Chapitre 3 : La prêtresse-magicienne

hey ! here we go again avec un nouveau chapitre que je publie... pas du tout au bon moment, mais j'm'ennuyais alors voilà :')
pour celleux qui ont lu les premiers chapitres au moment où ils sont sortis je vous rappelle que notee "joyeuse petite bande" venait de passer le portail
bonne lecture :)

 — AÏE ! hurla Karel. Pourquoi faut-il toujours que ce soit aussi violent ?

Il se massait le postérieur en regardant autour de lui d'un œil irrité.

— Oh, ça va, c'est pas comme si tu étais en train d'accoucher, lança Angela d'un ton cinglant.

— Gna gna gna, rétorqua Karel.

— Je reste sans voix devant autant d'arguments, ironisa Angela.

— Et à part ça, on est où ?

— Mais, en fait, Karel, tu le saurais si on était, genre, des atlas ambulants, dit Angela.

— Mais on a un atlas ambulant ! s'exclama Karel. Pjotr, amène-toi ! Il est où ce nigaud ?

— Là, grommela Pjotr, et je te signale que tu peux encore me parler comme un être humain, et pas comme à de la vermine.

— Mais toujours à s'énerver celui-là, fit Karel. Maintenant tu peux répondre à ma question, ou c'est trop demandé ? Où est-ce qu'on est ?

Pjotr soupira avant de jeter un regard circulaire. Une colline arborée, sur une petite île qui surplombait une nappe phréatique, des parois rocheuses tout autour percées d'ouvertures laissant passer la lumière du jour... il reconnaissait parfaitement l'endroit.

— On est sous la montagne...

— C'est très bien tout ça, mon Pjotrounet, mais des montagnes, il en existe des tournées, observa Karel. Donc tu pourrais préciser de quelle montagne tu parles ?

— La montagne de Ljuba, fit Pjotr. Dans le Royaume des Elfes. On est juste en-dessous.

Sans rien ajouter, il conduisit Irwin, Karel et Angela sur un pont de pierres puis hors de la caverne. Ils contournèrent la haute montagne pour trouver l'entrée vers la ville puis poursuivirent leur chemin directement dans Ljuba. La magnifique cité, qui avait été construite dans la montagne était constituée de murs d'un blanc étincelant, couleur due à la roche si singulière.

— Vous êtes donc revenus ! s'écria une voix.

Un demi-elfe arborant un œil de braise et un œil blanc, visiblement borgne, des flammes bleues s'agitant sur sa tête se précipitait vers eux.

— Rosen ! s'exclama Irwin, surpris.

— Cela fait une semaine que nous vous attendions ! dit Rosen.

— Une semaine ? s'étonna Angela. C'est tout ? Cela fait neuf mois sur terre !

— Ah bon ? fit Rosen, pensif. Étrange... enfin, bon. Il s'est passé peu de choses, en l'espace d'une semaine, mais tout de même ! Tout d'abord... oh, regardez !

Il désignait une jeune femme qui était assise près d'une fontaine. Sa peau était d'une couleur beige classique, mais exceptionnellement translucide, elle possédait également de beaux yeux de la couleur de l'océan et des cheveux coupés au niveau des épaules qui semblaient varier du bleu céruléen à de l'aigue-marine foncé.

— C'est Hazel, expliqua Rosen. La nouvelle Cheffe du Clan de l'Eau... et la mère de Bienfaiteur.

Bienfaiteur, l'ami demi-troll de Rosen était également le fils du roi des trolls.

Rosen, Irwin, Karel, Angela et Pjotr remontèrent l'allée et pénétrèrent dans le château de pierre claire du Roi des elfes. Ils traversèrent divers couloirs sobrement mais élégamment décorés avant d'entrer dans la salle de réunion. Lanz, le Roi, était en grande conversation avec son frère Lazar. Ils avaient les mêmes traits légèrement androgynes, la même large mâchoire et la même coupe de cheveux très longue, mais ceux de Lanz étaient bleu cobalt, assortis à ses yeux, bleu remplacé par du rose œillet chez Lazar.

Pjotr aperçut Detroit, le fils de Lanz, un adolescent pâle ressemblant beaucoup à son père avec une mâchoire encore plus prononcée et une bouche encore mieux dessinée, l'œil et le cheveu noir, plongé dans un petit roman, et le collégien demanda au lycéen :

— Tu lis quoi ?

— Un livre.

— C'est quoi, le titre et l'auteur ?

— Le Frankenstein de Shelley.

— Cool ? Et là, il se passe quoi ?

— Bah le p'tit Totor est en train de coudre des cadavres.

Saoirse, une elfe blanche aux yeux et aux cheveux bleu pastel, et Howela, une autre elfe, noire et dont le regard était le même que celui de sa compagne, étaient également présentes.

Lanz et Lazar levèrent la tête, leur discussion terminée.

— Ça alors..., soupira Lazar.

— Irwin! Pjotr ! Angela ! Karel ! s'écria Lanz.

« Il doit s'être attaché à nous, songea Irwin, quelque peu surpris. Vu le nombre de manifestations d'enfants immatures qu'on lui a fait subir... »

Lanz se leva, lissa un pli sur sa longue robe bleu roi et poursuivit :

— Comment avez-vous réussi à revenir ?

— Une brèche s'est ouverte à proximité de chez Irwin, expliqua Pjotr.

— Mais on sait pas trop d'où elle sort, ajouta Angela.

— C'est moi qui l'ai ouverte, dit une voix paisible.

Tout le monde jeta un œil vers les grandes portes pour découvrir un homme de taille moyenne vêtue d'une cape de voyage, la tête recouverte d'une cagoule.

— Non mais, c'est la nouvelle mode, en fait ? demanda brusquement Karel. Pourquoi tout le monde se balade en se cachant le visage, dans ce pays ? D'abord Breshka, ensuite Rosen, et maintenant une nouvelle fashion victim ! Non mais c'est quoi le truc en fait ?

Lanz regarda tour à tour Karel et l'inconnu d'un air inquiet, mais ce dernier rit doucement et retira sa cagoule. Apparut alors le visage juvénile d'un homme aux cheveux cuivrés, à la peau mate et aux yeux violets globuleux et écartés.

— Mefisto, le Mage d'Améthyste, se présenta-t-il.

— Karel le Magnifique, né Karel Lys Bouchard, renchérit... eh bien, Karel, d'un ton qu'il voulait cinglant.

Il ne semblait pas gêné le moins du monde de répondre ainsi à un personnage aussi important. Parfois, il arrivait à Irwin d'être surpris par autant de manque de maturité.

— Je sais qui tu es, répondit posément le Mage.

— C'est ça, c'est ça, eh bah, vous avez qu'à me le prouver, tiens, claironna Karel.

— Tu es Karel Bouchard, né le 18 janvier 2018 de Sandro et Effi Bouchard et tu as une sœur de deux ans ton aînée. Tes amis ici présents se nomment Irwin Illif, Angela Itti-Holz et Pjotr Bolchoï. Je continue ?

— Nan, nan, c'est bon, bougonna Karel d'un ton morne.

— Pourquoi es-tu si... agressif ? demanda Irwin en tirant son ami sur le côté.

— Je sais pas, moi, répondit Karel. On est d'accord qu'il a les yeux sur les tempes ?

— Pourquoi ? C'est un problème, qu'il ait les yeux sur les tempes ? s'étonna Irwin en fronçant des sourcils.

— Non j'avais simplement remarqué ça, dit Karel.

— Tu as le regard affilé, c'est bien, plaisanta Irwin. Et, sinon, c'est quoi ce nouveau délire de Karel le Magnifique ?

— Nouveau délire ? C'est une blague ? Je disais déjà ça avant. C'est vrai, quoi. Fure.

— Pardon, mais tu te dis « fure » à toi-même ?

— Bah ouistiti.

Ce soir-là, Irwin, Karel, Pjotr et Angela retrouvèrent de nombreuses personnes qu'ils avaient rencontré l'année passée durant leurs péripéties. Bienfaiteur, le demi-troll ami de Rosen. Hadwin et Hamish, les jumeaux, frères d'Howela. Laszlo, l'adolescent déjà Guerrier, assez grandiloquent. Celui-ci, qui n'était l'aîné d'Irwin, Karel, Angela et Pjotr que d'un ans, les reconnut aussitôt.

— Salut à vous, les amis ! dit-il pompeusement. C'est fabuleux de vous voir. Bonjour, Angela, Pjotr — bonjour Irwin. Et — ah, je me souviens de toi — bonjour Karel !

— Qui ne se souvient pas de Karel le Magnifique ? répondit ce-dernier tout aussi solennellement que son interlocuteur en s'asseyant à table. Vil maraud ! Ne savais-tu pas que j'étais le seul être humain sur Terre à être en quatre dimensions et demi et que j'étais capable de me promener en huit dimensions ?

— N'importe quoi ! lança Pjotr en prenant place à côté de Karel. Déjà, le jour où tu sauras te déplacer ne serait-ce qu'en 4D, tu m'appelleras, puisque, selon la théorie de la relativité, la quatrième dimensions est celle du t...

— Tais-toi, espèce d'humain en trois dimensions !

Ils furent alors interrompus par Lanz, qui avait l'air grave.

— Vous vous souvenez de ce que nous disions il y a une semaine ?

— Non, répliqua Karel, puisque, chez nous, cette semaine correspond à neuf mois.

— D'accord Karel, maintenant ne me coupe plus, s'il-te-plaît, l'enjoignit Lanz. Vous vous souvenez de ce qu'on disait à propos de la Chalarozmage ? La Mage morte il y a des siècles revenue sous forme de fantôme.

— Ah oui mais, vous savez, moi, je l'appelle la Bizarre avec un grand B, dit encore Karel.

— Ça suffit Karel, fit Lanz d'un ton courroucé. Rosen disait donc que Breshka...

— Ah oui, dit à nouveau Karel tout bas de façon à ce que seules les personnes assises juste à côté de lui puissent l'entendre, l'Homme Masqué. Il doit ressembler à Gollum si il a trop peur de montrer sa sale caboche.

— ... avait engagé une femme à la fois prêtresse et magicienne. Cette femme est très dangereuse et également très puissante, dans tous les sens du terme.

— Hein ? interrompit Karel à haute voix. Tu peux éclairer notre lanterne, on a rien compris. « Lampe électrique, super pratique », Les Visiteurs.

— Elle est le bras droit de Breshka est capable de grand prodiges et on pense qu'elle a été envoyée par...

— Satan ! Aaah !

— Karel ! le réprimanda Hadwin.

— Par la Chalarozmage elle-même.

— Pardon mais je comprends toujours pas, intervint une nouvelle fois Karel. Elle est pas censée bouffer les pissenlits par la racines ?

— Elle est revenue sous forme de fantôme, Karel, lui rappela Pjotr.

— Merci, Pjotr, dit Lanz. Maintenant, je vous serais reconnaissant si vous vous taisiez. Si c'est vraiment elle qui a envoyé ce fléau, nous sommes perdus.

— Si on est perdu, faut aller sur Google Map, fit remarquer Karel en prenant un air très sérieux.

— Karel ! s'exclama à son tour Irwin en s'empêchant de rire. Tu ne pourrais pas te taire ?

— Non non non, c'est Karel le Magnifique.

— Karel, vraiment, ferme-l..., commença Pjotr.

— Je ne parle pas aux marauds en trois dimensions.

Angela écrasa le pied de Karel en lui disant de se taire une bonne fois pour toutes avant de demander à l'adresse de Lanz :

— Et, euh... comment s'appelle-t-elle, cette prêtresse-magicienne ?

— Eszter Kaiser, répondit Lanz.

— Eszter Kaiser, commença Mefisto en se levant, a commis des actes vraiment terribles. En réalité, elle ne peut pas être considérée comme une magicienne car elle a violé toutes les lois de la nature en tentant une opération qui relève de la nécromancie : elle a essayé de ressusciter un mort — ou plutôt une morte.

— Pourquoi « essayé » ? demanda Karel, qui semblait enfin s'intéresser au problème. Elle s'est dégonflée et n'est jamais allée jusqu'au bout ?

— J'y viens. Au début, elle était simplement une magicienne, expliqua le Mage d'Améthyste. Puis on dit qu'elle a découvert de qui elle était l'envoyée, et alors elle est devenue prêtresse, c'est-à-dire qu'elle s'est mise à tirer sa magie de prières faîtes à la Chalarozmage. Normalement, les prêtres se servent de leur magie pour aider ou soigner les gens, mais elle, elle ne s'en servait que pour répandre le mal. Son esprit était trop enfoncé dans les forces de la nature pour qu'elle puisse sans débarrasser pour se tourner complètement vers le mal sans séquelles. Lorsqu'elle a tenté cet acte irréparable, la nature ne s'est pas laissée faire, et Eszter Kaiser s'est retrouvée dépourvue de toute humanité. Il est impossible qu'elle ressente tout sentiment humain, à moins qu'il soit tout à fait excessif, et donc par conséquent il est impossible qu'elle redevienne une magicienne comme une autre, la nature ne laisserait pas cela se produire. Ce qu'elle a fait est impardonnable, et même le plus lourd sentiment de remord ne pourrait réparer son crime.

— En quoi ce qu'elle a fait est impardonnable ? demanda Angela.

— Si la mort existe, répondit le Mage, c'est car les choses doivent disparaître un jour. L'immortalité n'existe pas même pour moi ou pour le Sardiomage. De plus, ressusciter un mort est un acte maudit. Si quelqu'un meurt, en aucun cas on ne doit le ramener à la vie. Même si, vu de cette manière, cela n'a pas l'air terrible, c'est pire que de tuer quelqu'un. Ensuite, une personne ressuscitée n'est pas réellement vivante. Son esprit, son âme, son humanité... tout cela aura disparu. Alors, si l'on veut condamner une personne à cela, il faut la haïr, il faut qu'elle nous soit utile, puisqu'elle ne mourra jamais. Eszter Kaiser a défié la nature en tentant cette expérience, elle a dépassé les limites du possible, de l'éthique et du naturel. Ce qui est impossible est et fait pour le rester, pas pour être modifié.

— En fait, dit Karel, cette Eszter machin, c'est un peu comme une espèce de Voldemort : elle a tellement foutu le souk que c'est impossible de revenir en arrière. Enfin, si, normalement, le p'tit Voldy, lui, il peut s'arrêter de tout péter quand il a envie, alors que la p'tite Neszter machin ne peut pas, c'est trop nul.

— C'est bête, dit Angela. Quand j'étais en primaire, avec mes potes, on adorait jouer à des trucs où on avait des pouvoirs, mais jamais celui de ressusciter les gens... j'aurais jamais pensé que ça faisait autant de dégâts.

— De toute manière, fit Pjotr, comment transformer des gens en un machin aussi maudit et maléfique qu'un zombie peut être considéré comme chill à réaliser ?

— Quelle est donc cette entité maudite et maléfique que vous appelez « zombie » ? demanda Laszlo qui paraissait très intéressé.

— Tu vois Pjotr ? Bah c'est un peu comme lui : tout moche et tout fripé, répondit Karel.

— Oui, c'est ça, c'est exactement moi, railla Pjotr.

— Bravo, t'as tout compris, petit maraud en trois dimensions, le félicita Karel en lui tapotant l'épaule.

— Je n'ai toujours pas compris ce qu'était un « zombie », fit Laszlo.

— Tu sais quoi ? intervint Karel. Fure.

— Fure ? répéta Laszlo sans comprendre.

— Coiffure. Coi-fure. Quoi. Fure. Furequoi, expliqua Karel d'un ton faussement exaspéré. Donc, en fait, il existe, un bouquin qui s'appelle l'encyclopédie. L'encyclopédie résout tous vos soucis.

Il sembla réfléchir pendant un instant.

— Ouah ! s'écria-t-il. J'ai trouvé un slogan ! « L'encyclopédie résout tous vos soucis ! »

— Youpi, fit Irwin.

— Mais l'encyclopédie ne résout pas du tout tous nos soucis, dit Pjotr.

— J'avoue si t'as quelqu'un qui DÉCÈDE, l'encyclopédie t'apportera rien du tout, fit Karel.

— Puis, sincèrement, je sais pas si on parle tant que ça dans une encyclopédie, observa Pjotr. À la base, c'est surtout des bouquins pour tout recenser ce qui existe. Alors arrête de dire des stupidités.

— Je croyais que tu avais lu tous les livres du monde, tu devrais être sûr de toi ! plaida Karel en se frappant le front du plat de la main dans un geste théâtral.

— Mais t'es né débile ou alors t'es tombé sur la tête quand t'étais petit ? questionna Pjotr.

— Eh ! On insulte pas le baron Karel le Magnifique sans en recevoir les conséquences ! s'exclama Karel en soulevant une épée invisible. Je vais te trucider, espèce de radis radioactif ! Je vais t'étriper la tête, sale sagouin sournois !

— Alors heureusement que mes tripes ne sont pas dans ma tête, lança Pjotr en haussant des sourcils.

— Bon, vous allez arrêter, oui ? les interrompit Angela.

— Laisse-moi lui régler son compte à ce crétin coléreux, cracha Karel.

— Arrête, Karel, le calma Irwin. Tu vois bien que tout le monde est parti.

Effectivement, il ne restait dans la pièce que lui, Angela, Laszlo, Karel et Pjotr. Les autres avaient dû partir pendant que ces derniers se disputaient.

— Allons donc nous reposer, il se fait tard.

— Très bonne idée, Sire Laszlo le Larmoyant.

*

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