|CHAPITRE 3| La purée, c'était sacré

Sorbet citron !

Hello ! Désolée de m'être décalée d'une journée, c'est complètement de ma faute. Sinon ma réserve de chapitres diminue chaque fois alors je me disais que (pas pour le chapitre 4 mais le 5), je décalerai la date de publication, en sautant un samedi. Ca laisserait quatre semaines d'écart entre les deux chapitres, je trouve que c'est beaucoup. Mais ça me permettrait d'avancer dans l'écriture. Donc voilà, je vous en reparle dans deux semaines.

Sinon, aujourd'hui, un chapitre que j'aime bien ! J'avais aimé l'écrire, j'ai aimé le relire. J'espère qu'il vous plaira ! 

Bonne lecture ^^

P.S. Désolée de publier si tard et encore désolée du retard

***

Note des bêtas-lectrices :

Hey, c'est Camille pour une note très rapide ! Un bon chapitre, comme d'habitude, où on découvre un peu plus les persos incroyable de Lina, et leurs relations. Et vive la purée !

ETTTT BONNNNJOUR !
Juste un petit mot ici, parce que vraiment J'ADORE Erwin (même si son nom me fait affreusement penser au général de snk (ce qui me fait peut être l'aimer encore plus lol))
(saches, Marie, qu'au même titre de mon inspiration pour Zephyr, il est possible qu'il s'agisse totalement d'une inspiration inconsciente) (mais celle-là est plus "acceptable" que celle de Zephyr, oh que oui)
Bref, Erwin c'est vraiment le type de personnage que j'apprécie (et auquel je m'identifie...)
Alors voilà, Lina... Tu peux me briser le cœur à tout moment avec ce personnage...
Fais attention !!! :)

***

|CHAPITRE 3| La purée, c'était sacré


Le Poudlard Express ne tarderait pas à rentrer en gare. D'ici une demi-heure, ils seraient tous descendus du train et se dirigeraient vers les diligences qui les menaient au château. Erwin étira ses membres ankylosés. Le trajet était long et il avait moins bougé qu'à l'habitude.

- Erwin, tu es sûr que tu vas bien ? fit d'ailleurs Elijah. Tu n'es même pas resté avec ton frère quand tu es allé le voir. Tu es si fatigué que cela ? Tu sais, il faut le dire et aller voir Mrs. Clifford si c'est le cas. Ne reste pas comme ça.

Erwin regarda son meilleur ami. Ça paraissait si étrange que cela qu'il ne reste pas avec Zephyr ? Au point qu'Eli' le pense malade ? Justement, s'il était resté avec eux pendant tout le voyage, c'était parce que Zeph' était dans une bonne journée et que, par conséquent, lui aussi. Il avait pu se reposer, discuter avec Elijah et Julia sans que ces derniers ne se disputent trop. Non, sincèrement, il ne voyait pas le problème.

- Je ne dis jamais ça mais pour une fois, Croupton a raison, approuva Julia. Si tu vas mal et que tu es fatigué, il faut que tu le dises. Ne te surmènes pas plus que tu ne le fais déjà.

Merlin, Julia en venait à approuver Elijah. C'était qu'ils étaient sérieux.

- Qu'est-ce que vous racontez, tous les deux ? Je vais très bien, justement. Et je ne me surmène pas avec le peu de travail que je fournis, vous devriez le savoir.

Leurs visages surpris ne lui échappèrent pas mais il n'ajouta rien. Et même si, au fond de lui, il savait très bien que Julia ne faisait pas allusion au travail, il décida de l'ignorer et de se concentrer sur le rangement du compartiment. C'est en vérifiant que sa valise était correctement fermée qu'il remarqua le panier posé aux pieds d'Elijah.

- Tu t'es enfin décidé à laisser cette sale bestiole enfermée, Eli' ?

- Ce n'est pas une sale bestiole ! Je l'ai laissé là-dedans parce que comme tu avais l'air de rester avec nous, je ne voulais pas te faire fuir. En plus, sinon tu m'aurais grondé parce que tu veux laisser ton hibou en liberté.

Elijah avait en sa possession un chat. Erwin soupçonnait la chose d'être une création du diable. C'était un monstre ridiculement petit comparé aux autres membres de son espèce. Il était rachitique, son poil gris était rêche et c'était le chat le plus hargneux et détestable qu'Erwin n'avait jamais rencontré. Il passait sa vie à dormir dans leur dortoir, à manger, à dormir dans la Salle Commune, à chasser le crapaud de leur camarade de dortoir, à dormir sur leurs devoirs et à griffer les jambes de qui avait l'audace de passer sur son chemin.

Le pire était sans doute que la chose s'appelait Bidule.

C'était peut-être pour cela qu'il était aussi horrible. Il se vengeait de l'Humanité.

- Ce n'est pas moi qui insiste pour que Cosmos soit en liberté, contra Erwin avec un peu de mauvaise foi. C'est lui qui me boude si je l'enferme.

Ce n'était pas si faux. Il se garda juste d'avouer qu'il savait parfaitement que si Bidule passait tout un trajet cloîtré dans un panier, il devenait encore plus insupportable qu'à l'habitude pendant des jours et des jours. Mais au moins faisait-il profiter tous les Serpentards de son horrible caractère et non juste leur compartiment. Hors de question qu'il subisse ce calvaire seul.

À l'heure de monter dans les diligences, Erwin hésita à rejoindre Zephyr et Hélios Fawley qu'il voyait plus loin. Ce fut Julia qui l'aida à se décider - ou plutôt lui imposa sa décision - quand elle lui attrapa le poignet et le tira de force dans la première calèche venue.

- Tu viens avec nous, avait-elle dit. Tu les as laissés seuls plusieurs heures d'affilée, tu es capable de rester avec Croupton et moi jusque la fin du repas.

La réplique avait tiré un soupir à Erwin. Même si Julia n'avait pas tort, il ne pouvait s'empêcher de penser que quelque chose pourrait mal tourner à l'heure du repas, qu'Hélios oublierait de rappeler à Zephyr qu'ils allaient manger en même temps que tous les autres les élèves et de le rassurer ou pire ! Qu'ils se perdent ou ne puissent pas rentrer dans une diligence pour une raison ou une autre.

Ils étaient six dans la calèche. Avec eux, il y avait deux deuxième année de Gryffondor très bruyants et un cinquième année de Poufsouffle à qui on n'avait visiblement pas demandé l'avis pour être avec eux.

C'était cinq personnes de trop. Trois à la limite, il pouvait encore supporter la présence de ses deux amis qui avaient recommencé à se chamailler pour des broutilles.

Sa jambe gauche s'était mise à tressauter sans qu'il ne puisse rien y faire. Le voyage depuis la gare jusqu'au château était plus long que les autres fois, non ? Il y avait eu un problème ? Peut-être qu'un incident avait arrêté une voiture ? Ou quelque chose de plus grave ? Et si Zephyr était à l'origine d'un accident ?

La perspective était effrayante. Il s'en voudrait toujours de l'avoir laissé en seule compagnie de Fawley qui ne pouvait rien pour le calmer si un problème devait arriver. Il s'en voudrait d'avoir écouté les autres plutôt que lui-même.

Son avant-bras se mit à le démanger et de façon mécanique, Erwin commença à se gratter. Ce n'est que lorsque la démangeaison devint plus intense et que la douleur apparut qu'il s'en aperçut. Il remonta un peu plus sa manche et vit sur son avant-bras la plaque rouge, à vif, qui saignotait par endroits. Il passa sa main sur la blessure et sentit l'habituelle peau sèche, légèrement rugueuse, rendue chaude par le frottement.

Pour calmer les picotements, il souffla sur la plaque et tapota doucement les endroits qui continuaient de le gratter. Il n'eut pas besoin de le voir pour sentir le regard lourd de reproches d'Elijah appuyé sur lui. Son meilleur ami faisait très attention à sa santé, peut-être plus qu'à la sienne. Et quand il s'agissait des démangeaisons, Eli' ne rigolait pas. La plupart du temps, il empêchait même Erwin de toucher à l'endroit qui l'embêtait jusqu'à ce que ça passe.

Erwin lui en était reconnaissant. Cela évitait souvent que les plaques terminent en sang comme c'était le cas maintenant. L'infirmière, Mrs. Clifford, lui avait dit qu'il s'agissait d'eczéma atopique. Des plaques rouges qui démangeaient apparaissaient n'importe où sur sa peau déjà sèche et, selon elle, le stress était un facteur aggravant de la maladie. Il ne voyait pas en quoi l'information le concernait, il n'était pas quelqu'un de particulièrement anxieux.

L'infirmière lui avait conseillé d'y toucher le moins possible et lui fournissait de la crème et de la pommade - de l'Abreuv'peau et du Stopgratouille - à appliquer sur son corps le soir.

Il avait de l'eczéma depuis l'âge de sept ou huit ans et Erwin avait fini par se gratter sans même plus y faire attention. Alors Elijah faisait office d'alarme. Quand il voyait qu'Erwin commençait à toucher à ses plaques, il le rappelait à l'ordre. Eli' était un avertisseur vraiment très efficace. On en appréciait la qualité du travail.

- Arrête de toucher, le rappela-t-il à l'ordre avec un claquement de langue agacé. Regarde l'état de ton bras, Wini'. Tu te fais du mal pour rien, là.

Erwin haussa les épaules et redescendit sa manche. Ça le picotait un peu mais après tout, ce n'était pas si douloureux. Ce n'était rien d'inhabituel, pas de quoi s'inquiéter.

- Si tu es encore en train de minimiser tes blessures physiques, je vais te frapper, Erwin, lança Julia à la volée.

Erwin se retourna vers elle. Comment pouvait-elle le comprendre aussi facilement ? Avait-il des mimiques qu'elle était capable de décrypter ou est-ce qu'elle lisait dans les pensées ? Valait mieux ne pas savoir. Quelque soit la réponse, c'était inquiétant.

- D'abord, je ne minimise pas mes blessures, je sais juste très bien qu'il n'y a rien de grave. Ensuite, pour l'amour de Merlin, Eli', arrête de m'appeler Wini' !

***

- Wini' ! Lâche-le des yeux un peu et écoute ! Le Directeur va parler.

Erwin détourna les yeux de Zephyr et soupira, exaspéré et fatigué. Ils étaient installés dans la Grande Salle depuis cinq bonnes minutes mais aucun professeur n'avait semblé bouger le petit orteil pour faire démarrer le banquet, même pas Mr. Trevlig, le professeur d'astronomie qu'Erwin admirait. Tous des hypocrites.

Il avait observé Zephyr et Hélios, à la table des Serdaigle. Erwin appréciait que ce soit la table voisine à celle des Serpentard, ça lui permettait de facilement repérer son frère et le surveiller. En l'occurrence, il essayait de déterminer la façon dont Fawley gérait le stress de Zeph' et le niveau d'anxiété de ce dernier. La foule l'angoissait toujours beaucoup mais le degré de peur évoluait selon son humeur.

Ce soir, il avait l'air assez serein. Erwin savait l'avoir bien préparé au banquet et il devinait qu'Hélios le lui avait rappelé la situation du dîner de ce soir. Elijah avait raison, il pouvait se permettre d'écouter le Directeur.

Le Directeur de Poudlard s'appelait Phineas Nigellus Black. Il était grand et bien que n'ayant pas particulièrement une forte carrure, sa présence en imposait. Il s'habillait à l'image de prestigieuse famille : ses vêtements étaient toujours cousus dans des tissus nobles et riches. Il portait souvent du noir ou du vert - qu'il soit forêt, bouteille ou émeraude - à l'image de la maison de prédilection des Black. Sa chevelure avait due être noire fut une époque mais aujourd'hui elle était d'un gris froid et austère. Ils lui arrivaient aux épaules, étaient ondulés et toujours coiffés bien en arrière. Il portait également des favoris - eux aussi gris - qui descendaient sur ses joues. Son visage coupé à la serpe était sévère et hautain. Ses sourcils ne se défronçaient jamais, tant et si bien que sa ride du lion devenait on ne peut plus visible. Son menton pointu et le monocle qu'il portait à l'œil gauche accentuait l'âpreté de l'homme.

La personne qu'il était collait parfaitement à l'idée qu'on s'en faisait en le voyant. De sec à froid, de méchant à inhumain en passant par strict, cruel, impitoyable, injuste ou encore intolérant et méprisant, la liste des adjectifs qualificatifs négatifs utilisés pour le décrire qu'Erwin avait entendue au cours de sa vie était très longue. Et il n'était pas sûr d'avoir entendu beaucoup de personnes chanter ses louanges, même au sein du cercle restreint de la propre famille du Directeur : les élèves portant le nom de Black avaient tendance à éviter le sujet de leur avis sur leur père - ou oncle, Erwin n'avait jamais réussi à comprendre.

Le professeur Black se leva et jeta une œillade glaciale aux élèves affamés. L'effet fut immédiat, la Grande Salle devint silencieuse. On aurait du mal à croire au bruit ambiant qui l'habitait quelques secondes plus tôt.

- Bien, fit Phineas Black de sa voix grave, lente, aux tons remplis de leçons de noblesse. Une nouvelle année a commencé mais nous sommes en plein milieu d'année scolaire. Les vacances que vous venez de passer ne vous autorisent pas à vous relâcher, encore moins à oublier votre travail. Pour les élèves concernés, je rappelle que les BUSEs et ASPICs sont dans moins de six mois : il est hors de question que la réputation de Poudlard soit entachée parce que mes étudiants se prélassent alors qu'ils sont en vacances. Vacances pendant lesquelles ils sont censés travailler et réviser. Vous êtes prévenus : votre diplôme et passage en sixième année ou sortie de Poudlard ne dépend que de vous. Tout élève ne fournissant pas d'efforts sera sanctionné et recommencera sa cinquième année ou septième année. Je serai intransigeant. Maintenant, mangez et couchez-vous tôt ce soir.

Il tapa dans ses mains et les plats apparurent sur les tables. Comme chaque fois que le directeur prenait la parole, les élèves mettaient quelques instants avant de reprendre leurs conversations. Phineas Black avait un don pour jeter un froid et de faire douter même les élèves les plus confiants.

- T'as entendu, Erwin ? railla Elijah en se servant de bacon et de pommes de terre. Il faut que tu te mettes au boulot.

- Les profs sont persuadés que je travaille déjà, répondit Erwin du tac au tac, très fier de cette qualité. Mon avenir est assuré.

- Même s'ils savaient que tu ne travailles pas, ils te donneraient ton diplôme, assura Julia en sortant de sa conversation avec Melody Ambers. Ils ne peuvent pas laisser le deuxième élève de sa promotion recommencer une année.

Erwin haussa les épaules. À vrai dire, peu lui importait de réussir ses études ou non. Il avait des notes excellentes sans avoir besoin de fournir d'efforts et même s'il était loin de pouvoir rivaliser avec le génie d'Albus Dumbledore et que tous lui répétaient que s'il se forçait à étudier un petit peu, il pourrait presque parvenir au niveau de son camarade, ça lui était égal. S'il venait à devoir refaire sa septième année, Erwin n'en voyait que l'avantage : il pourrait rester avec Zephyr un an de plus.

- Si tu es en train de te dire que ce serait bien parce que ça te permettrait de rester pour surveiller ton frère, je t'empêche de manger de la purée, O'Sullivan.

Erwin se tourna vers Julia et fronça les sourcils. C'était la deuxième fois en peu de temps qu'elle devinait ce à quoi il pensait. Ça devenait dangereux. Il préféra attraper le plat de purée de citrouille et se servir avant que son amie ne l'en prive. Elle en était capable. Et la purée, c'était sacré.

Après le repas, Zephyr et Hélios furent parmi les premiers à quitter la Grande Salle. En les voyant, Erwin se leva précipitamment de table, abandonnant son pudding à peine entamé. Il entendit Elijah soupirer et imagina parfaitement son visage exaspéré. Mais c'était plus fort que lui : s'il ne parlait pas à son frère immédiatement, il ne dormirait pas de la nuit.

Il se satisfit de voir qu'Hélios l'attendait dans un recoin du hall discret et à l'écart, dans lequel ils avaient l'habitude de se réfugier pour discuter au calme. En règle générale, Fawley et Zeph' l'attendaient ici avant de monter dans la tour de Serdaigle ou partir en cours.

- Bonsoir, Erwin ! le salua Hélios, enjoué. J'étais surpris de ne pas t'avoir vu de la journée. Tu étais fatigué ?

- Salut, Hélios. Oui, j'étais un peu fatigué et Zeph' était en forme. Je me suis dit que je pouvais te le laisser. Comment se sont passés le trajet et le banquet ?

Un grand sourire s'étala sur le visage de Fawley et des paillettes firent briller ses yeux.

- Incroyablement bien ! Je ne crois pas avoir déjà vu Zephyr aussi éveillé, c'était vraiment agréable. J'ai presque cru qu'il allait me parler à un moment. Même pendant le repas, alors qu'il y avait tout le monde, il était assez calme. Bon, j'ai préféré partir avant les autres pour ne pas trop forcer mais je suis fier de lui.

Erwin laissa un léger sourire fleurir sur ses lèvres. Il était toujours attendri par l'enthousiasme et le côté prolixe d'Hélios. Il restait toujours près de Zephyr et l'aidait depuis leur rentrée en première année. Parfois, Erwin avait un peu de peine pour lui. Ce ne devait pas être facile d'avoir une personne aussi différente comme meilleur ami. Il était bien placé pour le savoir, lui qui l'avait comme frère. Autrefois, il lui était arrivé de se sentir jaloux des gens comme Elijah, avec plusieurs frères et sœurs tout-à-fait normaux mais qui osaient s'en plaindre. Mais depuis une dizaine d'années maintenant, Erwin savait qu'il n'échangerait Zephyr pour rien au monde. C'était son trésor.

- Tu as bien fait, le rassura Erwin en posant une main sur l'épaule de Fawley. J'espère que tu as bien profité de ces moments avec lui, ça n'arrivera peut-être plus avant longtemps.

- Mais... et toi ? C'est ton frère, tu es toujours avec lui. Tu aurais dû venir avec nous dans le train, aujourd'hui. Tu aurais pu profiter qu'il soit en aussi bonne forme. Ça ne te peine pas ?

- J'avais besoin de me reposer. Ne t'en fais pas pour moi, quelque soit l'état de Zeph', je suis capable de le comprendre et de communiquer avec lui. Je suis content que tu ais pu en profiter et te sentir pleinement son ami.

Fawley lui adressa un sourire ravi et Erwin lui tapota l'épaule. Hélios était une bonne personne, Erwin appréciait que Zephyr ait accepté sa présence à ses côtés. Et même si son frère n'en était pas encore au point de se reconnaître quand son ami l'appelait Zeph', Erwin savait que - d'une certaine manière - la présence d'Hélios à ses côtés était rassurante pour lui.

Erwin se tourna vers Zephyr et l'étudia brièvement. Son visage était baissé mais Erwin voyait qu'il observait le sol tout autour de lui. L'éveil de son frère avait diminué mais contrairement à ce qu'il aurait pensé après cette dure journée, il lui restait un peu d'énergie.

- Zeph', je suis fier de toi, confia-t-il en se baissant un peu à son niveau et en prenant un ton doux, du genre qu'il ne prenait qu'avec son frère. Hélios aussi est très fier de toi. Tu es conscient d'avoir fait beaucoup d'efforts, aujourd'hui ?

Zephyr releva à peine la tête mais Erwin put croiser son regard et y lire l'incertitude. Ses lèvres se tordirent en un début de grimace mais il reconstruisit rapidement un masque de sourire heureux. Il ne devait pas montrer ses faiblesses. Encore moins à son frère.

- Passe une bonne nuit, p'tit frère.

Le visage toujours baissé, l'usage du surnom ne provoqua aucune réaction. Désappointé, Erwin se baissa pour croiser son regard mais ce qu'il vit ne fit que confirmer ses soupçons : les yeux bleus de Zephyr restaient fixés dans le vide. Erwin se redressa, avança doucement sa main vers les boucles blondes de son petit frère mais alors qu'il se réjouissait de pouvoir passer sa main dans ses cheveux, Zephyr fit un pas en arrière.

Son cœur se pinça mais Erwin ravala l'amertume qui le prenait. Il n'avait pas à être déçu : Zeph' avait fait d'énormes efforts toute la journée, il n'avait sans doute plus une once d'énergie et n'acceptait les contacts physiques qu'à de très rares occasions. Pourtant en voyant Hélios lui faire une grimace désolée et Zephyr le suivre naturellement, avec des mouvements comme manipulé par un marionnettiste, il se sentit désespéré. Fatigué et aussi, un peu vexé. C'était purement égoïste mais il aurait aimé que Zeph' lui réserve une de ses si rares prémices de sourire, un petit peu de son regard illuminé par les émotions et pensées, une petite preuve d'amour et de compréhension en le laissant le toucher. Il aurait aimé lire ses paroles dans ses yeux, imaginer une longue discussion et s'endormir ce soir le cœur léger.

La désillusion le fit tomber de haut. Cet éveil n'avait été qu'éphémère. Et sachant combien son petit frère avait dû être éprouvé aujourd'hui, Erwin devinait que ce n'était pas demain la veille que ça se reproduirait et que les jours à venir seraient difficiles.

Il traîna difficilement les pieds jusque la Salle Commune des Serpentard, abattu. L'ambiance de la pièce était apaisante. Les reflets verts du lac donnaient une impression de calme et de sérénité. Erwin appréciait les fauteuils et canapés émeraude et les tables basses. Certains ne les trouvaient pas pratiques pour travailler et préféraient s'asseoir autour des deux tables au fond de la pièce mais Erwin aimait ne pas se sentir comme assis à un bureau lorsqu'il faisait ses devoirs.

En arrivant enfin dans la Salle Commune, il s'affala dans son fauteuil préféré, à côté du canapé sur lequel Elijah prenait toujours place quand il révisait ou avait eu peur d'une araignée et en face du fauteuil que Julia abimait en prenant des positions étranges pour lire.

Il laissa sa tête tomber en arrière et ses yeux se fermer sur le plafond. Il savait que l'état éveillé de Zephyr ne serait pas éternel et ç'avait été son choix de le laisser avec Hélios pour l'occasion. Alors pourquoi se sentait-il si déçu de la réaction de son frère ? Il avait l'habitude et s'y était préparé. Erwin n'avait pas le droit de lui en vouloir ni d'en attendre de lui plus que de raison. Il n'avait qu'à s'en prendre à lui-même : il aurait dû savoir qu'il regretterait de ne pas avoir plus profité de Zephyr en cette occasion si rare.

D'ailleurs il n'avait pas à regretter ce choix. Il l'avait fait et ça lui paraissait toujours aussi normal. Ce qu'Erwin avait à changer : c'était cette sensation de déception. Il n'avait pas à ressentir cela.

Erwin remonta sa manche et recommença à gratter machinalement la plaque d'eczéma sur son bras. Plus il grattait, plus ça le démangeait et moins il pouvait s'arrêter. C'était désagréable et douloureux : la peau était déjà à vif depuis qu'il y avait touché une heure plus tôt.

Ce fut Elijah qui le rappela à l'ordre lorsqu'il le rejoint. Il claqua trois fois sa langue contre son palais, très agacé, et s'assit sur sa place de canapé.

- Arrête de t'acharner sur ton avant-bras, Erwin Walter Louis O'Sullivan, le réprimanda Julia en s'asseyant en face.

- McIntosh ! s'exclama Elijah, exaspéré. Ce n'est pas ton rôle de lui parler de ça ! Laisse-moi avoir mon rôle et occupe-toi du tien !

- Je suis aussi son amie, j'ai le droit de m'inquiéter pour lui ! Tu n'as pas de « rôle », Croupton.

- En l'occurrence, si, intervint Erwin d'une voix sans appel. Tu sais très bien qu'il se ravit de m'interdire de me gratter et que ça me convient, Julia. Cependant, Eli', ce n'est pas une espèce d'exclusivité personnelle qui t'est réservée.

La dispute l'avait réveillé de cette espèce d'état amorphe dans lequel son au revoir à Zephyr l'avait plongé. Il retrouvait peu à peu un rythme de pensées normal et toute sa lucidité. C'était agréable de ne plus se perdre dans ses réflexions.

Même si Elijah et Julia s'entendaient comme Salazar et Godric, ils avaient tous les trois pour habitude de rester un peu le soir dans la Salle Commune. Ils s'occupaient chacun de leur côté puis Erwin proposait une partie d'échecs à Eli', qui refusait en premier lieu mais acceptait quand il trouvait avoir suffisamment travaillé.

Erwin fut heureux de les voir avoir cette routine ce soir, sans trop savoir pourquoi. Elijah, ses lunettes sur le nez tâché de tâches de rousseur et une main dans ses courtes boucles brunes, relisait des parchemins qu'il avait bien aplati sur la table basse. Il passait le bout de la plume qu'il avait à la main sur ses lèvres, en proie à une grande concentration.

Julia, elle, lisait. Elle s'était mise en travers du fauteuil, le dos contre un accoudoir et les pieds appuyés sur l'autre. Son livre était posé sur ses jambes et en même temps que ses yeux suivaient intensément les phrases, la baguette entre les dents, elle maniait ses raides cheveux noirs pour les attacher en un chignon lâche. Puis, elle retira sa baguette de sa bouche et la plaça ingénieusement pour faire tenir la coiffure avant de récupérer son livre et de continuer sa lecture, comme si de rien n'était. Erwin avait toujours trouvé que cette coiffure s'accordait très bien avec son visage tout en finesse et son nez en trompette.

Ce ne fut pas un de ses soirs qui traînaient en longueur et où Erwin savait qu'il regretterait de s'être couché tard. Elijah et lui ne tardèrent pas à rejoindre leurs dortoirs. Ils n'étaient que trois garçons de leur promotion à avoir été réparti à Serpentard et - à leur plus grand déplaisir - Eli' et Erwin partageaient leur chambre avec l'autre garçon : Romeo Holland.

Il n'était pas méchant mais sa tête n'était jamais revenue à Erwin. De plus, il était préfet et son crapaud - appelé Merlin - avait un don pour mettre le bazar dans le dortoir en se faisant poursuivre par Bidule, le chat d'Elijah. Et si ce n'était pas suffisant, Romeo ronflait.

- Oh, Elijah et Erwin ! s'exclama-t-il quand ils rentrèrent. Vous venez déjà vous coucher ?

- Non, on vient te séquestrer, fit Erwin, las.

Romeo eut un rire gêné et, ne savant plus où se mettre, s'empressa de s'enfermer dans la salle d'eau alors qu'Elijah s'esclaffait. Erwin eut un sourire satisfait. Peu de personnes ne comprenaient son sarcasme et prenaient souvent ses remarques au premier degré. C'était parce qu'Eli' avait toujours compris la subtilité de la chose qu'Erwin l'avait accepté en tant qu'ami. Gêner ceux qui ignoraient tout l'art de l'ironie - dont Romeo faisait partie - était une activité des plus plaisantes.

Erwin attrapa sa valise et en sortit son violon. Il le posa sur son lit et vérifia que rien ne lui était arrivé durant le voyage.

- On se joue un petit quelque chose ? proposa Eli'.

Erwin se retourna vers lui et le vit, accoudé à un piano droit. Depuis qu'il savait qu'Erwin jouait du violon, Elijah rétrécissait son instrument dans ses bagages et lui rendait sa taille réelle une fois à l'école. Ça leur permettait de jouer ensemble le soir, après les cours, et Erwin avouait beaucoup apprécier ces moments de complicité.

- Non, merci, Eli'. Pas ce soir, je suis trop fatigué. Mais si tu veux, joue un morceau avant qu'on aille se coucher. Ce serait agréable.

Elijah ne se fit pas prier et s'installa devant son piano. La mélodie était douce, tout-à-fait appropriée pour ce moment de la journée.

En se jetant dans son lit, Erwin poussa un profond soupir. Cette journée n'avait pas été si mauvaise après tout.

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