien faire... Elle lui a juste évité plus de douleurs qu'elle n'en avait déjà...
Les larmes menaçaient de couler des yeux verts de Lily, James posa sa main sur son bras comme pour lui dire qu'il était là pour elle.
- Je m'en fiche ! Comment Dumbledore peut-il oublier ça ? COMMENT ? Laurie est fragile, putain ! LAURIE !
Remus tomba à genoux au sol le visage baissé entre ses mains, Sirius et Peter se précipitèrent vers lui. Le cri, déchirant, résonnait encore dans leurs oreilles et James se demanda si ses sorts qui devaient laisser un sommeil tranquille aux autres Gryffondor étaient restés intacts. La lamentation avait fendu l'air tel un couteau trop aiguisé. Cette fois, le chagrin de Lily ne faisait pas un bruit. Il était discret et laissait la place à celui de Remus. James, instinctivement, l'attira contre lui. Elle l'en empêcha et lui désigna du doigt leur ami. À côté du lycanthrope, Peter lui tenait la main et Sirius lui caressait le dos. James vit ce dernier essuyer rageusement une larme traîtresse, sentit Lily le pousser à aller les voir. N'y tenant plus, il les rejoignit.
Quelques minutes plus tard, les filles descendaient.
- Lily ?
- Lily ! Tu es rentrée !
Sans bouger de son canapé, Evans s'excusa de ne pas être venue dans le dortoir.
- C'est pas grave, chuchota Johanna. De toute façon, je faisais une insomnie, Ellie n'a pas pu dormir. On a juste dû réveiller Abby.
- Je me sens considérée, railla la blonde.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? s'enquit anxieusement Ellen en regardant Remus.
James releva la tête. Il avait posé son front contre la tête de Remus mais la question l'interpela. Il n'eut pas le temps de faire un pas que Peter lui chuchota quelques mots à l'oreille puis se leva.
- Tu veux que je leur dise, Lily ? lui demanda-t-il doucement.
La rousse acquiesça. Peter s'éloigna avec les filles et Lily vint les rejoindre.
- Je suis vraiment désolée, Remus... Je comprends que tu sois en colère mais je te jure qu'on a fait tout ce qu'on a pu, entendit James.
Remus s'assit en tailleur et releva la tête. Ses yeux brillaient, bouffis. Ses joues étaient mouillées. Il voulut sourire mais ça s'apparentait plus à une grimace.
- Je sais, Lily, dit-il sur un ton éraillé, rocailleux. Cornedrue ? C'est toi qui as mis un sortilège d'insonorisation ?
James fut étonné qu'il sache. Soit il avait perçu la vibration magique du charme, soit Remus était un être bizarre qui comprenait un peu trop de choses, même quand les émotions lui piégeaient le cœur.
- Comment tu as deviné ?
- S'il n'y en avait pas eu, tout le monde aurait déjà rappliqué. Merci, James. Sincèrement.
James lui sourit puis lui frotta l'épaule. Il croisa le regard de Lily et pour la première fois, il put y lire ce qu'ils disaient et ce n'était pas de la haine. Dans ses iris verts, il était écrit qu'elle était encore une fois surprise. La fierté gonfla le cœur de James et un soupçon d'appréhension envahit ses veines. Et si, quand ces moments tristes seraient passés, Lily faisait comme si elle avait oublié ? Si, pour elle, James redevenait simplement Potter ? Le jeune homme ébroua sa crinière en épis pour chasser ces idées. Peter revint, silencieux. Lily retourna avec ses amies, sur le canapé.
- Les gars ? interrogea la voix de Remus. Merci d'être devenu mes meilleurs amis.
James ne sut quoi répondre et ne put qu'approuver la réponse de Sirius :
- Merci à toi d'exister, Lunard. T'imagines ? Si tu n'avais pas été là, Evans aurait quitté l'école d'épuisement, elle aurait été accompagnée par McGonagall et surtout, ce château n'existerait plus.
- Ah bon ? Pourquoi ? fit Remus, curieux, avec un véritable sourire cette fois.
- Parce que James et moi avions projeté dès notre premier jour de le faire sauter. C'était un peu notre seul dessein, d'ailleurs.
James pouffa à ce souvenir et Peter s'indigna de ne pas avoir été au courant. Voyant que le lycanthrope se détendait et souriait, l'inspiration vint enfin au Capitaine de l'équipe de Gryffondor qui glissa à l'oreille de son ami :
- Et surtout, si tu n'avais pas existé, Lauren n'aurait pas pu goûter au plaisir de t'aimer.
Les émotions qu'exprimèrent les prunelles de Remus en entendant cette phrase furent la plus jolie récompense que James aurait pu avoir.
Quand les élèves commencèrent à descendre des dortoirs, plus ou moins réveillés, plus ou moins affamés, ils ne firent aucun commentaire sur leurs aînés. Il faut dire que lorsqu'on vient à peine de sortir de son lit, à jeun, et qu'on tombe sur les élèves les plus âgés de l'école qui n'ont pas l'air d'avoir dormi de la nuit, qui ont les yeux plus gros que des patates germées et plus rouges que les tapisseries de sa Salle Commune, qu'ils arborent des cernes plus effrayants que la Forêt Interdite, on passe à côté d'eux en silence et on presse le pas.
Tout du moins, c'était les commentaires que faisaient James dans les oreilles de Remus pour le distraire en observant qu'aucun de leurs cadets ne s'attardait près du groupe. Au moins, ça avait le don de faire sourire son ami.
James ne le faisait pas que pour Remus. Il le faisait aussi pour lui. Les évènements de la nuit lui avaient fait prendre conscience de beaucoup de choses dont ce qu'il ressentait pour Lily. Son attirance pour elle grossissait au fur et à mesure que les jours passaient et il n'était pas sûr de bien arriver à cacher ses sentiments. C'est durant ce moment, sur le canapé, où elle s'était effondrée sous la pression de ce qui était arrivé qu'il s'était aperçu qu'il ne pourrait jamais aimer quelqu'un d'autre. Il avait essayé de comprendre cet instinct qui lui soufflait toujours des idées qui pourraient faire déraper ses maigres relations avec elle et dont il avait du mal à se départir ensuite. La fois à Pré-au-Lard où il n'avait pu s'empêcher de lui prêter son bonnet, ce besoin constant de lui parler depuis quelques heures... À cela s'ajoutait ce furieux désir de contact physique que James ne comprenait pas. Il n'avait jamais été quelqu'un de très tactile même si prendre ses amis dans les bras - plus pour rire qu'autre chose la plupart du temps - ne lui semblait pas être un effort considérable. James n'arrivait à concevoir qu'il ait une sensation de privation dès qu'il se bloquait pour ne pas toucher Lily.
Perdu dans ses réflexions, il sursauta lorsqu'elle lui frappa l'épaule.
- Je peux te parler ?
James hocha la tête et suivit la rousse. Elle l'emmena hors des oreilles de leurs amis.
- Je voulais te remercier pour hier soir, commença-t-elle. Vraiment. Tu aurais pu me laisser rejoindre ma chambre, ne rien faire ou juste te coucher en même temps que tout le monde. C'était sympa de m'attendre et de m'écouter.
- De rien, Lily. C'était normal.
- Merci encore, James.
Elle retourna vers leur groupe et James se dit qu'il était vraiment temps que cette journée se termine pour qu'il puisse retrouver son aisance naturelle.
- Alors, comme ça, vous vous appelez par vos prénoms ? railla Peter à voix haute.
- N'importe quoi ! N'est-ce pas, Evans ?
- La ferme, James !
C'est fou de se dire qu'un simple échange peut alléger autant un poids qui pèse aussi lourd sur votre cœur.
Lorsqu'après le tout début des cours, le professeur McGonagall fit son entrée dans la Salle Commune, personne ne devinait vraiment la raison de sa venue. James vit Peter, Sirius et Abby baisser la tête, gênés (ils étaient toujours en pyjama). Il ne put décrypter ce que son visage disait, elle garderait sa neutralité en toutes circonstances.
- Le professeur Dumbledore et moi-même avons remarqué vos absences à tous les huit au petit-déjeuner. Désormais, sachez que toute l'école a été mise au courant. Les septième année sont dispensés de cours aujourd'hui. Mr. Lupin, Miss Evans, suivez-moi, le Directeur vous attend dans son bureau avant qu'il ne se rende au Conseil d'Administration.
~~~
Lily se doutait déjà qu'elle allait être appelée quand McGonagall le lui annonça. Elle se leva et la suivit. Les couloirs étaient silencieux du fait que tout le monde était en classe. L'ambiance était oppressante, Lily avait l'impression de revivre sa nuit.
Sa nuit, tiens ! Lily était un peu perdue. James lui avait paru à l'écoute, pour une fois. Même s'il était agaçant à s'inquiéter pour elle dès que le sujet était abordé. Elle venait de décider qu'elle pouvait lui laisser une chance d'avoir changé quand ils arrivèrent devant la gargouille. Ils n'étaient pas seuls. Michael était là, accompagné d'Eirig. Il y avait aussi Alice et Hankook. McGonagall prévint que Dumbledore voulait s'entretenir avec les Préfets-en-Chef d'abord et qu'après, il parlerait aux proches de Lauren.
Lily remarqua qu'Alice semblait prête à fondre en larmes. Hankook la tenait contre lui - un peu à la manière de James avec elle quelques temps plus tôt - et avait lui-même le menton tremblant. Remus arborait un rictus crispé. Quant à Gaenor Eirig, elle était neutre. Lily, en la voyant, n'aurait jamais pu penser qu'elle faisait partie des personnes les plus proches de Selwyn.
Michael la poussa légèrement dans le dos alors que la directrice-adjointe prononçait le mot de passe. Sur les escaliers qui montaient tout seul, il s'enquit de son état.
- Ça va ?
- Le plus dur est passé, disons. Et toi ?
- Gaenor avait une insomnie quand je suis rentrée dans la Salle Commune, expliqua-t-il. Je n'ai pas pu la laisser seule en sachant que c'était une de ses amies et qu'elle ne savait même pas ce qui s'était passé.
- Tu lui as dit toi-même ?
- Ouais. Elle n'a pas pleuré devant moi mais je ne pense pas qu'elle ait dormi quand elle est partie se coucher.
- Et tu as dormi ? s'inquiéta Lily.
- Par phases. Et toi ? T'as l'air fatigué.
- Je pense que j'ai dormi au moins trois heures. En fait, Potter m'attendait sur un canapé.
- Et ?
Lily voulut esquiver la question en prétextant qu'ils étaient arrivés devant la porte du bureau mais Michael se posta devant elle, les bras croisés, et un sourire qui n'indiquait rien de bon collé aux lèvres.
- Potter t'attendait dans un canapé, résuma-t-il. Et ensuite ?
- J'ai pleuré. C'est bon ?
- Non, je veux tout savoir.
- Tu me saoules, Mike'. Il m'attendait, j'ai pleuré, je n'ai pas réfléchi et je me suis mise à pleurer sur lui. Voilà, c'est tout.
- Avoue que tu as changé d'avis sur lui, ordonna le Poufsouffle.
- J'ai changé d'avis sur lui.
- Sur qui ?
- J'ai changé d'avis sur James Potter, marmonna Lily, boudeuse.
Michael eut un léger rire et consentit enfin à rentrer dans le bureau du directeur.
Albus Dumbledore était grave. Ses yeux bleus ne pétillaient pas, ils semblaient avoir foncé au cours des évènements. Cependant, il parut se forcer à sourire.
- Asseyez-vous, tous les deux. J'ai conscience que vous avoir demandé de raconter ce qui était arrivé, juste après la mort de Lauren Selwyn a pu vous paraître un peu intrusif mais je suis sûr que vous comprenez qu'il fallait que vous en ayez oublié le moins possible.
Lily et Michael hochèrent la tête d'un seul mouvement.
- Bien. Je suis désolé de ne pas vous avoir envoyés à l'infirmerie, histoire d'être assurés d'avoir une nuit paisible et de vous remettre de vos émotions mais je me suis dit que ce n'était pas forcément le lieu dans lequel vous auriez envie de retourner en premier.
Les souvenirs d'un lit taché de sang et d'une Lauren mourante, à l'agonie, revinrent à la mémoire de Lily, par flashs, alors qu'elle n'y avait plus pensé depuis son réveil. Elle admit intérieurement que Dumbledore avait raison : l'infirmerie, ce n'était pas pour tout de suite.
- J'imagine que vous n'avez pas eu le temps d'essayer de comprendre les derniers mots de votre camarade ? interrogea le directeur.
- Je ne pense pas qu'on puisse y trouver un sens, Monsieur, avoua Michael. Elle souffrait, nous étions confus et sous le choc.
Lily ne put que confirmer. Les dernières syllabes de Lauren n'avaient eu de sens que pour elle.
- Comment allez-vous, Lily ?
- Comme on peut aller quand on vient de voir une amie mourir et qu'on n'a rien pu faire pour l'aider.
- Ne culpabilisez pas trop. Lauren Selwyn avait une santé très fragile, tout le monde le savait. Elle devait prendre des compléments nutritionnels tous les jours, malgré le fait qu'elle mangeait très équilibré. Elle prenait très peu de poids et, de jour en jour, son état se dégradait. Elle aurait dû aller faire un petit séjour à Sainte-Mangouste le mois prochain.
- Vous êtes en train de me dire que ce n'est pas grave qu'elle soit morte ? s'offusqua Lily.
- Non, non, vous ne m'avez pas compris. Je veux juste vous dire qu'il fallait être idiot pour ne pas voir que cette jeune fille était malade. S'en prendre à elle était beaucoup plus simple pour ses agresseurs.
Lily rougit, s'apercevant qu'elle n'avait pas parlé très poliment à son directeur.
- Ce sont des lâches, persiffla Michael.
Lily fut étonnée de l'entendre réagir ainsi. Michael était plutôt du genre à intérioriser ses émotions, rassurer les autres. Il était rare de le voir détester quelqu'un ouvertement.
- Ce sont des lâches, répéta-t-il. Ils avaient des cagoules et ils chuchotaient. On n'a pas pu reconnaître leurs voix. Et en plus, ils s'en sont pris à plus faible qu'eux. Ils sont horribles et ils me dégoûtent.
Dumbledore eut une grimace peu interprétable.
- Je ne doute pas, Michael, de votre sens de la justice. Je sais aussi que vous ne supportez pas que quelqu'un ne s'attaque pas à un adversaire de sa taille. Mais tant que nous n'avons aucun indice sur les agresseurs de Miss Selwyn, nous ne pouvons rien faire. Avez-vous peut-être trouvé quelque chose sur la personne qui vous a soumise à l'Impérium ?
- Je n'ai pas cherché.
La voix de Michael était sèche, pleine de colère retenue et de rancune sourde. Lily se demanda ce qui lui prenait et contre qui étaient dirigés tous ces sentiments. Dumbledore ne dit rien et revint à Lily.
- Ce n'est pas votre année, Lily. Vous vivez beaucoup de choses qui ne devraient pas se trouver sur le chemin de votre vie. Malheureusement, je crois que votre parcours sera semé de plus d'embûches qu'un autre et tout ceci ne sont que des avertissements, pour vous préparer au monde extérieur. Je sais que c'est traumatisant mais ce n'est pas fini. Je veux que vous sachiez que même lorsque vous aurez démarré votre vie active et si Poudlard n'est pas fermé avant, il y aura toujours quelqu'un ici pour vous mettre en sécurité en cas de besoin.
Lily n'eut pas le temps de digérer ces paroles philosophiques. Tout ce qu'elle avait retenu pour le moment, c'était un détail.
- L'école va fermer ? couina-t-elle.
- Je ne l'espère pas, je ferai tout pour que ça n'arrive pas.
Quand elle et Michael furent enfin de retour dans le couloir et que les proches de Lauren étaient montés dans l'antre du directeur, le Poufsouffle fulminait toujours. Ses yeux ne diffusaient plus aucune chaleur.
- Mike', qu'est-ce qui ne va pas ?
Ses épaules se détendirent. Il soupira et il chassa de devant ses yeux une mèche qui le gênait en évitant le regard de Lily.
- Rien. Je suis un peu à cran.
Il pressa le pas et s'éloigna.
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