Partie 2

7x00

Toujours incapable de m'arrêter, voici la suite immédiate de Pas d'Exception... Alors évidemment, c'était avant et pendant la reprise de la saison 7... qui a bien mis tout le monde K-O.

Il y a déjà 8 chapitres à prévoir à partir de celui-ci 

Ensuite... on verra. Vous me direz ?

Je mettrai plus ou moins les numéros d'épisodes pour vous situer au fil de l'avancement de l'histoire... et pour ne pas être spoilé non plus, même si je m'efforce de ne pas reprendre de scènes déjà diffusées ou du moins de me positionner "juste à côté du cadre" :)

Bien.

Souvenez vous, Negan a ramené Emma à Alexandria après un petit séjour auprès de lui... tout près, tout près... mais peut être n'a-t-il pas dit son dernier mot.

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"Tu vas le faire... tu vas y arriver... pour moi... pour nous..."

Elle ouvre les yeux dans le noir complet. La voix grave résonne encore contre son oreille. Elle reste parfaitement immobile, alerte. Mais le souffle de l'homme s'est évaporé. Elle est seule. Toute seule dans ce noir.

Elle se redresse, descend du lit et sort de la pièce. Elle s'éblouit de la lumière jaillissant de la lampe au dessus de la glace de la salle de bain. Son reflet est fantomatique. Blafard, cerné. Méconnaissable.

Des cheveux sombres sont emmêlés, noués autour de ses doigts qui s'agrippent au bord du lavabo.

Fermant les yeux avec un soupir, elle est encore contre lui. Elle peut encore sentir son odeur, sa chaleur, ses mains sur son corps, sa peau contre la sienne, son souffle sur ses joues, son cou, sur sa nuque. Ses doigts jouant avec ses mèches.

Alors elle attrape la paire de ciseaux posée sur la commode derrière elle et se retourne à nouveau devant le miroir.

Elle ne tient pas compte de la porte qu'elle entend s'ouvrir dans le couloir et de l'homme qui surgit lentement dans la pièce, la main sur les yeux, ensommeillé.

"Em' qu'est ce que tu fabriques ? maugrée-t-il en luttant contre la luminosité trop forte. Mais arrête, putain !"

Daryl se précipite sur elle en la voyant armée de la paire de ciseaux, tirant sur une épaisse mèche sombre devant elle, s'apprêtant à la couper à quelques centimètres seulement de son visage, comme les précédentes qui gisent déjà dans le lavabo devant elle.

"Mais qu'est ce qui te prend ?!" luttant pour lui enlever l'outil des mains.

Mais la jeune femme se démène, en silence, n'extériorisant que sa respiration saccadée, se débattant contre l'homme qui tente de l'immobiliser en lui tenant les bras le long du corps, en vain.

"Donne ça, putain ! Regarde ce que tu t'aies fait !" crie le chasseur.

Daryl tourne de force Emma face au miroir, pour qu'elle visualise les cheveux qu'elle a coupés court, très, trop court, ainsi que le petit tas de cheveux sombres déjà formé dans le lavabo.

Mais cela ne semble pas calmer sa rage, alors qu'elle grimace et s'empoigne encore la chevelure à s'arracher des poignées entières.

"Mais tu t'arrêtes !" s'écrit encore l'homme en l'attrapant à bras le corps avant d'enjamber la baignoire, chargé de son fardeau furieux et d'ouvrir grand le robinet.

Le flot froid tombe du pommeau de douche suspendu et les inonde rapidement tous les deux. Emma se débat encore, prisonnière entre le mur et l'homme qui lui lève le visage vers le torrent d'eau sans douceur. Elle suffoque rapidement, cherchant sa respiration, en lui poussant les mains pour se dégager.

Elle se défend encore un instant, puis baisse la tête, laissant couler l'eau sur elle, reprenant son souffle, le regard fixé sur leurs pieds nus dans la baignoire, observant l'eau qui s'évacue rapidement, emmenant sa haine, sa rage. Evacuant sa terreur.

Au bout d'un moment, visiblement calmée, silencieuse et immobile, Daryl coupe l'eau, sort et se sèche rapidement après avoir enlevé sa chemise et son pantalon trempés, gardant un oeil sur son amie. Puis il revient vers elle pour la faire sortir lentement de la baignoire dont elle n'a pas bougé, tremblante, le regard toujours fixé sur ses pieds, ruisselante.

Il ne sait pas trop comment s'y prendre. Il n'a jamais vraiment pris soin de qui que ce soit. Jamais d'un enfant. Encore moins d'une femme adulte. Il commence par lui essuyer doucement les cheveux trempés, détaillant les mèches raccourcies.

"Mais qu'est ce qui t'arrive, bordel..." grogne-t-il tout bas, inquiet.

Il sait bien qu'elle ne le porte plus dans son coeur depuis plusieurs semaines maintenant. C'était juste avant qu'elle ne décide de se jeter dans la gueule du loup.

C'était surtout de sa faute à lui, quand il lui avait parlé comme il n'aurait jamais dû alors qu'elle l'avait sauvé de l'attaque imminente et sournoise d'un rôdeur et qu'elle l'avait soigné avec ses moyens puis ramené à Alexandria sain et sauf.

Dès lors, ils ne s'étaient plus parlé véritablement et elle ne l'avait même plus accepté dans sa maison.

Ensuite, tout avait encore copieusement merdé et il n'avait pu que regarder, impuissant, le van s'éloigner rapidement d'Alexandria, l'emmenant loin d'eux.

Il avait pensé l'avoir perdue à jamais, une seconde fois. Il était alors entré dans son propre Enfer. Convaincu cette fois de ne plus jamais la revoir, parce qu'il avait déjà eu sa seconde chance avec Emma en la retrouvant à Alexandria, longtemps après la clairière.

Mais aussi psychopathe soit-il, Negan a tenu parole et leur a finalement rendu la femme, au bout de quelques jours interminables.

Sauf que depuis son retour, Emma n'est plus vraiment la même.

Il sait qu'elle n'est pas perdue. Juste égarée. Quelque part. Pas très loin.

Ils ignorent ce que ce mégalo lui a fait subir parce qu'elle n'a pas ouvert la bouche. Et le fait qu'elle soit à nouveau incapable de parler fait redouter le pire au chasseur, puisqu'elle était déjà dans cet état la première fois qu'ils se sont rencontrés. Même si Emma n'a jamais évoqué avec lui sa vie d'avant, il l'a signalé à Rick qui n'a pas cessé de l'interroger, plus ou moins patiemment depuis qu'elle a franchi à nouveau le portail métallique de la ville.

Daryl le laisse faire. Il ne sait pas taner les autres. Ce n'est pas son rayon. Il ne veut rien voir ni rien entendre de leurs entrevues. Parce que c'est elle. Surtout parce que c'est elle. Il laisse faire parce que ce qu'elle peut révéler est de toute manière primordial. Primordial, mais Daryl redoute que ce soit surtout indicible. Il craint qu'elle ne puisse le surmonter, cette fois.

Pour lui, et pour l'instant, elle est juste revenue. Et c'est bien le principal. Il veut bien prendre soin d'elle si ça peut l'aider à revenir parmi eux, vers lui. Complètement. Comme avant.

Il se souvient soudain de l'épisode où Maggie et Carol avaient été enlevées par cette Paula de malheur. Carol, elle aussi, en est revenue changée. Même s'il n'a pas su, à l'époque, déchiffrer le gouffre qui s'était creusé entre eux en si peu de temps, ne la retenant pas pour l'écouter, pour tendre un nouveau lien, même fragile.

Mais Carol était forte par définition et il avait toute confiance en elle. Sauf que finalement, ça n'a été que le début de leur fin.

Alors il ne veut pas faire la même erreur avec son amie, là, qui grelotte tout près de lui. Emma n'est pas Carol. Emma a besoin d'aide pour revenir vers lui. Il a besoin d'elle aussi pour parvenir à rester.

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"Viens par là, ma douce"

La voix se remet à résonner dans ses oreilles. L'homme est là, elle le sait, elle voit ses pieds par terre, près des siens. Juste là. Mais Emma n'a pas la force de relever la tête pour lui faire face. Elle est sortie de la douche. Encore. Elle grelotte. Il a du la pousser à l'intérieur, sans doute, ne lui laissant même plus le temps de se dévêtir. Elle réalise qu'elle parvient maintenant à ne plus rien sentir, ni entendre, ni comprendre. Elle s'absente. Elle revient.

Elle sait où ils en sont, là sur le tapis qu'ils trempent tous les deux.

Alors, puisqu'elle est là, maintenant, consciente, elle décide d'accélérer un peu. Ca pourrait lui plaire. Et ça évitera surtout de sentir ses doigts sur sa peau. Alors elle prend les devants et lève son maillot humide et collant par dessus sa tête, soulevant sa masse de cheveux qui retombe en étoile tout autour de ses épaules. Elle frissonne. Mais au moins il ne fait pas mine de vouloir la toucher. Elle se défait de son pantalon de pyjama qu'elle baisse et piétine. La chair de poule la recouvre encore davantage, mais elle sait qu'elle va se réchauffer dans un instant. Elle connaît tant son rituel tellement pervers, si malsain, qui ne rassure que lui. Il va l'attraper et la coller à lui. Elle se réchauffera. Au moins.

Pourtant, l'homme à quelques centimètres d'elle reste immobile et silencieux.

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Daryl hésite un moment, mais prenant son courage, cessant surtout de tergiverser, il va enfin pour approcher ses mains d'Emma quand celle-ci lève son tee-shirt trempé par dessus sa tête, soulevant ses cheveux par le col de l'habit, dénudant son torse.

Il trouvait que vivre à Alexandria durant plusieurs mois lui avait fait du bien. Même s'il ne l'a jamais vue manger un véritable repas digne de ce nom, elle avait repris du poids, indéniablement. Mais là, l'image de la rivière lui saute encore aux yeux. Ses côtes, ses hanches, sont à nouveau terriblement saillantes. Et au delà des cicatrices qui marqueront sa peau dorénavant, de multiples hématomes se sont ajoutés, de toutes les couleurs. Des noirs, arrondis, étalés, sur le bas du ventre principalement. Et puis des plus longs, déjà jaunes, enserrent ses bras, ses flancs, sa poitrine quasi inexistante. Il visualise les coups, toutes les zones où les doigts du grand homme a pris l'habitude de l'attraper, de la serrer, trop fort. Il n'a pas de mot pour exprimer l'horreur qui se répand lentement dans ses veines en voyant l'état physique pitoyable de son amie.

Elle piétine son pantalon et ses jambes ne sont pas en meilleure forme. Les os de ses genoux sont encore plus marqués sous la peau blanchâtre, les muscles fins de ses cuisses ont perdu le peu de rondeur qu'ils avaient gagnée. Daryl serre les dents et les poings de rage, restant immobile, suffoqué.

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"C'est pas mal comme ça non plus..."

Confirmation. Ca lui plait visiblement qu'elle prenne les choses en main. Ok. elle va prendre les choses en main. Elle ne peut retenir un léger soupir qui lui soulève les épaules.

Sans lever la tête vers lui, elle glisse ses doigts froids sous l'élastique du caleçon de l'homme devant elle et l'attire avec elle.

Derrière elle, qui la suit, elle l'entend ricaner doucement. Elle continue à le guider vers la chambre, au bout du couloir, plongée dans le noir. Comme il a fait maintes fois avec elle auparavant, elle le fait à son tour passer devant elle et le pousse pour qu'il tombe, le dos sur le matelas.

La pièce n'est pas totalement plongée dans le noir, la lumière de la salle de bain restée allumée pénètre dans la chambre par la porte qu'il a laissée ouverte. Si ça lui plait de regarder, pourquoi pas. De toute manière, elle espère bien s'absenter dans quelques minutes.

Pour l'instant, il faut encore qu'ils s'installent pour la nuit. Il faut qu'il soit tranquille et qu'il dorme. Pour qu'elle puisse se retrouver au moins seule et hors de sa vigilance permanente.

"Grimpe, ma douce..." dit la voix grave.

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Daryl tressaille quand il sent les doigts frais de la jeune femme s'approcher de son nombril et l'attirer à elle par la taille de son caleçon. Interloqué, il la suit, sans un mot, tendu. Elle passe devant lui, le guidant toujours par son élastique, tandis qu'ils rebroussent chemin dans le couloir, vers sa chambre. Il fixe la masse de ses cheveux cascadant jusqu'au bas de son dos, quelques mèches courtes rebiquant déjà à hauteur de ses épaules. D'autres hématomes sombres apparaissent sur l'arrière de ses bras, sur ses reins. Mais il n'ose pas la toucher, lui dégager les cheveux pour évaluer l'ampleur de ses stigmates. Il se contente de la suivre docilement, ne comprenant pas encore le but de ce comportement encore inédit entre eux.

Cela fait plusieurs jours qu'ils ne dorment plus dans le même lit, et cela fait autant qu'il n'a même pas passé le seuil de cette pièce. Il occupe la chambre mitoyenne, ne pouvant s'empêcher de garder une oreille sur le sommeil très agité de sa voisine. Alors il se laisse encore surprendre quand elle le pousse littéralement contre le lit défait où il tombe à la renverse sur le matelas. Il la fixe alors qu'elle s'approche et grimpe à califourchon sur lui, sans la moindre gêne visible, s'asseyant un instant sur lui, le dominant en silence. Malgré le contre-jour, il se rend compte qu'elle ne le regarde pas, les yeux constamment baissés, ses mèches lui barrent le visage mais elle agit mécaniquement, exécutant comme un rituel maintes fois répété.

Elle se penche ensuite sur lui, s'étendant, se recroquevillant comme pour tenir toute entière sur lui, leurs bassins l'un sur l'autre.

Daryl reste immobile, la laissant faire, tendu à l'extrême alors qu'elle s'allonge littéralement sur lui, leurs ventres se collant l'un à l'autre, se réchauffant à vitesse grand V. Elle l'oblige encore à mêler ses jambes aux siennes, comme pour être immobilisée, prisonnière volontaire, de son étreinte. Puis elle prend ses bras qu'elle pose autour d'elle, maladroitement, avant de replier ses membres sous elle, la tête posée sur le côté sur son torse.

Daryl attend encore un instant qu'elle termine son manège.

Il ne sait pas pourquoi le souvenir du pick-up lui envahit à nouveau la mémoire sans prévenir. Il la revoit s'agiter, virer, tourner. Il revoit son sourire à quelques centimètres de son nez, avant qu'elle ne se retourne sans prévenir pour venir se dandiner contre lui. Souvenir si léger finalement, malgré la gêne qu'il a pu éprouver à ce moment là, si plein de lumière.

Alors dans la pénombre, un sourire triste lui fend le visage tandis qu'il ferme les yeux et étreint la créature qui repose sur lui maintenant. Celle qui remue sur lui, là, n'est pas la même, plus calme, moins spontanée, tellement résignée et soumise.

Une des mains de l'homme se pose naturellement sur la tête brune. Ses doigts touchent la longue cicatrice devenue plus lisse. Quelques fils se sont défaits d'eux-mêmes visiblement. Son index frôle doucement toute la longueur de la marque, à la recherche de la couture qui pourrait rester, pour finir par envelopper la mâchoire mince de la jeune femme immobile, les doigts tombant sur sa nuque tiède, à nouveau à leur place, où il trouve comme un genre de réconfort.

Pensant qu'elle a fini de prendre place, espérant qu'elle finisse par s'assoupir, Daryl sent encore la femme remuer doucement.

Sentant l'effet, bien avant de le comprendre, il serre les dents.

Cela fait des mois et des mois qu'il n'a été avec personne. Cela fait longtemps qu'il ne compte même plus. Alors songer encore à se retenir vu qu'il s'est laissé allonger par une fille nue... faudrait vraiment qu'elle arrête de le chercher.

Comme si elle a pu entendre sa pensée, Emma cesse enfin de remuer sur lui.

"Voilà ce que j'attends de toi..."

Daryl ouvre les yeux en entendant les mots graves.

Il sait qu'il n'a pas rêvé.

Il sait surtout qu'il n'a rien dit.

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