|BONUS 8| 9 mai 1901

Sorbet citron !

Helloo ! On se retrouve pour le dernier bonus écrit (à ce jour en tout cas) ! Si vous avez des idées ou envies, n'hésitez pas à proposer (vraiment, écrire me manque en ce moment et ça va me manquer de ne plus poster (pour un temps très indéterminé en plus)). 

Sinon, comment allez-vous ? Moi, ça va. Je suis enfin en vacances, certes pour réviser mais bon au moins je vais pouvoir aller à mon rythme. 

Bref. Je n'ai rien à dire pour ce bonus à part qu'il se situe presque deux ans après le départ d'Erwin. Et vous souhaiter bon courage. Voilà, ce sera tout. Surtout, si une envie vous vient, n'hésitez pas. Moi, je prépare une petite playlist et peut-être une série d'aes si j'ai le temps. A bientôt, j'espère !

Bonne lecture ^^

***


|BONUS 8| 9 mai 1901


9 mai 1901.

Erwin eut un pincement au coeur en découvrant la date sur son calendrier. Aujourd'hui, Elijah fêtait ses vingt ans. Et c'était la deuxième année où Erwin ne pouvait pas y assister.

En se rendant en cours ce matin là, il était morose. Il aurait tellement voulu pouvoir lui envoyer ne serait-ce qu'une tablette de chocolat avec un petit « Joyeux anniversaire ». Comme l'année dernière, il allait devoir se raisonner toute la journée et Margaret allait supporter son humeur désagréable.

Traînant le pas, il soupirait tous les trois mètres. Il ne devait pas s'apitoyer sur son sort. Il avait pris la décision de partir de lui-même, il savait bien pourquoi. Il devait se protéger, ce qui permettait de protéger ses proches de l'autre hémisphère en même temps.

- Laisse-moi deviner, fit Margaret en le voyant arriver. Y a un anniversaire ?

- Comment tu peux savoir ça ?

- Ta tête toute triste. Allez, retire cette lassitude de ton visage, avoir des remords n'y changera rien, tu sais bien.

Comme souvent – quand elle était sobre tout du moins –, Margaret avait raison. Même si ses paroles paraissaient dures, le bras qu'elle passa dans son dos lui fit un bien fou et il expira longuement. Il n'avait pas d'autre choix que d'avancer.

***

Comment pouvait-il avancer ?

Comment pouvait-il tourner la page dans ces conditions ?

En voyant la date fatale dans le calendrier, Elijah avait redouté ce jour. Il avait posé un arrêt de travail pour la semaine, sachant très bien ce qui l'attendait. De son côté, Julia n'avait pas cette possibilité. Cependant, elle s'était arrangé pour déplacer ses cours de la journée pour se libérer.

Seul dans son lit, dans le noir, alors que Julia préparait le petit-déjeuner, Elijah avait déjà une boule dans la gorge.

Il n'y arrivait plus, ces derniers temps. La vie avait perdu de son goût. D'après les nouvelles données par Hélios, Zephyr n'était pas dans un meilleur état : il n'était pas sorti du dortoir depuis la reprise des vacances d'avril. Elijah devait admettre qu'il le comprenait. Lui aussi passait le plus clair de son temps dans sa chambre, à dormir pour oublier et cauchemarder la nuit.

Les cernes de Julia qui ne faisaient que s'assombrir montraient bien à quel point elle en souffrait. Mais elle ne disait rien. Elle comprenait. Et malgré son visage tiré, Elijah la trouvait toujours aussi jolie, même s'il refusait de lui avouer.

Une larme salée coula sur la joue d'Elijah sans qu'il ne la retienne. La journée allait être longue.

***

Julia n'avait presque pas dormi depuis une petite semaine. Dans leur petite colocation, Elijah et elle dormaient dans la même chambre, où ils avaient pu installer deux lits. Seulement, Elijah avait un sommeil tellement perturbé qu'elle passait ses nuits à le rassurer à chaque cauchemar et qu'elle finissait pas s'endormir dans son lit.

Elle prépara un chocolat chaud, deux petites tartines et une bougie. C'était l'anniversaire d'Elijah quand même.

Quand il se leva, ses yeux étaient encore plus bouffis que ces derniers jours. Il avait déjà pleuré. Julia retint un soupir pour ne pas lui montrer son inquiétude. Il allait tellement mal ces dernières semaines qu'elle ne voulait pas le faire se sentir encore plus mal.

A contre-coeur, il souffla sa bougie et la remercia pour le petit-déjeuner. Puis, il retourna se coucher.

Quand il fut sorti de la pièce, Julia se mordit les lèvres. Ses yeux la brûlaient et une boule dans sa gorge menaçait de la faire pleurer à son tour. Elle refoula le sentiment et partit se changer les idées avec une balade.

Elle avait tellement de peine pour Elijah. Après le départ d'Erwin, presque deux ans auparavant, il était resté bien plus lui-même qu'elle ne l'aurait cru au premier abord, bien plus ancré dans le présent qu'elle ne l'avait été. Puis, elle avait fini par le rejoindre dans son appartement et ils s'étaient soutenus. Mais depuis quelques mois, l'état de Zephyr avait encore empiré alors qu'ils pensaient tous avoir atteint le pire.

C'avait été la goutte d'eau pour Elijah, qui s'était effondré et avait sombré. Depuis, Julia essayait de le porter à bouts de bras malgré les larmes, les cauchemars, les délires, les idées noires.

C'était ça le plus dur. L'entendre dire que sa vie ne valait rien, qu'il ne voulait plus être de ce monde alors qu'elle-même s'apercevait à quel point il était gentil, serviable, drôle, mignon.

Alors, elle ne laissait rien passer, répétait les mêmes phrases bateaux. Malgré tout, ils avaient fait un tour à Sainte-Mangouste un soir mais ils les avaient renvoyés chez eux, affirmant ne rien pouvoir faire. Elle essayait de ne pas laisser tout cela empiéter sur son travail bien que chaque fois, elle se demandait comment elle allait le retrouver le soir venu.

Ses vingt ans étaient le coup de grâce. Elijah devenait adulte et il ne supportait pas qu'Erwin ne puisse pas être là.

Alors, au moment du dîner, Julia fit en sorte de rendre le moment le plus doux possible. Avec un gâteau au chocolat, des bougies, un petit livre sur les hippogriffes, de la musique – en faisant bien attention à ce qu'il n'y ait aucun violon.

Elijah avait souri. Un peu. Et même si ces iris étaient restés aussi sombres qu'ils l'étaient depuis qu'il avait perdu le contrôle, une petite lumière avait allumé son visage aux yeux rougis.

- Merci d'être là, fit-il, la voix rauque d'avoir pleuré. Que ce soit aujourd'hui ou les autres jours. Je sais que c'est difficile pour toi.

- Eli', ce qui compte en ce moment, c'est toi. Pas moi. Vraiment, tu sais le plus dur, c'est de ne pas savoir si tu seras en vie quand je rentrerai le soir et de te voir dans cet état.

- Je comprends. Je tiens, je me bats contre mes pensées pour toi. Je ne t'infligerai pas une douleur supplémentaire. Et ce n'est pas ce qu'Erwin voulait de toute façon.

- Tu vas y arriver, lui promit Julia. Je sais ce que c'est, je l'ai vécu. On croit qu'on s'en sortira pas mais je te promets que si.

- Je sais que je te fais confiance mais tu me pardonneras de ne pas trop te croire ici.

Julia soupira. Quelle tête de mule ! Elle se retourna face à lui et prit son visage entre ses mains pour être sûr qu'il comprenne à quel point elle était sérieuse.

- Eli', tu ne peux pas sombrer plus bas. Ca va aller, on va surmonter ça ensemble. Nos alter ego adolescents nous auraient rit à la figure, Erwin serait sans doute abasourdi, mais je te le promets : on va y arriver. Je suis là pour toi, je suis là pour t'épauler. Mais si tu n'acceptes pas mon aide, je ne sais pas quoi faire de plus. Et je sais que tu comprends que je souffre de cette vie mais je ne veux pas que tu t'en veuilles pour ça. Ca me fait du mal parce que ça me fait la peine ! Par la barbe de Merlin, Eli', mon coeur se brise à l'idée de ce que tu peux traverser en ce moment. C'est ça qui me fait du mal ! Imaginer sans vraiment savoir parce que tu ne parles pas, me faire des idées, ne pas pouvoir t'aider ! Et ça me fait du mal parce que je t'aime !

Le silence après la tirade fut brutal. Ses derniers mots résonnèrent très fort dans la tête de Julia. Soudain, elle s'apercevait d'à quel point leurs visages étaient proches l'un de l'autre. Et si elle en croyait l'expression de surprise d'Elijah, lui aussi avait bien entendu ces trois derniers mots.

Alors, un feu brûlant la prenant dans la poitrine, sans même réfléchir, ses lèvres se posèrent sur celles d'Elijah.

Un court instant, mais un instant qui fit toute la différence. Quand elle se recula, elle prit conscience de ce qu'elle venait de faire. Son coeur battant à toute allure et les joues brûlantes, elle se leva et se précipita dans la salle de bain pour se calmer.

Dans un dernier regard curieux, elle l'avait pourtant aperçue. L'étincelle dorée qui illuminait le regard chaud d'Elijah. Elle était revenue. Peut-être pas longtemps, mais elle avait été là.

Quand elle revint dans le salon pour s'expliquer, Elijah avait toujours les doigts posés sur ses lèvres et une expression d'incompréhension dessinée sur le visage.

- Alors là... C'était inattendu.

Inattendu. C'était le mot. Même elle n'en revenait toujours pas qu'elle ait pu faire ça. Mais la lueur qu'elle avait perçue dans le regard d'Elijah lui soufflait que c'était la meilleure chose qu'elle ait pu faire sa vie, aussi insensé cela soit-il. 

Elle avait eu raison. Même dans les moments les plus sombres, on pouvait retrouver la lumière. Le plus dur, c'était de continuer à la chercher sans abandonner. Et avec ce baiser, Elijah avait fini par la trouver et avec elle, la force de continuer. 

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