|CHAPITRE 21| Gellert Grindelwald

Sorbet citron !

Hello ! Comment allez-vous ? Vous avez passé un bon Noël pour ceux qui le fêtent ? Vous avez eu quoi ? Moi, ça va même si là j'ai super froid depuis tout-à-l'heure, je comprends pas pourquoi. 

Bon, c'est l'avant-dernier chapitre. Ca me fait bizarre mais il faut bien que j'avance un peu. Sinon, passez un bon nouvel An ! Et à samedi prochain ! 

Bonne lecture ^^

***


|CHAPITRE 21| Gellert Grindelwald


Août suivait son cours et l'ennui d'Erwin était palpable tout autour de lui.

Il n'avait aucune nouvelles du CRAMM, que ce soit celui de Canberra ou celui de Varsovie. L'impatience montait et la pression de ses proches ne faisait que s'alourdir au fur et à mesure que les vacances approchaient de leur fin.

Il n'avait non plus aucune nouvelle d'Albus. Il n'avait jamais répondu à sa lettre suite au décès de sa mère et n'avait pas non plus entendu la moindre nouvelle par n'importe qui d'autre. Il devait admettre que leurs moments lui manquait. Mais il ne faisait rien de plus que se languir, considérant qu'Albus avait sans doute besoin d'être seul suite à cette perte. En plus, de ce qu'il avait compris, il avait dû prendre les rênes de sa famille. Ce devait être un sacré travail d'adaptation.

Heureusement, l'été 1899 fut un bel été. L'Irlande était connue pour sa météo instable mais elle leur faisait profiter de chauds rayons de soleil cette année-là. Zephyr en avait même laissé tomber son pull – certes sans manches mais en laine – qu'il appréciait tant. Ses cheveux avaient poussé ces derniers mois et ses boucles blondes lui arrivaient désormais en haut du dos. Erwin les coiffait chaque matin, avec des gestes doux pour ne tirer aucun nœud et ne pas faire mal à son frère (c'était déjà assez remarquable qu'il se laisse faire).

S'ennuyant toujours plus, Erwin n'avait rien d'autre à faire qu'observer son entourage. Zephyr avait des cheveux plus longs mais avait aussi grandi de plusieurs centimètres. Peu à peu, l'allure d'enfant qui lui collait à la peau s'en allait. Il paraissait toujours plus jeune que son âge et avait encore un visage fin mais Erwin était déjà nostalgique de cette époque. De nouvelles inquiétudes le taraudaient mais il essayait de les faire taire. Il ne pouvait pas replonger dans une boucle infernale de peur et d'angoisses.

Hélios passait chez eux plusieurs fois par semaine. Il venait voir Zephyr, discuter avec lui, profiter du jardin, chasser les insectes.

Julia et Elijah venaient aussi. Elijah car il ne supportait l'atmosphère lourde qui régnait chez lui, Julia car elle n'en pouvait plus d'être confinée dans un Édimbourg pluvieux.

- Tu m'as l'air de passablement t'ennuyer, lui fit remarquer Julia un après-midi avant qu'Elijah n'arrive.

- C'est le cas. Ma vie n'est qu'attente, ces dernières semaines. Mais je ne m'en plains pas, au moins cette année, Zephyr supporte l'été et n'est pas aussi apathique que d'habitude au quotidien donc j'arrive à m'occuper sans avoir l'impression de parler à un mur.

- Tu sais, je me suis beaucoup demandé comment tu faisais, pendant un temps. Tu lui faisais la conversation sans cesse, parfois pendant des heures, sans qu'il ne bouge le moindre cil ou petit doigt... ça paraissait très frustrant.

- Je ne dis pas que ça ne l'était pas mais on a toujours été fusionnel et en règle général il arrive à me faire comprendre des choses à travers le regard. Mais le fait que tu sois fille unique ne t'aide pas à comprendre. Tiens, la prochaine fois qu'Elijah parle mal de Willow, regarde ses yeux. Tu verras qu'il a beau s'en plaindre, il est vachement fier de lui.

- Erwin, je ne pense pas qu'on parle de relation entre frères que je ne suis pas capable de comprendre ici. Je pense juste que tu as un peu trop développé ton sens de compréhension du langage corporel.

- Quoi ? se moqua-t-il, goguenard. Ca te ferait peur, peut-être ?

- Ne connaîtrais-tu donc pas le principe d'intimité, Monsieur-Erwin-j'aime-me-regarder-dans-la-glace ? Imagine dire quelque chose et quelqu'un t'analyse dans tes moindres faits et gestes et arrive à en tirer une conclusion relativement correcte. Ca ne t'inquièterait pas un petit peu, toi ?

- Disons que maintenant que je sais qu'Orkan a trituré mes pensées dans tous les sens, non pas vraiment. Mais je comprends ce que tu veux dire. Et puis, c'est normal, t'as peur que je dise à Eli' à quel point t'apprécies sa compagnie maintenant que vous avez arrêté de vous crêper le chignon à tout bout de champ. Si ça peut te rassurer, Elijah ressent pareil à ton propos, surtout depuis qu'il m'a remis les points sur les i à propos de Zeph'.

Ravi, il vit le teint de Julia virer au cramoisi. Il évita de justesse son propre oreiller utilisé comme projectile de fortune, rieur. Il riait tellement fort qu'il n'entendit pas Elijah arriver.

- Ouh là... Tu lui as fais avaler quoi, McIntosh ? Hier, il déprimait en gribouillant des feuilles et là il se roule par terre dans sa propre chambre !

- Tu vas pas t'y mettre aussi, Croupton ! menaça Julia.

Riant de plus belle, Erwin n'avait même pas besoin de le voir pour savoir qu'Elijah devait aborder son plus beau visage de l'incompréhension.

Les journées passaient tout de même bien plus vite quand il arrêtait de penser à ses lettres sans réponse.

L'entrain d'Elijah étant communicatif, Erwin attrapa son vieux violon tandis qu'Eli' s'installait au piano du salon. Puis, quand une mélodie lui traversait l'esprit, Erwin attrapait son archet et frottait les cordes en chœur avec l'accompagnement d'Elijah.

Il savourait ces sensations comme si c'était la dernière fois. Il n'avait pas pu jouer pendant tant de temps que la moindre note lui procurait un plaisir sans précédent.

Entendre les cordes résonner dans tout son corps lui avait manqué. La douleur au bout des doigts, les crampes dans le bras, la douleur dans la nuque, ça lui avait manqué. Le son clair et doux de son instrument paraissait traverser ses oreilles sans la moindre difficulté, malgré sa perte d'audition. Ses sens en étaient décuplés, il sentait encore plus qu'à l'habitude la moindre vibration.

La joie remplissait son corps et il se sentit exploser quand vint son solo. Il était seul avec sa musique, en cet instant. Dans le noir, les sons étaient altérés par ses oreilles abîmées mais les ondes n'en étaient que plus belles, il le savait. Il le sentait.

Trop vite, il abandonna cet état d'extase pour laisser Elijah briller à son tour. Plus attentif à ce qu'il se passait autour de lui, Erwin se fit une énième fois la réflexion que Elijah avait des doigts en or et une maîtrise de sa musique impeccable. Soufflé, il fit de son mieux pour accompagner ses notes, appuyer sa mélodie. Puis, soudain une plénitude grandissante l'envahit et il profita de l'harmonie que formaient leur musique réunie.

Il n'avait pas envie que ça s'arrête. Il voulait que ça dure des heures, des jours, une vie, échapper de la réalité ne serait-ce qu'encore quelques secondes.

Quand le son ne se fit plus entendre, un drôle de silence régnait dans le salon. Puis des applaudissements de Julia, Hélios et leur mère éclatèrent. Même Zephyr semblait prêt à l'acclamer.

***

Il faisait une chaleur étouffante sur le Chemin de Traverse. Le soleil de plomb leur brûlait la peau. Marchant à l'ombre dans la foule, Erwin guidait Hélios et Zephyr dans leurs achats pour la rentrée qui approchait.

- Heureusement que vous avez vos baguettes depuis trois ans parce que j'aurais pas aimé aller faire la queue chez Ollivander aujourd'hui, commenta Erwin, effrayé par le monde qui se pressait devant la boutique du vendeur de baguettes.

- On doit aller acheter des ingrédients pour les potions !

Contrairement à ce qu'il avait pu penser, Erwin appréciait accompagner son frère faire les achats. Ces dernières années, il y était allé seul, Zephyr ne voulant pas traverser une telle foule. Mais cette année, il avait souhaité venir, sans doute car il devinait qu'Erwin ne serait plus avec lui à Poudlard. Il le lui avait beaucoup répété mais il n'était jamais sûr d'à quel point Zephyr comprenait l'ampleur de ce que cela voulait dire.

Une plaque d'eczéma le gratta dans le cou et il maudit la chaleur et la moiteur ambiantes qui ne faisaient qu'empirer ses démangeaisons.

Hélios Fawley était ravi de faire ses courses de rentrée avec son meilleur ami. Il sautillait partout, manquant de renverser la moitié des bocaux du botaniste. Erwin en profitait pour lui donner des conseils pour l'année qui arrivait. Il avait été convoqué chez le directeur à la fin de l'année pour en parler : ce serait Hélios qui prendrait la responsabilité de Zephyr. Pour les sorties à Pré-au-lard, en particulier. Erwin ne se faisait pas trop de souci, Hélios tenait beaucoup à son ami. Et Zephyr grandissait, lui aussi.

Il en profita aussi pour glisser l'idée qu'il ne viendrait pas aider pour les courses de rentrée de l'année prochaine. S'il pouvait se libérer un après-midi dans ses futures vacances d'été avec un an d'avance, il ne disait pas non.

La fraîcheur de la librairie les convainquit de rester quelques minutes supplémentaires. Au détour d'un rayon, Erwin perçut une discussion entre deux femmes tenant un journal.

- Pauvre famille... les Dumbledore sont tombés bien bas. Le père est un criminel, la mère est décédée, suivie d'une fille dont personne n'avait entendu parler. Et en plus de ça, les deux seuls héritiers restants se battent au-dessus de son cercueil... Quelle dépravation !

- On sait pourquoi ils se sont battus ?

- Oh, tu sais, le deuil, l'héritage, la culpabilité, tout peut être un motif valable dans une telle situation !

Erwin sentit son coeur tomber dans sa poitrine. La petite sœur d'Albus était morte, elle aussi ? Il s'était battu avec son frère ?

Pris d'un sentiment de tristesse et d'angoisse pour celui à qui il avait tout confié, il se précipita auprès d'Hélios et Zephyr.

- Fawley, tu termines les achats avec Zeph', je dois y aller. On se revoit chez moi tout-à-l'heure. Zephyr, tu es bien sage, d'accord ? On se voit plus tard, à ce soir, p'tit frère.

Il courut en-dehors de la boutique et transplana vers Godric's Hollow en remerciant sa mémoire de lui rappeler une conversation qu'ils avaient eu en début d'année.

Le village était situé en bord de mer, la chaleur y était beaucoup plus soutenable. Se calmant légèrement, il avait conscience d'avoir sans doute surréagi. Mais maintenant qu'il était là, il était hors de question qu'il fasse demi-tour.

Il parcourut les rues les unes après les autres, lisant les noms sur les portes et boîtes aux lettres à la va-vite. Il ne voyait même pas le joli paysage qui s'offrait à lui, tiraillé entre l'empathie qui lui retournait le ventre et l'espoir de pouvoir enfin revoir Albus.

Il tourna à droite, puis à gauche, puis à droite encore. Il se retrouva en plein centre-ville. Il tourna à gauche et vit au loin le cimetière. Il tourna à droite et se retrouva dans une rue bien plus calme par rapport à l'effervescence qui régnait dans le bourg.

Moins rapide, il prêta plus attention à la ruelle. Avec surprise, il lut le nom de « Potter » sur une des maisons. Ce petit casse-pied de cinquième année vivait donc ici, lui aussi.

« Dumbledore ».

Le nom était presque effacé de la porte de la maison. Comme si quelqu'un avait voulu vandaliser le nom de famille désormais tombé bien bas.

Erwin s'approcha de la porte, peu sûr de lui.

Il toqua une fois, puis deux.

Même la porte était branlante. Cependant, il entendait des voix et pas à l'intérieur.

Prenant de l'assurance, il continua à toquer puis se mit à appeler.

- Albus ! C'est moi, Erwin ! Albus, ouvre-moi, faut qu'on parle ! Je sais que tu es là ! Tu ne m'as pas répondu, je comprends, mais là, c'est pas pareil. Albus, s'il-te-plaît ! J'ai appris pour Ariana, je suis là pour toi ! Albus !

Un bruit de buisson le fit se retourner.

Erwin ne vit d'abord rien puis soudain il le remarqua. Un jeun homme blond venait de se lever de sa cachette. Ses yeux clairs transmettaient tout ce qu'il y avait de plus malveillant chez un homme.

Gellert Grindelwald.

Erwin ne savait comment il devinait cela mais son intuition lui soufflait qu'il avait raison. Son coeur s'accéléra. Quelque chose clochait, il lui manquait un élément. Il vit les lèvres de l'homme bouger en même temps qu'il entendit la porte s'ouvrir et la voix d'Albus prononcer son nom.

Un sort vert, puissant, lumineux fut propulsé vers lui. Dangereux.

Par réflexe, Erwin se prépara à transplaner. La dernière chose qu'il vit furent les yeux bleu électrique d'Albus qui le regardèrent partir avec désespoir.

***

Depuis qu'Erwin était parti précipitamment pour il ne savait trop quelle raison, les choses s'étaient plutôt bien passées. Hélios était fier de lui. Zephyr était particulièrement ouvert aujourd'hui.

Ils traînèrent un moment dans la librairie, en quête de fraîcheur. Zephyr était assis dans le coin lecture, un livre sur les insectes à la main. Hélios se posa à côté de lui, se préparant à lui annoncer qu'ils devaient rentrer.

Soudain, le regard de Zephyr changea. Les yeux écarquillés, la panique émanait de tout son corps. Il lâcha le grimoire et ses bras vinrent se croiser et serrer l'un l'autre très fort. Si fort que les phalanges de Zephyr blanchirent. Sa bouche était crispée, sa respiration saccadée. Des larmes emplissaient ses yeux.

Hélios s'accroupit face à lui, essayant de comprendre.

- Zephyr ? Zeph' ? Qu'est-ce qui ne va pas ? Tu as trop chaud ? Il y a trop de monde ? Tu veux partir ? C'est ce que j'allais te proposer. Tu viens ? Je suis là, Zephyr, tu n'as pas à avoir peur.

Ce n'était pas vraiment de la peur, Hélios le voyait bien. Mais il y avait un élément qui lui échappait. Si c'était le départ d'Erwin qui le préoccupait, il aurait été mal depuis ledit départ. Mais son état était si soudain... il ne comprenait pas.

Plus les secondes passaient, plus Zephyr semblait paniqué. Les larmes coulaient silencieusement sur ses joues. Puis, le prenant par surprise, il attrapa sa main, la serra du plus fort qu'il pouvait, tout en le regardant droit dans les yeux.

Il y avait définitivement quelque chose qui n'allait pas, selon Hélios. Jamais Zephyr ne l'avait touché, jamais il ne l'avait regardé aussi longtemps dans les yeux, jamais il n'avait même pleuré.

- Zephyr ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Montre-moi, explique moi.

Son visage était tellement crispé qu'il paraissait lui faire mal. Ses lèvres tremblaient et ses yeux clignaient très vite.

Hélios se rapprocha un peu plus de lui, profitant de toujours lui tenir la main.

- Zephyr, je suis là. Tout va bien. Tu n'as pas à avoir peur, personne ne te fera de mal, tu te rappelles ? Orkan, tout ça, c'est fini.

Sa bouche tremblait, mais cela paraissait volontaire. Hélios essayait d'analyser ce que ses yeux lui transmettaient sans le comprendre. Il se maudit de ne pas avoir pensé d'avoir demandé à Erwin d'essayer de lui expliquer comment il faisait et se promit de lui demander dès qu'ils se reverraient au soir.

Puis soudain, un son étrange le sortit de ses réflexions et il reporta son attention sur Zephyr. Une sorte de bruit à mi-chemin entre le raclement de gorge et le gargarisme sortit de sa bouche, puis ses lèvres tremblèrent plus que jamais.

- Erwin...

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