V Incontrôlable Rafi

Dès que la troupe d'éclaireurs s'envole vers le "grand chef", je range ma petite fleur précieusement dans la besace qui pend à mes hanches, sous mon long manteau, et me redresse en faisant craquer les os de ma colonne vertébrale. Je souris toujours en pensant à ce qui m'attends, cela fait bien trop longtemps que je ne m'étais pas amusé, et marmonne en craquant mes doigts :

- Etre capable de suivre un vampire alpha éclaireur, censé être sélectionné parmi les plus furtifs, aussi vite, pour sûr qu'ils se sont améliorés ... Mmmmm, mais comment, en si peu de temps ?

Lorsque je surprends un éclair au loin, comme l'éclat du soleil sur la lunette d'un fusil de précision, je suspend mes gestes et me concentre entièrement sur les adversaires qui me font face, caché dans les décombres de la vieille ville.

- Déjà là ? Oh oh ... Alors comme ça, les humains ont développé une puissance supérieure à celle que nous avions déjà eu affaire ? Il faut que je juge cela de moi ....

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'une série de tirs fussent dans ma direction, je saute en l'air, disparaissant sûrement à leur vue (après tout, déjà humain, j'étais rapide, alors devenu vampire, c'est autre chose), et compte : deux dans les étages supérieurs de l'immeuble sur ma gauche, un sur le toit du supermarché me faisant face et un sur ma droite, parmi plusieurs 4x4 à l'abandon.

- ... même !

Je me repose accroupi au-dessus d'un pauvre réverbère encore debout et ce même sentiment de flottement lorsque je me pose me revient, comme si je n'avais pas encore dépassé toutes les capacités que ce corps m'offre. Ce sentiment est bien plus que grisant et me demande encore et encore de le mettre à l'épreuve, combattre est devenu comme une drogue, l'adrénaline dans mon sang en fusion ne fait que me pousser à vouloir m'envoler toujours plus haut, à courir toujours plus vite ... à mordre de plus en plus !

Je me redresse et pointe mon regard vers le parking où se planque toujours un membre de l'escouade, se pensant à l'abri bien sûr. Un vampire alpha n'est pas de la même étoffe qu'un beta messieurs, ne pensez pas qu'il va vous foncer dessus comme une bête sauvage, droit dans votre piège en triangle. Je sens le sol trembler comme soumis à une énorme pression sous terre, et me rue vers les 4x4, pour me mettre à couvert de la vague qui vient de ravager l'endroit où je me trouvais 5 secondes plus tôt comme pour me rapprocher de ma cible. Je vois même mon cher réverbère éclater en morceaux et son comportement anormal, enfin plus anormal qu'il devrait l'être, me met la puce à l'oreille.

- Un choc sismique contrôlé ? Non, c'est plus fin que ça ... de l'électricité envoyé dans ma direction ? Qui ?

Tout en cherchant des yeux le coupable, je finis par me retrouver devant la voiture abritant derrière un des snipers de tout à l'heure, je sens encore sa chaleur mais il n'est plus là, il s'est déplacé pendant que j'avais la tête ailleurs. Où ?

- SALE MONSTRE ! Crie une voix dans mon dos. TU VA CREVER !

- Ah te voilà toi ...

Je me retourne et croise le regard d'une furie aux traits déformés par la colère qui pointe vers moi la lame d'un couteau tant aiguisé qu'il réfléchit le soleil à la perfection, même sur ses bords.

- Fu fu fu joli matos ...

Pas de chance pour elle, ce même astre est derrière moi, il est en train de se coucher (ces derniers temps, l'hiver l'obligeait à s'en aller plus tôt, une veine pour les vampires) et gêne légèrement sa vue, je profite d'un clignement de paupières pour éviter son mouvement normalement mortel et me place sur son côté. En moins d'une seconde, elle m'a dépassé et se retrouve devant moi, je n'ai qu'à utiliser ma force et ma vitesse pour attraper son bras armé au passage pour le retourner contre elle. On entend alors un CRAC distinctif, un cri de douleur de sa part, j'imagine oui qu'un bras cassé ça doit pas faire du bien, et lorsque je la pousse vers le sol, son magnifique couteau rentre dans sa poitrine comme dans du beurre. Son pouls s'arrête aussitôt, le cœur a du être touché, et tout ça en moins de 5 secondes.

- Qu'ils sont fragiles ces humains ... pas drôle du tout.

La vue du sang coulant à grosse gouttes me met l'eau à la bouche et je me retiens de saliver, son odeur fruité promet une excellente qualité mais je me contente de lui jeter un regard furtif et plein de regret avant de me tourner vers le reste de la bande. J'imagine que s'ils n'avaient pas tirer depuis, c'est pour éviter de blesser leur partenaire ... trop tard. Je me contente de prendre le couteau qui était d'une très bonne qualité à mes yeux, de l'essuyer et de le glisser sous mon manteau après l'avoir retiré du cadavre que j'avais poussé du bout du pied.

Je ne me pose même pas la question si cette fille a de la famille, si des gens l'attendent au retour pour lui souhaiter félicitation pour avoir tuer un vampire, si elle avait une bonne raison de s'attaquer à nous, si cette petite beauté a un amoureux quelque part qui pleurera à chaude larmes en apprenant sa mort en service ... Il y a tellement de combats, tellement de victimes, tellement de destructions, ... si l'on n'est pas déterminé à mourir, il ne faut simplement pas rejoindre un bataillon se disant "anti vampire", surtout si jeune alors qu'on a encore tant de chemin à faire. Alors au lieu de déprimer pour la vie enlevée, vaut mieux se réjouir pour soi d'être encore debout dans ce monde en décadence.

J'en repère un autre plus loin, derrière la colonne d'un hôtel, il sait très mal se cacher celui-là, et me précipite vers lui en évitant les rafles de balles de l'escouade qui avait repris du poil de la bête. Je sens pourtant une douleur dans mon épaule droite mais ne m'en préoccupe pas, après tout, ça guérira tout seul plus tard. Comme un chat s'amusant avec une souris, je décide de sortir ma propre arme, une lame recourbé au bout, dans un style gore mais qui en jette (on est tous des enfants lorsqu'on voit un joujou qui nous fait un clin d'œil), et de faire le contour de l'obstacle aussi vite que je peux pour venir plaquer ma chère Esveld contre le cou délicieux de ma proie. Celui-ci n'a aucune résistance et se contente de trembler devant ma présence, ses réflexes défensifs sont tellement bas que je me pose la question de savoir ce qu'il foutait là cet incapable. Puis mes yeux sont attirés par l'arme qu'il porte sur ses avants bras, comme deux mini-canons modifiés.

Une nouvelle arme ? La cause du choc de tout à l'heure ?

Je le vois relever ces derniers comme pour se défendre, malheureusement trop tard, je lui sectionne les bras avant de faire taire son cri de douleur d'un coup propre. Il n'a pas besoin de souffrir longtemps, cette guerre n'a pas besoin de ça en plus. Je tente de récupérer ces canons mais au moment où je cherche à les attraper, une décharge électrique se dégage d'eux et repousse mon geste. Je recule et contemple ma main qui continuait à griller avec fascination :

- Intéressant ...

Je commence à marmonner des théories mais une balle m'écorche la joue et je sens une goutte couler sur la joue tandis qu'une autre passe à quelque centimètre de ma précieuse sacoche. Je grimace et respire une grande goulée d'air pour me calmer :

- Eux commencent vraiment à m'insupporter ...

Je saute pour m'accrocher à une poutre sortant de l'immeuble puis me propulse vers le bâtiment en face sans attendre, pour venir fracasser la fenêtre à toute vitesse afin de pénétrer dans les locaux. Des éclats de verre encore en train de voler, je vois du coin de l'œil les deux tireurs de tout à l'heure grimper à l'étage au-dessus. Je ne fais pas dans la finesse ou la discrétion et les rattrape plus, j'en coince un dans l'escalier, ma main calciné sur sa gorge, le brûlant à son tour petit à petit. Quel coup du sort, mourir par une blessure provoquée par une arme de son propre camarade ... Il tente de se débattre mais ses gestes ne me font rien de plus que des chatouillis, et ses yeux, fixés dans les miens comme hypnotisés, ne me quittent pas, c'est vrai qu'un regard de vampire en colère et rougeoyant comme des rubis avait de quoi surprendre. J'aurais pu avoir de la pitié et le tuer rapidement, mais j'attend qu'il suffoque, souffre et meurt dans un gargouillement de sang horrible.

- Je ne supporte pas qu'on interrompe mes réflexions ... surtout pour se battre et mourir ensuite ! Dis-je au cadavre comme une excuse qui n'en était pas vraiment une.

Son acolyte s'était enfui mais je n'ai pas le temps de le chercher partout, je suis sûr qu'Armand désire ma présence à présent, je n'ai pas été assez rapide. Je ne pense pas qu'il représente une grande menace et décide de me détourner du corps sur lequel j'étais assis pour foncer aussi vite que possible vers les murs de la cité Askalon.

Finalement, j'ai bien fait car, alors que je dépasse le champs de bataille en sautant dans les airs, j'entend une grosse explosion provenir pas loin des troupes beta, et vois, lorsque je tourne la tête vers l'origine du bruit, une allure que je reconnais comme étant celle du colonel sauter derrière le mur. Je crie dans le vide en me dirigeant vers lui, une petite douleur toujours à l'épaule :

- Qu'est-ce qu'il fait encore celui-là ?! 

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