|CHAPITRE 15| Mélodie mouvante
Sorbet citron !
Hello tout le monde ! Comment vous allez ? Votre début d'année (scolaire j'entends) se passe bien ? Moi je suis un peu malade depuis hier, c'est pas terrible. Et les cours ça va, même si j'ai du mal à me mettre au travail (la fac, c'est pas comme le lycée, malheureusement). Donc je flemmarde beaucoup (mais je travaille quand même, hein). De toute façon, je suis pas obligée. Pas de physique-chimie depuis le confinement, la reprise pique un peu (mais pour l'instant ça va).
Bref, on n'est pas là pour ça. Dans le dernier chapitre, Erwin retrouvait Zephyr et se disputait à la fin avec Elijah (et dans celui d'avant, c'était avec Albus) (il n'arrête pas en ce moment). J'ai fini d'écrire le 18 cette semaine donc je vous livre avec joie le 15 ! Comme la dernière fois, j'essaie d'écrire de sorte à finir le 19 d'ici deux semaines mais je ne vous promets rien, je suis désolée <3
A la prochaine et bonne lecture ^^
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P.S. Pas de bêta-lecture cette semaine non plus, Camille est en LAS (moi aussi d'ailleurs) et (contrairement à moi) elle travaille beaucoup (elle est plus consciencieuse, je suis à blâmer (mais grâce à ça, vous avez un chapitre tous les mois (je ne vous fais pas l'affront de dire toutes les deux semaines même si j'aimerais bien xD)))
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|CHAPITRE 15| Mélodie mouvante
Elijah était ensuite parti, sans un mot. Le pas digne et le dos droit, il avait laissé Erwin seul devant le lac. Comprenant son besoin de distance, Erwin avait alors attendu patiemment que Julia finisse sa séance de course avant qu'ils ne partent ensemble faire leurs devoirs à la bibliothèque.
Son nez avait fini par arrêter de saigner mais cela n'empêchait pas tout le monde de le regarder comme une bête sauvage. Julia lui avait dit que son nez était bien amoché et que du sang séché était resté collé sur son visage. Sans compter qu'il était plus décoiffé qu'il ne l'avait jamais été.
Mais Erwin était bien au-delà de tout cela pour une fois. Alors, même si le concierge lui avait enlevé des points pour mauvaise tenue, il n'avait toujours rien fait pour améliorer son apparence.
Le fait été qu'Elijah n'avait pas donné signe de vie depuis leur dispute. Il s'était enfermé dans le dortoir et n'en était pas ressorti. Conscient de sa culpabilité, Erwin avait décidé de ne pas rejoindre la chambre pour le moment. Et c'était ainsi qu'il se retrouva en milieu de soirée assis au beau milieu de la tour d'astronomie.
Seul.
Dumbledore n'était pas venu.
Les croûtes qui se formaient sur sa main lui rappelaient bien pourquoi. Il n'y avait pas qu'avec Elijah qu'il s'était disputé. Albus devait lui en vouloir, lui aussi.
Cependant, là où Erwin savait avoir eu tort avec Eli', il était persuadé d'avoir eu raison face à Dumbledore. Zephyr n'était pas malade.
Replié sur lui-même, tout son corps lui faisait mal. Elijah n'y était pas allé de main morte.
Perdu, il ne pouvait s'empêcher de rejouer les scènes. Tous paraissaient d'accord pour dire qu'il y avait un problème avec Zephyr. Ou plutôt dans sa manière d'être avec Zephyr. Lui ne voyait pas le problème, tout lui avait toujours paru normal et instinctif avec son petit frère. Il fallait qu'il prenne du recul. Il devait se forcer.
Les yeux hermétiquement fermés, il se concentrait pour essayer de se rappeler un moment où Zephyr se serait senti brusqué ou forcé par quelque chose qui serait de la faute d'Erwin.
Mais Erwin ne voyait toujours pas.
« Je l'ai à nouveau entendu cauchemarder. Je ne peux rien faire pour ça, il est persuadé d'être le mieux placé concernant Zephyr » avait dit Elijah le soir où Erwin avait surpris sa conversation avec Julia.
« Toutes tes décisions ou presque tournent autour de Zephyr, tu le maternes, le surprotège, lui fait tout [...] on se demandait si tu avais déjà pensé au fait que, peut-être, il ait des envies et besoins différents de ce que tu lui donnes » lui avait chuchoté Julia un soir en cours d'astronomie.
« Tu as toujours besoin de savoir où ton frère est, ce qu'il fait. Tu ne lui autorises presque rien, tu le brides. Et ça te bride toi avec ! Tu ne t'en rends pas compte mais tout ton monde tourne autour de Zephyr : toutes les décisions que tu prends, tous les choix que tu fais, tout absolument tout est toujours en rapport avec ton frère alors que – disons-le – il y a rarement besoin de le mettre dans la balance. Je pense que ça te pèse, même si tu ne l'admets pas, mais je suis sûr et certain que surtout, ça pèse à tout ton entourage ! » l'avait informé Albus l'autre soir.
« Pourquoi Julia et pas moi ? Pourquoi Zephyr et pas nous ? » lui avait enfin crié Elijah dans l'après-midi.
Erwin n'avait jamais compris jusqu'alors. Mais peut-être... Peut-être qu'il ne s'agissait pas uniquement du point de vue de Zephyr. Il était le premier à dire que Zeph' avait du mal à savoir ce qu'il voulait et préférait être guidé. Et si à cause de ça Erwin avait pris l'habitude de tout lui faire, au détriment des autres de lui-même ?
Aimait-il vraiment guider Zephyr dans tout ce qu'il faisait ? Le faisait-il par obligation ? Souffrait-il de cet engagement quotidien ?
Ca paraissait être en tout cas le cas des autres. Elijah en souffrait, il le lui avait bien fait comprendre. Albus pensait qu'Erwin faisait du mal à ceux qui l'entouraient en agissant ainsi et était allé jusqu'à dire qu'Erwin lui-même souffrait de cette situation. D'ailleurs, son absence ce soir ne prouvait-elle pas qu'en effet, Albus aussi avait ses limites à ce sujet ?
Quant à Julia, elle s'était juste prononcé sur le fait que cela pouvait museler Zephyr. Mais la conversation qu'il avait surpris entre elle et Elijah l'éclairait sur son réel avis : elle aussi devait souffrir.
La tête entre les mains, pleinement conscient de la présence de sa cicatrice au bord de sa lèvre, il avait envie qu'elle se rouvre. Au moins saurait-il pourquoi il avait mal. Au moins pourrait-il réécrire l'histoire.
Comment-il pu tout gâcher ainsi ? Comment avait-il pu soutenir avoir raison, tout ce temps ? Comment n'avait-il pas pu voir la réalité ? Comment avait-il pu être si aveugle ?
Certes, il ne voyait toujours pas si Zephyr était réellement entravé par son comportement surprotecteur. Mais comment pourrait-il s'en rendre compte s'il ne lâchait jamais la bride ? S'il ne lâchait jamais un peu de lest, comment pourrait-il être objectif ?
Maintenant qu'il y pensait, même l'infirmière lui avait dit d'arrêter de vouloir garder le contrôle ainsi.
L'enfer est pavé de bonnes intentions.
C'était donc ça que voulaient dire les moldus par là.
Il avait beau toujours avoir voulu le bien de Zephyr, le protéger, être là pour lui, ça n'avait fait que freiner son petit frère, souffrir Elijah et Julia, éloigner Albus et – surtout – même lui en avait pâti.
Frustré, Erwin ne comprenait pas comment il avait pu en arriver là. L'accident de son père, l'incident, tout l'avait inconsciemment mené à faire du mal aux autres. Sa vie avait tourné autour de Zephyr, effaçant le reste chaque fois que quelqu'un tentait de s'introduire dans leur bulle.
Pire ! Erwin avait même réussi à blesser Elijah une seconde fois ! Qu'il accorde plus de crédit aux conseils de Julia avait beaucoup de mal à Eli'. Et même s'il ne s'en était pas tout de suite aperçu, Erwin regrettait de lui avoir fait autant de mal. Il ne méritait pas son amitié.
Il sursauta en sentant quelqu'un s'asseoir à côté de lui. Il n'avait entendu personne arriver. Il fit taire la déception quand il vit qu'il s'agissait de Julia et non d'Albus.
- Croupton est fâché, l'informa-t-elle.
Erwin ne répondit pas. Il s'en doutait. Il l'aurait été aussi si on lui avait fait la même chose.
- Tu sais, Erwin, je ne suis pas énervée. Croupton ne voit pas les choses de la même façon mais tu le connais, il t'aime trop pour te radier complètement de sa vie.
- T'es pas énervée parce que je ne t'ai pas fait autant de mal qu'à lui. Si je t'avais ignorée chaque fois que tu me parlais, ça ferait bien longtemps que tu ne serais plus amie avec moi.
- Arrête d'être défaitiste et con comme ça. Puis ne te mens pas à toi-même : nous ignorer à longueur de journée, c'est déjà ce que tu fais. Et je ne parle pas que de Croupton ou moi, mais aussi de Dumbledore quand on est en cours. Et tous les autres encore, n'en parlons pas. Pourtant, tadam ! Et oui, je suis encore là. Mieux ! Je suis venue te voir, au risque que tu ne sois pas seul.
Erwin ne comprit pas ce qu'elle insinuait par là. Il laissa tomber et reprit la parole, grognant :
- Je pensais être la meilleure personne qui soit pour Zeph'. Il s'avère que c'était faux. Je pensais être un bon ami. C'était faux aussi. Je pensais être de bonne compagnie. Encore faux ! Je me plante sur tous les tableaux et je me retrouve bêtement à devoir tout remettre en question.
- Ca fait mal à ton égo, c'est ça ? Et ça te fait mal tout court parce que tu ne pensais faire que du bien aux gens ? Ecoute, on fait tous des erreurs et des faux-pas. C'est normal de heurter les gens, par moments. Le plus important c'est de s'en rendre compte, de l'accepter et de s'excuser en bonne et due forme. Je ne veux pas gonfler encore plus tes chevilles, mais tu me paraît être sur le bon chemin, là.
- Mmh, grommela Erwin. Si seulement ce n'était que ça ! Mais rien ne va, en fait. J'avais tout faux avec Zephyr, j'ai fais des différences entre toi et Elijah sans même m'en rendre compte... Puis ne parlons même pas d'Albus.
- C'est vrai que tu n'as pas toujours été très juste avec Croupton mais si tu t'en es aperçu, c'est ce qui compte.
Le silence retomba. Erwin avait l'impression que Julia ne faisait que répéter la même chose. Il ne se demandait pas pourquoi elle s'obstinait à lui répondre, c'était un des mystères de Julia. Ce qui l'embêtait cependant, c'était qu'elle n'attrape aucune de ses perches au sujet d'Albus. Il crevait d'envie d'en parler.
Il voulait évoquer ses mains, il voulait raconter comment il l'embrassait, comment il le comprenait, comment il se sentait bien dans ces moments-là. Il voulait parler de la dispute. Il ne savait pas comment confronter le Gryffondor à ce sujet et Julia pouvait peut-être l'aider. Elle avait bien réussi à supporter la présence d'Elijah, elle pouvait bien lui dire comment on règle ce genre de désaccord.
Mais quelque chose le bloquait. Quand Albus n'était pas à ses côtés, il ne pouvait s'empêcher de penser que c'était mal. Que quelque chose n'était pas normal. Depuis ce soir-là, il avait regardé partout et écouté les conversations : jamais deux garçons qui s'embrassaient semblaient exister ailleurs que les soirs dans la tour d'astronomie.
Son coeur lui hurlait pourtant chaque fois qu'il avait tort et qu'on ne pouvait éprouver de tels sentiments pour quelqu'un si cela n'était pas normal. Mais quelque part à l'intérieur de lui, quelqu'un se sentait étrange d'être ainsi.
Erwin jeta un œil à Julia, appuyée contre le mur, regardant les étoiles. La rumeur disait que tous les garçons avaient eu un jour envie de l'embrasser. Ce n'était pas le cas d'Erwin. Elle était très belle, il ne le niait pas. Mais il ne se voyait pas l'embrasser ou lui tenir la main. Tout comme Elijah, c'étaient ses amis. Mais Dumbledore était un cas à part. Sa main faisait palpiter son ventre, ses doigts tremblaient quand leurs peaux se touchaient. Son coeur battait la chamade quand ils s'embrassaient.
- Je me suis disputé avec Albus. Tu sais, quand je me suis éraflé la main contre le mur ?
- Oui, je me souviens.
- Tu vas me dire qu'il n'y a rien d'étonnant, mais c'était à propos de Zephyr.
Il ne voulait pas mentionner que Dumbledore l'avait qualifié de « malade ».
- Et ? questionna Julia. En effet, rien d'étonnant là-dedans.
- Et je regrette de m'être emporté alors qu'on aurait pu discuter calmement. Ca ne fait que quelques jours mais je ne lui ai pas parlé depuis. Ca me manque.
L'aveu était un euphémisme. Être avec le Gryffondor ne lui manquait pas, ça lui trouait le coeur. Il se sentait vide.
- Je ne suis pas lui, tu sais. Cependant, je crois que tu t'entends suffisamment bien avec lui pour te débrouiller. Ca a l'air d'être un très bon ami à toi.
Erwin soupira. Julia avait raison : elle était loin de connaître Albus comme il le connaissait lui. Il fallait qu'il se débrouille.
Il se sentait plus léger. Même s'il n'avait pas réussi à avouer la véritable nature de sa relation avec le Préfet-en-Chef, même si penser à tout ce qu'il avait pu faire de mal était douloureux, c'était agréable de se sentir compris et sur la bonne voie.
En retournant dans sa chambre, Elijah était déjà couché et les baldaquins de son lit étaient fermés.
***
Les habitudes avaient la vie dure.
Juste avant qu'il n'ait fini, Erwin s'aperçut qu'il était en train de remplir la tasse de chocolat chaud d'Elijah. Comme tous les jours.
Il décida de la laisser sur la place vide à sa droite, au cas où Elijah décidait de s'asseoir avec lui.
Mais quand Eli' rentra enfin dans la Grande Salle, il ne regarda même pas Erwin et la tasse de chocolat chaud qui l'attendait et il alla s'asseoir un peu plus loin, en face de Romeo Holland.
Erwin termina alors d'avaler ses œufs brouillés seuls – Julia commençait les cours plus tôt qu'eux aujourd'hui. Ensuite, il flâna dans les couloirs, à la recherche d'on-ne-savait-trop-quoi. Ce n'est qu'après un quart d'heure d'ennui qu'il s'aperçut qu'il n'avait même pas dit bonjour à Zephyr. Ses réflexions de la veille commençaient à faire leur chemin.
Pas mécontent d'avoir pu mettre au clair tout ce qu'il pouvait dans sa tête, un point en particulier continuait de le titiller : il ne comprenait pas comment Albus avait pu qualifier Zephyr de « malade ».
Il comprenait que le Gryffondor puisse avoir un avis différent du sien à ce sujet, surtout qu'il avait apparemment une sœur dans un cas semblable à celui de Zeph'.
Mais que voulait-il dire par « malade » ? Handicapé ? Fou ?
Erwin était perdu. Zephyr n'était pas fou, il était d'ailleurs très attaché à la rationalité, la logique de son monde. Quant à savoir s'il était handicapé...
S'il avait été accepté à Poudlard, c'était que tout allait bien, non ? Un handicap, par définition, c'est quelque chose qui nous empêche de vivre ?
Zephyr pouvait vivre dans la société. Mais il avait besoin d'aménagements, Erwin le concédait. Il ne pouvait porter l'uniforme en toutes circonstances. Il était exempté de devoirs et il ne les faisait que quand il en avait envie ou s'en sentait capable. Dispensé de certains cours, Erwin avait conscience qu'il s'agissait là d'un traitement de faveur dont bénéficiait son petit frère. Le directeur, étonnamment, avait tout fait ou presque pour que Zephyr s'adapte au mieux à Poudlard.
Erwin ne comprenait pas pourquoi un homme aussi désagréable avait accordé tout cela à une famille comme la sienne. Non pas qu'il niait l'aristocratie de sa généalogie mais Erwin savait que les O'Sullivan n'étaient plus des Sang-Pur depuis quelques générations. Or, Phineas Nigellus Black n'accordait ses plus grandes faveurs qu'aux plus pures lignées. Même Elijah n'était pas un privilégié : son frère Gilbert avait eu le malheur de naître Cracmol.
Enfin, tout ce qui comptait aux yeux d'Erwin, c'était la réalité des choses. Et là, le fait était que Zephyr avait accès à tout ces droits.
Et si le directeur n'avait pas été si clément ? Si Zephyr avait dû se cloîtrer dans leur maison irlandaise sans jamais apprendre la magie ? Que serait-il arrivé ?
Il aurait probablement vécu comme la sœur de Dumbledore, s'avoua Erwin à lui-même. Incontrôlable et incapable de contrôler sa propre magie, il aurait fini par faire peur aux autres et à se faire peur à lui-même. Surtout sans la présence continue d'Erwin à ses côtés : Erwin avait bien vu les effets de son absence prolongée lors de ses premières années à Poudlard.
Bien qu'avec des « si », on mettrait le Ministère en bouteille, Erwin comprenait mieux maintenant. Zephyr n'était pas comme les autres. Sa différence était un handicap dans la société. Rien que le fait qu'il soit mutique rendait toute interaction compliquée : Erwin le savait, il en faisait souvent les frais.
Malgré le fait qu'Albus n'aurait pas dû le dire de manière aussi forte et méchante, Erwin admettait avoir réagi trop violemment. Il voyait bien qu'en se posant pour y réfléchir, Dumbledore avait raison sur le fond.
***
Pour faire passer le temps un peu plus vite, Erwin s'était rendu dans son dortoir pour récupérer son violon. Il s'était assis sur la chaise de son bureau et avait sorti quelques anciennes partitions pour jouer tout en s'occupant l'esprit. Mais à peine avait-il eu l'instrument dans les mains qu'il remarquait les rayures sur le bois, son archet fatigué et surtout l'état des cordes. Non qu'elles ne tenaient qu'à un fil – ce serait exagéré – mais il se demandait quand même comment c'était encore possible qu'un son agréable sorte de ce violon. Rebuté par l'état de son propre instrument, Erwin le rangea. Il fallait vraiment qu'il se rende chez le luthier pendant les vacances d'avril.
De nouveau contaminé par l'ennui, les secondes lui paraissaient dix fois plus longues que d'habitude. Il essaya de s'allonger dans son lit et de se reposer. Quand il se releva, il était persuadé d'avoir somnolé un quart d'heure. Sa propre montre brisa ses rêves en lui affirmant que cela ne faisait que trois minutes qu'il avait fermé les yeux.
Avec un profond soupir, Erwin rejoignit la Salle Commune. Elijah était là, plongé dans une partie d'échecs contre lui-même. Erwin s'assit en face de lui, sans pour autant intervenir dans la partie.
- Je suis désolé encore pour hier, commença Erwin. Et pour toutes les autres fois, ce que j'ai pu te reprocher sur tes relations alors que je n'ai rien à dire, toutes les fois où je ne t'ai pas assez écouté. Je ne me cherche pas d'excuses, je suis en tort. Je te demande pardon, Eli'.
Erwin crut presque avoir parlé dans le vide. Elijah était très concentré sur sa partie.
- Tour en A6. J'ai autre chose à faire que d'attendre que tu bouges, j'ai dit : tour blanche en A6 ! lança-t-il à la pièce récalcitrante avant de reprendre. Ca va, j'ai peut-être un peu trop remis la faute sur toi aussi. J'ai été inquiet avec la disparition de ton frère, j'ai pas assez pris en compte que ton propre stress a parfois fait que tes mots ont dépassé ta pensée comme quand tu m'as parlé des mes frères et sœurs. J'ai tout accumulé et c'est sorti plus fort que ce que je pensais. Ca n'enlève rien à ce que je te reproche, attention ! Juste, je m'excuse pour la manière dont je te l'ai dit. Et j'accepte tes propres excuses. De toute façon, sans toi, les blancs ne veulent pas jouer.
Erwin pouffa et reprit en main les pions possessifs. Heureux d'avoir pu mettre les choses au clair, il se rendait enfin compte d'à quel point Elijah était un point majeur dans sa vie, au même titre que Zephyr et Julia. Il l'avait oublié mais sans Eli', le temps passait bien moins vite et on s'ennuyait.
***
Depuis la disparition de Zephyr et la dispute avec Albus, ni lui ni Erwin n'avaient à nouveau évoqué l'incident. Ils s'étaient revus en cours, quelques fois dans la tour d'astronomie. Leurs discussions s'étaient amoindries mais Erwin les trouvait surtout précipitées. Comme si chacun de leur contact physique obligeait leurs mots à se presser, à leur laisser la place.
Plus les jours passaient, plus Erwin trouvait l'attente de la prochaine fois difficile. Les mains de Dumbledore avaient envahi ses rêves et la sensation de ses lèvres sur les siennes étaient gravées en lui au fer rouge.
Ce soir-là, la veille des vacances d'avril, Erwin avait grimpé les escaliers de la tour d'astronomie quatre à quatre, plus impatient qu'un enfant la veille de son anniversaire.
Tellement impatient que, pour la première fois, il était le premier arrivé.
Frustré de devoir attendre encore plus, Erwin se rongeait les ongles en regardant les étoiles. Le ciel était clair, il pouvait se refaire les constellations les unes après les autres. Il observait les étoiles, se fixait sur une en particulier. Comme d'habitude, elle se mettait alors à briller plus fort jusqu'à en faire disparaître les autres.
Albus arriva à ce moment-là. Sans même se présenter, il se posa à côté d'Erwin en passant sa main autour de ses hanches. Un sourire fleurit sur les lèvres d'Erwin. Bon sang, il n'arrivait vraiment pas à cacher son enthousiasme.
- Tu prends le Poudlard Express avec Elphias Doge demain ? s'enquit Erwin.
- Oui, confirma Albus. Et toi ? Avec ton frère, j'imagine ?
- Non, le détrompa Erwin avec fierté. Il était seul avec Fawley à l'aller et ça s'est très bien passé. Puis j'ai décidé de lâcher du lest sur tout ça. Donc je serais juste avec Eli' et Julia.
- Tu as bien du courage de passer des heures enfermé dans un compartiment avec eux. Ce sont de sacré phénomènes ensemble.
- J'ai l'habitude, rit doucement Erwin. Et ils se cherchent moins, en ce moment.
Le silence retomba. Non que cela ne dérange Erwin mais la tension monta d'un cran et il se crispa. Il n'en pouvait plus d'attendre.
Semblant bien interpréter les yeux fermés d'Erwin, Albus remonta sa main en frôlant son dos, sa nuque, pour aller se placer derrière son crâne, près de son oreille gauche. Guidé, Erwin tourna la tête vers le Gryffondor et rouvrit les yeux.
Cette fois, ce fut lui qui mena la danse. Grisé par ses sentiments et les sensations qui explosaient, myriade de notes et de couleurs dans sa tête, il laissait son corps faire. Albus paraissait apprécier l'expérience lui aussi, comme semblaient l'indiquer son sourire et ses mains contractées sur le pull d'Erwin.
C'était trop bon.
Pas étonnant que les mots n'aient plus leurs places dans ces moments. Pas étonnant qu'ils n'aient jamais pu parler de la dispute. Qu'était-ce que des mots, des paroles que l'on ne pensait pas quand nos corps pouvaient jouer la plus belle mélodie en se mouvant ainsi ?
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