Chapitre 55: premier pas pour reprendre du poil de la beast (Syara)
Suite à sa discussion avec Fos, Syara était bien décidée à se reprendre en main. Il n'était pas question que la chose qui vivait dans son violon ne se renforce, ne serait-ce qu'un peu. Cette créature était déjà bien assez puissante comme ça.
Sa rencontre avec l'esprit bienveillant qui vivait dans son instrument avait soulevé beaucoup de questions dont elle comptait bien trouver les réponses, et elle savait à qui s'adresser pour cela. Cependant, elle devait avant tout récupérer le plein usage de ses mains.
La beast ouvrit ses volets et observa un instant le ciel. Depuis qu'elle était revenue à Léfarène, elle n'était presque pas sortie de son appartement et en avait perdu la notion du temps. Heureusement pour elle, il faisait encore jour et trouver un mage qui pourrait la soigner ne devrait pas poser de problème.
Après un bref brin de toilette, la jeune femme sortit donc de son appartement et emprunta le couloir de lévitation pour descendre au rez-de-chaussée. Elle sortit ensuite dans la rue et se dirigea tranquillement en direction du hall des musiciens. Cette ville était vraiment agréable à vivre. Malgré la hauteur des bâtiments, il ne s'en dégageait pas un sentiment d'oppression.
En un peu plus d'une demi-heure, Syara arriva au hall des musiciens. Même si elle était nouvelle en tant que mage, il lui semblait que cela faisait une éternité qu'elle n'était pas retournée en ces lieux. La beast s'émerveilla de nouveau en passant le parvis et en apercevant la statue gigantesque qui trônait au milieu de la grande salle. Ce sentiment se renouvelait-il à chaque venue ici ? Ou bien finirait-elle par s'en lasser et ne même plus y faire attention ?
En tout cas, l'effet était toujours le même sur la beast, à tel point qu'elle en oublia presque ce pour quoi elle était venue ici. Une douloureuse décharge la ramena cependant à la réalité. Sans plus attendre, elle s'approcha du premier mage venu.
— Bonjour, excusez-moi, commença-t-elle.
Le mage se détourna de la requête qu'il lisait et reporta toute son attention sur elle.
— Bonjour, est-ce que je peux faire quelque chose pour vous ?
— Je cherche un mage spécialisé en soin, expliqua-t-elle en montrant ses mains. Vous n'en connaîtriez pas un par hasard ?
— Désolé, mais aucuns de ceux que je connais ne se trouve ici pour le moment.
— Tant pis, merci quand même.
La jeune femme tenta sa chance plusieurs fois auprès des mages présents dans le hall, cependant, la même réponse revenait encore et encore. Elle commençait même à se demander s'il ça ne serait pas plus rapide de déposer une requête et d'attendre que quelqu'un y réponde ou de crier tout simplement ce qu'elle voulait dans l'espoir que l'un d'eux vienne vers elle.
Alors qu'elle allait vers un septième mage, une voix familière l'appela dans son dos.
— Rael, comment vas-tu ? s'exclama-t-elle en embrassant son ami.
— Très bien. Et toi, je vois que tu vas bien aussi. Telak m'avait fait toute une montagne sur ton état dépressif, mais tu es rayonnante.
— J'ai compris qu'il fallait que j'aille de l'avant et que j'arrête de me morfondre, se contenta-t-elle de répondre, sans entrer dans les détails. Par contre, j'irai beaucoup mieux si je trouvais un mage soigneur.
Comme elle l'avait fait avec les autres, Syara montra ses mains bandées à l'elfe pour lui faire comprendre la situation.
— Comment t'es-tu faite ça ?
— Telak ne t'a rien dit ?
— Il est resté très vague en me parlant d'une mission qui aurait raté et dont tu te sentais responsable malgré le fait qu'elle soit impossible à réussir, mais rien de plus.
— Je n'ai pas vraiment envie de parler de ça. Par contre, je me suis éclatée les mains en fracassant la tête d'un bandit.
— Tu as fait quoi ?
— J'ai fracassé la tête d'un bandit à mains nues, répéta-t-elle.
— Mais qu'est-ce qui t'as pris ? Pourquoi tu as fait ça ?
— Je n'avais plus assez d'énergie pour invoquer mon instrument à ce moment-là et il fallait que j'évacue ma colère et ma frustration sur quelque chose. Lorsqu'ils nous ont attaqués, j'en ai profité pour faire d'une pierre deux coups.
— Bon, suis-moi, souffla-t-il. Je parlais justement avec quelqu'un qui pourra t'aider pour tes mains.
Rael emmena la beast dans une arrière-salle du Hall qui servait vraisemblablement de lieu de réunion. Quelques personnes étaient encore présentes et discutaient autour d'une carte de la ville où plusieurs endroits avaient été marqués par des aiguilles. Le mage d'air pointa alors de sa main mécanique une satyre assise à la table avant de s'approcher d'elle.
— Je croyais que tu ne voulais pas partir en mission pour le moment, dit la soigneuse sans relever la tête de la fiche qu'elle tenait en main.
— Je ne reviens pas pour ça. J'ai une cliente pour toi.
Au mot cliente, la satyre releva le nez et croisa le regard de Syara qui, avec un léger sourire, la salua.
— Je sens en effet que quelque chose ne va pas. Ta main, et ton mollet aussi. Tu es blessée depuis plusieurs jours, voir plusieurs semaines et ce n'est que maintenant que tu viens te faire soigner.
— Comment avez-vous deviné ? s'étonna Syara.
— L'expérience. Allez, montre-moi ça.
Avec précaution, la beast retira ses bandages et montra ses mains meurtries à la soigneuse qui écarquilla les yeux de stupeur.
— Eh bien, comment t'es-tu fait cela ?
— Disons que j'ai voulu tester mes talents de pugiliste, se contenta-t-elle de répondre en haussant les épaules.
— Et qu'en as-tu conclu ?
— C'est amusant, mais sur le long terme, je préfère tout de même la magie pour me sortir de situations fâcheuses.
La satyre prit doucement l'une des mains blessée dans la sienne et l'examina de plus près.
— Je vois, Il va falloir que je fasse une petite manipulation avant de pouvoir utiliser ma magie. Ça ne sera pas douloureux.
D'un coup sec, elle tira violemment sur deux des doigts cassés. Syara, surprise, cria de douleur avant de serrer les dents. Elle ne comprenait pas, la soigneuse avait pourtant dit que...
— J'ai menti. Fais voir ton autre main.
Si elle avait pu, la beast lui en aurait collé une, mais avec le mal qu'elle avait eu à trouver quelqu'un pour la soigner, elle devait prendre sur elle et tendre l'autre joue, ou plutôt l'autre main. L'amie de Rael effectua la même opération, puis invoqua une magnifique flûte traversière qu'elle porta tout de suite à sa bouche.
Une douce mélodie emplit tout de suite la pièce et la jeune femme sentit des picotements dans les doigts et ses mollets. D'abord désagréable tel des aiguilles que l'on enfonçait dans la chair, cette sensation s'atténua peu à peu jusqu'à totalement disparaître. Avec étonnement, Syara serra les poings devant elle et constata que ses blessures avaient disparues.
— Merci beaucoup, finit-elle par dire. Combien je vous dois ?
— Pour quelques doigts cassés et une petite coupure au mollet ? Rien du tout. Si l'on ne peut pas tout simplement s'aider entre mage, le monde cours à sa perte.
— Encore merci, répéta la jeune femme.
— De rien. Fait juste en sorte de ne pas trop attendre la prochaine fois.
— J'en prends bonne note.
Sur ce, la satyre retourna s'asseoir et se replongea dans sa lecture sans prêter attention à ce qui l'entourait.
— Que comptes-tu faire maintenant que tu peux de nouveau jouer ? demanda l'elfe. Une nouvelle mission peut-être ?
— Non, pas pour le moment. J'ai plusieurs choses à faire et j'aimerais attendre le retour de Telak. En attendant, j'ai un mystère à élucider et je sais à qui m'adresser.
Sans en dire plus, Syara quitta l'arrière-salle, Rael sur les talons et se demanda quel était le chemin le plus court pour rejoindre l'orphelinat. Les pouvoirs du grand-père allait sans aucun doute l'aider à comprendre qui était réellement ce Fos.
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