|CHAPITRE 2| Il n'aimait pas grand-chose
Sorbet citron !
Hellooo ! Comment ça va ? Ici, un peu enrhumée avec le froid qui est arrivé mais bon, pour l'instant j'ai toujours ma voix donc je prie pour que ça reste comme ça.
Sinon le chapitre est un peu long mais ne dépasse pas non plus ce que je vous avait prédit dans les avant-propos : il est dans les 5000 mots (et les chapitres font tous entre 3000 et 5000 normalement). Vous allez y découvrir Erwin, Zephyr, Elijah et Julia. Certains noms de famille devraient d'ailleurs rappeler des souvenirs aux lecteurs de LVDNS ;). Et peut-être qu'un jour je pourrais vous montrer à quoi ressemblent mes personnages, quand mon frère et moi nous serons mis d'accord et auront avancé sur le projet (c'est long à expliquer, je vous raconterais ça quand ce sera plus concret).
Bonne lecture ^^
P.S. pas de note de Marie cette semaine, elle a lu le chapitre y a un moment et n'a pas eu le temps de faire la note :)
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Note des bêtas :
Heyyyyy ! Ici Camille, bienvenue lecteurs de LVT ! Aloooooors. Aujourd'hui un long chapitre de rentrée (de Noël. Parce que oui, une histoire HP ne doit pas FORCÉMENT commencer à la rentrée de Septembre !) très agréable à lire qui dévoile encore un peu plus de la relation Erwin/Zephyr que je trouve incroyablement bien travaillé, ses bons points comme ses défauts. C'est du Lina de haut niveau, comme toujours. Bonne lecture à tous, et commentez ! Harcelez ma ptite Lin de notification ! Ça lui fera plaisir.
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|CHAPITRE 2| Il n'aimait pas grand-chose
Erwin détestait les retours de vacances.
C'était la veille du retour à Poudlard et c'était toujours signe de stress. Il y avait chaque fois quelque chose qui n'allait pas et Erwin n'aimait pas quand tout ne se passait pas comme il l'avait prévu. Il pensait toujours dix fois, vingt fois, à tout, tout le temps.
Les retours à l'école faisaient partie de ces rares moments où sa maîtrise dérapait à chaque fois depuis que Zephyr était entré à Poudlard.
Non pas qu'il ait peur d'oublier ses affaires, son violon - même si ça l'embêterait - ou d'avoir du retard dans ce que lui avait à faire. Non, tout ce qu'il craignait était inévitablement en rapport avec Zephyr. Il ne voulait pas oublier de lui mettre dans sa valise une chaussette ou une chemise, de lui faire son lit, de le rassurer avant de partir, de lui rappeler qu'au lendemain soir ils seront obligés de manger en même temps que tous les autres élèves car le Directeur avait l'habitude de parler à chaque fin de vacances - c'étaient d'ailleurs là les seuls moments où il prenait la parole.
Lorsqu'il eut à peu près fini de ranger leurs vêtements et autres affaires scolaires dans leurs valises, il s'autorisa une pause. Il descendit et, dans le salon, trouva ses parents plongé chacun dans leur lecture, le journal pour son père et un recueil de poésie moldue pour sa mère.
Il s'affala dans son fauteuil préféré avec un gros soupir très peu raffiné. Son père fit claquer sa langue contre son palais pour lui rappeler de faire attention à sa tenue mais Erwin n'en tint compte. Après tout, ce n'était pas lui qui avait la tête pleine de choses à penser depuis deux heures.
- Hinpy ! appela Erwin avant de bailler comme s'il était l'homme le plus fatigué sur Terre.
L'elfe de maison arriva sur le champ, habillé de son habituel tissu blanc. Erwin vit avec satisfaction qu'au moins, il avait été écouté et les choses qui servaient d'habits aux elfes étaient lavés.
- Hinpy peux faire quelque chose pour vous, Maître Erwin ?
- Je voudrais bien un thé à la menthe, s'il te plaît. Et je suis heureux de voir que ce que tu portes est tout blanc. Un elfe de bonne famille se doit lui aussi d'être de bien se montrer, quoiqu'en dise certains. Tu pourras le répéter à Norpey ?
- Un elfe doit se faire le plus discret possible, Maître Erwin. Que son torchon soit sans tâche ou non l'importe peu, un elfe n'est pas fait pour être vu.
Erwin fronça les sourcils. C'étaient les elfes qui faisaient presque tout dans les grandes familles de sorcier, ça lui avait toujours paru étrange qu'ils se cachent.
- Fais comme tu le sens, Hinpy. Mais ne vous obligez pas à être effacés, toi et Norpey. Et quoique vous préférez, gardez vos tissus propres, ça montre que vous êtes bien traités. Tu passes le message à Norpey ?
- Bien, Maître Erwin, Hinpy lui dira et vous apporte votre thé immédiatement, Maître.
L'instant d'après, l'elfe de maison avait disparu et Erwin s'autorisa à souffler une nouvelle fois. Les O'Sullivan avaient deux elfes de maison mais ils étaient loin de s'occuper de toutes les tâches ménagères ou ingrates. Erwin savait que sa mère les aidait souvent dans leur travail.
- Tu ne devrais pas leur donner d'ordre sans me consulter, Erwin, fit son père derrière son journal.
- Je ne peux pas demander un thé ?
- Je ne parle pas de ça. Tu n'as pas l'autorisation de leur ordonner quelque chose en rapport avec leur travail sans mon avis. Ce n'est pas parce que tu es majeur et que pour eux, tu as le même niveau hiérarchique que moi désormais que de mon côté je t'estime assez responsable pour cela.
Hinpy revint, l'empêchant à son plus grand plaisir de répondre. Elle lui servit son thé, infusé comme il l'adorait avant de disparaître. Walter O'Sullivan continua :
- Cette histoire de torchon propre, c'est ridicule. L'elfe te l'a dit : ils n'ont pas à se montrer. Arranger leur tenue est inutile. Ne leur donne plus ce genre d'ordre.
- Je ne trouve pas cela inutile. Il est appréciable de voir que les elfes sont propres sur eux lorsqu'ils vous servent. Vous finirez par le comprendre quand vous verrez les guenilles que portent les elfes des Nott.
- Les Nott sont une famille très respectable, Erwin, asséna son père d'un ton sec. On ne juge pas une famille sur sa façon de traiter les elfes. Saches qu'ici, c'est nous qui paraîtrions étranges et cela parce que tu ordonnes aux elfes de laver leur torchon.
Erwin lui aurait bien répondu qu'il ne leur avait pas ordonné mais demandé mais Walter ne ferait pas la différence. Il était inutile de continuer ce type de conversation lorsqu'on savait qu'elle ne mènerait à rien et que l'autre aurait toujours le dernier mot.
Erwin sirota son thé, un œil sur sa mère. Helen O'Sullivan n'avait pas prononcé un mot, pas donné une seule fois son avis. Pourtant, c'était elle qui côtoyait le plus les elfes, elle devrait avoir un avis à prononcer. Erwin supposa qu'elle devait être d'accord avec lui et apprécier travailler avec des elfes propres et que si elle ne disait rien, c'était pour ne pas contrarier son mari. Oui, ça devait être cela.
Ou alors elle était trop plongée dans sa poésie pour les entendre. Ce recueil était un très bon livre, Erwin l'avait déjà lu plusieurs fois. Il aimait beaucoup les vers qu'il contenait et en appréciait toutes les tournures de phrases. C'était de la belle poésie.
Un éclair traversa son esprit et il se rappela qu'il avait oublié de mettre ses devoirs dans sa valise. Il termina son thé d'une lampée, appela Hinpy pour lui rendre la tasse et allait se lever quand sa mère leva enfin le nez de sa lecture :
- Tu as mis le pull de Zephyr dans ses affaires ? Tu n'as rien oublié ?
- Oui, je l'ai mis, ne vous en faites pas. Cependant, j'allais justement terminer de faire nos bagages, il me reste quelques parchemins à emporter.
Helen lui sourit et retourna dans sa page. Il pensait être tranquille quand son père baissa à son tour son journal.
- Je ne comprends pas pourquoi tu fais tout ça pour ton frère. Tu devrais le laisser prendre un peu d'autonomie, il aura quatorze ans en juin.
- Je ne le fais pas uniquement pour lui, papa, soupira-t-il. Je le fais aussi pour moi.
Las de toujours répéter la même excuse bancale, Erwin crut s'être enfin débarrassé de ce moment et pouvoir enfin monter terminer ce qu'il avait à faire. C'était sans compter sur le fameux dernier mot que Walter O'Sullivan chérissait tant.
- Et arrête de soupirer à tout bout-de-champ. Tiens-toi bien, enfin !
S'il se retint de souffler comme un enfant capricieux, ce fut pour éviter de paraître insolent.
Il n'aimait vraiment pas ce genre de journée.
Pourtant, il y avait des petites satisfactions. Comme le fait de voir son bureau parfaitement rangé et n'avoir qu'à attraper ses devoirs et parchemins neufs à mettre dans sa valise sans à fouiller partout pour les retrouver comme Elijah devait être en train de le faire à l'heure qu'il était.
Il traversa le morceau de couloir qui le séparait de la chambre de Zephyr et fut surpris de voir que la porte était ouverte. Il rentra et découvrit la pièce dans le même état dans lequel il l'avait laissé : la valise au sol, grande ouverte et une pile soigneusement ordonnée des choses qu'il avait encore à ranger dedans.
Il fronça les sourcils quand Zephyr s'approcha de lui, du parchemin à la main. Erwin prit ce que son frère lui tendait et comprit dans son regard qu'il essayait de l'aider à ranger en lui donnant les quelques devoirs qu'il avait fait.
Erwin sentit un sourire étirer ses lèvres. Il regarda les parchemins et vit avec fierté qu'il y en avait plus qu'à l'accoutumée : Zephyr avait travaillé.
C'était une des choses qui différait des autres élèves pour son petit frère : il n'était jamais obligé de faire les devoirs qu'on lui demandait. Zephyr écrivait très mal et, surtout, mettait difficilement ses idées à plat. Dans les rares fois où il rendait quelque chose à ses professeurs, c'était d'autant plus rare que le travail soit de bonne qualité. Mais Erwin ne pouvait s'empêcher d'y voir un signe que son frère était conscient de sa vie et que, même s'il ne pouvait agir comme les autres, il s'y essayait.
- Tu as écris tout ça ? Bravo, c'est bien ! Tu veux que je regarde avec toi ce que tu as fait ?
Une moue qu'Erwin connaissait bien froissa son visage encore enfantin : il était trop fatigué.
- Comme tu voudras. En tout cas, saches que je suis fier de toi. Tu sais, peut-être que tu n'es pas comme les autres, que tu ne fais pas tous les devoirs écrits ou que tu as du mal à user de ta baguette. Mais ce que tu réussis, tu le fais merveilleusement bien.
Erwin ne savait pas trop s'il écoutait encore : il lui avait tourné le dos et regardait par la fenêtre. Il s'assit à côté de la valise et termina son rangement.
- Tu sais, ça va venir. Tu es quelqu'un d'instinctif, c'est normal que ta baguette t'apparaisses comme un poids en plus. Mais regarde le côté positif ! Ce que tu réussis avec elle, tu les fais drôlement bien et tu arrives à le contrôler quand tu ne l'as pas, ta baguette. Je trouve ça incroyable.
Erwin n'ajouta pas qu'il était impressionnant qu'il réussisse ses sorts sans jamais prononcer la formule - mutisme oblige - et ce depuis sa première année, ni qu'il ne connaissait personne d'autre que lui capable de faire de la magie plus habilement sans baguette qu'avec.
Erwin était sincèrement impressionné par les capacités de son frère et toujours autant persuadé qu'il n'avait rien à n'envier à personne. Certes, son parcours à Poudlard révélait plus de l'entraînement à la maîtrise de la magie que d'une réelle obtention de diplôme. Mais Erwin était sans doute la personne qui lisait le mieux en Zephyr et ce qu'il voyait dans son petit frère, c'était une personne adorable qui, malgré ses difficultés, comprenait toujours lorsqu'on lui expliquait les choses de la bonne manière.
Encore fallait-il connaître quelle était la bonne manière. Et jusqu'à ce jour, Erwin avait été la seule personne à se faire entièrement comprendre par le jeune garçon.
***
Erwin marmonna une insulte et s'enroula dans sa couverture pour profiter de ses dernières minutes de repos avant cette journée éprouvante.
Il n'aimait pas les fins de vacances et appréciait encore moins les rentrées.
Lorsqu'il ouvrit les yeux, il faisait déjà clair dans la chambre. Le soleil finissait de se lever. Erwin se fustigea. Il avait oublié qu'en hiver, les nuits étaient plus longues et qu'il ne pouvait pas compter sur la lumière pour le réveiller. Il allait être en retard dans son emploi du temps.
Il bailla et se frotta les yeux avant d'enfin s'étirer. Il devait être bien réveillé s'il voulait survivre à cette journée. Lorsque ses paupières consentirent enfin à s'ouvrir de plus d'un demi-centimètre, il se décida à bouger. Il poussa ses couvertures sans faire attention et le regretta immédiatement. Un frisson le parcourut et, transi de froid, il éternua deux fois avant de filer chercher un pull bien chaud. Si Eli' le voyait ainsi, Erwin savait qu'il lui répèterait une nouvelle fois que s'il se nourrissait mieux, il aurait plus de réserves et serait moins sensible aux changements de températures rapides.
Comme s'il pouvait quelque chose au fait qu'il était aussi fin qu'un ver de terre déshydraté.
Il enfila ses plus grosses chaussettes et sortit de sa chambre en baillant. Il entra dans celle de Zephyr et fut surpris de voir que son frère était déjà réveillé, assis sur son lit, les jambes dans le vide. Il le regardait, l'air de lui demander ce qu'il lui voulait.
- Ne me regarde pas avec ces yeux étonnés, on retourne à Poudlard aujourd'hui, expliqua-t-il d'une voix rauque. Puisque t'es déjà debout - et depuis plus longtemps que moi apparemment -, tu n'as aucune excuse pour traîner. Allez, descends, on va prendre le petit-déjeuner.
Zephyr prolongea sa moue quelques secondes de plus. Erwin savait ce que ça voulait dire : il voulait rester ainsi encore un peu, avec lui si c'était possible.
- Non, on ne peut pas, je suis désolé, p'tit frère. On est déjà en retard. Peut-être après manger, tu pourras te poser ici un petit quart d'heure avant de partir. Mais on verra ça après, d'accord ?
Cette fois-ci, Zephyr détourna le regard et se tourna vers la fenêtre. Il insistait. Et même si Erwin adorait le voir aussi éveillé et prompt à lui faire comprendre ce qu'il voulait - surtout dans une journée pareille où il serait beaucoup mis à contribution - ce n'était vraiment pas le moment de traîner.
- Bon, ça va, j'ai compris, abandonna-t-il. C'est bon, je te promets que tu pourras rester un temps dans ta chambre avant qu'on ne s'en aille. Tu préfères ?
La remarque eut le don de faire tourner le visage de Zephyr qui, encore une fois, plongea ses yeux dans ceux de son frère. Sa bouche se tordit légèrement. Erwin haussa les sourcils. Il était rare de voir Zephyr être aussi pugnace.
- Tu exagères, Zeph'. Tu sais très bien que je suis incapable de refuser. Merlin, qu'est-ce que tu me fais faire... Tu sais qu'aujourd'hui est une des pires journées de l'année, c'est une rentrée ! Certes, on est en pleine année scolaire mais c'est quand même une rentrée. C'est d'accord, je resterais avec toi pendant ton temps calme. Au moins dix minutes, c'est promis.
Aussitôt qu'Erwin eut fini de parler, Zephyr se leva de son lit et sortit de sa chambre, comme si cette discussion n'avait jamais eu lieu. Erwin soupira : il avait trop peu l'habitude de le voir aussi expressif et insistant pour lui refuser quoi que ce soit. Si ça venait à se reproduire plus souvent, Zeph' finirait par le mener par le bout du nez.
Ils s'installèrent à table et Norpey vint leur servir du porridge. Il remplit le bol de Zephyr et vint s'occuper du sien. Lorsqu'il eut terminé, plutôt que de partir immédiatement comme il l'aurait fait en temps normal, il regarda son Maître comme s'il cherchait quelque chose sur lui.
- Il y a un problème, Norpey ? commença à s'inquiéter Erwin.
- Non, Maître Erwin. Norpey voulait juste dire qu'il était surpris de la sollicitude du maître et qu'il était ravi de laver son torchon tous les jours.
L'elfe de maison disparut avant même qu'Erwin ne put répondre quelque chose, à sa plus grande surprise. Erwin décida d'oublier ce qu'il venait de se passer : après tout, Norpey était un elfe assez excentrique si on le comparait à ses congénères, il y avait longtemps qu'il avait arrêté d'essayer de le comprendre.
Helen O'Sullivan ne tarda pas à les rejoindre. Elle portait dans les bras un grimoire imposant. Ce n'était pas dans ses habitudes de se servir de tels volumes.
- Maman, à quoi va vous servir ce grimoire ? ne put-il s'empêcher de demander lorsqu'elle s'assit à leurs côtés pour ouvrir le livre.
- Il appartenait à ma grand-mère Isabella et est rempli de recettes anciennes. J'aimerais en essayer avec les elfes. Toi et Zephyr ne revenez qu'en avril, d'ici-là j'aurai le temps d'en apprendre quelques unes. Je vous cuisinerai cela lors des prochaines vacances.
Erwin s'abstint de répondre, se contentant d'opiner du chef pour signifier qu'il avait compris. Merlin, il n'était même pas encore de retour à Poudlard, ce n'était pas le moment de lui parler des prochaines vacances.
Lorsque les deux garçons furent préparés, Erwin se posa dans la chambre de son petit frère pour vérifier une dernière fois le contenu des valises pendant que Zephyr regardait par la fenêtre.
Il tomba sur les devoirs de son frère rangés la veille et ne put s'empêcher d'y jeter un œil. Plus qu'un vrai devoir organisé, il s'agissait plutôt d'ébauches de réflexions éparpillées écrites de la graphie brouillonne et maladroite de Zephyr. L'encre avait bavé. Erwin ne s'en formalisa pas : Zephyr était gaucher et ne maîtrisait pas bien la plume, l'encre bavait à chaque fois.
Cependant, il nota que Zephyr avait l'air de s'être vraiment concentré, sur le premier devoir en particulier. Les phrases s'articulaient parfois assez bien entre elles et faisaient tout-à-fait avec le sujet donné par le professeur. Erwin en avait presque l'impression de découvrir une nouvelle facette de son petit frère. C'était émouvant.
Il ferma les valises, satisfait. Zephyr détourna son attention de la fenêtre et s'assit sur son lit. Comme promis, Erwin le rejoignit. Le silence était agréable, il ne regrettait pas de s'être accordé ce moment de calme avant le départ.
Il fut bientôt l'heure de partir. Erwin fit descendre les valises par les elfes et se rendit devant la cheminée, paré au départ. Helen O'Sullivan était là, semblant attendre leur départ.
- Tu as décidé d'utiliser le réseau de cheminées ? s'étonna-t-elle. Tu préfères les moyens de transport moldus habituellement, non ?
- Je préfère mais c'est trop lent et on est pressés. La Cheminette est le transport sorcier que Zeph' supporte le mieux.
Un pli soucieux déforma la lèvre de sa mère. Erwin avait compris depuis bien longtemps qu'elle regrettait d'être ainsi éloignée de son fils cadet, d'être incapable de le comprendre comme il le faisait. Erwin prit une petite poignée de poudre de Cheminette et la lança dans l'âtre. Aussitôt, de grandes flammes vertes et tièdes apparurent.
- Prends soin de toi, Erwin. N'hésite pas à m'envoyer Cosmos si tu as besoin de quelque chose ou si tu t'es trouvé une future fiancée.
- Maman, je vous ai déjà donné mon avis là-dessus, la coupa-t-il en levant les yeux au ciel.
- C'est vrai, désolée. Et aussi, n'oublie pas que tes ASPICs approchent. Je sais que tes professeurs s'émerveillent de tes notes et te comblent de louanges alors que tu ne travailles pas mais si tu pouvais faire un effort... Pense à ton avenir si tu obtiens que des Optimal ! Quant à toi, Zephyr...
Erwin releva les yeux vers sa mère. Il était rare de la voir s'adresser directement à son deuxième fils. Seulement, son espoir s'affaiblit bien vite. En voyant que Zephyr ne la regardait pas, Helen se découragea :
- Erwin, tu pourrais dire à ton frère qu'il fasse de son mieux et que s'il ne réussis pas tout du premier coup, ce n'est pas aussi grave que le pense votre père ?
- Vous pourriez le lui dire vous-même, Maman. Vous savez, ce n'est pas parce que son regard ne croise pas le vôtre qu'il ne vous écoute pas et ne vous comprends pas. Je suis sûr que ça lui ferait très plaisir que vous vous adressiez à lui en personne.
Helen O'Sullivan détourna la tête. Erwin se retint de soupirer. Combien de temps faudrait-il au monde pour comprendre que son petit frère n'était pas une coquille vide ?
- Zeph' ?
Zephyr leva la tête du parquet pour regarder son frère. Erwin se mordit la lèvre : ça devait faire du mal à leur mère de voir qu'elle n'arrivait pas à attirer l'attention de Zephyr alors qu'Erwin n'avait aucun mal à lui parler.
- Maman te fait dire de faire de ton mieux à Poudlard et que si tu ne réussis pas tout du premier coup, ce n'est pas aussi grave que le pense Papa.
Un silence assez gênant s'installa après cette déclaration. Erwin détestait beaucoup de choses mais devoir faire le messager des autres pour son frère l'exaspérait au plus haut point. Il ne devrait pas avoir à faire ça.
Pour couper à cet instant, il rentra dans la cheminée. Les flammes vertes lui réchauffaient les pieds. Zephyr comprit ses intentions et rentra avec lui dans l'âtre : comme il ne parlait pas, Erwin lui prenait les épaules et donnait leur destination pour tous les deux. C'était ces rares instants où Zephyr le laissait le toucher.
- Je vous envoie vos bagages ! prévint Helen avant qu'ils ne partent.
Erwin opina du chef, attrapa doucement les épaules de Zephyr pour ne pas le surprendre et soupira légèrement avant de se racler la gorge.
- Le Chaudron Baveur ! annonça-t-il d'une voix claire.
Il resserra légèrement sa pression sur les épaules de son frère et ils partirent enfin. Les conduits de cheminée étaient agréablement tièdes et les couleurs chaudes apaisantes. C'était sans doute pour cela que Zephyr supportait bien la poudre de Cheminette.
Le Chaudron Baveur était vide en cette journée de retour de vacances. Cornélius, le barman, fut surpris de recevoir de la visite alors que l'heure du départ approchait.
- Les frères O'Sullivan ! Je ne m'attendais pas à vous voir ici aujourd'hui.
- Je viens chercher un peu d'Hibou Gourmand. Je n'en ai plus et si j'oublie, Cosmos m'en voudra pendant des mois, expliqua Erwin. Je ne serais pas venu s'il n'y avait pas cette priorité.
Cornélius partit dans sa réserve à la recherche des friandises pour volatiles. C'était un des avantages du Chaudron Baveur : il proposait un petit panel de nourriture pour animaux et en cas d'urgence, c'était très pratique.
Zephyr restait à côté de leurs valises, arrivées juste après eux grâce à leur mère. Erwin l'observa, essayant de déterminer l'état de son petit frère. Il espérait que la journée continuerait sous le bon hospice sous lequel elle avait commencé.
Cornélius revint, les friandises à la main. Erwin lui tendit les quelques Mornilles qu'il lui devait et repartit vers la cheminée. Il lança une poignée de poudre de Cheminette dans les flammes, rentra dans l'âtre avec Zephyr. D'une main, il tenait fermement l'épaule de son petit frère et de l'autre, sa valise.
- Quai neuf trois-quarts ! articula-t-il.
Et ils repartirent dans les conduits. Pour une fois, Erwin se sentait serein à l'idée de la journée de voyage qui s'annonçait. Si Zephyr était même capable de prendre l'initiative de tenir sa valise pendant qu'il prenait la Cheminette, alors tout se passerait bien. C'était ce genre de journée formidable qu'Erwin adorait, ces jours où il voudrait pouvoir passer chaque minute en compagnie de son petit frère et ne jamais oublier chaque contact qu'il avait eu avec lui.
Arrivés sur le quai, les deux garçons sortirent rapidement de l'âtre afin de laisser la place aux personnes qui pourraient arriver après eux. Erwin prit leurs deux valises et s'avança dans la foule trop dense à son goût.
Il se retournait toutes les dix secondes, vérifiant que Zephyr le suivait bien et restait sans cesse en alerte : les familles trop émotives avaient tendance à ne plus faire attention au monde qui les entourait.
Comme chaque fois, il cherchait la même personne. Il scrutait la fumée qui envahissait le quai, regardait partout dans l'espoir de trouver l'éclat de la chevelure blonde tirant sur le roux associée à l'écharpe bleue d'Hélios Fawley, camarade de dortoir et unique ami de Zephyr. C'était une des deux seules personnes en qui Erwin avait assez confiance pour lui laisser son frère.
Seulement, comme à son habitude, il allait certainement encore arriver à la dernière minute et Erwin devrait s'amuser à fouiller tout le train pour le trouver et lui confier Zephyr. Si ce garçon avait un défaut, c'était bien son manque de ponctualité.
Erwin commençait à s'impatienter lorsqu'il remarqua une silhouette qui ne lui était pas inconnue, vêtue d'une écharpe jaune et noire. Il ne lui fallu pas un siècle pour se décider : Zephyr était dans un bon jour, la seconde personne à qui il pouvait passer le relais ferait l'affaire. Il se faufila entre les groupes et se posta avec soulagement devant Finley Robbins.
Finley Robbins était un préfet de cinquième année, à Poufsouffle. Erwin avait noué un lien de confiance avec lui car il avait été la première personne qui lui était étrangère à être au courant des particularités de Zephyr. Lors de la rentrée en première année de son petit frère, persuadé qu'il serait envoyé à Poufsouffle, Erwin avait tout de suite cherché quelqu'un qui puisse prendre soin de lui dans sa maison. Il s'était adressé à ce garçon, en troisième année à cette époque, qu'il avait déjà remarqué pour sa gentillesse et sa droiture.
Finalement et à sa plus grande surprise, Zephyr avait été réparti à Serdaigle et quelqu'un s'était de lui-même désigné pour l'aider dans sa maison : Hélios Fawley, de la même année. Depuis, Robbins restait à l'écoute d'Erwin. La plupart du temps, tout du moins.
- O'Sullivan, soupira le Poufsouffle. Je peux faire quelque chose pour toi ?
- Est-ce que tu peux accompagner Zeph' pour chercher Fawley, s'il te plaît ?
Robbins fronça les sourcils et Erwin pria pour qu'il accepte. Après tout, il était préfet et avait beaucoup de tâches dans ce genre de journée. Peut-être allait-il refuser.
- Moi ? s'étonna le cinquième année. Ce n'est pas toi qui, d'habitude, refuse de lâcher Zephyr avant d'avoir vu Fawley de tes propres yeux ?
C'était vrai. Il n'avait jamais laissé Zeph' à un intermédiaire. Mais il y avait une première fois à tout et - il devait bien l'avouer - il était plus fatigué qu'il ne l'avait jamais été pour une rentrée.
- Zeph' est de bonne humeur, aujourd'hui. J'ai confiance en lui, j'ai confiance en toi, éluda-t-il. Mais si tu ne peux pas parce que tu as trop de responsabilités, je comprendrai.
Finley Robbins le regarda intensément, semblant essayer de décrypter ses paroles. Puis, il se tourna vers Zephyr comme s'il évaluait l'état de son camarade et souffla.
- Ça ira pour mes responsabilités, répondit-il finalement. Ce n'est pas tous les jours qu'il a l'air aussi éveillé, je comprends que tu acceptes de passer par moi. Monte dans le train, va retrouver tes amis et repose-toi pendant le trajet, je m'occupe d'emmener Zephyr à Fawley.
Erwin le remercia et s'étonna d'être plus soulagé qu'inquiet de cette perspective. Il tendit la valise de Zephyr à Robbins et - pour la première fois depuis trois ans - monta dans le Poudlard Express sans s'inquiéter de si Fawley y était ou non.
Il se serait bien posé dans le premier compartiment vide mais il savait d'expérience qu'il était attendu dans un autre. Il rejoignit leur compartiment habituel et se laissa guider par les éclats de voix. Décidément, en trois semaines, ça ne lui avait pas manqué.
- J'étais là avant toi ! Trouve-toi un autre compartiment !
- Il n'en est pas question ! J'ai autant le droit que toi d'être dans le compartiment d'Erwin !
Erwin leva les yeux au ciel. Lorsqu'il était absent, il fallait toujours que ces deux-là se chamaillent. Pas une fois ils n'avaient été capables de rester calmes. Il en venait à se demander comment il avait pu les supporter aussi longtemps.
- Si vous continuez comme ça, je change de wagon, prévint-il en entrant.
- Oh, Erwin ! s'écria Eli'. Merlin, merci. Dis à McIntosh que ce n'est pas parce qu'elle était ici la première que je dois partir !
- Non ! clama Julia. Dis plutôt à Croupton qu'être ton ami depuis plus longtemps ne lui donne pas de passe-droits !
Erwin ignora leurs remarques, rangea sa valise et s'installa sur son siège préféré : à côté de la fenêtre, dans le sens inverse de la marche. Son petit effet fonctionna puisqu'au bout d'une bonne minute, la dispute se tut.
- Qu'est-ce que tu fais là, au fait ? s'étonna Julia. Tu n'es pas avec ton frangin ?
- Je l'ai laissé avec Robbins.
- Oh ! fit Eli'. Pourtant, habituellement, tu passes un quart du trajet avec lui, l'autre à regretter de nous avoir rejoints et la moitié restante à dormir. Tu changes d'emploi du temps, pour cette fois ?
- J'ai juste laissé la tâche de chercher Fawley à Robbins, je n'ai pas dit que j'allais subitement devenir une autre personne, Elijah.
Erwin n'eut pas besoin d'avoir fait divination pour savoir ce que n'allait pas tarder à rétorquer son ami.
- Combien de fois faut-il que je te répète de ne pas m'appeler comme ça, râla-t-il. "Eli'", c'est largement suffisant !
- Laisse tomber, Croupton, se moqua Julia. Monsieur-Erwin-j'aime-me-regarder-dans-la-glace n'a que faire de ce genre de demandes inutiles.
Erwin lui lança un regard noir avant de laisser tomber sa tête contre la vitre qui se mit à vibrer au départ du train. Ses yeux se fermèrent tout seul et il plongea dans une espèce de demi-sommeil, presque endormi mais encore à peu près conscient de ce qui l'entourait. C'était l'habitude : il ne pouvait dormir en journée au risque de ne pas être réveillé s'il y avait un problème avec Zephyr.
Il ne sut combien de temps il resta dans cette position légèrement inconfortable, à moitié endormi, à penser et en même temps oublier. Au moins, le compartiment était calme. Eli' et Julia ne se supportaient peut-être pas mais ils étaient respectueux et ses amis : Erwin savait qu'ils le laisseraient se reposer un petit peu.
Alors qu'il avait froid et que son cou commençait à le tirailler, le faisant hésiter à changer de position, il sentit un poids se poser lentement sur son corps et une main poser une sorte d'oreiller sous sa tête.
- Endors-toi, Erwin, chuchota la voix d'Elijah. Tu as l'air plus exténué que d'habitude, profites du trajet pour récupérer. McIntosh et moi, on a décidé de faire une trêve le temps de ton repos. En plus, elle a croisé Robbins dans le couloir. Zephyr est bien avec Fawley.
Il ne lui en fallut pas plus pour sombrer définitivement dans les bras de Morphée. Il remercia intérieurement Eli' et se promit de lui rendre la pareille plus tard. Jusqu'à cet instant, il ne s'était pas aperçu d'à quel point ces vacances l'avaient épuisé. Ce n'est que lorsque le soulagement était apparu à la mention de Zephyr qu'il avait consenti à accepter sa fatigue.
Le sommeil lui était tombé lourdement dessus, il n'avait pas aussi bien dormi depuis longtemps. Pas de rêve étrange ni de cauchemar et encore moins de réveil brutal avec l'impression qu'il est arrivé quelque chose à son frère, c'était pour le mieux.
Quand il émergea, son esprit encore tout embrumé de sa sieste, il eut du mal à se resituer dans le temps et l'espace. Lorsqu'il réussit à entrouvrir les paupières, Elijah travaillait. Ses lunettes rondes sur le nez et une main dans ses bouclettes brunes. Il était concentré. Julia, quant à elle, lisait. Elle avait détaché ses longs cheveux raides et noirs, sans doute pour le confort. C'était bien qu'ils ne soient pas en train de s'entretuer, pour une fois.
Il se redressa et remarqua qu'il était recouvert par son propre manteau et avait son écharpe vert et argent sous la tête. C'était donc ça qu'Eli' lui avait mis pour qu'il ait une position plus confortable. Un bâillement à s'en décrocher la mâchoire acheva de le réveiller et, enfin, les deux autres le remarquèrent.
- Ah, Erwin se décide enfin à sortir de sa sieste, sourit Julia. Je pensais que tu ronflais, je suis déçue.
- C'est Romeo Holland qui ronfle, répondit Elijah à sa place.
Quelque chose de chaud lui serrait le cou. Erwin y porta la main et y vit sa propre écharpe de Serpentard fermement nouée. À qui était celle qui lui soutenait la tête, alors ? Elijah sembla deviner ses pensées car il expliqua :
- Quand tu t'es endormie, tu continuais de frissonner. Alors, j'ai remplacé ton écharpe qui te servait d'oreiller par la mienne et ait noué la tienne pour que tu ne tombes pas malade. Ce n'était pas une mission facile ! Tu as la tête lourde quand tu roupilles, Wini'.
- M'appelle pas comme ça, Eli', s'il te plaît, grogna Erwin d'une voix rauque.
- Oh, mais c'est que la sieste a détruit tout son mordant, se moqua Eli'. On dirait que notre Wini' est devenu poli.
Erwin n'eut même pas la force de rétorquer. Ce repos l'avait rendu apathique et il n'avait pas l'énergie de faire ravaler son surnom à Elijah. Il n'avait pas réussi en sept ans d'acharnement, ce n'était pas dans cet état de larve qu'il réussirait quoi que ce soit.
- La ferme, Croupton, lança Julia. Il y en a qui lisent.
- Change de compartiment, si tu n'es pas contente !
- Vous ne pourriez pas faire durer votre trêve encore un petit peu ? supplia Erwin dans un soupir fatigué. S'il vous plaît, c'était agréable le calme.
Leurs deux paires d'yeux se tournèrent vers lui, sceptiques et l'air de le jauger. Il avait vraiment l'air si fatigué que ça ?
- Tu as utilisé deux fois « s'il te plaît » en moins de cinq minutes. Tu es sûr que tu vas bien ? fit mine de s'inquiéter Julia.
- Très bien, assura Erwin d'un ton un peu plus vif. Bon, le temps que vous ne signiez votre contrat de paix, je vais faire un tour. Eli', tu peux t'amuser à porter mon manteau pendant ce temps si tu veux.
- Oh, merci Erwin ! Par contre, prends ton écharpe. Je suis très sérieux, il est hors de question que tu attrapes ne serait-ce qu'un rhume.
- Wagon suivant, troisième compartiment ! l'informa Julia.
En sortant dans le couloir, Erwin sourit. Ils ne s'appréciaient pas l'un l'autre mais sans eux, sa vie serait bien plus monotone et grise. Puis, ils le connaissaient plus qu'il le pensait. Évidemment qu'ils avaient compris qu'il irait voir Zephyr.
Il desserra un peu son écharpe et sortit sa montre à gousset. Il s'était reposé quatre heures. C'était mieux que tout ce qu'il aurait pu espérer.
Il imagina Elijah défiler avec son manteau pourpre devant une Julia exaspérée. Depuis que ses parents lui avaient offert ce vêtement pour ses dix-sept ans, Erwin n'avait jamais vu Elijah lui quémander autant de le lui prêter. Puisqu'il l'aimait tant, il lui avait bien conseillé de s'acheter le même - les Croupton en avaient largement les moyens - mais Eli' avait décidé de se détacher de sa famille au point de rien acheter qui montrerait qu'il avait de l'argent.
Il arriva devant l'endroit que lui avait indiqué Julia, satisfait. Il observa son frère et Hélios Fawley avant de rentrer, heureux de voir qu'en effet, Zephyr avait l'air dans un très bon jour. Hélios parlait et Zeph' paraissait l'écouter. Il avait presque l'air intéressé.
Erwin renonça à rentrer. Fawley affichait un sourire large jusqu'aux oreilles, il était clairement ravi de voir son ami dans de si bonnes conditions. Ne sachant pas si arriver sans qu'il ne s'y attende perturberait son frère, Erwin préférait laisser les deux garçons seuls. C'était agréable de les sentir tous les deux heureux et détendus, presque comme des amis normaux.
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