Partie 9
07x07 -
Cette fois, on est vraiment dans le dur... il est bien temps vous me direz, non ?!
Moby Dick - Led Zepplin
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Emma essuie ses mains pleines de terre sur ses cuisses, en avançant dans la rue tranquille. Elle a bien travaillé sur l'une des parcelles au nord de l'enceinte qui s'est vite couverte de mauvaises herbes. Faute d'entretien. Elle pense à aller voir Olivia pour lui demander s'il ne lui reste pas quelques graines intéressantes quelques part. Maintenant qu'elle n'a plus d'arme ni munition en quantité pour poursuivre son entraînement, elle doit se contenter du jardinage qui l'occupe et l'oblige aussi à sortir de chez elle.
Elle regarde justement sa maison sur sa droite mais un rire en ricochet et une voix grave attirent son attention plutôt sur sa gauche, avant qu'elle ne ralentisse son pas, médusée du tableau qu'elle aperçoit.
Son sang se glace mais ses jambes la portent en quelques pas à peine au pied du porche de la 101.
"Carl ?" demande Emma incrédule, ne regardant pas l'homme assis près de lui volontairement.
Il manque quelque chose au visage du garçon sans qu'elle n'arrive à définir ce que c'est.
Carl se raidit encore, la fixant, n'osant ouvrir la bouche.
"Ma Douce !" s'exclame Negan le ton ravi, tout sourire, se levant pour l'accueillir.
Il soulève encore Judith pour l'asseoir sur son avant bras gauche, tandis qu'il tend sa main libre vers la femme pour l'inviter à s'avancer vers lui.
"Quelle surprise délicieuse de te revoir enfin ! Viens par là... Comme tu m'as manqué...
- Que se passe-t-il ici ? demande Emma froidement regardant autour d'eux à la recherche des autres hommes, ne voyant personne dans les rues pour l'instant.
- Carl m'a montré sa belle maison et je fais connaissance avec Judith, tu vois bien..." souriant à nouveau au bébé.
Judith n'a pas mis de temps à reconnaître Emma et se tortille déjà pour lui tendre les bras, en commençant à gémir.
"Nous attendons Rick qui est visiblement parti chercher mes courses..." explique le grand homme en retenant l'enfant.
Emma s'approche uniquement pour prendre Judith. Mais Negan ne lui en laisse d'abord pas le loisir, l'attrapant par l'épaule et la collant contre lui, humant sans préambule le dessus de sa tête.
"Ca me fait plaisir de te voir, putain..." maugrée-t-il, la bouche tout contre ses cheveux.
Judith tend encore davantage ses bras, agrippant les mèches plus courtes de la jeune femme, à portée de ses petites mains, prête à pleurer de ne pas être comprise.
"On forme une putain de jolie famille, là, tous les trois, pas vrai ?! toujours enjoué. Tu voudrais pas qu'on en fasse un, rien qu'à nous ? lui susurre-t-il, le sourire carnassier, alors qu'Emma se glace en sachant ce qui sourd sous son nombril.
- Elle veut que je la tienne... attrapant le bébé sans cesser de le fixer, espérant qu'il ne déchiffre rien dans ses yeux de son regard on ne peut plus perçant.
Il lui cède l'enfant mais les enlace toutes deux dans un soupir de bien-être, tandis que Judith se blottit contre la femme, instantanément rassurée.
"Merci ma Douce pour ce moment", dit-il encore d'un ton reconnaissant.
Il porte son regard sur Carl qui n'a pas bronché, si ce n'est qu'il a reposé son dos contre le dossier du fauteuil dès lors que sa soeur a changé de porteur. Le garçon toise toujours le couple en silence.
"Dis moi... en fait, tu serais pas la mère du gamin ? lâche l'homme, songeur.
- Quoi ?! éructe Emma, hallucinée.
- Ba quoi ? Vous êtes aussi bruns et chevelus l'un que l'autre ! Il pourrait faire une pub pour du shampooing, tellement il a le poil brillant ! Et vous êtes aussi pâlots l'un que l'autre. .. sans parler que t'as déjà eu un mioche qui peut tout à fait être de son âge, j'me trompe ?"
Emma observe le visage de Carl qui se décompose alors qu'il est en train de comprendre les mots très personnels qui la concernent. Elle voit son regard s'écarquiller sous la surprise de l'information et surtout de la gêne qu'il en éprouve, du haut de ses seize ans, à n'en pas douter. Puis elle réalise soudain ce qui la perturbe depuis le début : Carl n'a plus de bandeau sur son oeil mutilé qui n'est plus camouflé que par sa longue frange sombre.
Prise de rage, se dégageant brusquement de l'étreinte du grand homme, Emma tend le bébé alors que le garçon se lève pour l'attraper et la tenir contre lui, dans un soupir inaudible.
"Ta gueule Negan... intime Emma en fureur, faisant quelques pas et descendant du perron.
- Ba quoi ? C'est plausible non ? s'amuse Negan en levant les bras, muni de sa batte, tout en lui emboîtant le pas. T'avoueras que ce môme tient plus de toi et de ton homme des bois que de Rick, au niveau des cheveux !"
Emma revient sur ses pas pour lui administrer un coup de poing en pleine mâchoire.
"Ces enfants ont perdu leur mère... alors qu'il se penche en avant, la main sur la bouche, étouffant son rire. Si tu ne peux respecter les vivants, respecte au moins les morts... respecte la, elle..." assène-t-elle d'une voix basse et autoritaire qu'il ne lui a jamais entendue.
Il relève son regard brun vers elle, plié en deux, davantage à sa hauteur. Il lit toute la fureur retenue dans ces yeux ocres. Il sait qu'elle est prête à tout encaisser pour ces enfants qui ne sont pourtant pas les siens.
Et il a soudain envie de voir ça.
De voir comment elle encaisse.
Il se redresse, le sourire moins flamboyant aux lèvres, regardant au dessus d'elle comme réfléchissant à la partie suivante qui va se jouer entre elle et lui.
"Ok... pas devant les enfants... j'ai compris..." dit il plus calme, plus bas aussi, sans la regarder.
Emma reste droite, immobile, fulminante à l'intérieur. Elle sait ce dont il est capable mais elle est prête à recevoir les conséquences de son insolence et de son geste.
"A ton tour de me montrer ta maison..." déclare-t-il à nouveau à voix haute, sûr d'être entendu de Carl derrière eux, désignant la maison d'en face.
La seconde partie, bien plus censurable, peut enfin commencer.
Au milieu de la rue, Emma regarde la porte d'entrée de sa maison, mais elle dirige ses pas vers sa voisine de droite. Elle pénètre dans le petit jardin jumeau au sien, priant pour que la porte s'ouvre alors qu'elle pose un pied sur le perron.
"C'est vraiment un putain de coin adorable, hein... mais toutes ces maisons semblables, ça doit filer le tournis, non ? Tu ne te trompes jamais ? s'approche Negan dont elle sent le souffle venir sur son oreille, les doigts de l'homme attrapant déjà quelques mèches qu'il se met à humer. Je sais pas, un soir de cuite, tu t'es jamais retrouvée chez ton voisin ?"
Emma ne bronche pas, et tourne la tête vers sa maison une dernière fois. Elle retient un frisson. "Il est dans ta tête. Il sait que tu n'es pas chez toi, il sait que tu es une menteuse invétérée", constate sa voix intérieure.
Elle regarde Daryl, dans son habit jaunâtre et sale, dont il était vêtu la dernière fois qu'elle l'a aperçu dans le camion qui l'emmenait encore. Elle le fixe, sachant qu'elle est la seule à le voir, planté devant sa porte à elle, celle de sa vraie maison. Il a l'air désapprobateur, secouant la tête discrètement.
"Non... je n'ai jamais été assez saoule pour me tromper d'adresse... déclare-t-elle en tournant la poignée dans sa main, sachant qu'elle fait ce qu'il faut pour se préserver, elle et lui, et leur maison à eux.
- Quelle misère... va falloir que je te saoule un de ces soirs, ça pourrait être très drôle... la lorgnant alors qu'elle fait un pas devant lui, pénétrant lentement dans la maison silencieuse.
- On peut faire ça, ouai... ça peut être instructif...
- M'allume pas, ma douce, je suis déjà à deux doigts de te choper, alors m'allume pas... rit-il de son rire caillouteux.
Emma sent l'odeur de renfermé de la maison inoccupée et espère que l'homme n'en sera pas indisposé comme elle l'est. Mais il ne fait aucune remarque alors qu'elle va vers la cuisine, espérant y trouver de quoi lui proposer quelque chose à boire, pour ne pas montrer sa méconnaissance des lieux.
"J'ai demandé de la citronnade à notre amie Olivia, que je n'ai pas honorée. Mais je ne savais pas encore que tu allais me faire le bonheur de ta présence... et pour tout t'avouer, je préfère mille fois t'honorer toi... surtout que je n'ai encore baisé aucune de mes femmes aujourd'hui... Donc ce sera toi, et j'en suis déjà tout impatient... t'as ce putain de don de me faire bander dès que je t'vois, dès qu' tu ouvres la bouche...venant appuyer son bassin contre elle, alors qu'elle lui fait face, le plan de travail derrière elle, tandis qu'elle sent indéniablement sa protubérance grandissant contre son ventre.
La fixant toujours, un brin de sourire en coin, il finit par se taire une minute, juste pour l'observer.
"Quel est ce nouveau regard, là ? On dirait que tu n'as plus peur...
- Parce que j'ai confiance en toi... lui ment Emma sans ciller.
- Et sans doute parce que tu es chez toi... Mais je dirais plus que ton homme des bois déteint plutôt bien sur toi... Tu sais qu'il est coriace, le bougre ! s'écartant à nouveau tout sourire, soulevé par son enthousiasme. Il ne se laisse pas démonter par ma Lucille... présentant l'arme mortelle toujours dans le prolongement de sa main droite. Et j'adore ça ! Même si j'ai dû le punir et le remettre dans sa cage juste avant de venir vous voir... faisant une moue faussement désolée. Il est vraiment très con, faut dire aussi..."
Il se remet à sourire en voyant le visage d'Emma ne pouvant rester davantage stoïque en imaginant la "cage" dans laquelle le grand homme a installé son ami.
"Et ça me fait penser... continue-t-il, songeur. Simon m'a dit que c'est justement ma douce Emma qu'il a trouvée en train de fricoter avec le rustre quand ils sont venus me le chercher... C'est vrai ? penchant la tête, levant un sourcil de sa façon s caricaturale.
- On ne fricotait pas... se défend-elle.
- Est ce que t'en es bien sûre ? le ton soudain beaucoup moins enjoué, lui saisissant le menton entre deux doigts fermes, l'obligeant à se hisser encore vers lui. Tu es ma p'tite femme, t'as oublié ? Même si je t'ai relâchée vis à vis des autres, tu restes à moi... Et je t'ai déjà dit, il me semble, de ne pas miser sur ma jalousie... Parce que ton homme des bois, lui, quand il ne fait pas le con, évidemment, il fait son boulot, avec de sa serpillière... Tandis que toi, t'en es où ?
- Je ne tuerai certainement pas Rick...
- Voyez vous ça ! éclate-t-il de rire. Putain, mais il a dû te tringler bien comme il faut pour que ça coule aussi subitement dans tes veines ! T'en as même redemandé, ma parole !",avançant l'extrémité arrondie de la batte dans un mouvement rapide manquant d'effleurer sa joue de la pointe asserrée du barbelé.
"C'est vrai que t'inspires la violence corporelle... changeant encore de ton comme de sujet. Je ne suis pas adepte de filer des coups aux femmes. T'as noté que je n'ai pas répliqué au beau pain que tu m'as mis en pleine poire en moins de deux, tout à l'heure... magnanime. J'suis quand même cool comme mec, non ?! Mais là, à voir Lucille si près de nous, si proche de toi... se mordant la lèvre inférieure en allant de la batte au regard d'Emma. Je sens que j'ai envie... la voix toujours plus grave, le sourire toujours plus blanc, sentant la femme se raidir encore davantage contre lui. J'ai envie de te faire saigner... j'ai envie de t'écraser comme une minuscule créature, comme ça : entre mes deux doigts, illustrant sa parole de son geste.
Il la fixe en serrant les lèvres, comme faisant un effort en appuyant l'index de sa main libre, contre son pouce.
"J'ai envie de désaltérer la soif subite de ma Lucille, qui me quémande, là... tu l'entends aussi, non ?! se collant à elle, posant la pointe du barbelé sur la joue gauche d'Emma.
Elle recule sa tête, dans un réflexe de fuite, acculée, les yeux s'emplissant de larmes de terreur, ne cillant pourtant pas sous le regard brun et implacable qui la domine de toute sa hauteur.
"Tu vois comment t'es, hein ?! Une putain de teigne ! se cambre-t-il enfin, son bassin toujours plaqué au sien, s'y appuyant de tout son poids, volontairement, écartant l'instrument mortel avec un sourire amusé. Mais Lucille t'aime bien... d'un ton rassurant. Je te l'ai déjà dit, tu le sais, non... ? Elle est juste joueuse... un peu comme moi... C'est bien pour ça qu'on s'entend si bien...
- Je ne pourrai pas faire de mal à Rick... Il a changé ! Vraiment, il, est méconnaissable et tout dévoué à ta cause...argumente-t-elle pour tenter de le convaincre, revenant au sujet d'origine.
- Hey ! Mais tu fais pas mal ta Sherry, là, toi aussi ! Tu la verrais me balancer toutes les infos qu'elle peut, elle en est vraiment mignonne...songeur. N'empêche qu'elle, elle ne m'a pas trompé...
- Mais j'ai rien fait non plus avec...la voix chevrotante, commençant à apercevoir la colère noire au fond des yeux de l'homme contre elle.
- Sauf qu'on a toujours un problème... sérieux et désolé. Parce que tu n'as quand même pas rempli ta part du boulot...
- Reprend moi à la place ! propose-t-elle sans réfléchir.
- Voilà le ton que j'aime ! Voilà le regard que je connais ! Voilà ma jolie Emma !..."
Elle sent qu'elle perd pied. Elle était si bien partie ! L'apparence si sûre d'elle, malgré les vagues de terreur secouant son estomac... Mais visualiser Daryl enfermé, imaginer les conséquences qu'il pourrait subir, lui, à cause de sa tête de mule à elle...
Emma relève encore les yeux vers l'homme près d'elle qui la regarde à nouveau comme une petite chose fragile.
"J'adorerais... tu le sais... hésitant. Mais ce qui m'excite vraiment chez toi, c'est que t'es justement pas comme toutes mes femmes. Je les dorlote de trop, je sais bien. C'est ma faiblesse. Elles sont trop sophistiquées, trop sûres d'elles avec tous leurs atours à l'air. Elles sont trop protégées, trop en confiance. Tellement hors de la réalité. Je ne peux pas les mettre dehors ne serait-ce qu'une petite heure ! Comme une portée de petits chats, elles n'y tiendraient pas une minute, je ne pourrais plus tirer mon coup et je serais de mauvaise humeur... fataliste. Toi, t'es belle à tomber, mais parce que tu sais y faire, bordel ! se cambrant en arrière pour marquer ses mots. T'es ma guerrière, ma squaw courageuse... baladant ses doigts sur son visage.
Il vient soulever ses cheveux pour dévoiler encore la partie plus rase de sa chevelure sillonnée de sa cicatrice encore rosée, dont les fils noirs sont tombés, courant sur une partie de son crâne.
"Elles, elles sont toutes super bien goalées, tu verrais : des canons sur pattes, vraiment hein ! A filer la trique à un aveugle, je te promets ! La Sherry est ma préférée en ce moment, tu verrais l'engin... ! Dwighty Boy tire une de ces tronches, quand il nous chope ! Et j'avoue, je fais même exprès pour qu'il puisse pas faire autrement que nous mater, bien comme il faut, si tu vois c'que j'veux dire... lui lançant un clin d'oeil complice. J'adore voir sa gueule ! riant et grimaçant pour illustrer davantage ses mots. Je me demande même comment elle a fait pour être avec un type pareil, entre nous..."
Il se penche, pour être encore plus proche, pour être sur la jeune femme qui ne bronche pas, qui n'esquisse aucun mouvement de recul.
"Mais toi, là, si petite, si insignifiante et fragile, mais si... sauvage !... lui soufflant son sourire dans la figure. Tu t'es faite défoncer par les hommes et par la vie, en vérité... et rien que pour ça, j'ai envie de tout péter pour toi ! écartant les bras d'enthousiasme, avide de conquête, Lucille voltigeant et sifflant sur sa gauche.
- Elles aussi ont dû souffrir, tu sais... d'une voix calme, et plus basse, alors qu'elle se retourne pour commencer à préparer quelque chose à boire ou à manger.
- Sans doute, mais elles n'en ont pas les marques gravées sur la peau, posant délicatement la batte contre le plan de travail, s'assurant qu'elle ne glisse pas au sol, pour venir glisser ses mains impatientes sous son maillot, se penchant sur sa nuque. Elles sont si lisses, si soignées. Parce que la vérité dans tout ça, c'est que t'es même pas très belle, et que je ne t'aurais même pas vue, dans notre vie d'avant... Comme quoi, ce nouveau monde nous a tous transformés... et pas toujours pour le pire, tu vois... posant ses lèvres tièdes à la base du cou de la jeune femme qui ne bronche pas.
Emma continue de chercher, de faire. Mais collé contre son dos, la bouche parcourant sa nuque, Negan la fait encore pivoter face à lui, n'y tenant visiblement plus. Il fait sauter d'un geste expert les boutons du jean de la jeune femme qui ne dit mot, les bras ballants, regardant au-delà de lui, tandis qu'il défait sa propre ceinture et son vêtement, avant de l'attraper par le bassin, comme à sa manière, pour l'asseoir d'abord sur le plan de travail.
- Tu fais toujours ton poids plume..." souffle-t-il dans un sourire gourmand quand, déséquilibrée, Emma ne peut que s'attacher à son cou et venir le tenir tout contre elle retenant une expiration d'appréhension, alors que ses mèches viennent tomber sur ses épaules à lui, les plus courtes se libérant et lui barrant le visage.
Il la débarrasse brusquement de son pantalon alors que ses sandales sont déjà tombées dans un petit claquement sur le carrelage. Il s'escrime mais elle ne fait rien pour l'aider alors qu'elle sent son excitation monter crescendo quand il la soulève encore et la plaque contre le placard voisin pour entrer en elle sans plus de douceur. Il pousse un soupir de soulagement durant une seconde avant de reprendre sa besogne.
Puis, il l'embarque, toujours soudés, jusqu'à une table trônant dans la pièce, démunie de chaises, où il allonge à demi sa partenaire.
"Pourquoi t'as coupé tes putain d'cheveux n'importe comment ?" articule-t-il en se penchant pour attraper quelques mèches plus courtes étalées sur la table, plus proches de son visage, la fixant de son regard perçant, cessant une seconde ses coups de boutoir.
La jeune femme qui ne prend pas la peine de répondre, tourne la tête, lui présentant son crâne rasé.
"Tu croyais que ça allait me refroidir, peut être ? Sauf que les torturées aussi, ça me fait bander trop fort... surtout si je sais qu'elles se torturent à cause de moi, pour moi, en pensant à moi... s'allongeant une seconde sur elle en reprenant son va et vient sec, martelant chacun de ses mots le dénommant par autant de violents coups de rein, sa bouche tout contre son oreille.
Toujours en elle, il se redresse, et relève son maillot de son ventre plat et frémissant, caressant sa peau encore marbrée de zones bleues, meurtrie d'une grande empreinte de semelle de chaussure encore très sombre. Dans sa respiration de plus en plus saccadée par son effort, Negan se contente de froncer les sourcils.
Encore quelques coups de reins qui font crisser les pieds de la table sur le sol, et il redresse Emma pour aller s'affaler dans le seul fauteuil en mauvais état de la pièce, la gardant toujours imbriquée sur lui. Leur mouvement brusque le fait lâcher un rire quand il sent qu'elle s'empale encore davantage.
Emma expire une nouvelle fois dans la chute et ne réagit pas au rire dans son oreille. Saisie d'une impression de déjà-vu trop forte, elle tourne la tête rapidement vers sa droite, persuadée qu'elle va y découvrir quelqu'un. Mais Daryl n'est pas là, à son grand soulagement.
"Hey... c'est pas le moment de bâiller aux corneilles là, finis moi..." râle-t-il d'abord dans un reproche puis dans une supplication, tandis que la femme sur lui commence sa lente danse du ventre.
Emma revient à lui, se redressant en mouvant lentement mais fermement son bassin sur le sien. Elle fixe les yeux mi clos de l'homme sous elle alors qu'elle pose une main sur son propre bas-ventre. Retenant sa répulsion, elle sent et visualise un ver gras, aveugle, et affamé qui se meut lascivement en elle.
Il ouvre les yeux soudain avec un sourire paresseux.
"Libère Daryl, vient lui murmurer Emma à l'oreille, d'une voix grave, en s'étirant sur lui sans cesser sa danse addictive. Libère moi de Rick... et ne fais aucun mal à Olivia ni aucune fille d'Alexandria... parce que c'est moi ta femme ici, et personne d'autre...
- Ho Ho... roucoule-t-il alors qu'elle se redresse, sérieuse et appliquée à accélérer sa tâche. Oui... Madame... je ne voudrais pas me frotter au courroux de ta jalous..." ne pouvant terminer sa phrase, les soulevant tout deux par la seule force de son plaisir.
Encore un court instant et il en a terminé.
"Merci ma douce pour ce moment toujours précieux en ta compagnie... dit il, lui tournant le dos, en bouclant sa ceinture, après avoir récupéré Lucille dans la cuisine. Je vais goûter la citronnade d'Olivia qui doit commencer à m'attendre... Et aère un peu ici, ça sent vraiment le renfermé..." lâche-t-il, amusé, en sortant.
Emma reste encore un moment dans le fauteuil, recroquevillée, le corps brûlant de contradictions.
Elle le hait.
Indéniablement. Viscéralement.
Les jambes repliées contre elle, les pieds sur l'accoudoir, la tête vide, posée sur le dossier, elle regarde par la fenêtre, ailleurs, ne sentant pas son poing serré s'enfonçant de toutes ses forces dans la chaleur de son ventre blotti, martelant son nombril sans relâche.
Mais elle l'aime.
Intimement.
Quand elle le sait à sa merci, comme il y a quelques minutes. Parce que ce n'est finalement qu'un homme. Parce qu'elle doit tout faire pour protéger les siens.
Et que si Rick ne sait, ou ne parvient pas à l'éliminer à sa manière, elle, elle sait déjà qu'il suffira de couper le ver.
A la base.
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