|CHAPITRE 13| Pour ne pas avoir à s'asseoir au bord du lac

Sorbet citron !

Hello ! Wow, ça m'avait manqué. Et en même temps, j'ai un peu honte. Je suis désolée de vous avoir laissé tant de temps sans nouvelles ou presque. Vous le savez, mon avance ne tient qu'à deux ou trois chapitres. Et le chapitre seize m'a pris tellement de temps que je ne pouvais pas poster en attendant. D'ailleurs, je m'en excuse par avance, j'espère que le chapitre dix-sept ne sera pas trop long à écrire mais je ne sais absolument quand est-ce que je serais en capacité de vous publier le chapitre quatorze.

Comment allez-vous ? Moi ça va, malgré la pluie et le mauvais temps. J'espère que vous n'êtes pas venus en vacances en Normandie, ça vaut pas trop la peine en ce moment xD. Vos examens, ça a été ? Vos affectations et admissions pour ceux qui en avaient ? C'est pour ça que je n'ai pas vraiment pu écrire, j'étais trop prise dans la fin de l'année et le début de la nouvelle, ça m'a bloqué. Mais je reviens petit à petit (j'espère).

Je vous fais un récap du chapitre 12 juste après.

A la prochaine... et bonne lecture ^^

***

Note des bêtas-lectrices :

Ouaaaaaah ! Encore un chapitre POIGNANT de Lina, elle est vraiment douée ! Vous allez a-do-rer ! Je suis tellement époustouflée que je ne sais pas quoi vous dire. Je vous ai même pas redis bonjour ! Bonjour ! On reprends la publication avec un chapitre VRAIMENT incroyable, je vous le dis !

***

Récap chapitre précédent :

Erwin passe de plus en plus de temps avec Albus. Ils discutent beaucoup et Erwin continue sa fixette sur la main d'Albus. Ils s'embrassent pour la première fois (je vous ai laissé là-dessus, mes pauvres) et s'accordent une sortie ensemble à Pré-au-Lard. Elijah et Julia établissent un "contrat de paix", la sortie se fait. Et quand ils reviennent, Zephyr a disparu et Hélios est paniqué (je vous ai laissé là-dessus aussi d'ailleurs, c'est assez horrible de ma part... bref. Enjoy !).

***


|CHAPITRE 13| Pour ne pas avoir à s'asseoir au bord du lac


La culpabilité lui serrait les entrailles. Erwin avait été chercher des informations auprès de toute personne susceptible d'avoir vu son petit frère, avec l'aide d'Hélios, Julia et Elijah pendant toute la soirée qui avait suivi la sortie à Pré-au-lard, en vain.

Et maintenant qu'il était minuit passé, il ne pouvait s'empêcher de ressasser ces derniers jours. Toujours plus avec Albus, il avait moins prêté attention aux petits signes de changement chez Zephyr. Il aurait dû voir qu'il était dans une moins bonne période. Évidemment, il était déjà arrivé que Zephyr disparaisse quelques heures. Mais ça n'empêchait pas Erwin de se sentir coupable et de se ronger les sangs.

Il essaya de respirer doucement. Zephyr ne pouvait pas avoir disparu très loin. Il devrait être de retour dès le lendemain matin. Et dès qu'il reviendrait, il lui promettrait de faire plus attention la prochaine fois. Comme chaque fois que c'était arrivé. Puis, il s'excuserait mille fois de l'avoir laissé seul, de lui avoir causé de la peine.

Mais cela ne le rassurait pas tout à fait. Un mauvais pressentiment se glissait dans son corps et la moindre pensée l'y ramenait. Cette nuit-là, Erwin ne ferma pas l'oeil, tiraillé par sa culpabilité et la peur sourde que la disparition de Zephyr puisse être liée à Orkan.

Le lendemain matin, Erwin sauta du lit à la première heure. D'abord seul, il demandait à toute personne dont il croisait le chemin si elle n'aurait pas vu son petit frère. Hélios le rejoignit plus tard pour l'aider dans ses recherches. Malheureusement, aucun de ses camarades ou des professeurs ne semblaient comprendre l'urgence de la situation et ses angoisses : c'était déjà arrivé, il reviendrait d'ici quelques heures, pas besoin de s'inquiéter.

Dans la tête d'Erwin, ses secrets sur les visites d'Orkan à Pré-au-lard pesaient soudain très lourd. Les mots qu'elle avait pu prononcer tournaient sans cesse et subsistaient malgré les tentatives de le rassurer d'Elijah et Julia.

« Je sais ce que tu veux... Je sais ce qu'il veut. Lui avec moi, toi avec nous, ensemble avec les autres. Le monde ne ferait plus jamais face aux discriminations, dominé par la différence. Nous serions forts. Vous seriez les piliers de l'armée. Il aurait accès à tout ce qui lui manque. Tu n'aurais plus à subir à sa place. »

Même Mrs. Clifford, l'infirmière, n'avait pu l'aider.

- Il n'a pas pu sortir de l'enceinte du château, leur avait-elle affirmé. Il n'a pas l'autorisation d'aller à Pré-au-lard seul et Mr. Edwards le sait. Or, Fawley, vous n'êtes pas sortis hier ?

- Non. On est resté travailler puis dans l'après-midi, impossible de savoir où Zephyr était passé.

- Donc il ne doit pas être bien loin et je vous assure, Erwin, qu'il est très peu probable que votre petit frère soit en danger. Il va revenir, ne vous en faites pas. Si cela vous inquiète trop, je peux vous administrer un calmant pour vous raisonner.

Erwin avait accepté l'offre, espérant innocemment que cela l'aiderait à moins se retourner la cervelle une fois le soir venu. Cole Edwards, le concierge, leur confirma qu'il n'avait absolument pas laissé passer Zephyr. Lorsqu'ils insistèrent pour savoir s'il l'avait au moins vu ou non, Edwards leur affirma d'un ton énervé qu'il savait faire son métier et qu'il n'aimait pas ce qu'ils sous-entendaient.

Abattu, Erwin ne put s'empêcher de ruminer leurs paroles. Mrs. Clifford ne voulait pas de mal, c'était de la faute d'Erwin si elle pensait que Zephyr ne courait aucun danger, même dans l'enceinte même de l'école. Quant à Edwards, Erwin avait beau ne pas l'apprécier, il se doutait qu'il n'avait aucune raison de leur mentir à ce sujet. Il faisait appliquer le règlement de manière stricte et souvent étouffante, il n'y avait aucune raison pour qu'il ait laissé Zephyr partir seul.

La culpabilité lui serrait la gorge. S'il avait fait plus attention, s'il avait moins traîné avec Dumbledore, il aurait probablement pu anticiper ça. Il aurait pu faire quelque chose avant qu'il ne soit trop tard. S'il avait pris les menaces d'Orkan au sérieux, il aurait pu mieux protéger Zephyr. Maintenant, tout semblait impossible. Aucune solution autre que l'insoutenable attente semblait être mise à sa disposition.

Sa respiration se faisait difficile et ses mains tremblaient sans qu'il puisse rien y faire. Incapable de bouger et de partir du hall, là où il avait pris l'horrible nouvelle, Elijah vint le chercher après le dîner pour le ramener dans la Salle Commune. Plus de vingt-quatre heures après le début de la disparition de Zeph', sans avoir dormi depuis deux jours, ni mangé depuis la veille à Pré-au-lard, Erwin se sentait désespéré et faible. Julia l'obligea à avaler une miche de pain beurrée et un verre d'eau. Chez les Serpentard, quelques élèves lui témoignèrent leur solidarité d'une parole sympathique ou d'une tape sur l'épaule. Même Melody Ambers tenta de l'approcher – Erwin ne comprit pas comment elle put se dire que c'était le bon moment pour le draguer. Ce fut Julia qui lui intima gentiment de partir et Melody finit par déguerpir, dépitée de ne pas avoir eu un seul regard de la part d'Erwin.

En réalité, Erwin était bien heureux de ne pas avoir eu à gérer en plus les pulsions de Melody Ambers. Il ne se sentait pas capable de la remballer une fois de plus, surtout pas alors qu'il était dans un tel état d'alerte.

- Erwin, ça va aller, chuchota Julia contre lui en lui tenant la main gauche. Je sais que tu as peur à cause des fois où Orkan est venue à Pré-au-lard mais il n'y a pas de raison qu'elle ait pu s'infiltrer dans Poudlard. Tu crois vraiment que Phineas Nigellus Black, le directeur le plus agressif et méchant que cette école ait jamais connu puisse laisser rentrer une puissante sorcière inconnue dans l'enceinte de son château sans s'en rendre compte ? C'est absurde, admets-le.

Erwin admettait. Dans ce cas, le directeur se serait aperçu de l'intrusion.

- Mais tu l'as dit toi-même, murmura-t-il. Il est « le directeur le plus agressif et méchant que cette école ait jamais connu ». Et si il avait fait exprès de ne pas se rendre compte qu'elle était rentrée ? Et si c'est lui qui l'avait fait venir ? Orkan a parlé d'une armée, elle peut avoir accès à des informations et des aides à travers l'école si certains de ses soldats l'ont infiltrée...

- Wini', on ne sait pas ce que l'on peut croire de la bouche de cette femme. Et même si parfois la presse va dans son sens, elle dit parfois contrairement l'opposé. On ne peut pas commencer à supposer des choses pareilles, ce serait infernal. Je suis d'accord avec McIntosh, aussi méchant qu'il soit le directeur ne ferait jamais ça. On doit attendre que Zephyr se pointe, c'est tout.

- C'est facile de dire ça pour toi, t'as trois frères et sœurs dont deux que tu ne vois jamais et un, bien qu'il soit à Poudlard, dont tu te préoccupes à peine. Tu peux pas comprendre.

Erwin se savait injuste. Mais toute la pression et l'angoisse qu'il éprouvait empêchaient toute rationalité.

- Arrête, c'est faux et tu le sais. Athelia a sa propre vie maintenant ; si ma famille s'aperçoit que je prends trop souvent contact avec Gilbert, ils me nieront. Quant à Willow, tu sais très bien que le plus débrouillard et indépendant entre lui et moi, c'est lui. Je n'ai pas besoin d'être sur son dos tout le temps, il me dénoncerait à la direction ou aux parents sinon, le connaissant. Alors ne commence pas à comparer ta relation avec Zephyr à celles que j'entretiens avec mes frères et ma sœur. Non seulement ça n'a rien à voir mais en plus je ne vois absolument pas le rapport avec ce dont on parlait ni avec quoique ce soit d'ailleurs.

- C'est vrai, je m'emporte un peu. Rah j'en ai marre d'attendre ! Pourquoi personne ne fait rien ? Pourquoi tout le monde semble calme et complètement inerte face à la situation ?

- Erwin, calme-toi, fit Elijah d'un ton plus ferme. Tu racontes n'importe quoi. McIntosh est là, je suis là. Personne ne s'inquiète parce que ça n'a rien d'exceptionnel et qu'ils ne sont pas au courant pour Orkan. Alors tu respires et tu te rentres ça dans le crâne sinon ça va être ingérable : on-ne-peut-rien-faire-d'autre-qu'attendre, par Merlin et Morgane tout puissants ! On est là pour toi, je comprends que tu sois stressé mais ce n'est pas une raison pour nous en faire subir les conséquences, s'il-te-plaît.

- Et pour que tu passes une meilleure nuit parce qu'on ne va pas passer la soirée dans cette Salle Commune à ruminer, ajouta Julia, on te promets de venir fouiller les couloirs à sa recherche avec toi demain s'il n'est pas revenu d'ici là. D'accord ? Allez, je vais me doucher. A tout à l'heure !

- Salut ! J'y vais aussi, Wini'. Tu viens dans le dortoir ?

- Non, merci. Je crois que je vais aller prendre l'air dans les couloirs.

Elijah acquiesça et se retourna, prêt à aller se doucher.

- Eli', attends, l'interpela Erwin.

- Oui ?

- Merci de m'avoir remis les idées en place. Ca fait du bien.

- Au plaisir, Wini' ! On remet ça quand tu veux.

Et quelque chose disait à Erwin que cela serait bien plus tôt qu'ils ne pourraient le penser

Dans les couloirs, seul le bruit de ses pas lui rappelaient la réalité du monde. Repensant à cette conversation, il se fustigeait de ne pas avoir un peu plus ravalé ses paroles. Il avait fait du mal à Elijah, il faudrait qu'il s'excuse le lendemain, surtout qu'il n'avait jamais pensé cela et savait bien à quel point la vie de la famille Croupton pouvait être compliquée.

Machinalement, ses pas le conduisirent vers la tour d'astronomie. Il fut surpris d'y trouver Albus, bien qu'il s'agisse de l'endroit où ils se rejoignaient le soir depuis maintenant plusieurs semaines.

- Ah, Erwin ! J'avais fini par croire que tu ne viendrais pas aujourd'hui.

Moi aussi, à vrai dire, pensa-t-il. Ne laissant rien paraître sur le trouble qu'avait provoqué en lui l'utilisation de son prénom par le Gryffondor, il se posa contre le mur de la tour et leva la tête. Le ciel était nuageux, un orage se préparait, les étoiles n'étaient pas visibles. Seule la lune gibbeuse transparaissait parfois au travers de certains nuages, pour tout de suite disparaître à nouveau. Le vent commençait à souffler.

La tempête ne tarderait pas à arriver.

- Toujours pas un signe de ton petit frère ? s'enquit Albus.

Erwin secoua la tête en signe de négation. Décidément, tout le ramenait à ça aujourd'hui. Un soupir qui lui pesait lourd brisa le silence qui s'installait.

- Tu sais, j'ai entendu dire que ce n'était pas la première fois. Pourquoi tu t'en fais autant ?

- Ecoute, Albus, je n'ai pas la tête à t'expliquer ça maintenant, souffla Erwin. On peut juste... être comme d'habitude ? Laisser ça de côté ? S'il-te-plaît.

- Et faire quoi ? Regarder les étoiles qu'on ne voit pas ? railla Albus. Pas que faire comme d'habitude me dérange, loin de là. Mais c'est toi qui n'est pas dans ton état normal, ce soir. Excuse-moi d'essayer de m'y adapter.

Erwin prit son visage entre ses mains, sentant le mal de tête poindre. Frottant ses tempes, il essayait de ne pas partir au quart de tour sans raisons, Dumbledore ne méritait pas ça.

- Désolé. Juste, je... Personne n'a l'air de comprendre. Mais c'est mon frère, tu vois ? Il a disparu, je ne peux que m'inquiéter. Puis, étant donné les circonstances...

Cette dernière phrase, à peine murmurée, sembla être la seule que retint le Gryffondor.

- Quelles circonstances ? Quelque chose change des dernières fois où il a disparu ?

- Oui, mais je ne peux rien te dire de plus. De toute manière, tu me prendrais pour un fou et ne comprendrais pas pourquoi je m'inquiète pour ça.

Le silence s'installa à nouveau. Albus respectait ses limites, Erwin appréciait. Seulement, c'était pour mieux revenir sur le premier sujet.

- Tu sais, Erwin, tu pourrais te détendre un petit peu au sujet de Zephyr. Tu deviens complètement irrationnel dès que ça en vient à lui, c'est peut-être pour ça que personne ne comprend ce qui t'inquiète autant dans sa disparition. Tout le monde sait que ça lui est déjà arrivé et surtout tout le monde sait que tu t'inquiètes trop et pour rien. Il va revenir comme si de rien n'était aussi vite qu'il est parti et tout ira mieux.

- Je n'ai pas besoin de ton avis, je me débrouille. Et les autres me passent par-dessus la tête, profs compris.

- Tu devrais m'écouter pourtant. Croupton et McIntosh sont les seuls à t'avoir fait le reproche, ils sont tes amis les plus proches, c'est normal. Mais à force, tu ne les écoutes plus là-dessus parce que tu sais être en désaccord avec eux. Moi, tu ne me connais pas depuis si longtemps – et on est loin de partager la même relation que celle que tu as que ce soit avec Julia McIntosh ou Elijah Croupton.

Erwin tendit l'oreille, faisant tout pour faire des efforts. Dumbledore avait raison, ce n'était pas pareil. Peut-être qu'il ne le prendrait pas de la même manière, peut-être que cela lui permettrait encore une fois de voir les choses différemment.

- Tu as toujours besoin de savoir où ton frère est, ce qu'il fait. Tu ne lui autorises presque rien, tu le brides. Et ça te bride toi avec ! Tu ne t'en rends pas compte mais tout ton monde tourne autour de Zephyr : toutes les décisions que tu prends, tous les choix que tu fais, tout absolument tout est toujours en rapport avec ton frère alors que – disons-le – il y a rarement besoin de le mettre dans la balance. Je pense que ça te pèse, même si tu ne l'admets pas, mais je suis sûr et certain que surtout, ça pèse à tout ton entourage ! Je ne dis pas que ça me pèse, à moi, parce que c'est différent et on ne se côtoie pas depuis si longtemps. Mais par Merlin, je pense sincèrement que si tu fais rentrer la condition Zephyr dans tous tes choix et décisions, il faut aussi que tu fasses rentrer les autres. McIntosh, Croupton, Robbins et le petit Fawley, là. Enfin, c'est ce que je me dis à force d'observer ça de l'extérieur. Je ne suis pas eux, je ne te reproche rien personnellement, je te donne juste mon avis.

Erwin se redressa, désormais certain que – oui – que ce soit de la bouche de Dumbledore ou d'Elijah ou encore Julia, il n'appréciait pas qu'on analyse ainsi et de manière aussi fausse et biaisée sa relation avec Zephyr. Tournant le dos à son camarade pour ne pas perdre le contrôle, il prit la parole, d'un ton un peu plus ferme.

- Tu ne sais pas ce que ça fait que d'avoir un petit frère qui est différent, Albus. Tu passes ton temps à rabaisser Abelforth sans jamais te soucier de lui. Tu ne peux pas savoir ce que ça fait de se sentir impuissant, d'être sans cesse sur ses gardes pour éviter un accident.

- Si... Je sais.

- Bien sûr, tu sais. Tu sais parce que tu sais tout, parce que tu devines ce que je ressens ? Tu ne peux pas savoir ! Tu n'as pas vu mon père, le dos fracassé, probablement contre le mur ou l'armoire ! Tu n'as pas senti la tempête – et je suis littéral – qui hurlait dans le salon, tu n'as pas senti ce vent effroyable, presque des couteaux, te frôler la peau pour juste après s'arrêter ! Tu n'as pas vu la peur dans les yeux de mes parents, tu n'as pas vécu le séjour de mon père à l'hôpital ! Un mois. Un mois, il y est resté. Et il n'a plus jamais marché comme avant depuis. Tout ça parce qu'un enfant de deux ans qui ne savait pas contrôler sa magie s'est laissé emporter par ses émotions et l'a projeté je ne sais où. Tu n'as pas vécu l'enlèvement de mon petit frère ! Ce n'est pas toi qui a dû le voir dans un état pas possible, cette nuit-là, pire que ce qu'il n'avait jamais été ! Ce n'est pas toi qui porte cette cicatrice, par Morgane, Albus ! A moins d'avoir un petit frère comme Zephyr, tu ne peux pas savoir.

- Si. Justement.

Essouflé par sa tirade, Erwin mit du temps à assimiler l'information. Pourquoi Albus restait-il si calme ? Et pourquoi continuait-il d'affirmer qu'il savait ?

Soudain, un déclic se fit.

- Pardon ?

- Tu m'as entendu. Oui, je sais. Précisément parce que ma petite sœur est différente. Je n'ai pas vécu les mêmes choses mais étrangement, les événements sont similaires.

- Tu as une petite sœur ?

Erwin ne comprenait plus rien. Il n'avait jamais entendu parler d'une fille qui portait le nom des Dumbledore. Il était d'ailleurs à peu près certain qu'elle ne devait alors pas être à Poudlard. Elle était probablement encore trop jeune. Attentif, il se retourna et s'approcha d'Albus pour l'écouter.

- Elle s'appelle Ariana, elle a treize ans. Elle est malade et ne peut donc pas aller à l'école. Je pense souvent à elle et m'inquiète, autant pour elle que pour ma mère qui la garde à la maison. Elle a peur de sa propre magie depuis que des moldus l'ont agressé après une manifestation spontanée quand elle était petite. Tu parlais de mauvais contrôle de la magie ? C'est exactement ça. La moindre émotion la fait exploser, c'est terriblement dangereux à chaque fois. Elle ne se rend pas compte du mal qu'elle fait, elle est incapable de le contrôler de toute façon parce que c'est sa magie qui s'exprime or elle refuse d'en entendre parler.

La respiration d'Erwin s'était calmée. Pour la première fois, il se sentait vraiment proche de quelqu'un, quelqu'un qui avait le même vécu que lui, qui le comprenait. Quelqu'un qui savait ce qu'il ressentait. Et ce quelqu'un était Dumbledore. Ca ne pouvait être une coïncidence.

- Dans ce cas, pourquoi t'obstines-tu à ne pas me comprendre ? Je veux dire... Toi et moi, c'est presque pareil...

- Non. Zephyr et Ariana, c'est presque pareil.

- Mais alors... Pourquoi ? Tu devrais comprendre, non ? Pourquoi me faire des reproches alors que tu vis la même chose que moi ?

- Parce que tu auras beau utiliser tous les synonymes que tu veux, ton frère est malade. Aussi malade que ma sœur. Il n'a rien à faire à Poudlard. Ce n'est bon ni pour toi, ni pour lui.

« Malade ». Malade.

Le mot résonnait dans sa tête, litanie insupportable.

Et avant même qu'il ne se soit rendu compte de ce qu'il se passait, une douleur lancinante pulsait dans les phalanges de son poing droit, plus serré que jamais. Les éraflures et le sang qui en gouttait étaient significatifs : il avait frappé le mur en pierre de la tour d'astronomie de toutes ses forces.

« Malade ».

La colère continuait de gonfler dans sa poitrine et il ne put empêcher un cri rageur de sortir de sa poitrine.

- J'avais tort, on ne se comprend pas. Et si tu penses comme ça, on ne sera jamais sur la même longueur d'onde, Dumbledore ! Jamais ! tempêta-t-il toujours sans regarder Albus à qui il tournait le dos. Et je plains ta petite sœur ! Son existence est cachée à tous juste parce qu'elle est différente des autres. Elle doit énormément souffrir de cette situation, se sentir tellement incomprise, tellement seule. Tu m'étonnes qu'elle est incontrôlable ! Si tu l'aimais vraiment, tu l'aurais compris depuis bien longtemps ! Au moins, Zephyr sait que je suis là pour lui.

Et il tourna les pieds, les tapant dans la cage d'escalier, furieux. Sans même avoir jeté un coup d'oeil, il savait qu'avoir utilisé son nom de famille à nouveau avait dû le blesser un peu plus – et il en était bien heureux. Encore bouillonnant, il décida de faire un détour par le parc avant de retourner dans la Salle Commune.

Malheureusement, là où la tour d'astronomie était quelque peu protégée par les murs et son orientation, l'orage tempêtait désormais dans les jardins. Les bourrasques le faisaient basculer, le vent sifflait dans les arbres sombres de la forêt interdite. La pluie battante l'eut vite trempé, les gouttes gelées descendant dans son échine, lui arrachant un frisson à chaque fois. Les membres encore tremblants d'émotions tourbillonnantes, il se cala contre un pan de mur un peu plus protégé. Ce vent, ce souffle puissant, cela aurait presque pu ressembler à ce qu'il se produisait lors de ces terribles colères qui prenaient Zephyr parfois.

Zephyr. Tout le ramenait à Zephyr.

« Malade ».

Zephyr.

« Malade ».

Zephyr.

Ses côtes compressées l'empêchaient de respirer correctement, une boule dans la gorge coinçait ses cordes vocales, l'empêchant de crier sa détresse, sourdement enfermée dans chaque molécule qui composait son corps.

Les genoux bien repliés contre lui, les mains serrées sur son visage, assis dans la boue et la pluie l'ayant plus inondé qu'il n'y a de mots pour le dire, Erwin était désemparé. Son nez et ses yeux se mettaient à le brûler mais il ne pouvait pas pleurer.

Retenir ces émotions, ce cri coincé, ces larmes qui ne demandaient qu'à couler était douloureux, bien plus douloureux que la blessure qui lui piquait la main. Erwin refusait que cette douleur sorte, pas sans être certain que Zephyr n'allait bien. Il ne pouvait aller mal alors que son petit frère souffrait probablement bien plus que lui.

Il se mordait les lèvres pour retenir ce sanglot de désespoir. Il bascula la tête en arrière, les yeux fermés, les mains crispées sur ses cheveux, un goût métallique dans la bouche.

Mais il ne pouvait pas pleurer.

Alors toute cette douleur se transforma en un hurlement de rage, guttural, qui sembla résonner dans tout le parc. Lorsqu'il se releva, la douleur d'avoir trop tiré ses cheveux continuait de tendre son crâne. Il donna un coup de pied dans les galets, puis deux. Il rugit à nouveau, sans arriver à déterminer si cela tenait du sanglot ou du cri.

Zephyr.

« Malade ».

Il lançait les galets, le plus fort possible mais cela ne suffisait pas. Un galet, puis encore un et encore un autre. Il aurait voulu faire quelque chose, quelque chose d'aussi violent que l'orage qui grondait et tempêtait, le vent qui sifflait et hurlait, la pluie qui battait et frappait tellement fort qu'elle piquait, les arbres qui se courbaient et dansaient au rythme des bourrasques. Un nouveau cri lui cassa la voix et il se sentit chanceler.

S'il s'asseyait au sol, il pleurerait.

Il se sentait trop démuni. La colère, l'angoisse, la tristesse étaient si fortes que tout se mélangeait en un tout trop puissant, trop fort, trop déroutant.

Alors il tituba comme il put jusque la Salle Commune.

Pour ne pas avoir à s'asseoir au bord du lac.

Il ne pouvait pas pleurer.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top